Savoir attendre

G. André
« Qui se fie à lui, ne se hâtera pas »
És. 28, 16

Savoir attendre le moment de Dieu n’est pas le propre de la jeunesse. Et pourtant, si la Parole de Dieu nous montre des cas où la foi se hâte, elle nous en présente bien d’autres où la bénédiction dépendait de la patience qui sait attendre l’heure de Dieu. Saül « attendit sept jours » la visite de Samuel ; mais il ne sut pas prendre patience jusqu’au bout, et « agit follement » (1 Sam. 13) en offrant lui-même le sacrifice avant l’arrivée du prophète. Les disciples avaient ramé toute la nuit, mais c’est seulement à la « quatrième veille » [Matt. 14, 25] que Jésus vint à eux, alors qu’ils ne pensaient plus à Lui. Seule la foi qui se confie en Dieu sait attendre. Il faut croire que Dieu opère, pour rester, en apparence, inactif soi-même. Il ne s’agit pas de négliger les moyens que Dieu met à notre disposition, mais d’aller un pas après l’autre, s’attendant à Lui. Qu’il s’agisse d’une situation, d’un travail à trouver, d’un mariage, d’un changement de domicile ou de circonstances, celui qui veut arranger et précipiter les choses ne saurait trouver la bénédiction qu’il y a à :


Te laisser seul agir et nous tracer nos voies,
Dieu de paix, Dieu d’amour.

Et quand la porte s’ouvre, quelle joie d’y voir la main de Dieu ! Quelle assurance dans la suite, quand des exercices de cœur ou des épreuves se présentent, qui ne sont pas alors des châtiments dans un chemin de propre volonté, mais des moyens d’éducation dans la main du Père pour la formation de Ses enfants !

Perdrons-nous cette bénédiction en nous « hâtant », parce que nous ne savons pas nous « fier à Lui » ?


« Le laboureur attend »
Jacq. 5, 7

Mais ce n’est pas seulement dans la vie de tous les jours qu’il importe de savoir attendre que Dieu agisse, c’est aussi dans le domaine spirituel qu’il faut prendre patience jusqu’à ce que l’œuvre de Dieu s’accomplisse dans les cœurs.

Le laboureur, n’est-ce pas Christ avant tout ? Il a « travaillé premièrement » (2 Tim. 2, 6), divin semeur ici-bas, plus encore divin Agneau qui s’est offert Lui-même pour accomplir l’œuvre que le Père Lui avait donnée à faire. Maintenant, Il « attend le fruit précieux de la terre » (Jacq. 5, 7). Bientôt Il « verra du fruit du travail de son âme » (És. 53, 11). Quel exemple pour nous, qui si vite nous décourageons en ne voyant pas de « fruit » du travail pour le Seigneur. Dans la dépendance, il faut semer ; il faut arroser ; mais il faut aussi savoir attendre. Jamais un épi de blé n’est arrivé à maturité en un jour ! Et même, dans la parabole, ceux qui ont poussé trop rapidement n’ont pas porté de fruit, parce qu’ils n’avaient « pas de racine en eux-mêmes » (Marc 4, 17). Il faut, avec foi, laisser à Dieu le temps de faire Son œuvre. « Jette ton pain… donne… sème… », mais rappelle-toi aussi que « tu ne connais pas l’œuvre de Dieu qui fait tout » (Eccl. 11). Et comme le divin laboureur, aie patience !


« La patience de Dieu attendait »
1 Pier. 3, 20

Il est un domaine où la patience est encore plus difficile à réaliser : envers ceux qui s’égarent. Combien nous sommes prompts à blâmer, à juger, à condamner. Malgré l’état affreux du monde aux jours de Noé, « la patience de Dieu attendait ». Dans Apocalypse 2 et 3, cinq fois revient l’appel à la repentance, mais dans le cas peut-être le plus grave, il est expressément dit : « Je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît ». Et dans l’évangile, quand depuis trois ans le figuier ne portait pas de fruit, le divin vigneron dit : « Laisse-le cette année aussi, jusqu’à ce que je l’aie déchaussé et que j’y aie mis du fumier » (Luc 13, 8).

Pour ainsi dire, il épie le moindre signe de repentir, de retour à Lui, afin de pouvoir pardonner et relever. Quelle leçon pour nous : « Enseignant avec douceur les opposants, attendant si Dieu peut-être ne leur donnera pas la repentance » (2 Tim. 2, 25).

Mais, vérité solennelle, Dieu n’attend pas indéfiniment. S’Il est lent à la colère, grand en bonté et en patience, Il finit par exécuter le jugement sur ceux qui « méprisent les richesses… de sa patience et de sa longue attente » (Rom. 2, 4). Le déluge est venu pour finir « et les emporta tous » [Matt. 24, 39] ; et du figuier il est dit : « Sinon, après, tu le couperas ».

De quelle humble dépendance nous avons besoin pour réaliser cette longanimité divine en restant nous-mêmes séparés du mal, prenant patience, tout en étant conscients de l’inexorabilité du jugement sur ceux qui « ne veulent pas se repentir ».


« Que le Seigneur incline vos cœurs… à la patience du Christ »
2 Thess. 3, 5

Depuis longtemps, Christ attend. Il attend Son Épouse, celle pour laquelle Il s’est livré Lui-même, pour laquelle Son « âme » a été en « travail ». Pourquoi attend-Il ? « Il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse ». « C’est pourquoi… estimez que la patience de notre Seigneur est salut » (2 Pier. 3). S’Il attend, c’est pour que des âmes viennent encore à la repentance et soient sauvées.

Ne saurons-nous pas attendre aussi ? Dans la joie de la conversion ou d’un réveil spirituel, il a pu nous sembler que tout irait bien jusqu’à ce que le Seigneur nous prenne à Lui. Tel Israël chantant au bord de la mer Rouge ! Mais il faut traverser le désert ; il faut être « manifesté fidèle par l’épreuve » [Jacq. 1, 12]. Il faut que « la patience ait son œuvre parfaite » (Jacq. 1, 4). « Abraham, ayant eu patience, obtint ce qui avait été promis » (Héb. 6, 15).

Nous sentons quel besoin nous avons de la grâce pour garder « la foi et la patience », « jusqu’au bout ». Mais là aussi, puissions-nous nous « fier à Lui » et nous défier de nous-mêmes, « étant fortifiés en toute force selon la puissance de sa gloire (non pas pour accomplir de grandes choses, mais) pour toute patience et constance (non pas avec résignation, mais) avec joie » (Col. 1, 11).