« Voici, il prie ! » (Act. 9, 11)

J. André

Encore un article sur la prière ! allez-vous dire en lisant le titre ; n’a-t-on déjà pas assez écrit, et médité, et exhorté sur ce thème ? — C’est vrai, et pourtant, que devons-nous constater ? Quels sont les résultats effectifs de tant d’exhortations dans nos vies individuelles, dans nos maisons, dans nos réunions collectives ?

On déplore la ruine actuelle ; on constate avec douleur et étonnement que pour qu’une âme se convertisse, il faut je ne sais combien de prédications et d’exhortations personnelles ; on entend dire : le monde envahit l’Église ; la vie spirituelle s’étiole ; l’amour se refroidit ; la tiédeur gagne chaque jour du terrain ! — À quoi donc l’attribuer ? — À la persécution ? — Nous n’avons jamais été si tranquilles, en tout cas pour ce qui concerne nos pays. — Au manque de nourriture spirituelle ? — Nous sommes parvenus à une époque de grandes richesses à ce point de vue : partout on prêche, on exhorte, on édifie ; les études, les livres d’exhortations, d’encouragements, de consolation chrétienne de tout genre, sont à la disposition de quiconque se donne la peine d’en profiter.

Alors qu’y a-t-il que nous devions constater si peu de vie ? Serait-ce l’Esprit de Dieu qui n’agit plus comme autrefois ? Serait-ce que les promesses faites dans la Parole n’auraient plus cours dans les temps actuels ? — Le simple fait de soulever la question y répond déjà : comment Dieu peut-Il changer, puisqu’Il est le même hier, aujourd’hui et éternellement [Héb. 13, 8] ? — Serait-ce enfin manque de vie, manque d’amour, manque de fruit de l’Esprit en général ? — C’est bien un peu cela, et par là nous arrivons à la véritable raison de cette léthargie spirituelle dans tous les domaines : c’est le manque de prières.

Pourquoi y a-t-il si peu d’amour pour le Seigneur et entre croyants, si peu de compassion pour les âmes qui s’en vont à la perdition ? Pourquoi si peu de fruit manifesté ? Pourquoi le monde a-t-il pénétré dans nos cœurs, dans nos vies, dans nos maisons ? Pourquoi ce manque de joie, ces fronts soucieux, ces visages sombres ? Parce qu’on ne prie pas assez, tant personnellement que collectivement, et que le peu de prières que nous faisons sont souvent formalistes, sans vie, sans ferveur, résultant d’un simple devoir.

Voici, il prie ! — De tous les chrétiens du passé, celui qui a laissé la plus profonde impression de piété, de consécration, d’abnégation, est bien l’apôtre Paul. Ne disait-il pas lui-même, poussé par l’Esprit de Dieu : Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ [1 Cor. 11, 1] ? — Quel était donc le secret de sa force ? La prière. La première chose qu’il fait après sa conversion, c’est de prier : Voici, il prie ! Ensuite, ne le voyons-nous pas tout le long de sa carrière vivre cette vie de prières continuelles ? Il suffit de relire ses épîtres pour s’en persuader. Y a-t-il aussi un apôtre qui exhorte autant les autres à prier ? Priez sans cesse [1 Thess. 5, 17] ; j’exhorte avant toutes choses à faire des supplications, des prières, etc. [1 Tim. 2, 1]

Dans l’histoire de l’Église, tout réveil individuel ou collectif a été précédé d’un temps spécialement consacré à la prière. Voulons-nous nous réveiller de notre tiédeur ? Désirons-nous voir l’Esprit de Dieu agir avec puissance, les âmes se convertir, les croyants être éclairés ? Désirons-nous voir au milieu de nous plus de zèle pour le Seigneur, plus d’affection fraternelle et d’amour pour les pécheurs perdus ? Oh ! alors, ne nous contentons pas seulement de nous nourrir, de nous suralimenter presque d’exhortations, mais avec la force du Seigneur, comptant sur Ses promesses, avec foi et ferveur, mettons en pratique ces exhortations, étant saisis d’un véritable esprit de prière ; que, seul dans notre cabinet, nous sachions prier avec persévérance ; que deux ou trois, nous puissions nous retrouver régulièrement pour prier ensemble ; et qu’enfin, dans nos réunions, nous apportions cet esprit de prière par plus de vie, plus de réalité, plus de participation.

*
*    *

Voulons-nous vraiment réagir ? Désirons-nous sincèrement et réellement prier davantage, avec plus de foi ?

Prenons, par exemple, chacun la ferme résolution devant le Seigneur de prier en tout cas une fois par jour pour une âme déterminée que nous savons ne pas encore appartenir au Sauveur, et aussi pour une autre âme déterminée que nous savons croyante, mais qui n’a pas encore été éclairée quant aux vérités du rassemblement, et cela avec la foi que le Seigneur nous exaucera. Si chaque croyant prenait une telle résolution et la mettait en pratique avec persévérance en la renouvelant chaque fois que sa prière a été exaucée, ne pensez-vous pas que bien vite nous assisterions à un vrai réveil au milieu de la chrétienté ?

Faisons comme Esdras, mettons-nous à l’œuvre tout de suite, sans nous demander si notre exemple sera suivi ou non, et veuille le Seigneur nous faire faire alors la précieuse expérience que fit son serviteur, comme nous lisons dans son livre au chapitre 10, 1 : « Et comme Esdras priait et faisait sa confession, pleurant et se prosternant devant la maison de son Dieu, il se rassembla vers lui d’Israël une très grande congrégation d’hommes, de femmes et d’enfants, car le peuple pleurait beaucoup ».