Tiens ferme…

S. F.
« Tiens ferme ce que tu as »
Apoc. 3, 11

Plus que jamais, il est important, pour nous croyants qui vivons dans les derniers jours de l’histoire de l’Église, de prêter attention à l’exhortation adressée à l’assemblée à Philadelphie.

Avec le secours de l’Esprit et à la lumière de la Parole de Dieu, avec l’aide des précieux écrits qui sont à notre portée, essayons de saisir la signification de ces mots : « ce que tu as ».

L’assemblée à Philadelphie se distinguait par un triple caractère : elle avait peu de force, elle avait gardé la parole du Véritable et n’avait pas renié le nom du Saint. Mais son trait dominant est marqué, semble-t-il, par la répétition au verset 10 : « tu as gardé la parole… ». Cette parole que Philadelphie avait gardée est ici en rapport avec un caractère particulier du Seigneur pour le temps de Son absence : la patience. De tout temps, garder la Parole de Dieu est la part du croyant, mais le propre de l’Église de Christ, c’est de garder la parole de Sa patience : attendre le retour du Seigneur Jésus dans le sentiment qu’Il use de patience envers un monde qui L’a rejeté, ne voulant pas qu’aucun périsse [2 Pier. 3, 9] ; comme Lui-même aussi attend avec patience la réalisation de Sa promesse : « Je viens bientôt » [Apoc. 22, 20].

Mais un danger guette Philadelphie. L’ennemi, toujours à l’œuvre, cherche à lui ôter la récompense que symbolise la couronne. De là l’exhortation pressante : « Tiens ferme ce que tu as ». Philadelphie avait gardé la parole de Jésus plus que toute autre chose ; elle devait continuer à la retenir comme le trésor le plus précieux.

À chacun de nous maintenant de se poser la question : « Ai-je gardé Sa parole ? ». Garder Sa parole, il faut nous le rappeler, ne signifie pas seulement posséder les Saintes Écritures, en faire notre lecture journalière, connaître beaucoup de vérités qu’elles renferment. C’est, par-dessus tout, mettre notre vie en accord avec leurs enseignements. Cela implique une communion avec le Seigneur, qui est Lui-même la Parole, sans laquelle notre christianisme ne sera qu’une vaine profession.

N’avons-nous pas à confesser que cette Parole habite bien peu dans nos cœurs ? Lisons-la davantage, avec le désir d’y trouver Christ. C’est ainsi que nous pourrons Le connaître mieux, L’aimer mieux, et que nous serons rendus capables de garder Sa Parole, selon ce qu’Il a dit Lui-même : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » (Jean 14, 23).

Mais ce n’est pas tout. Si, par la grâce de Dieu, un témoignage collectif attaché à la vérité subsiste encore de nos jours, n’oublions pas que Satan ne désarme pas. Son activité tend à miner ce témoignage ; elle se porte plus spécialement sur ceux qui n’ont pas eu, comme ceux qui les ont précédés, de luttes à fournir pour mettre en pratique les vérités retrouvées de la Parole. Dans ces luttes, inlassablement, ceux-là avaient résisté. À nous maintenant le privilège, mais aussi la responsabilité de tenir ferme, car l’ennemi de Christ et de Son Église peut redoubler d’efforts.

Nous avons connu, la plupart d’entre nous, des temps faciles et une grande liberté pour l’exercice de la piété et le rassemblement autour du Seigneur. Ce privilège a déjà été entamé en plus d’un endroit ; il pourrait être retiré à ceux qui le possèdent encore. Seraient-ils prêts à accepter cette épreuve et à souffrir comme chrétiens, étant les imitateurs des témoins d’autrefois qui ont tenu ferme le Chef et la fidèle parole de Dieu ?

L’un d’eux avait écrit[1] : « Quelle que soit notre faiblesse dans le témoignage collectif ou individuel, quelque nombreuses et humiliantes que soient les misères qui se révèlent parmi nous, nous ne sommes point prêts, je le dis parce que je le crois fermement de tous, dans cet amour qui ne pense pas le mal, mais se réjouit avec la vérité, à faire l’abandon de l’humble, profonde et sincère soumission à l’Écriture et à son autorité absolue ; elle a des droits exclusifs à l’obéissance du croyant en tout et toujours. L’Écriture, toute l’Écriture et rien que l’Écriture, tel est notre drapeau et Celui qui nous l’a confié dans Sa grâce, nous donnera aussi dans Sa grâce de le retenir fidèlement ».

On est frappé à la lecture d’une déclaration aussi catégorique qui n’est pas le fait de présomptueux, mais de croyants fermement attachés à la Bible, et convaincus de la fidélité de Dieu. Pourrions-nous en sincérité, prononcer de telles paroles ? Les épreuves présentes doivent avoir pour résultat de nous amener à courber la tête dans le sentiment de notre état. Que d’alliances avec ce monde, que de choses se sont introduites dans nos cœurs, dans nos familles, dans nos rassemblements ! L’origine de tout cela, c’est le manque de cœur pour le Seigneur et d’attachement à Sa Parole, et ce mal est venu insensiblement. Il n’a pas fallu moins que cette horrible et longue guerre[2] pour nous le faire toucher du doigt. Mais nous ne devons pas nous contenter de rechercher nos voies et de les scruter ; il faut aussi revenir à l’Éternel (Lam. 3, 40).

Ayons donc à cœur cette soumission entière à la Bible. L’Écriture est immuable ; son autorité ne peut s’affaiblir quelles que soient nos circonstances. Profitons davantage du ministère écrit[3] laissé par ces conducteurs qui nous ont annoncé la Parole de Dieu ; et considérant l’issue de leur conduite, imitons leur foi [Héb. 13, 7].

Mais avant tout le Seigneur demande des cœurs qui Lui soient attachés. Mieux Le connaître personnellement, nous amènera, plus que toute autre chose, à chérir les vérités relatives à l’Assemblée, non par tradition, mais par amour pour Celui qui s’est livré Lui-même pour elle.