Quelle voix écouterez-vous ?

Ch. F.
« Crains l’Éternel et éloigne-toi du mal »
(Prov. 3, 7)
« Confie-toi de tout ton cœur à l’Éternel, et ne t’appuie pas sur ton intelligence »
(Prov. 3, 5)
« Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle »
(Jean 6, 68)

Jeunes gens et jeunes filles qui lirez ces lignes, vous avez — la plupart d’entre vous du moins — reçu une éducation chrétienne. Quel effet pratique cette éducation aura-t-elle sur votre vie ? Je vous le demande, car hélas ! bien des enfants de familles chrétiennes, une fois sortis de l’école du dimanche et de la maison paternelle, sont devenus plus mondains que leurs camarades nés dans le monde.

Deux voix vous sollicitent dès maintenant : celle de Dieu et celle de votre propre cœur. Cette dernière, si vous l’écoutez, vous présentera l’évangile sous un aspect sombre et repoussant et vous le montrera comme s’opposant aux joies que vous êtes en droit, dira-t-elle, de demander à la vie. Il y a en chaque être humain un invincible besoin de bonheur, cela est vrai, et Dieu Lui-même, d’ailleurs, veut que ses créatures soient heureuses. Seulement, l’erreur du cœur naturel est de chercher ces joies en lui-même et dans les choses du monde. Et, comme le cœur naturel et le monde sont éloignés de Dieu, les joies qu’ils offrent sont des joies égoïstes, où Dieu n’entre pour rien. Et ceci constitue déjà un péché, même si l’on conserve une certaine pureté morale. Car c’est mettre de côté Celui qui, comme Créateur, a tous les droits sur nous et veut que nous L’aimions : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme et de toute ta force » (Deut. 6, 5).

Mais le péché dont je parle peut revêtir une forme plus grossière. En effet, quand on commence à chercher son bonheur en dehors de Dieu, on ne sait jamais comment on finira : ce chemin peut mener jusqu’aux plaisirs qui dégradent, et l’on n’y trouve, en fin de compte, que déchéance physique et morale.

C’est pourquoi écoutez dès aujourd’hui non la voix de votre cœur, mais celle de Dieu : « Crains l’Éternel et éloigne-toi du mal » [Prov. 3, 8]. Remarquez que la crainte de l’Éternel vient en premier lieu. N’intervertissez pas ces deux exhortations. Car, si vous essayiez de « vous éloigner du mal » sans connaître d’abord « la crainte de l’Éternel », c’est-à-dire par vos propres forces, vous iriez au-devant d’un échec certain.

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À côté du danger proprement moral, il en est un autre, redoutable, surtout dans les études : le danger intellectuel. Vous entendrez vanter l’intelligence humaine et ses magnifiques découvertes. On vous dira même que la seule source de connaissance est la raison aidée de l’observation et que, par conséquent, il faut rejeter l’idée d’une révélation divine. Ô, chers jeunes amis, soyez dès maintenant en garde contre de telles affirmations. Certes, l’intelligence, étant un don de Dieu, est une belle chose. Mais, si elle n’est éclairée par Lui, elle ne rend de services que dans le domaine des choses de ce monde. Elle ne peut nous conduire jusqu’à Dieu, qui échappe à la recherche scientifique, parce que celle-ci est limitée et incapable de saisir l’infini ; elle ne peut jeter de lumière dans les ténèbres de la tombe. Comprenez donc, dès vos jeunes ans, que c’est folie de vouloir connaître Dieu par la raison. Encore une fois, écoutez-Le : « Confie-toi de tout ton cœur à l’Éternel, et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Prov. 3, 5).

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Connaissant l’insuffisance de notre conscience et de notre intelligence, Dieu s’est révélé. Il l’a fait déjà dans l’Ancien Testament. Il l’a fait d’une façon complète et définitive dans la personne de son Fils. C’est Lui seul qui est capable de vous mettre à l’abri des deux dangers dont je viens de parler. Du danger moral : en vous sauvant, puisqu’Il a été fait péché pour vous (2 Cor. 5, 21) ; ensuite en vous donnant, jour après jour, les forces nécessaires pour vaincre le mal. Du danger intellectuel : en vous préservant de l’orgueil de la raison humaine et en vous apprenant à accepter comme de petits enfants (Matt. 18, 3) la révélation dont Il est la vivante expression.

Le Seigneur Jésus ! Vous avez si souvent entendu parler de Lui chez vous, à l’école du dimanche, dans les réunions des enfants de Dieu. Se pourrait-il que l’un de vous L’oublie un jour et s’éloigne de Lui ? Tous ceux qui vous aiment tremblent à cette pensée. Pourriez-vous passer à côté du bonheur, du vrai bonheur, sans y goûter ? Le vrai bonheur d’être réconcilié avec Dieu, de Le connaître, de L’aimer ? Ne croyez pas ceux qui vous répètent que le christianisme est triste. Croyez plutôt les chrétiens, qui ont fait l’expérience qu’aucune joie au monde n’égale celle que donne l’évangile.

Jésus, le Sauveur et le Seigneur, vous appelle. Repousserez-vous sa voix si douce, si tendre, si aimante ? Ferez-vous comme ces malheureux dont il est dit « qu’ils se retirèrent » (Jean 6, 66) ? Si jamais la voix de votre cœur vous invitait à les imiter, puissiez-vous alors entendre Sa question : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (Jean 6, 67), et lui répondre, avec la même confiance que Pierre : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68).

Il y va de votre bonheur présent et éternel.