Nos défauts

A. B.-P.

Ils ont la vie dure. Ils paraissent très tôt pour ne mourir la plupart du temps qu’avec nous. Mais, si solide que soit leur existence, si visibles que soient leurs manifestations extérieures, nous sommes souvent les premiers à ignorer leur présence en nous, ou du moins jusqu’à quel point elle est fâcheuse. Ils peuvent, en effet, gâter notre existence et celle des autres, gâter des relations qui, sans eux, seraient douces, effacer le sacré caractère qui doit briller sur nos fronts à la suite de Celui qui est devenu notre modèle et notre vie. À cause de ses défauts qui ne se corrigent pas, à cause de son vilain caractère, tel chrétien est désagréable dans ses relations et beaucoup moins abordable qu’un homme du monde. Il ne devrait pas en être ainsi. Chacun a, c’est vrai, ses particularités, ses défauts, comme aussi ses qualités, qui, tous deux, peuvent être considérablement influencés par l’éducation reçue. Or, cette éducation nous est donnée, à nous chrétiens, par le Livre que nous avons entre les mains. Ce Livre, nous le savons, ne nous enseigne pas l’amélioration graduelle du genre humain, mais il nous parle de renouvellement et de transformation. Il nous parle de vie nouvelle, dans la puissance de laquelle le chrétien peut réaliser toutes les exhortations qui lui sont adressées et manifester les beaux caractères de Christ. Mais, comment se fait-il que, si souvent, au lieu d’être pratiquement transformés à l’image du Seigneur, nous montrons à notre entourage et à nos frères toujours les mêmes vieux défauts, souvent si laids et si haïssables ? Pourquoi percent-ils si souvent encore, ces restes du vieil homme : caractère prompt, irritable, exigeant, prédisposition à l’envie, à la plaisanterie, à la critique, recherche des plaisirs, vanité, fierté, paresse, égoïsme, insoumission, inconstance, vulgarité de langage ou de manières, manque de franchise, d’amour, de douceur, de calme, de patience, de support, de tempérance ? Misère humaine sous toutes ses formes, inconsciente peut-être, mais sujet de souffrance et de faiblesse, et de déshonneur pour le Seigneur. Pourquoi cette mauvaise humeur, ces paroles dures qui blessent comme une épée ? La grâce de Dieu ne serait-elle pas suffisante pour nous faire triompher, non seulement du péché à proprement parler, mais aussi de tous nos regrettables penchants ? Ne serait-elle pas capable de faire de nous de vrais chrétiens, des chrétiens toujours heureux, toujours contents, toujours aimables ? Une simple contrariété devrait-elle embrunir notre ciel et faire naître sur nos lèvres la voix du murmure et du mécontentement, et faire reparaître toujours ces mêmes tendances fâcheuses ? Non, la vie de chrétien doit être une vie de victoire sur toute la ligne. « Grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ! » [1 Cor. 15, 57]. En nous, il n’y a aucune force pour changer quelque chose à notre état. La victoire nous est donnée. Mais il faut, pour que nous puissions être victorieusement débarrassés de nos défauts, que nous soyons amenés de bonne heure à les reconnaître, à pleurer sur eux et à désirer ardemment la délivrance du Seigneur. Jésus nous dit : « Que veux-tu que je te fasse ? » [Marc 10, 51]. C’est alors qu’il faut mettre le doigt sur la plaie, et répondre : Seigneur, tu vois ! Sa délivrance est acquise à tous ceux qui la recherchent. Elle est le remède gratuit à toutes nos faiblesses, nos défaillances, à notre insuffisance dans l’accomplissement de notre tâche de chaque jour, à notre impatience, à notre souci, à nos vieilles habitudes.

Et pour être débarrassés de toute cause de faiblesse intime, n’oublions pas de répéter souvent avec le psalmiste : « Sonde-moi, ô Éternel ! et éprouve-moi ; examine mes reins et mon cœur ». — « Qui est-ce qui comprend ses erreurs ? Purifie-moi de mes fautes cachées » (Ps. 26, 2 et 19, 12 ; voir aussi Ps. 139, 23-24).

Dans la lumière de la présence de Dieu, avec le miroir de la Parole entre les mains, nous serons amenés à voir beaucoup de choses. Nous y découvrirons et y jugerons nos erreurs, nos fautes cachées, nos défauts, la « poutre » qui est dans notre œil, et nous verrons alors assez clair pour ôter le fétu de l’œil de notre frère.

Qu’elle est belle, la vie d’un disciple de Jésus qui porte sur lui, partout, à la maison comme au-dehors, la dignité de son Maître, dans toute sa manière d’être, dans ses actes, dans ses paroles ! Qu’elle est belle, la vie d’un enfant du Dieu du ciel et de la terre qui laisse pénétrer la lumière divine jusque dans le plus profond de son être, pour ne rien tolérer qui ne s’harmonise avec sa céleste vocation ! Heureux est celui qui, jusque dans les petits détails de son existence, expérimente la délivrance du Seigneur pour être un « vase » tout rempli de Sa personne, à la gloire de Son nom !

« Ôte de l’argent les scories, et il en sortira un vase pour l’orfèvre » (Prov. 25, 4). Ôtons de notre vie ce qui ne s’allie pas à ce que la grâce de Dieu a fait de nous, et nous serons des vases à la gloire du divin Maître !