Persévère

J. André
… dans ces choses. (1 Tim. 4, 16)

On avait demandé à un « jeune » d’adresser un message dans un quartier populeux à quelques enfants qu’on réunissait le soir une fois par semaine pour entendre la parole du Sauveur. La tâche n’était pas facile, les enfants en question étant suprêmement indisciplinés.

Notre ami avait accepté avec joie, heureux de pouvoir rendre ce petit service au Maître qu’il aimait. Les jours précédents, conscient de sa faiblesse et de son incapacité, il avait supplié avec instance le Seigneur de le revêtir de Sa force et de lui donner le message qui pouvait vraiment répondre aux besoins de ces enfants.

Le soir de la petite réunion arriva et, confiant dans le Seigneur, il put délivrer un pressant appel aux enfants qui l’écoutèrent avec une attention soutenue, oubliant pour un instant leurs espiègleries. Encouragé par ce premier succès, pressé par une nouvelle invitation, il retourna une seconde fois, avec plus de confiance en lui-même et peut-être moins de préparation avec le Seigneur. Le message fut moins vibrant et, à certains moments, l’attention des enfants laissait beaucoup à désirer.

Comme il devait quitter cet endroit et probablement ne plus y revenir pour longtemps, on lui demanda de se souvenir fidèlement de ces enfants dans ses prières, car le succès de l’œuvre dépendait beaucoup de la persévérance dans la prière de ceux qui avaient été mis en contact avec elle.

Les premiers jours, encore tout enthousiaste de cette œuvre parmi les enfants, ses requêtes à leur égard furent vivantes et fidèles… Puis les semaines passèrent ; l’ardeur du début s’était un peu refroidie, et il arrivait qu’un soir, bien fatigué, il renvoyait au lendemain sa prière pour les enfants de la ville lointaine… Les mois passèrent ; d’autres occupations, d’autres intérêts accaparaient son temps, ses pensées, ses aspirations ; peu à peu la prière, la prière promise, devint très intermittente ; il se passait parfois des semaines sans que ces enfants, pour lesquels son attachement avait tout d’abord été si grand, fussent placés devant le Seigneur ; puis tout d’un coup, leur souvenir réapparaissait et pendant deux, trois jours, ils étaient mentionnés dans la prière journalière… Les années passèrent ; leur souvenir passa aussi de la mémoire de notre jeune ami. Mais Lui, le Seigneur, les avait-Il oubliés ? Non, jamais, car Lui demeure fidèle, même si nous manquons de persévérance.

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Il est facile de bien commencer, moins aisé de bien continuer, et difficile de bien finir, car la persévérance nécessaire pour mener à bonne fin ce que le Seigneur nous a confié vient de Lui seul. Il suffit de détourner les regards de Sa personne et de les fixer sur les vagues houleuses de ce monde, pour se lasser, pour tomber dans le découragement, et parfois déshonorer le nom du Seigneur.

Il est facile de prendre la bonne résolution de lire la Parole et de prier chaque matin, puis de la mettre en pratique pendant quelques jours, peut-être une semaine, même deux. Puis un matin, on se sent trop las pour se lever assez tôt ; on émet la facile excuse que le temps pour ce moment de communion personnelle se trouvera bien pendant le reste de la journée, et on néglige une première fois. Plus tard, c’est une seconde, une troisième, car une fois qu’on a cédé à la voix de l’Ennemi, il trouve mille nouvelles excuses toutes plus subtiles les unes que les autres pour nous rendre négligents ; mais elles n’ont aucune valeur aux yeux de Dieu.

La Parole nous exhorte à « persévérer dans la prière » [Col. 4, 2]. Il est facile de prier dix fois, quinze fois pour la conversion d’une âme, ou pour la bénédiction d’une œuvre, ou pour demander aide et direction dans telle ou telle difficulté, ou encore pour connaître la volonté du Seigneur sur tel ou tel point. Mais si le Seigneur ne répond pas aussi vite que nous le pensions, il est difficile d’avoir la foi et de persévérer dans la prière jusqu’à ce qu’Il réponde ; persévérer pendant des semaines, des mois, parfois des années, sachant que, selon Sa promesse fidèle, Il nous exaucera.

Il est facile d’entreprendre avec beaucoup d’ardeur un service que le Seigneur nous confie ; c’est quelque chose de nouveau, qui semble avoir beaucoup de succès au début : soit distribuer des traités, soit faire des visites, soit tenir l’école du dimanche, soit parler à une âme, soit aider une personne en difficultés ; tout est facile au début, mais ce qui a de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est de continuer, de persévérer, lorsque l’ennemi sème les obstacles, lorsque viennent les contrariétés, les critiques, que, malgré tous nos efforts, les résultats espérés n’apparaissent pas, qu’à la place de rencontrer de l’intérêt et un accueil favorable, on ne trouve qu’indifférence, incrédulité et même parfois moqueries et injures. Persévérer malgré les difficultés, parce qu’il ne s’agit pas de notre service, de notre œuvre, mais de celle du Maître !

Un grand missionnaire, pionnier de l’œuvre du Seigneur en Afrique du Sud, avait comme devise : « En haut et en avant ! ».

L’apôtre oubliait les choses qui étaient en arrière et tendait avec effort vers celles qui sont devant [Phil. 3, 14], fixant les yeux sur Jésus [Héb. 12, 2].

Les trois cents hommes de Gédéon étaient « fatigués, mais poursuivant toujours » (Jug. 8, 4).

Oh ! que le Seigneur nous accorde, à nous les jeunes, de Le glorifier par notre persévérance dans tout ce qu’Il nous confie, persévérant dans la prière, dans le service, dans le témoignage, dans l’amour fraternel, persévérant jusqu’à ce qu’Il vienne, afin qu’Il puisse dire à chacun de nous :

« Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25, 21).