« Et ainsi qu’il arriva aux jours de Lot »

C. Stanley

« Et ainsi qu’il arriva aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais au jour où Lot sortit de Sodome, il plut du feu et du soufre du ciel, qui les fit tous périr ; il en sera de même au jour où le Fils de l’homme sera manifesté » (Luc 17, 28-30).

« Comment cela peut-il être ? » demanderont quelques lecteurs. Nous pensions que le christianisme irait toujours en progressant jusqu’à ce que le monde entier fût converti. L’Écriture ne dit-elle pas : « La terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer des eaux qui le couvrent » (És. 11) ? Comment donc ce monde peut-il devenir aussi méchant que Sodome, et la méchanceté aller en croissant jusqu’au jour où Christ sera révélé du ciel ? La réponse est très simple. L’Écriture n’enseigne nulle part que la bénédiction de la terre aura lieu avant la venue de Christ ; elle déclare, au contraire, que ce sera après cette venue. Il ne peut y avoir de doute là-dessus ; les choses arriveront exactement comme Christ le dit : « Ainsi qu’il en fut aux jours de Lot », et cela même jusqu’au jour où Christ sera révélé du ciel. Oui, mon lecteur peut vivre assez pour voir ce jour. Si au lieu de croire en Christ, vous le méprisez, vous pouvez être pris d’une aussi grande surprise que les habitants de Sodome, lorsqu’ils ouvrirent leurs volets pour commencer les travaux d’un nouveau jour et les péchés d’un nouveau jour.

Mais voyons comment il en était aux jours de Lot. Il y a des instructions solennelles qui se rattachent à ce sujet. Voici Abraham, l’homme de Dieu, en dehors de Sodome, en communion intime avec Dieu. Voilà Lot dans Sodome et, par conséquent, en dehors de la communion avec Dieu ; quoique sauvé comme à travers le feu. Enfin il y a Sodome, la ville condamnée pour sa méchanceté.

Sur toute la face de la terre il n’y avait qu’un seul Abraham. Et, en tout temps, combien peu il y en a eu qui ont vraiment marché avec Dieu. Des deux premiers hommes, nés d’une femme, l’un ne tient aucun compte de la sentence prononcée par Dieu sur la terre, et essaye d’apporter ce que la terre avait produit de mieux, comme une offrande à l’Éternel ; et il fut rejeté. L’autre, Abel, reconnaît la sentence de mort, et s’approche de Dieu au moyen du sang d’une victime. Énoch aussi marcha avec Dieu. Mais de son temps il n’y eut qu’un seul Énoch. De même quant à Noé ; il n’y avait qu’un seul Noé dans tout le monde. Et sur la nouvelle terre, si tôt remplie d’idolâtrie, il n’y eut qu’un seul Abraham ; puis un seul Isaac, un seul Jacob, un seul Joseph ; ensuite pendant plusieurs centaines d’années, pas un seul homme de foi n’est mentionné. Après cela, nous voyons un petit enfant, caché par la foi dans un coffret de joncs. Mais sur toute la face de la terre il n’y avait qu’un seul Moïse. Aaron même adora un veau. Puis il y eut un Josué, un Samuel, un David. Et qu’est-ce que l’histoire des prophètes, si ce n’est celle d’un petit nombre d’hommes, qui, seuls sur la face de toute la terre dans leur temps, marchaient fidèlement avec Dieu ? Et combien ne durent-ils pas marcher seuls, même la nation d’Israël détournant entièrement son cœur de Dieu.

Et lorsque Jésus vient chez soi, marchèrent-ils dans sa lumière ? Hélas ! ils le rejetèrent et le tuèrent. Et après sa résurrection, il n’y eut qu’un seul Paul. Et depuis ce jour, combien en est-il peu qui aient marché avec Dieu dans la puissance de l’appel céleste. Hélas ! que la grande maison de la chrétienté est devenue terrestre et mondaine ! Triste contraste avec l’Église de Dieu céleste et exaltée.

Et cela continuera-t-il jusqu’à la venue de Christ ? On ne peut se faire illusion à cet égard. Celui qui ne peut mentir dit qu’il en sera, comme il en fut aux jours de Lot. Donc plus mal, bien plus mal encore qu’il n’en est maintenant !

Alors l’Éternel apparut à Abraham, lorsque, comme un pèlerin, il était assis à la porte de sa tente, dans les plaines de Mamré (Gen. 18). Il y avait communion sans réserve. Pour Lot, c’était tout autre chose ; l’Éternel ne voulut pas même entrer dans la ville où il était ; mais il envoya ses messagers pour l’en tirer dehors. Il avait d’abord élevé un regard de convoitise sur Sodome [Gen. 13, 10], puis il avait planté sa tente vers Sodome [Gen. 13, 12] ; enfin il s’était établi dans Sodome même [Gen. 14, 12]. Où en êtes-vous, chrétien ? Votre œil est-il dirigé sur le monde, votre tente est-elle dressée près du monde, ou y êtes-vous établi ? C’est une triste place pour un enfant de Dieu ! Satan en est le dieu. La destruction en est la fin. Lorsqu’un homme a obtenu tout ce qu’il pouvait désirer dans ce monde, quel profit en retire-t-il ? Demandez à ce vieillard aux cheveux blancs : Qu’est-ce que le monde vous a procuré, vieillard riche et prospère ? J’apprends que vous avez obtenu une grande propriété dans Sodome. Vous rend-elle satisfait ? Il branle la tête. « Quel profit cela vous procure-t-il ? ». Il répond : « Un cœur vide, malade, voilà tout ». Que sont toutes les richesses et tous les honneurs de Sodome, comparés à une heure de vraie communion avec Dieu ? Oh ! s’il y avait une séparation plus réelle du monde pour être tout à Dieu, pour se nourrir de Christ comme Lui, pour parler avec Dieu !

Il n’en était pas ainsi de Lot. Là, tout est confusion et tourment. Il essaye de réformer Sodome, et il perd toute influence, même sur sa propre famille. Enfant de Dieu, n’en est-il pas ainsi ? N’est-ce pas là le vrai portrait de tout chrétien mondain ? Comment pouvons-nous dire : Ne nous induis pas en tentation [Matt. 6, 13], et puis nous établir à Sodome ? Mais Dieu est riche en miséricorde. « Qui as-tu encore ici qui t’appartienne, soit gendre, soit fils ou filles ? ». Grâce précieuse, c’est précisément ce que Dieu fait de nos jours. La terrible journée du Seigneur est très proche ; mais Dieu attend encore en miséricorde et réveille des familles entières. C’est comme si le Seigneur disait : Je ne veux pas que ceux qui vous sont si chers périssent ; allez et réveillez-les, parlez-leur de ma miséricorde, et de mon prochain jugement. Lecteur, si vous êtes sauvé vous-même, n’avez-vous pas des fils ou des gendres ou des filles ? N’y en a-t-il point parmi ceux que vous aimez pour qui vous pourriez prier, à qui vous pourriez adresser la parole d’avertissement ?

Mais Lot parut à ses propres enfants comme quelqu’un qui se moque. Triste effet de Sodome ! Lecteur, vos enfants ont les yeux sur vous ; ils peuvent vous voir vous attacher aux biens de Sodome et y tenir. Vous pouvez avoir le désir de votre cœur dans ce monde, et lorsque vous avertirez vos enfants, vous pouvez paraître à leurs yeux comme quelqu’un qui se moque. Ah ! vous pourriez les voir laissés en arrière pour périr. Et le pauvre Lot tarde encore. Ses biens sont là, et « ces hommes le prirent par la main, parce que l’Éternel l’épargnait ». De cette manière lui, sa femme et ses deux filles furent conduits dehors. Pas un mot sur ses fils ou ses gendres. Même sa pauvre femme regarda en arrière, et périt. Le soleil s’était levé. La ville se réveillait et s’agitait. Lot en était sorti. Quels cris de lamentations et d’amertume, lorsque tombèrent les premières gouttes de feu liquide. C’était trop tard.

Est-ce là le jugement qui attend ce monde abusé ? Oui, il viendra comme un larron dans la nuit. Va ton train, pauvre monde ; tu as rejeté Christ ; tu lui as préféré un meurtrier pour ton Dieu. Le diable, qui t’a séduit, sera jeté avec toi dans le lac de feu. Oh ! mon lecteur, est-ce là votre destinée — en êtes-vous encore à rejeter Christ ? Pensez sérieusement à votre fin. Aujourd’hui il y a miséricorde, pardon par le précieux sang de Christ. Dieu seul connaît le lendemain. Que Dieu vous parle maintenant en étant miséricordieux envers vous. Souvenez-vous que c’est Christ qui dit : « Le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas » [Matt. 24, 44].