Qu’as-tu fait ? (Gen. 4, 10)

M.J. Koechlin

C’est la question posée par l’Éternel à un jeune homme, à Caïn, après le meurtre de son frère. Son crime accompli, Caïn n’a pas pu échapper à Dieu, pas plus qu’Adam après son péché n’a pu se cacher de devant Lui. L’Éternel a trouvé Caïn pour lui demander raison du meurtre qu’il avait commis : « Qu’as-tu fait ? », et il a fallu que Caïn répondit.

Mais, toi, jeune homme ou jeune fille qui lis ces lignes, as-tu jamais pensé que Dieu te pose cette même question ? Et, ce qui est très sérieux, Il te la pose aujourd’hui. Il faut que tu répondes à cette demande solennelle. Ne dis pas : « Je n’ai pas le temps d’y réfléchir », ne dis pas : « Je ne suis pas un meurtrier comme Caïn », ne dis pas en haussant les épaules : « Plus tard j’y penserai ». Ne crois pas que tu puisses échapper à cette question. Tu peux y échapper maintenant, c’est vrai, comme un lâche, en te cachant si tu n’as pas le courage de regarder les choses en face, c’est-à-dire de regarder en toi-même et de laisser parler ta conscience. Mais dis-toi bien qu’un jour tu n’y échapperas pas et que cette question posée par Dieu à Caïn sera adressée à chaque homme individuellement, à toi comme à tous les autres. Si tu n’y as pas répondu pendant ta vie, il faudra nécessairement que tu y répondes après, lorsqu’il ne sera plus possible de te cacher.

Et que répondras-tu ? Peut-être, comme les frères de Joseph, coupables, en intention, du même crime que Caïn, diras-tu : « Je suis un honnête homme ! » [Gen. 42, 11] ou bien : « J’ai beaucoup travaillé pour les autres », ou encore : « J’ai rempli scrupuleusement tous mes devoirs religieux ». Mais je t’arrête ; non, Dieu t’arrête : Tu n’as pas compris la question. Il ne s’agit pas de dire ce que tu as fait pour toi-même dans ta vie, mais : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». C’est là la question. « Qu’as-tu fait de Christ ? », de Celui qui, étant Dieu, s’est fait homme pour pouvoir appeler des hommes ses frères. Oui, qu’as-tu fait de Lui ? Tout est là. Es-tu de ceux qui l’ont méprisé ? Étais-tu parmi ceux qui, passant devant la croix du Calvaire, hochaient la tête ? Étais-tu parmi ceux qui l’ont cloué sur cette croix ? Maintenant, c’est toi qui m’arrêtes : « Comment l’aurais-je fait ? Il va y avoir deux mille ans que ces choses se sont passées ». Oui, je le sais, mais maintenant encore, combien y en a-t-il qui Le méprisent, qui hochent la tête devant la croix et qui crucifient le Fils de Dieu, car Le rejeter maintenant, c’est Le crucifier. Toi, qu’as-tu fait ? Dis-le, avant qu’il soit trop tard.

Et si tu réponds maintenant, comme le prophète lorsqu’il s’est trouvé dans la présence de Dieu : « Malheur à moi ! car je suis perdu » [És. 6, 5], ou comme Pierre lorsqu’il a compris que Celui qui lui parlait était le Seigneur : « Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » [Luc 5, 8], alors, mais alors seulement, Dieu te montrera ce que Lui a fait ; Il te montrera la croix, et tu pourras dire : « Je suis sauvé, propitiation est faite pour mon péché » [És. 6, 7].

J’espère, jeune homme, que tu as passé par là, que tu as répondu à la question posée par Dieu, et que tu peux dire en regardant à Celui qui a été le crucifié : « Tu es mon Sauveur ». Et si ce n’est pas le cas, ne perds plus de temps. Bien que tu sois jeune, tes minutes sont toutes comptées. Ne lis même pas la fin de cet article, car qui sait si, lorsque tu arriveras au bout, le moment favorable ne sera pas passé. Mets-toi à genoux maintenant et, répondant à la question que Dieu t’a posée, dis-Lui ce que tu as fait, et puis regarde la croix et bénis-Le de ce que Lui a fait.

Mais ne t’arrête pas là. Nombreux sont, hélas ! ceux qui s’arrêtent à la croix. Si Dieu t’y a amené, c’est pour que tu continues ton chemin dans le monde en ne vivant plus pour toi, mais pour Lui. Ne t’y trompes pas, tu entendras une fois encore la même question : « Qu’as-tu fait ? », lorsque le Seigneur jugera les vivants et les morts, et qu’il te faudra Lui dire ce que tu as fait de cette vie qu’Il t’a donnée. Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Qu’as-tu fait des dons que tu as reçus ? Qu’as-tu fait de sa Parole ? Qu’as-tu fait pour Lui ? Qu’as-tu fait pour les siens, pour tous les hommes avec lesquels Il t’a mis en rapport pour être son témoin ? Qu’as-tu fait de son témoignage ? Qu’as-tu fait des richesses, de la santé, de l’intelligence dont Il t’a fait don ? Ô jeune homme, jeune fille, qu’as-tu fait de Christ dans ta vie ? Demande-Lui cette force qui te manque pour avancer victorieusement dans la vie, avec Lui et pour Lui. Pense à ce que ce sera si tu es obligé de répondre en baissant la tête : « Je n’ai rien fait pour toi, j’ai méprisé tes dons, je t’ai renié, toi, mon Sauveur ».