Oisifs et stériles

G. André

[Feuille aux jeunes n° 125]

« Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

Vous ne serez pas oisifs ni stériles pour ce qui regarde la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ »

2 Pier. 3, 18 ; 1, 8

À bien des reprises, notre feuille a insisté, avec raison, sur la nécessité de la croissance spirituelle. Croissance produite par la nourriture que donne la Parole de Dieu et la contemplation de la personne du Seigneur Jésus, dans la séparation du mal, du monde, et de ceux qui déshonorent Son nom.

Mais à quoi servirait-il de croître, si ce n’est pour porter du fruit, et ainsi traduire en actes, en œuvres, cette vie intérieure ? Œuvres qui ne peuvent provenir que de la foi (Jacq. 2, 18 ; 1 Thess. 1, 3) ; fruit résultant de l’action de l’Esprit en nous (Gal. 5, 22).

Pourquoi donc — à les considérer superficiellement tout au moins — peut-il être dit de tant de jeunes parmi nous qu’ils sont « oisifs et stériles » ? On s’étonnera de ces qualificatifs, car, autant que faire se peut, ils ne manquent pas d’assister aux réunions de l’assemblée ; ils chantent les cantiques, ils lisent leur Bible et même l’étudient ; ils ne manquent pas de nourriture. Nous nous en réjouissons certainement. Mais ce n’est qu’un des côtés de la vie chrétienne, car, encore une fois, s’il s’agit de croître et tout spécialement dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, il importe aussi de n’être pas oisif, ni stérile en ce qui concerne cette connaissance. Or, la Parole nous parle positivement de tels qui sont « aveugles et ne voient pas loin, ayant oublié la purification de leurs péchés d’autrefois » (2 Pier. 1, 9). Que manque-t-il donc à la foi et à la connaissance qui certainement sont là, pour qu’elles se traduisent en œuvres et en fruit, c’est-à-dire que nos jeunes amis ne soient pas oisifs ni stériles ?

L’apôtre, simplement mais clairement, déclare : « Si ces choses sont en vous et y abondent, elles font que vous ne serez pas oisifs ni stériles ». Quelles choses donc ?

La première à joindre à sa foi, est « la vertu ». Pas seulement croire passivement, en quelque sorte, mais démontrer dans la vie pratique le courage spirituel, l’énergie, l’ardeur qui font « un bon soldat de Jésus Christ ». Où en est notre témoignage à cet égard ? L’attitude chrétienne de plusieurs parmi nous n’est-elle pas le plus souvent passive ? On écoute, on reçoit, on ne met pas en doute les enseignements de la Parole ; mais qu’en est-il de leur effet dans la vie ? Si l’on se trouve quelques heures ou quelques jours avec des personnes du monde, discernent-elles rapidement en nous un enfant de Dieu ou les imitons-nous ? Si l’ambiance est hostile, avons-nous le courage de remonter le courant par une attitude simple, nette, réservée ou hardie selon les cas ? Il faut du courage, de la « vertu », pour être franc ou pour dire « non ».

À la connaissance, il convient d’ajouter la « tempérance », c’est-à-dire le contrôle de soi et la sobriété. Ne pas se laisser influencer, attirer par un milieu mondain ; ne pas suivre ses propres désirs s’ils sont à l’encontre de la pensée du Seigneur, malgré l’attrait qu’on en éprouve ; savoir jouir comme « en passant » des bienfaits de la route, reçus de Sa main. Cela demande une discipline personnelle qui ne vient pas toute seule ; aussi l’apôtre d’insister : « y apportant tout empressement ».

Persévérer dans cette voie n’est pas facile ; il y faut donc la « patience ». Patience ne veut pas dire résignation, tête baissée, acceptation morne. À la patience, il importe de joindre la « piété » : rapports de crainte et de confiance avec Dieu, communion pratique journalière nous amenant à marcher avec l’ami plus attaché qu’un frère.

Et si la séparation du mal est nécessaire, s’il faut se purifier de ceux qui enseignent l’erreur, et de leurs adeptes, il n’y aurait ni œuvre selon Dieu, ni fruit, sans « l’affection fraternelle » (cf. 1 Cor. 13). Celui qui se draperait dans sa vertu, et sa connaissance, et sa piété, considérant de haut ses frères auxquels il est intimement lié par la même vie et le même Esprit, ne saurait porter du fruit pour Dieu. La stérilité marquerait sa marche, son témoignage, sa prédication même.

« Et à l’affection fraternelle, l’amour » : l’amour pour le Seigneur, l’amour pour les siens, l’amour pour tous les hommes. Amour irréalisable si ce n’est dans le sentiment d’avoir été aimé d’abord : « Nous nous aimons[1], parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4, 19).

« Elles font que vous ne serez pas oisifs ni stériles… ». L’équilibre produit dans la personnalité par ces huit choses jointes les unes aux autres, a pour résultat des œuvres pratiques « préparées à l’avance afin que nous marchions en elles », et du fruit qui se montre au-dehors dans le caractère, l’attitude, l’influence, l’ambiance que l’on crée autour de soi.

Au soir de sa vie, Jacob, considérant les cent trente ans de son existence, déclarait : « Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais ». À la lumière divine, que restait-il du long chemin parcouru ? Y avait-il eu des œuvres, ou, quant à Dieu, avait-il été oisif ? Y avait-il eu du fruit ou une activité stérile pour l’éternité ?

Un jour, nous serons dans la lumière où tout sera pesé à la balance du sanctuaire. « Vous pouvez remplir votre temps, attacher une œuvre à chacune de vos heures, mais remplir son temps, est-ce remplir la vie ? »[2]. Ne faudrait-il pas plus souvent laisser un rayon de cette lumière du sanctuaire briller déjà maintenant sur notre marche pour nous aider à discerner si la nourriture reçue, si la connaissance acquise, se traduisent pratiquement en « œuvre de foi, en travail d’amour, en patience d’espérance », ou si nous méritons plutôt d’être qualifiés d’« oisifs » et de « stériles » ?