« Nous sommes Son ouvrage » (Éph. 2, 10)

J. André

Avant de parvenir à l’état parfait qui lui permettra de remplir son but, l’instrument doit passer par plusieurs transformations. Masse informe, amalgamée à d’autres matériaux, le métal doit subir tout d’abord l’épreuve de la fournaise pour être séparé et purifié. — Puis toute une série de machines le laminent, l’aplatissent, l’allongent, lui donnant peu à peu la forme désirée, et le transforment finalement en l’instrument capable de fournir les services auxquels il est destiné.

N’est-ce pas une image frappante de la manière dont Dieu prépare aussi Ses instruments, c’est-à-dire tous ceux qui ont à cœur de Le servir en se laissant former par Lui ?

Le travail de la fournaise prend place à la conversion lorsque nous sommes parfaitement purifiés par le sang de la croix. Cette première opération nous confère la merveilleuse position d’enfant de Dieu ; ensuite seulement nous entrons dans la période réelle de formation qui, à travers tous les ateliers du chantier de Dieu, fera de nous des instruments utiles, des « vases à honneur, sanctifiés, préparés pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 2, 21).

Ne devrions-nous pas tous aspirer à être des instruments utiles, alors que malheureusement nombre d’entre nous se contentent de se savoir sauvés et perdent ainsi l’occasion pendant le reste de leur vie de servir leur Maître dans les bonnes œuvres qu’Il avait préparées à l’avance pour eux ? Perte éternelle et déshonneur pour le Seigneur. Rappelons ici un passage que nous devrions tous garder gravé dans notre cœur :

« Nous sommes son ouvrage — pas le nôtre — ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance afin que nous marchions en elles » (Éph. 2, 10).

Si Dieu, dans Sa grâce immense, nous a fait passer par la fournaise de la purification, ce n’est pas pour vivre ensuite dans l’indépendance, mais pour que nous nous prêtions à l’action sanctifiante qu’Il désire exercer en nous à Son école pour faire de nous des instruments utiles. C’est pour que nous marchions dans les bonnes œuvres préparées à l’avance que nous sommes laissés ici-bas, et nous devrions vivre chaque jour dans la réalisation pratique de cette vérité.

Dans le monde, il est naturel qu’un homme de modeste condition désire améliorer sa situation afin de mieux subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Combien plus lorsqu’il s’agit des choses éternelles ! La Parole nous dit : « Que ceux qui ont cru Dieu s’appliquent à être les premiers dans les bonnes œuvres » (Tite 3, 8). Comment un homme parviendra-t-il à améliorer sa situation matérielle ? C’est en gagnant la confiance de son maître, en lui obéissant implicitement, en cherchant à profiter de toutes les observations et de tous les enseignements qui lui seront prodigués, en s’appliquant chaque jour à mieux faire ; ainsi, petit à petit, il sera entre les mains de son maître un instrument utile et actif ; il sera capable de remplir des tâches toujours plus délicates et responsables, arrivant peu à peu à une situation de confiance, récompensée par une augmentation progressive de son revenu.

Il en est de même pour nous ; pour que notre Maître puisse se servir de nous, nous devons apprendre à marcher droit devant Sa face, puis à rester attentifs à chacune des leçons qu’Il veut nous enseigner, nous laissant former petit à petit, Lui obéissant quoi qu’il en coûte, pour devenir cet instrument docile, utile pour toute bonne œuvre.

Quelles sont ces leçons que nous devons apprendre à l’école de Dieu ? En premier lieu, la séparation du monde. Il est impossible d’être utile dans le service si nous gardons un pied dans le monde et l’autre dans le chemin du témoignage ; une séparation intégrale est donc nécessaire en nous rappelant pour notre encouragement cette parole de Jésus à Ses disciples : « Ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (Jean 16, 33).

Sur le même plan, nous avons la leçon de la séparation du mal sous toutes ses formes, conduisant à une sanctification personnelle ; cette leçon s’apprendra beaucoup en contemplant avec attention dans les évangiles la marche parfaite du Sauveur ici-bas. Parallèlement, par l’opération de l’Esprit en nous, nous réalisons la victoire sur le « moi », victoire sur la recherche de nous-mêmes, sur notre jalousie, notre hypocrisie, nous conduisant à la vraie humilité, au renoncement de nous-mêmes, à la pleine et entière confiance dans la force divine.

On pourrait encore citer la leçon de la dépendance : apprendre à mettre de côté toute propre volonté, tout désir personnel, étant renouvelés dans notre entendement spirituel pour discerner la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite [Rom. 12, 2].

La liste serait longue, mais pour terminer par une des plus importantes leçons, nommons encore la consécration, le don complet de nous-mêmes : « Livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants » (Rom. 6, 13). Et l’amour des âmes : « Et voyant les foules, Il fut ému de compassion pour elles, parce qu’ils étaient las et dispersés » (Matt. 9, 36). « Le simple fait que nous éprouvons le désir de servir directement le Seigneur ne prouve pas que nous y soyons appelés. Le signe le plus sûr de cet appel est un amour ardent pour les âmes et des exercices de cœur à ce sujet devant le Seigneur » (J.N.D.).

Encore une dernière question : Comment Dieu nous enseigne-t-Il ces leçons dans la pratique ? Tout d’abord par Sa Parole, c’est pourquoi il est si important de la lire beaucoup — ensuite par nos entretiens avec Lui lorsque, dans le secret, nous Lui parlons et qu’Il se révèle à nous par Son Esprit ; puis par les expériences, les circonstances de chaque jour, par les épreuves, les difficultés, les obstacles. Chaque chose qui nous arrive est permise par Dieu, pour nous enseigner et toujours mieux nous former pour Son service. Qu’Il nous fasse la grâce d’y rester attentifs, car non seulement les difficultés, les épreuves, en un mot chaque détail de notre vie, ne seront plus alors un fardeau, mais nous y discernerons de précieuses leçons, qui en même temps seront l’occasion de nous rapprocher davantage de notre bien-aimé Sauveur et Seigneur, d’éprouver dans nos cœurs toujours plus Son amour infini, jouissant de cette vie intime avec Lui, de cette étroite communion, seul vrai bonheur ici-bas.

Nous serons alors rendus capables de Le servir avec zèle, utilement, le Saint Esprit pouvant agir librement en nous ; Il pourra nous confier des tâches de plus en plus délicates et responsables, et quelle joie lorsqu’au jour des récompenses, Il pourra nous dire : « Bien, bon et fidèle esclave, tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton Maître » (Matt. 25, 23).

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Recueils de pensées de J.N.D.[1]

Plusieurs d’entre nous connaissent déjà ces volumes, mais en cette fin d’année nous voudrions les leur rappeler, pour qu’ils aient à cœur de les répandre autour d’eux. Puis à ceux qui ne les ont pas encore lus, nous voudrions dire : N’attendez pas plus longtemps pour vous procurer cette « mine » dont les trésors sont autant de « pépites d’or », qui « examinées et pesées », apporteront de riches bénédictions à votre âme. Sans doute n’y trouverons-nous pas à tout âge les mêmes instructions ; mais en relisant au cours des années les pages qui avaient déjà réjoui nos cœurs, nous y découvrirons des richesses nouvelles.

Le premier volume est divisé en chapitres, correspondant aux cinquante-deux semaines de l’année. Tous les sujets relatifs à la marche et à l’expérience chrétiennes y sont représentés. Mais c’est avant tout la personne de Christ qui le remplit, un peu de ce parfum qui, au souper de Béthanie, s’était répandu dans toute la maison, et qui imprégnera nos cœurs et nos vies, si à notre tour nous nous nourrissons de Lui, et profitons d’un ministère dont Il était le grand sujet.

Surtout de nos jours où le temps à disposition pour lire est extrêmement limité, de tels volumes ont leur place. Une ou deux pensées, rapidement lues, mais ensuite méditées, en allant à notre travail ou en vaquant à nos occupations, nous amèneront à croître dans les choses d’en haut. Loin de prendre la place de la Parole de Dieu, cette lecture augmentera au contraire en nous ce désir de la mieux connaître et de nous en nourrir avec plus de zèle. Et jouissant mieux de la communion avec notre Seigneur bien-aimé, nous pourrons répéter avec l’auteur :

… C’est le trésor trouvé dans Son amour qui a fait de moi un pèlerin dans ce monde.