Vacances

G. André
« La septième année… sera une année de repos »
(Lév. 25, 4-5)
« Venez à l’écart vous-mêmes… et reposez-vous un peu »
(Marc 6, 31)

Pendant six ans, l’Israélite entré en Canaan devait travailler : semer les champs, tailler la vigne, recueillir les récoltes. Chaque semaine au jour du sabbat, il se reposait. Mais ce repos ne suffisait pas. Dieu voulait lui donner tous les sept ans une année entière pour jouir tranquillement du pays où Il l’avait introduit : ni semailles, ni moisson, ni vendange : « une année de repos ». La foi s’attendait à Dieu pour la nourriture nécessaire.

Envoyés deux à deux par le Maître, les disciples avaient parcouru les villes et villages de la Galilée, prêchant et guérissant partout. Ils n’avaient pas épargné leur peine, et le Seigneur connaissait leur fatigue. Revenus auprès de Lui, « ils Lui racontèrent tout : et tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné » [Marc 6, 30]. Après avoir beaucoup semé, ils devaient, eux aussi, apprendre à se reposer un peu, « à l’écart », près de Lui.

Vacances ! perspective heureuse ; mot magique à tout âge. Dans son tourbillon, la vie nous entraîne ; nos journées trop remplies ne nous laissent même plus « le loisir de manger » [Marc 6, 31] : le corps s’en ressent, et l’âme, trop peu nourrie du pain de vie, s’étiole. Et le Seigneur permet pour un bon nombre d’entre nous quelques jours de détente. Qu’allons-nous en faire ? Comment remplir ces journées qu’Il nous donne à l’écart ? Il a pour chacun de nous une pensée à ce sujet. C’est dans la prière, seul avec Lui, que nous la découvrirons.

S’arrêter, « s’asseoir », se détendre ; laisser de côté, comme les Israélites, les préoccupations matérielles, et, comme les disciples, même l’activité extérieure pour Lui. Se pencher sur les deux grands « livres » de Dieu, la nature et la Parole (Ps. 19) : écouter ! Dans la tranquillité de la campagne, ou sur les solitudes des hauteurs, plus d’un parmi nous a fait la douce expérience que le Seigneur lui parlait, qu’Il avait un enseignement particulier pour son cœur.

Ce n’est pas à dire que l’étude de la Parole et la méditation doivent remplir le plus clair de nos jours de vacances ; le Seigneur montrera à chacun le temps qu’il faut y consacrer. Ceux qui mènent une vie sédentaire auront besoin de beaucoup d’exercice physique ; d’autres préféreront la tranquillité et le repos. « Dieu nous donne toutes choses richement pour en jouir » (1 Tim. 6, 17), et nous pouvons recevoir de Sa main et goûter avec Lui aussi bien l’effort physique d’une ascension, que les joies de la famille, ou les conversations entre amis. Le corps détendu, l’esprit libre, nous pourrons considérer la route parcourue, nous « souvenir de tout le chemin par lequel l’Éternel notre Dieu nous a fait marcher » (Deut. 8, 2), rappeler Ses bienfaits, juger nos fautes. Repassant les circonstances de l’année écoulée, nous chercherons à mieux comprendre ce qu’Il a voulu nous enseigner par elles. Les forces seront renouvelées, et, nous tournant vers l’avenir, nous pourrons, guidés par Lui, prendre paisiblement les décisions qui s’imposent en Lui abandonnant les résultats.

Tous n’ont pas des vacances, quoique chacun, répondant à la pensée de Dieu dans les passages ci-dessus, devrait s’efforcer d’en avoir. Le Seigneur connaît les circonstances et y supplée merveilleusement. Mais souvenons-nous qu’Israël attira sur lui le châtiment de l’Éternel pour n’avoir pas observé l’année de relâche. Suivant la situation dans laquelle on se trouve, il faut une certaine foi pour laisser de côté ses affaires et « s’arrêter » un moment, mais Lévitique 25, 6 nous montre qu’elle ne perd point sa récompense. N’oublions pas cependant que même des vacances peuvent être sans profit pour nos âmes, si nous les remplissons d’agitation, loin de Lui. Si nous ne voulons pas nous arrêter, Dieu nous arrêtera. Par la maladie, par un accident, par un moyen connu de Lui, Il nous placera à l’écart. La bénédiction dont nous aurions pu jouir librement, sera mêlée des larmes de la discipline.

Le vrai repos n’est pas d’ici-bas : « Tu te reposeras là-haut ». Mais le long de la route, le Seigneur nous ménage des oasis pour que nos corps rafraîchis et délassés soient mieux à même de reprendre pour Lui la tâche journalière — pour que nos âmes restaurées et enseignées par notre ami fidèle, soient plus disposées, dans les mille occupations de la vie, à discerner Son chemin et à y marcher dans sa communion. Saurons-nous en profiter ?