Un retour à la piété

G. R.
« Exerce-toi toi-même à la piété »
(1 Tim. 4, 7)

Qu’ils semblent déjà lointains, ces temps bénis où le souffle de l’Esprit de Dieu réveillait les âmes. Seuls des écrits sont encore là pour nous documenter sur ces jours merveilleux qui apportèrent aux cœurs altérés la pluie d’en haut, les fraîches rosées annonciatrices du matin sans nuage.

De ces temps bénis où la piété fleurissait dans les cœurs, dans les familles, dans les assemblées, où un témoignage vivant était rendu à Christ, où les intérêts d’en haut étaient la préoccupation primordiale des enfants de Dieu, que reste-t-il aujourd’hui ?

Grâce à Dieu qui connaît toutes choses et qui sonde les reins et les cœurs [Ps. 7, 9], qui ne regarde pas à ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur [1 Sam. 16, 7], un grand nombre de chers enfants de Dieu, connus ou inconnus, ont maintenu ou maintiennent par la puissance du Seigneur s’accomplissant dans l’infirmité [2 Cor. 12, 9], et par une grande piété individuelle, un témoignage bien cher à Son cœur. Mais à côté de cela, combien nous, jeunes gens, devons nous humilier en réalisant que nous sommes si peu zélés pour mettre en pratique le trésor de connaissances merveilleuses qui nous ont été enseignées dès notre enfance. Que de fois nous oublions de faire valoir dans notre vie journalière les vérités que nous croyons posséder intellectuellement. Oh ! que le Seigneur nous donne d’être gardés dans ces temps de la fin d’une connaissance qui enfle, et qu’Il nous augmente l’amour qui édifie.

Comme Satan a su vite travailler et comme il redouble et redoublera ses efforts pour détourner la jeunesse du vrai chemin qui est en même temps la vérité et la vie (Jean 14, 6). Ne voulons-nous pas comprendre dès maintenant que la piété ne doit pas être l’affaire de quelques-uns seulement qui, sentant leur responsabilité, portent le témoignage du Seigneur sur leur cœur ? Dès notre conversion, étant membres du corps de Christ, nous avons à partager cet exercice de la piété dans la sphère dans laquelle le Seigneur nous a placés.

Mais qu’est-ce que la piété ? La piété, c’est l’habitude de vivre en communion avec Dieu. La piété est ce qui caractérise les vrais rapports de l’âme avec Dieu, dans la confiance en Lui seul et dans la crainte de Lui déplaire. La piété n’est donc pas une chose extérieure, mais intérieure, qui ne fait pas de bruit, mais dont les effets profonds se manifestent et se reflètent dans notre vie extérieure, dans toute notre manière d’être, de vivre, de penser, de parler et d’agir. Cette piété est le fruit de l’amour de Dieu versé dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné [Rom. 5, 5].

Plusieurs parmi nous, jeunes, ne doivent-ils pas reconnaître que Christ n’est pas réellement le centre de leur vie, et confesser que trop souvent nous avons abandonné notre premier amour ?

Dans ce monde, la grande multitude de ceux qui se réclament du nom de Jésus, sont gouvernés, moulés et contrôlés par quelque chose qui religieusement, est de la terre et non des cieux, de l’homme et non du Saint Esprit. On obéit à des institutions humaines et non plus à la Parole de Dieu. Plus que jamais, il faut que nous en arrivions à voir dès notre jeunesse, par des convictions personnelles reposant sur les Écritures, que nous devons faire contraste avec cet état de choses.

Mais c’est une chose de le reconnaître et une toute autre chose d’entrer dans le chemin du Seigneur et d’y marcher selon Sa pensée. Il ne suffit pas d’être occupé sans cesse du triste état où nous nous trouvons ; de constater, de déplorer amèrement notre faiblesse et notre misère, ni de vivre mélancoliquement dans le souvenir d’un lointain passé. Si nous en restons là, nous n’arriverons à rien, sinon à des lamentations stériles. Le passé ne reviendra pas. Il faut regarder en avant. Un fait reste immuable : c’est que « Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui, et éternellement » (Héb. 13, 8). Si nous nous sommes habitués au déclin, Christ ne s’y est pas habitué, et par les circonstances tragiques qui se déroulent dans ce monde où domine l’impiété, Sa voix puissante appelle les rachetés à un retour individuel à la piété, à une application de toute notre volonté et de tout notre cœur à Son service.

La tiédeur qui paralyse les cœurs de beaucoup de jeunes est peut-être moins faite de timidité que d’égoïsme, de paresse et d’amour du monde et des choses qui s’y trouvent. Nous avons besoin d’être stimulés et réveillés. Reconnaissons que nous nous sommes endormis. Ne nous illusionnons pas plus longtemps sur notre état. Une des choses les plus funestes qui pourraient nous arriver, c’est d’être « des satisfaits de nous-mêmes », de nous croire réveillés quand en réalité nous dormons toujours. Ne soyons pas de ceux qui dorment, mais encore moins de ceux qui rêvent qu’ils sont réveillés bien qu’endormis.

Plaçons-nous sur nos genoux dans la lumière du sanctuaire. Là seulement nous apprendrons à nous connaître et nous pourrons nous juger devant Dieu de toutes les choses qui ont amené le déclin dans nos vies : l’orgueil spirituel, l’esprit de suffisance, le manque de besoins qui caractérise l’église tiède de Laodicée [Apoc. 3, 17], la médisance, l’égoïsme, l’intérêt particulier, l’éloignement progressif de la Parole de Dieu. Humilions-nous de notre relâchement dans la vie de prière et de notre conformité au présent siècle mauvais, qui est le milieu dans lequel nous évoluons.

Si nous apprenons à juger ces choses et à les abandonner, Dieu nous fera entrer dans le chemin qui conduit aux possibilités merveilleuses que Sa grâce a mises en réserve pour tous les temps pour ceux qui reviennent à Lui de tout leur cœur.

L’Ancien Testament, comme l’histoire de l’Église, nous montre quel est ce chemin qui conduit au réveil des cœurs.

La triste situation dans laquelle se trouvait la collectivité commençait à peser lourdement sur un ou quelques individus. Un fardeau accablait leur cœur, ils ressentaient un profond chagrin, une douleur intense à l’égard des intérêts et du témoignage du Seigneur. Ce déclin les faisait souffrir, ce manque d’obéissance à la Parole était pour eux une agonie, et avec un Esdras, un Néhémie, un Daniel, ils se jetaient sur leur face, jeûnant et s’humiliant, s’identifiant avec le peuple pour confesser les manquements et les transgressions de tous et implorer la miséricorde du Dieu juste et saint, dont les compassions et la bonté demeurent à toujours pour ceux qui Le craignent. Ces prières humbles et persévérantes montaient vers Dieu, qui se rendait à leurs cris. Alors, ni par force, ni par puissance, mais par Son Esprit, s’opéraient des choses merveilleuses à la gloire de Son grand nom.

C’est ainsi qu’eurent lieu bien des restaurations. Dieu se choisit comme instruments des hommes qui portent un fardeau, Son fardeau ; qui connaissent, comme Paul, quelque chose des afflictions du Christ pour Son corps qui est l’Assemblée (Col. 1, 24).

Chers jeunes gens, chères jeunes filles, le Seigneur a besoin d’instruments qui, se détournant du monde, se tournent vers Lui pour recevoir Son témoignage. Il nous demande de répondre à Son appel, car c’est « l’heure de nous réveiller du sommeil » (Rom. 13, 11-12). Il est temps de mettre en pratique l’exhortation que Paul adresse aussi bien à nous qu’à Timothée : « Exerce-toi toi-même à la piété » (1 Tim. 4, 7). Si nous avions réalisé ce saint exercice, la tiédeur et le sommeil ne seraient pas entrés dans nos rangs. Souvent bien ignorants, nous croyons savoir beaucoup et en tirons orgueil, au lieu de mettre humblement en valeur ce que le Seigneur nous a donné et d’en faire profiter d’autres. Trop souvent nous mangeons nos cinq pains et nos deux poissons au lieu de les apporter au Seigneur afin qu’Il les multiplie pour nous rendre capables de nourrir les âmes.

Il est temps de comprendre que, comme Timothée ne pouvait pas vivre de la piété et de la foi du grand apôtre, nous ne pouvons pas vivre non plus de la piété de nos devanciers et de nos conducteurs. Nous pouvons prendre leur piété comme modèle et, considérant l’issue de leur conduite, imiter leur foi (Héb. 13, 7). On ne peut pas vivre de la piété d’autrui. Un enfant ne peut pas vivre de la piété de ses parents, un frère ne peut pas vivre de la piété d’un autre frère, comme une épouse non plus ne peut pas vivre de la piété de son mari.

Revenons à cet exercice personnel de la piété qui a caractérisé à travers les âges les vrais témoins du Seigneur. Donnons à la prière plus de place dans notre vie. Si nous sommes exercés devant Dieu dans notre cabinet, nous le serons aussi dans nos familles, dans l’assemblée et dans ce monde. Joignons à une vie de prière intensifiée la lecture plus assidue de la Parole de Dieu, ces deux choses qui entretiennent le feu de la piété. Ne nous bornons pas à écouter avec toute bonne volonté la lecture de la Parole, mais examinons nous-mêmes chaque jour les Écritures (Act. 17, 11). Prenons le temps de nous recueillir devant elles et écoutons ce que Dieu veut nous dire personnellement. Dans cet exercice, ayons comme règle de discerner ce que Dieu veut et non pas ce que nous voulons. Ainsi, nous obéirons aux enseignements reçus jour après jour dans la lecture de la Parole inspirée, accompagnée par la prière. Elle est toujours vivante et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que nous soyons accomplis et parfaitement accomplis pour toute bonne œuvre (2 Tim. 3, 16). Alors journellement nous pourrons croître dans la connaissance vivante du Seigneur. Nous montrerons que Sa vie est en nous et que Lui est notre vie.

Mais souvenons-nous que si Christ est notre vie, Sa vie de douleur sera aussi la nôtre. Son joug deviendra notre joug, Son fardeau notre fardeau (Matt. 11, 30). Les jeunes considèrent trop facilement le service pour le Seigneur comme un poème. Ce que le Seigneur nous demande, ce n’est pas d’avoir de l’enthousiasme ou de l’intérêt pour une activité chrétienne organisée. Ce n’est pas cela, Le servir. Ce qu’Il nous demande, c’est de « Le connaître Lui, et la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, étant rendus conformes à sa mort » (Phil. 3, 10). Ce qui compte, ce n’est pas ce que nous sommes aux yeux des hommes, mais bien ce que nous sommes en présence de Dieu dans le secret.

Ne pensons pas que nous sommes trop jeunes pour réaliser notre position de membres du corps de Christ, ce corps où « lorsqu’un membre souffre, tous les membres souffrent » [1 Cor. 12, 26]. Sans doute avons-nous d’abord à juger chacun « la plaie de son propre cœur » [1 Rois 8, 38] ; et plus nous verrons combien elle est profonde, plus nous apprécierons la grâce, la grâce infinie de notre Dieu, qui peut seule y répondre. Mais nous sommes aussi membres les uns des autres et avons besoin de sentir mieux qu’il y a là tout un domaine où, avec bien des souffrances peut-être, nous avons à prendre notre part de responsabilité et d’humiliation dans le témoignage du Seigneur sur la terre.

Laissons donc de côté nos soucis misérables, ces fardeaux quotidiens dont nous nous chargeons à chaque pas, quand pourtant nous sommes appelés à les rejeter sur Jésus (Héb. 12, 1 ; 1 Pier. 5, 7). Prenons sur nous, au contraire, le seul fardeau que devrait connaître notre vie, le fardeau du Seigneur. Demandons-Lui de nous faire entrer dans le souci de Ses intérêts, de nous faire mieux sentir Son amour pour les âmes perdues et pour Son peuple sur la terre : ce sera le moyen merveilleux d’être délivrés de nous-mêmes, de nos stériles soucis, de nos problèmes personnels qui accaparent tellement notre temps.

Dieu attend de nous que nous prenions « notre part des souffrances, comme un bon soldat de Jésus Christ » (2 Tim. 2, 3). Sachant donc que ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés, réjouissons-nous en pensant que toute activité spirituelle véritable comme tout service béni, sont issus de la douleur ! Ainsi se réaliseront dans notre vie les paroles de l’apôtre : « attristés, mais toujours joyeux » (2 Cor. 6, 10).

Par un retour à la piété, au temps des petites choses, des fruits bénis seront encore produits à la gloire de Jésus. « Et qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu ? » (Mich. 6, 8).