Qui sont ceux qui iront ?

G. André
« Nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles, avec notre menu bétail et avec notre gros bétail »
Ex. 10, 9

Esclaves en Égypte, opprimés par un dur service, les Israélites avaient crié. Prière à peine formulée de ceux qui sentaient leur misère ; gémissement d’âmes presque totalement ignorantes de leur Dieu. Et pourtant l’Éternel avait « vu » leur affliction ; Il avait « entendu » leur cri. Il était « descendu » pour les délivrer, car, dit-Il, « je connais ses douleurs » [Ex. 3, 7].

Ce peuple opprimé, Il le voulait libre, libre de la puissance de Pharaon et de ses exacteurs, comme aujourd’hui Il veut délivrer les âmes de la puissance de Satan, les affranchir de l’esclavage du péché. Plus encore : Dieu les voulait pour Lui. « Laisse aller mon peuple », dit Moïse, « afin qu’il me célèbre une fête dans le désert » [Ex. 5, 1]. Ceux que le Seigneur a rachetés de la main de l’ennemi, Il veut en faire des adorateurs, qui « adorent le Père en esprit et en vérité » [Jean 4, 23].

Qui donc devait prendre part à cette fête ? « Qui sont ceux qui iront ? » — Personne, répond tout d’abord le Pharaon. Puis, contraint par main forte, il commence à céder, céder en apparence toutefois, car les ruses de Satan sont nombreuses.

« Allez, sacrifiez à votre Dieu dans le pays » (Ex. 8, 25). N’insinue-t-il pas la même chose à bien des jeunes gens et des jeunes filles aujourd’hui ? Pourquoi laisser les choses du monde, leur intérêt, leurs attraits, leurs avantages ? Ne peut-on pas suivre Christ tout en jouissant de ce que le monde offre ? Et plus d’un s’imagine qu’il est « converti » parce qu’il fréquente les réunions, parce qu’il connaît la Bible et peut même parler des choses de Dieu — alors que son cœur n’a jamais été changé, qu’il reste dans le fond attaché au monde et n’est pas né de nouveau.

Non, il fallait aller « le chemin de trois jours dans le désert » [Ex. 8, 27] avant de célébrer la fête. Trois jours : type de la mort et de la résurrection de Christ, sans lesquelles il n’y a ni salut, ni justification.

— « Allez donc, vous les hommes faits, et servez l’Éternel » [Ex. 10, 11], dit ensuite le Pharaon. « Tu es trop jeune », suggère Satan, « tu as bien le temps ; profite de la vie pendant que tu peux ; tu pourras toujours te convertir plus tard ». Ainsi des jeunes laissent passer des années précieuses ; ils sont bien parfois travaillés dans leur conscience, placés devant le choix de la vie ou de la mort ; ils voient leurs parents s’attacher au Seigneur et Le servir ; mais il faudrait « sortir d’Égypte ». « Pas encore », pensent-ils. Et le temps passe ; les années de formation mettent leur empreinte sur la personnalité ; quand vient l’heure du mariage, les goûts naturels portent vers une alliance dans le monde… Et après ? — Après, on est devenu « un homme fait », et pratiquement on a rejeté Christ ; on s’en va certainement vers la mort éternelle, si dans Sa grâce insondable, Dieu n’intervient pas encore à nouveau, en frappant fort s’il le faut.

— « Allez, servez l’Éternel ; seulement que votre menu et votre gros bétail restent » (Ex. 10, 24), dit enfin le Pharaon. Mais Jésus dit : « Là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur » (Luc 12, 34). Satan sait très bien que si nos cœurs demeurent attachés aux biens matériels, lui restera le maître. Le jeune chef s’en alla tout triste « car il avait de grands biens » [Matt. 19, 22]. Lot s’en vint à Sodome… nous en savons les conséquences. Et dans la parabole, les épines montèrent et étouffèrent les jeunes plantes pleines de promesses : « Les soucis du siècle, et la tromperie des richesses, et les convoitises à l’égard des autres choses, entrant, étouffent la Parole, et elle est sans fruit » (Marc 4, 19).

« Si les biens augmentent, n’y mettez pas votre cœur » (Ps. 62, 10). — Pour être libre de Pharaon, il fallait « sortir ». Pour échapper au « destructeur », il fallait le sang de l’Agneau. Il fallait que chaque famille célèbre la Pâque. L’un ne peut pas croire au Seigneur Jésus pour un autre. Tous parmi nous sont-ils « sortis » ? Ont-ils eu affaire personnellement avec Dieu ? Il ne suffit pas d’être enfant de parents chrétiens ; il faut avoir pour soi-même reconnu sa misère et reçu le Sauveur. Alors on peut de cœur joindre sa voix à ceux qui chantent : « Jéhovah est ma force et mon cantique, et il a été mon salut. Il est mon Dieu — le Dieu de mon père, et je l’exalterai » (Ex. 15, 2).