Naïoth

G. André
« À l’écart »
Marc 6, 31

Oint dans le secret par Samuel, David savait qu’un jour il serait roi. Mais des années devaient s’écouler jusqu’au trône, années de formation où l’Éternel préparerait Son serviteur pour « paître son peuple Israël » [2 Sam. 5, 2].

Après sa brillante victoire sur Goliath, David avait acquis un poste important à la cour de Saül ; « il prospérait plus que tous ses serviteurs ; et son nom fut en grande estime » [1 Sam. 18, 30]. L’époque n’était-elle pas déjà venue pour qu’il devienne roi ? Il ne craignait pas de s’exposer aux coups des Philistins par la main desquels Saül « pensait le faire tomber » [1 Sam. 18, 25] ; mais pourquoi ne serait-ce pas Saül lui-même, dont le jugement était déjà prononcé, qui périrait sous leurs flèches ?

Dieu en avait décidé autrement. Son jeune serviteur avait d’autres leçons à apprendre. Dans le secret, il en avait déjà saisi quelques-unes, lorsqu’il gardait les brebis de son père et les délivrait de la patte du lion et de l’ours. À la cour, il en avait appris d’autres, au milieu des intrigues et en butte à l’ingratitude du roi. Mais avant d’accéder au trône, il devait passer par l’école du désert.

Pendant des années, David serait fugitif « comme une perdrix sur les montagnes » [1 Sam. 26, 20], souvent dans la détresse ; au milieu des dangers et des renoncements, il ferait l’expérience des délivrances de son Dieu, de Sa bonté « meilleure que la vie » (Ps. 63), de Ses compassions nouvelles chaque matin [Lam. 3, 23].

Pourtant, avant de le laisser partir à l’école du désert, le Seigneur voulait ménager à Son jeune serviteur une oasis. Lorsque pour la première fois il doit s’enfuir de sa maison, abandonner tous les avantages dont il jouissait, sa position, l’estime du peuple, sa femme même, c’est auprès de Samuel qu’il se rend. Il déverse son cœur dans celui du vieillard, lui rapportant « tout ce que Saül lui avait fait ». « Et ils s’en allèrent, lui et Samuel, et ils habitèrent à Naïoth » (1 Sam. 19, 18).

Que se passa-t-il pendant ces quelques jours à Naïoth ? Samuel avait blanchi à l’école de Dieu. Bien des années avaient passé depuis que, jeune garçon, il disait dans le silence de la nuit : « Parle, car ton serviteur écoute » [1 Sam. 3, 10]. Il avait été juge et prophète ; il avait ramené le peuple au culte de l’Éternel ; puis un jour, se trouvant âgé, il avait voulu établir ses fils comme juges à sa place : expérience amère, où il avait appris que ce n’est pas l’homme qui appelle, mais Dieu. Depuis que l’Éternel avait rejeté Saül comme roi, Samuel « menait deuil » [1 Sam. 15, 35], retiré dans sa maison de Rama. Pourtant l’expérience du vieillard n’était pas perdue. Autour de lui, tout un nombre de jeunes prophètes s’étaient groupés (1 Sam. 19, 20) ; c’est au milieu d’eux que David va se retrouver pour quelques jours.

Si Samuel allait en quelque sorte sortir de l’école de Dieu, David y entrait. Combien le jeune homme a dû profiter de l’expérience du vieillard. La Parole ne nous donne pas beaucoup de détails sur ce court séjour, mais l’intimité avec Samuel, le contact avec tous ces prophètes (Gad et Nathan, qui auront plus tard tant d’influence sur la vie de David, étaient-ils parmi eux ?), la délivrance remarquable dont il fut l’objet (v. 20, 21, 24) — tout cela ne marqua-t-il pas dans la vie du jeune homme et ne lui fut-il pas d’un grand secours dans les épreuves à venir ?


« Quinze jours »
Gal. 1, 18

Des années s’étaient écoulées depuis le chemin de Damas. Après avoir annoncé l’évangile, Saul avait dû s’enfuir de la ville, puis s’était rendu en Arabie. Trois ans après un nouveau séjour à Damas, il monta à Jérusalem « inconnu de visage aux assemblées de la Judée qui sont en Christ » [Gal. 1, 22]. Le temps n’était pas encore venu où le grand apôtre ferait part des révélations que le Seigneur lui avait confiées. Dans ce premier passage à Jérusalem, il fit la connaissance de Céphas et, ajoute-t-il, « je demeurai chez lui quinze jours » [Gal. 1, 18].

Quelle rencontre ce dut être entre ces deux hommes dont l’un, beaucoup plus âgé, avait connu personnellement le Seigneur Jésus, avait vu Ses miracles, L’avait entendu parler, soit aux foules, soit dans l’intimité de la maison, avait été si spécialement préparé par son Maître[1]. L’autre, jeune homme, après avoir persécuté les saints, avait entendu de la gloire la voix du Fils de Dieu ressuscité et, « vase d’élection », devait « porter son nom devant les nations, et les rois, et les fils d’Israël » [Act. 9, 15]. Ce ne furent pas de nouvelles révélations que Pierre transmit à Saul (Gal. 2, 6), mais dans l’intimité, quel trésor d’expérience, quels souvenirs, aussi, l’apôtre des Juifs n’a-t-il pas dû communiquer au futur apôtre des Gentils ! Là aussi, la Parole se tait sur les entretiens de ces quinze jours ; mais Paul prend à cœur de rappeler l’incident comme une de ces étapes de la jeunesse, où Dieu nous parle.

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Si le Seigneur vous en accorde l’occasion, ne manquez pas, jeunes amis, de profiter de quelques jours que vous pourriez passer à l’écart dans la compagnie de ceux que le Seigneur a depuis longtemps eus à Son service et qui peuvent, de leur expérience, comme aussi par leur ministère, vous apporter des enseignements, des exhortations qui marqueront dans votre vie ; plus encore, vous faire entrer dans une intimité sous le regard du Seigneur, dont le souvenir restera comme un point lumineux de la course. « Quinze jours », ou seulement une semaine, peut-être même quelques heures, mais il vaut la peine de saisir ces occasions, surtout au début du chemin, pour apprendre de ceux que le Seigneur emploie pour nous encourager et nous instruire.

Ceux qui parmi vous ont particulièrement à cœur de servir le Seigneur, peuvent être certains qu’ils devront passer par « l’école du désert ». Moïse, Joseph, Élie en ont eu besoin. David n’a pu devenir roi, sans y rester de longues années ; et Paul, à son tour, n’en a pas été dispensé. Ce n’est pas toujours une école facile et agréable. Il faut apprendre à renoncer à bien des choses et avant tout à soi-même. Il faut que « Lui croisse et que moi je diminue » [Jean 3, 30]. Mais quel encouragement dans de telles circonstances, de se retrouver quelques moments dans l’intimité de ceux ou celles qui y ont passé avant nous et peuvent nous faire part des trésors qu’ils y ont acquis.

Que le Seigneur nous accorde à tous de trouver des Naïoth sur notre chemin !