Pas paresseux

G. André
« Quant à l’activité, pas paresseux »
(Rom. 12, 11)
« Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir »
(Eccl. 9, 10)

Dans nos jours de fièvre, il fait bon s’asseoir, s’arrêter au bord du chemin, jouir de la communion avec le Seigneur, écouter Sa voix. On ne pourra jamais assez insister sur la nécessité de cette attitude, qui est à la base de toute la vie chrétienne.

Mais il est un côté — très important aussi — qu’il est nécessaire de souligner, parce que parmi nous il est trop souvent négligé. Quand il s’agit du service pour le Seigneur, de l’activité chrétienne qui nous est recommandée en maint endroit de la Parole de Dieu, la grande majorité d’entre nous ne mérite-t-elle pas cette épithète de « paresseux » ? — Il est indispensable de se nourrir de la Parole et de l’étudier, mais que dirions-nous d’un homme qui passerait sa journée à manger, sans rien faire d’autre ? — Un monstre d’égoïsme et de paresse. Nous sommes appelés à être des « canaux de bénédiction ». Un canal a deux orifices. Si l’entrée de l’eau est arrêtée, aucun rafraîchissement ne se répandra au-dehors : il faut avoir bu pour soi-même afin d’apporter aux autres. Mais il ne suffit pas que l’orifice supérieur soit en contact avec la source, il faut aussi que l’ouverture inférieure soit libre — que l’eau coule. N’oublions jamais que l’eau stagnante devient saumâtre. Si nous gardons pour nous-mêmes ce que nous avons reçu du Seigneur, nous perdons une grande bénédiction ; nous mettons notre talent « dans la terre » [Matt. 25, 25] ; nous désobéissons à l’injonction du Maître : « Trafiquez jusqu’à ce que je vienne » (Luc 19, 13). Combien est précieuse l’expérience que « celui qui arrose sera lui-même arrosé » (Prov. 11, 25) !

Pratiquement, quelle forme prendra cette activité ? Le service le plus élevé est le culte, parce qu’il s’adresse à Dieu. La prière est à la base de toute activité extérieure. Prenons-nous le temps de prier, non seulement pour nos besoins et ceux de nos familles, mais pour l’œuvre du Seigneur dans ce monde : « Combattant par des prières » (Col. 4, 12) ? Qui d’entre nous a l’habitude de mettre à part un moment spécial chaque jour pour cette activité-là ?

Le chapitre 11 de l’Ecclésiaste nous apprend à semer. Distribuer des traités : voilà une manière de répandre le bon grain, toujours utile de nos jours, si elle est faite avec discernement et prière, en veillant à ce que le contenu des traités soit adapté aux personnes qui les reçoivent. Visiter des malades, chanter auprès d’eux : combien le cœur est plus sensible à l’évangile quand la souffrance est là. S’occuper des enfants qui n’entendent pas parler du Seigneur Jésus dans leur milieu : de nos jours, il est souvent difficile de réunir des auditoires d’adultes pour l’évangélisation. Mais ceux qui y ont mis la persévérance et le savoir-faire ont vu combien facilement on peut réunir des enfants, surtout dans les villes. Tous les jeunes ne sont pas aptes à parler aux enfants ; il est indispensable de se mettre à leur portée, de les intéresser, de gagner leur confiance. Ce « don », comme tout autre, ne se développe que par l’exercice ; plusieurs ne le laissent-ils pas s’éteindre, faute d’usage ? Et les années passent…

Tout un service peut être accompli par les jeunes aussi envers des croyants. Voilà un malade retenu depuis des années loin des réunions ; combien il en appréciera un résumé écrit ou oral. Le Seigneur nous a donné beaucoup d’écrits mettant en lumière les grandes vérités de la Parole : il importe de les répandre, de les faire lire autour de nous ; là encore, la prière et le discernement sont nécessaires pour donner ce qui répondra à l’état des âmes.

Si trop souvent nous restons passifs, paresseux, c’est que l’initiative et le temps nous font défaut. Le temps est une denrée rare ; mais sera-ce un grand sacrifice de consacrer trois ou quatre heures par semaine au service direct du Seigneur ? Le manque d’initiative est un manque de foi — de foi en l’appel de Dieu qui nous pousse à accomplir telle ou telle chose pour Lui. « Va avec cette force que tu as » [Jug. 6, 14]. Malheur à celui qui part de son propre chef ; Jérémie 23, 21, 22 garde toute sa valeur aujourd’hui. Mais malheur aussi à celui qui résiste quand Dieu l’envoie.

Un canal où l’eau coule librement doit être vide. « Quiconque veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même » (Marc 8, 34). Se renoncer soi-même, c’est là qu’il faut toujours revenir. Nous le pourrons seulement en considérant beaucoup le parfait serviteur, dont on a pu dire : « There vas no self in Him » : Il n’y avait pas de « moi » en Lui.