Souvenez-vous

G. André
« N’avez-vous point de mémoire ? »
Marc 8, 18
« Souvenez-vous que… vous étiez… sans Christ »
Éph. 2, 11

Habitués pour la plupart à l’ambiance chrétienne, ne courons-nous pas le risque de perdre de vue que « nous étions par nature des enfants de colère comme aussi les autres » [Éph. 2, 3], d’« oublier la purification de nos péchés d’autrefois » [2 Pier. 1, 9] ?

Avoir été élevé dans un foyer chrétien, ne donne pas la vie éternelle. Il faut la repentance, la foi personnelle, la nouvelle naissance. Peut-être n’y a-t-il pas eu beaucoup de changement dans les habitudes extérieures lorsque, d’enfant de parents chrétiens, on est devenu, par « la foi en son nom » [Act. 3, 16], enfant de Dieu ; mais pourtant quel changement fondamental ! On était sur le chemin de la perdition, et maintenant sur celui qui « mène à la vie » [Matt. 7, 14] ; on est passé, quant à son cœur, « des ténèbres à la lumière » et « du pouvoir de Satan à Dieu » [Act. 26, 18]. « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » [2 Cor. 5, 17].

Après avoir ressenti en son âme cette joie de la lumière, on s’est habitué à cette vie nouvelle. Et si facilement nous oublions d’où nous avons été tirés, la gravité de la dette qui nous a été remise. « Celui à qui il est peu pardonné aime peu », dit le Seigneur (Luc 7, 47). Nous a-t-il vraiment été « peu » pardonné ? Oh ! non. Pour que nous soyons « approchés », il a fallu « le sang du Christ » [Éph. 2, 13]. Et le prix payé montre la grandeur de la dette. Mais en oubliant ce que nous étions, ce que nous sommes par nature, en nous estimant dans le tréfonds de nous-mêmes meilleurs que les autres, on peut en venir subjectivement à estimer qu’il nous a été « peu pardonné ». Quoi d’étonnant alors si l’on « aime peu » — et si l’on est peu disposé à pardonner à ses frères, à « avoir pitié de celui qui est esclave avec soi » (Matt. 18, 33) !


« Souvenez-vous de la femme de Lot »
Luc 17, 32

Nous ne savons pas où Lot avait pris femme. Elle n’est pas mentionnée avant que Lot soit à Sodome. Était-elle de cette ville ? Nous l’ignorons, mais en tout cas son cœur y était. Et c’est en cela qu’elle est placée devant nous en solennel avertissement, car « là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » [Matt. 6, 21]. Au jour où il a fallu « sortir », elle n’a pu se résoudre à quitter ce que son cœur aimait. Attachée par des liens trop forts à Sodome, à ses biens, à sa maison, elle a regardé « en arrière ». « Statue de sel » [Gen. 19, 26], elle reste témoin à chacun de l’issue d’un tel chemin. Les pécheurs de Sodome ont été enveloppés dans la ruine de leur ville, mais elle, plus responsable d’avoir eu un mari « juste » qui certainement lui avait parlé de l’Éternel, se détache comme objet particulier du jugement de Dieu.

Quel avertissement pour nos jeunes amis qui ont entendu — et combien de fois ! — parler du Seigneur, et ne lui ont pas encore donné leur cœur.


« Tu te souviendras de tout le chemin »
Deut. 8, 2

Notre vie est marquée d’étapes, longues ou courtes. Peut-être y a-t-il seulement un an que nous sommes au Seigneur, ou deux ans ; mais quoi qu’il en soit, il fait bon s’arrêter de temps en temps, et regarder le chemin parcouru. C’est même une exhortation positive que Dieu nous adresse.

Sans doute, tout d’abord, pour juger nos voies. Quelles traces avons-nous laissées sur le sable du désert ? Vont-elles çà et là, un peu à gauche, un peu à droite, ou bien directement vers le but ? Ou ne voit-on peut-être aucune trace du tout, parce qu’on est resté stationnaire, et n’a fait aucun progrès dans les choses d’en haut ? Prenons-y garde, car si c’était le cas, en examinant les choses de près, ne découvririons-nous pas plutôt des traces rétrogrades ? « Considérez bien vos voies », dit le prophète (Agg. 1, 5, 6). Et s’il faut baisser la tête et se juger, venons à Lui, notre Sauveur plein de grâce, qui saura laver nos pieds et restaurer nos âmes.

Mais en Deutéronome 8, il s’agit plutôt de se souvenir de « tout le chemin par lequel l’Éternel ton Dieu t’a fait marcher ». L’accent n’est pas mis sur les fautes, mais sur les soins, la discipline, les enseignements de Celui qui jour après jour nous a suivis dans la route. Il a permis des peines peut-être, « afin de t’humilier et de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin » [Deut. 8, 16]. Mais aussi Il a donné chaque jour la manne, la nourriture spirituelle dont nos âmes avaient besoin ; Il a fait sortir « l’eau du rocher » ; Il a donné la force. Oublierons-nous ? Ne prendrons-nous pas un moment, dans le silence de Sa présence, pour passer en revue devant Lui l’étape écoulée ? Il y a des occasions particulièrement propices pour cela : fin de l’année, anniversaire, ou jours de mise à l’écart par une maladie, un accident, des vacances. Ne perdons pas l’occasion que Dieu nous donnerait de le faire, même s’il fallait pour cela renoncer à quelque plaisir !


« Souviens-toi de Jésus Christ »
2 Tim. 2, 8

Objet suprême de nos affections, surpassant tout autre, le Seigneur Lui-même est placé devant nos cœurs, pour qu’ils se souviennent de Lui. Malgré la pressante recommandation reçue, le chef des échansons, une fois en liberté, « ne se souvint pas de Joseph et l’oublia » [Gen. 40, 23]. La ville hors de danger, « personne ne se souvint de cet homme pauvre » qui l’avait délivrée (Eccl. 9, 15) ! Serons-nous de ceux qui oublient ? Quand le Seigneur Jésus, la nuit qu’Il fut livré, dit : « Faites ceci en mémoire de moi » [Luc 22, 19], répondons-nous tous au désir de Son cœur ? Quand tant de distractions nous sollicitent, savons-nous « en toutes choses » Lui donner à Lui « la première place » [Col. 1, 18] ?

Bientôt nous Le verrons. Le temps où nous pouvions nous « souvenir » de Lui sera passé. Ne voulons-nous pas, tandis que nous sommes encore en route vers la maison du Père, nous souvenir plus souvent, avec plus d’affection et de réalité, de Celui dont les souffrances nous en ont ouvert les portes ?