Prière et récompense

« Prie ton Père qui demeure dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera »
Matt. 6, 6

La prière a de telles conséquences dans la vie chrétienne qu’on ne saurait trop la recommander aux jeunes croyants, pleins de force et de projets de jeunesse. C’est la période où l’on est davantage porté à l’indépendance ; on ne connaît pas, comme plus tard, la différence qu’il y a entre les nombreuses pensées du cœur humain et le conseil de l’Éternel (Prov. 19, 21). Mais la foi et l’obéissance à la Parole, avec l’intérêt que l’on peut porter à la conduite de chrétiens fidèles, suppléent à l’inexpérience.

La prière est, avant tout, une chose secrète : un exercice spirituel et personnel, une affaire du cœur, une action de l’âme.

Le Dieu qu’on prie est pour nous un Père, objet de foi ; Être suprême, infiniment grand et saint, il convient de L’invoquer avec des dispositions morales correspondant à Son caractère. Le « cabinet » où le Seigneur exhorte Son disciple à entrer pour prier, après avoir fermé la porte, est sans doute un lieu matériel, mais auquel doit correspondre l’état de l’âme.

Si l’on priait sans foi, serait-on dans le cachot le plus étroit, le plus obscur, la prière serait sans valeur, sans effet et sans récompense. Lorsqu’il est dit : « ton Père… voit dans le secret », il ne s’agit donc pas seulement du lieu où l’on prie, mais de l’état du cœur, que Dieu sonde jusqu’aux pensées les plus cachées, jusqu’aux intentions les plus profondes. Cela explique la contradiction apparente de 1 Samuel 28, 6 et 1 Chroniques 10, 14 : « Saül interrogea l’Éternel », et « il ne consulta point l’Éternel ». Sa prière n’avait qu’une apparence de dépendance envers Dieu, comme celles des hypocrites qui, au temps où le Seigneur Jésus était sur la terre, priaient dans une attitude et dans des lieux qui correspondaient à l’état misérable de leur cœur. Pour eux, point de récompense de la part de Dieu.

Il n’est pas conforme aux principes chrétiens de faire quoi que ce soit dans le but d’être récompensé ; mais la récompense est promise aux fidèles afin qu’ils la prennent en considération comme encouragement de la part de Dieu, tant il est vrai qu’il faut « que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent » (Héb. 11, 6).

On ne peut être récompensé, si l’on ne prie pas ; mais on peut prier et perdre la récompense en ne priant pas convenablement. Priez donc, chers jeunes amis. Mais priez avec la foi et la révérence dues au Souverain du ciel et de la terre. Priez avec la simplicité, l’humilité, la droiture de cœur, la soumission, l’obéissance qui doivent caractériser les créatures, poussière et cendre, que nous sommes. D’ailleurs, souvenons-nous que Dieu est notre Père à nous tous qui sommes en Christ par la foi. L’accès de Sa présence nous a été ouvert ; Son trône est un trône de grâce.

La prière dans le secret a une grande importance, parce qu’elle met l’âme en relation personnelle avec Dieu. C’est dans cette intimité qu’on est formé pour le service du Seigneur. Dieu ne prépare pas Ses ouvriers en série. Il les conduit à l’écart, l’un ici, l’autre là, « au désert » ou « au torrent » — au moins au sens figuré. Il les y laisse plus ou moins longtemps. Il les enseigne quelquefois, tandis qu’ils accomplissent les plus humbles travaux, et, au moment opportun, ces ouvriers d’un Maître invisible commencent leur ministère public sans certificat ni brevet. Mais leur Seigneur se charge de les recommander (2 Cor. 10, 18). On les reconnaît en ce qu’ils se défient d’eux-mêmes et se proposent la gloire de Dieu. Depuis deux millénaires bientôt, leur modèle est le Fils de Dieu, l’homme dépendant et le parfait Serviteur.

La prière dans le secret n’est pas le privilège et le devoir exclusifs des frères appelés à un ministère spécial. Elle devrait être pratiquée par tous les disciples du Seigneur, hommes et femmes. Nous ne savons pas tout ce que nous devons aux frères et sœurs qui ont prié ou qui prient encore pour nous. C’est au ciel, où ils auront leur récompense, que nous connaîtrons toute la valeur et les résultats de leur travail.

Ici, je voudrais encourager les jeunes sœurs à ce service si béni qui convient particulièrement à leur position et à leurs qualités féminines. C’est là que peuvent s’exercer abondamment l’amour pour le divin Sauveur, la sollicitude pour l’Église, l’intérêt pour les ouvriers du Seigneur, les compassions pour tous les affligés. L’activité extérieure, individuelle et collective, y gagnera beaucoup. La bonne marche des assemblées dépend surtout de ce travail secret qui correspond dans l’Église aux fonctions vitales du corps humain. Les plus belles manifestations de la volonté de l’homme ne vaudront jamais cette œuvre du Saint Esprit.

Oh ! que Dieu donne aux assemblées, des jeunes qui se tiennent à la brèche devant Lui, des jeunes qui prient, et que chacun de vous en soit un ! « Ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera ».