Tout pour le Seigneur

H. Smith
« Faites tout au nom du Seigneur Jésus.

Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur comme pour le Seigneur »

(Col. 3, 17, 23)

Un des derniers numéros de notre petite feuille avait pour but de nous stimuler au service pour Dieu, en réveillant en nous les énergies et les forces jeunes que le Seigneur nous demande de dépenser pour Lui, mais que nous avons la tendance à mettre à notre propre service, alors que nous ne devrions plus vivre pour nous-mêmes (2 Cor. 5, 15).

Pourquoi avons-nous souvent si peu le désir de servir le Seigneur, et pourquoi cherchons-nous souvent bien loin comment nous pourrions servir, alors qu’il y a tant de choses à notre portée ? Si nous y réfléchissons, ne devons-nous pas constater qu’il nous est beaucoup plus facile de témoigner pour Christ ailleurs que dans le milieu où nous nous trouvons habituellement, et que nous avons beaucoup de peine à être toujours et partout Ses esclaves ?

Il nous arrive, en effet, facilement de faire deux parts dans nos vies, et cela provoque un dualisme dont nous souffrons, parfois inconsciemment.

Dans l’une de ces parties, la plus grande en général, nous sommes avant tout des jeunes gens et des jeunes filles, des hommes et des femmes, des ouvriers, des employés ou des patrons, qui veulent bien ajouter à ces titres celui de chrétien. Dans cette partie-là de notre vie, nous agissons premièrement selon nos intérêts, nos goûts et nos désirs, et le rôle de Christ est souvent négatif, c’est-à-dire qu’il consiste à nous écarter de tel péché, à nous garder de telle faute, réprouvée même par les hommes : ce rôle n’est qu’une influence.

L’autre partie de notre vie, nous voulons la consacrer au Seigneur Jésus ; c’est celle où nous voulons Le servir, faire quelque chose pour Lui. Tandis que dans la première partie nous Lui demandons ce que nous désirons, là, nous voulons qu’Il commande, et nous essayons d’obéir. Ce qui est grave, c’est qu’il y a une rupture entre ces deux attitudes, que j’exagère peut-être pour les mieux caractériser, et que cette rupture nuit beaucoup à notre activité pour Christ, et nous empêche même parfois de Le servir là où Il nous a placés. Car, si le Seigneur ne nous a pas fait sortir du monde (Jean 17, 15), et s’Il reconnaît pour chacun de nous une foule d’obligations découlant de notre travail et de nos relations, dans ce monde et dans ces milieux divers, nous sommes à Lui et c’est Sa vie qui doit être vue en nous.

C’est pourquoi nous devons nous demander à chaque instant si c’est ainsi que nous réalisons notre rôle de témoins, si nous manifestons Christ dans ce monde, et si, lorsque nous voulons parler de Lui, ceux qui nous entendront ne seront pas repoussés par ce dualisme, dont nous avons parlé plus haut, et qu’ils auront discerné en nous peut-être beaucoup mieux que nous-mêmes.

Par cet examen, nous découvrirons souvent, hélas, que l’on n’a pas pu conclure de notre conduite que nous étions nés de Dieu (1 Jean 2, 29 ; 4, 7), et que nous avions une force que le monde n’a pas, parce que nous péchons tous de plusieurs manières et que nous ne manifestons pas le fruit de l’Esprit (Gal. 5, 22), car nos intérêts matériels ou nos tendances naturelles viennent constamment entraver la manifestation de la vie de Christ, sans que peut-être nous tombions dans ce qu’on appelle des fautes graves.

Cette vie d’honnêtes gens a ses mérites pour le monde, mais elle ne peut plaire à Dieu ; elle n’est pas ce qu’Il nous demande. Jésus veut être le maître de nos vies ; Il nous demande de faire tout pour Lui, et cela exige que nous sachions très exactement, non seulement ce que nous ne devons pas faire, mais tout autant ce que nous devons faire. Cela nous oblige à ne pas considérer deux parts dans nos vies, mais à tout remettre au Seigneur, à Le laisser tout diriger, à vivre pieusement, c’est-à-dire dans une communion constante avec Lui à l’égard de toute chose, recherchant Sa volonté particulière dans chaque action.

Dans cette vie-là, nous verrons les choses tout différemment qu’auparavant : le travail qui nous paraissait fastidieux deviendra intéressant parce que nous pouvons le faire pour Lui et Lui être utile, même si humainement nous n’en voyons pas la possibilité. Le contact avec des gens qui ne nous plaisent pas sera une occasion d’être en témoignage et de rendre recommandable, par notre attitude, la Parole dont nous aurons à témoigner. Cette vie-là, abandonnée entièrement à Dieu et au Seigneur, est la seule qui Lui plaise ; si même elle nous apporte plus d’opprobre que l’autre, elle nous ouvrira aussi plus de portes. Nous ferons l’expérience que dans nos relations de famille, d’affaires, de voisinage, des situations changent totalement d’aspect quand nous les envisageons sous l’angle de Dieu, pour le Seigneur, à la lumière de Son Esprit et de Sa Parole, et que nous nous demandons : « Qu’est-ce que le Seigneur veut de moi ? ».

Si nous nous posons cette question, nous serons amenés à pratiquer la justice et à aimer ; nous intriguerons ceux qui nous entourent ; certains se moqueront ; d’autres, qui ont essayé de vivre ainsi sans passer par la croix, seront prêts à en recevoir le message. Nous ne souffrirons plus alors de ce dualisme pénible dans notre vie, car nous pourrons commencer à servir là où nous avons été placés, et nous obtiendrons la force nécessaire pour tout service auquel le Seigneur pourrait nous appeler.