André et Philippe

« Viens et vois »

Il n’y a pas d’occupation plus douce que celle de suivre, sous la conduite du Saint Esprit, le développement de l’amour divin. Tout cet amour se concentre dans la personne du Seigneur, non seulement en trouvant son expression parfaite en Jésus, mais aussi en attirant à Jésus toutes les affections de Ses rachetés.

Il faut que l’amour, de quelque espèce qu’il soit, ait un objet digne de lui qui le captive. S’il s’agit de l’amour humain, celui d’une mère, par exemple, il faut qu’il y ait un enfant pour manifester les expressions de cet amour : s’il n’y a pas d’enfant, je ne dis pas que les affections n’existent plus, mais elles ne se manifestent pas ; et il n’est pas possible de les reconnaître, parce qu’elles sont cachées, endormies pour le temps. Si, au contraire, l’enfant est dans les bras de sa mère, l’affection de cette mère pour son enfant s’exprime à chaque instant de mille manières, et il est impossible de douter qu’elle soit mère de cet enfant-là.

Il en est de même de l’amour divin, il lui faut un objet digne de lui, qui lui convienne pour l’engager à s’exprimer. Cet objet, c’est Christ.

Lui est l’empreinte de la personne de Dieu (Héb. 1, 3) ; et « Dieu est amour » (1 Jean 4, 8, 16) ; et si une fois l’amour divin a, par sa grâce, trouvé place dans mon cœur, c’est Christ seul qui peut éveiller cet amour, et en révéler les effets, et par rapport aux autres hommes dans ce monde, je les aime à cause de Christ, pour l’amour de Christ : je les aime divinement à mesure que je suis rempli de Son amour ; je les aime humainement tant que je n’ai encore que peu compris l’amour du Seigneur, et que j’ai peu de connaissance de Sa personne. Et de leur côté, c’est ce qui en eux est de Christ, qui réveille mon affection pour eux.

Au reste, c’est le Saint Esprit qui est le moyen par lequel tout cet amour se communique. C’est dans ce sens que nous trouvons (Rom. 15, 30) cette expression : « Notre Seigneur Jésus Christ et l’amour de l’Esprit ».

Si nous voulons manifester abondamment l’amour de Dieu, il nous faut donc nous en nourrir abondamment ; il nous faut demeurer dans cet amour. Et nous éprouvons que celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui (1 Jean 4, 16). Merveilleuse parole ! mais parole véritable, parce qu’elle est sortie de la bouche de Dieu.

Pour nous nourrir de cet amour, il nous faut lire le récit de son déploiement dans la personne même du Seigneur Jésus homme, dans Son œuvre sur la terre, vis-à-vis de ceux qui étaient autour de Lui, quand Il descendit ici-bas pour nous dire la vérité par Ses paroles, et pour nous l’expliquer par Son dévouement et par Sa mort.

Dans la courte histoire des deux disciples du Seigneur, André et Philippe, que nous présente l’évangile de Jean, on voit frappamment l’apparition, l’effet, et les progrès de cet amour dans une âme ; cette histoire nous exposant d’un côté la faiblesse de l’homme, et de l’autre la grâce parfaite du Seigneur.

Ces deux amis sont mentionnés ensemble trois fois dans l’évangile de Jean — au commencement, au milieu, et à la fin du ministère du Seigneur (Jean 1, 35-48 ; 6, 5-9 ; 12, 20-26).

André et Philippe se ressemblent beaucoup de caractère, et pourtant il y a entre eux des différences frappantes. Tous deux sont disciples bien-aimés du Seigneur ; tous deux le suivent, et lui sont fidèles quand plusieurs autres se retirent (Jean 6, 66-69). Ils saisissent et reflètent l’esprit de leur Maître, presque de la même manière d’abord ; puis ils tombent dans le même manquement en ne regardant pas au Seigneur dans l’épreuve qui est offerte à leur foi, lors du miracle des pains au chapitre 6 ; ils sont remplis de la même sollicitude pour d’autres au chapitre 12 : mais je crois que Philippe nous représente plutôt l’activité au service du Maître, tandis qu’André nous fait assister à l’épanchement de l’amour chrétien. Nous admirons l’énergie pratique de Philippe, nous nous plaisons à contempler l’affection paisible d’André. Dans l’histoire de tous deux il y a un fonds d’instruction pour nous, et spécialement dans les voies du Seigneur à leur égard.

Entrons dans les détails :


1. (Lisez Jean 1, 35-48). Jean-Baptiste désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu — non plus Son œuvre, comme il l’a fait au verset 29, mais Sa personne, Lui-même.

Deux des disciples de Jean-Baptiste, l’entendant, le quittent incontinent, et suivent Jésus. L’un d’eux est André. Jésus répond à leurs désirs par une invitation personnelle d’aller dans Sa maison. — « Où demeures-tu ? » Lui dirent-ils. — « Venez et voyez », répond Jésus. Ils allèrent, ils virent et ils demeurèrent avec Lui ce jour-là. Mais le cœur d’André est déjà débordant ; il est entraîné à rechercher celui qui lui est le plus cher, son propre frère, Simon. La grâce et l’amour du Seigneur travaillent déjà en lui. Si c’était la personne de Jésus qui avait attiré son cœur, c’est également la personne de Jésus qu’il présente à son frère. « L’Agneau de Dieu », dans la bouche de Jean-Baptiste, avait suffi à André ; « le Messie » suffit à Simon. Quelle simplicité ! Quel naturel ! Quelle beauté ! Chez Philippe, il y a des explications, des détails, des descriptions ; chez André, rien que la personne de Jésus : « Nous avons trouvé le Messie ».

Ensuite nous avons l’appel de Philippe.

Jésus trouve Philippe, et lui dit : « Suis-moi ». C’est ce qu’André avait fait sans en recevoir l’ordre. Et André avait été récompensé de sa spontanéité, en étant invité par Jésus à venir dans Sa maison.

Mais l’amour de Jésus est le même dans les deux cas ; et l’effet en est aussi le même. Ce fut Jésus qui trouva Philippe, et non Philippe qui trouva Jésus. Ce fut Jésus qui, se retournant, vit les deux disciples, et Il leur montra tout de suite qu’Il était plus désireux de les avoir près de Lui, qu’ils ne pouvaient l’être eux-mêmes de se trouver avec Lui. Quelle tendresse dans cette réponse à leur question : « Venez et voyez » ! Et André et Philippe s’approprient quelque chose de Son esprit d’amour, en allant chercher d’autres compagnons. André trouve Simon son frère, et l’amène à Jésus ; et Philippe fait retentir les paroles de son Maître en disant à Nathanaël : « Viens et vois ».

Mais chez Philippe, comme nous venons de le dire, c’est plutôt l’énergie du désir de faire quelque chose pour Jésus ou pour ses amis, que le courant naturel de l’amour, qui le pousse. Nathanaël n’est pas son frère ; et quand il lui présente le Seigneur, ce n’est pas simplement Sa personne comme « le Messie » (c’est-à-dire l’Oint de Dieu), mais ce qu’Il est aux yeux des hommes, et pour les hommes : « Celui duquel Moïse et les prophètes ont écrit, Jésus de Nazareth, le fils de Joseph ». En effet, la dernière épithète n’était pas vraie. Philippe se trompe, parce qu’il regarde Jésus avec des yeux humains et qu’il ne pense pas au Christ de Dieu, à Celui que Dieu a envoyé pour Sa propre gloire.

André est occupé de l’Oint de l’Éternel ; Philippe est occupé de l’homme Jésus ; mais dans leurs actions et leur but, tous deux ont raison. Ils amènent vers Jésus ceux qu’ils appellent. Ni l’un ni l’autre ne se contentent d’expliquer à d’autres leur propre joie ; il faut encore que les autres voient par eux-mêmes. Ils disent : « Viens et vois » ; non pas simplement : « Entends ». Comparez ceci à ce que disent les Samaritains (Jean 4, 42).

Nous trouvons ici deux leçons très importantes. D’abord, que l’amour intérieur et du cœur est un ressort d’action plus infaillible que le simple désir de servir le Maître : et que, par conséquent, un homme qui s’occupe matériellement des choses de Dieu n’est pas un aussi bon serviteur que celui qui aime, parce qu’il a été aimé, et qui, par cet amour, est poussé à agir. Aussi le service pour le Seigneur, sans l’amour, ne sert de rien (1 Cor. 13). Dans le récit, André est nommé avant Philippe.

La seconde leçon est que le « viens » précède toujours le « vois » ; — c’est-à-dire, l’action de venir à Christ précède l’intelligence, précède même la connaissance du motif, du pourquoi de la venue. Il nous faut venir afin de voir, comme les Samaritains qui « viennent vers Jésus » (Jean 4, 40). L’intelligence est gagnée peu à peu dans la marche progressive du chrétien. Et si nous voulons avancer davantage dans la connaissance, il nous faut marcher de plus en plus selon la lumière de Christ. « Si quelqu’un veut faire Sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si je parle de mon chef » (Jean 7, 17).

Mais c’est toujours le Seigneur qui commence l’action de la grâce dans l’âme. S’Il emploie Ses Philippes à Son service, c’est que, comme le bon Berger, Il a Lui-même déjà cherché Sa brebis. « Avant que Philippe t’eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais ». C’est Jésus accomplissant Ses desseins de grâce et de délivrance.

Ici, nous nous trouvons sous le pommier, comme dans le Cantique des cantiques (2, 3) ; et nous pouvons dire, avec l’épouse : « tel qu’est le pommier entre les arbres des forêts, tel est mon bien-aimé entre les fils ; j’ai désiré son ombrage, et m’y suis assise, et son fruit a été doux à mon palais ». Jean, qui écrivit cette histoire, savait mieux que les autres disciples ce que c’était que de se trouver sous cet ombrage-là et de goûter du fruit de cet arbre. Cinq fois il répète qu’il était le disciple que Jésus aimait. Mais il y a de l’ombrage et du fruit pour tous ; et André et Philippe en avaient été déjà rafraîchis.


2. Quelque temps s’écoula, et, dans la seconde ou troisième année du ministère de Jésus, nous rencontrons encore Philippe et André (lisez Jean 6, 4-13).

Jésus avait non seulement prêché Lui-même par tout le pays de Galilée, mais Il avait aussi associé Ses disciples à Lui en leur donnant pouvoir sur les esprits immondes et la vertu de guérir les maladies. À présent, Il voulait les éprouver pour voir jusqu’à quel point leur esprit s’accordait avec le sien.

Des deux principes que nous avons vus — celui de venir, et celui de voir, il s’agissait ici du premier, le plus simple. La foule était venue à Jésus : « elle le suivit » (chap. 6, 2) ; Jésus allait agir, comme toujours, dans des vues de grâce : — « Il savait ce qu’Il allait faire » (6, 6). Pour la gloire du Père, pour la révélation duquel Jésus était venu au monde, il fallait que la foule affamée, qui entourait le Seigneur, Lui rendît un témoignage digne de Lui et de Son amour. Elle n’était pas venue pour dire en s’en allant : Nous avions faim, et Jésus nous renvoya à vide comme nous étions venus. Non, il n’était pas possible qu’en venant à Jésus la foule le trouvât autre qu’Il se disait être, et Il savait parfaitement ce qu’Il allait faire.

Mais voilà une belle occasion pour sonder Philippe — ce Philippe, ce zélé, cet énergique serviteur, qui, en appelant Nathanaël, lui avait expliqué que Jésus de Nazareth était Celui de qui Moïse et les prophètes avaient écrit.

Jusqu’à quel point Philippe avait-il appris la vérité qu’il présenta à Nathanaël ? Ou, avait-il oublié si vite ce que le « prophète » David (Act. 2, 30) avait écrit de Jésus, le Jéhovah d’Israël : « Je bénirai abondamment sa nourriture, je rassasierai de pain ses pauvres » (Ps. 132, 15) ? Pauvre Philippe ! Les boulangers des villages d’alentour étaient à ses yeux la seule ressource ; et, homme pratique, comme toujours, il se met à compter le nombre des pains nécessaires pour rassasier le peuple, oubliant entièrement que lui et le peuple étaient en présence du Fils de Dieu.

André fait voir ici encore le contraste de son caractère avec celui de Philippe. Il est plus d’accord avec le Seigneur, parce qu’il est plus simple que Philippe, et non parce qu’il a plus de foi. André offre au Seigneur les ressources qu’ils avaient, au lieu de s’occuper, comme Philippe, des choses qu’ils n’avaient pas.

La voie qu’adoptait André est toujours la meilleure, parce que le Seigneur sait faire, de la moindre chose, l’instrument le plus puissant de Son amour et de Sa grâce : c’est, en effet, ce qu’Il fit dans ce cas. Cependant André gâtait immédiatement ce qu’il y avait de bon dans sa simplicité, en exposant son manque de foi. « Qu’est-ce que cela pour tant de gens ? ». Il doute du pouvoir de Jésus, ou plutôt il n’y pense pas. Il ne regarde que ce qu’ils ont, et il est tout découragé parce que les ressources sont si petites.

Ainsi nous voyons que ni l’un ni l’autre de ces amis n’étaient à la hauteur morale de leur premier appel. André avait suivi Jésus au commencement comme la foule Le suit dans ce chapitre, et il Lui avait amené son frère ; Philippe avait répété à Nathanaël la leçon de Jésus : « viens et vois » ; mais maintenant et André et Philippe sont prêts à renvoyer le peuple à vide ; — tant ils sont loin de penser qu’eux-mêmes seront les dispensateurs de la bonté de Jésus à plus de cinq mille hommes.

Ils manquent tous deux, faute d’une connaissance intime de l’amour et de la grâce de Jésus ; mais ils sont pourtant à la bonne école pour apprendre. Et ils apprennent ce que Jésus est, non seulement en voyant les pains se multiplier en leurs propres mains pendant qu’ils servent la multitude ; mais aussi en ramassant, entre eux douze, douze paniers pleins de restes que le peuple avait laissés. Ils peuvent aussi se réjouir de voir que ces gens rassasiés, en si grand nombre, remportent dans leurs maisons une bonne impression du caractère de Jésus, ne pouvant pas dire que Jésus, l’homme pauvre, l’ami des publicains et des pécheurs, avait renvoyé à vide cinq mille hommes qui Le suivaient.

L’appel : « viens et vois » n’était pas inutile.

Ici arrêtons-nous un moment à contempler une autre scène.

C’est vraiment touchant de voir les circonstances au milieu desquelles cet appel est présenté à Jésus Lui-même au chapitre 11 de cet évangile (v. 34). Dans Sa bouche, et dans la bouche de ceux qui parlent de Sa part, c’est la présentation de Jésus tel que le pauvre pécheur en a besoin, plein de grâce et de miséricorde — l’expression incarnée de l’amour de Dieu : dans la bouche de ceux qui s’adressent à Lui, c’est la présentation de la misère humaine dans sa forme la plus touchante aux yeux de Celui qui vint ici-bas, non seulement pour la voir — cette misère — mais pour la prendre sur Lui-même à la croix.

L’homme est sous la domination du péché et de la mort. Jésus vient du ciel ; Il vient et Il voit ce péché, cette mort ! Il pleure avec ceux qui pleurent, entrant avec sympathie dans leurs souffrances, et les sentant comme Lui seul peut les sentir avec Sa nature parfaite en sainteté et parfaite en grâce. Il soulage les souffrances comme ayant été dans les mêmes circonstances et sachant les sentir dans toutes leurs profondeurs. D’un autre côté, Il enlève la grande cause des souffrances, en se chargeant des peines du péché sur la croix.

« À Lui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père ; à lui gloire et force aux siècles des siècles ! Amen ! ».


3. La troisième fois que nous trouvons ensemble ces amis, André et Philippe, c’est au chapitre 12, 20-26.

Quelques Grecs qui étaient montés pour adorer pendant la fête de Pâque, deux ou trois jours avant la crucifixion de Jésus, vinrent à Philippe, et demandèrent à voir Jésus. Philippe le dit à André ; et puis André et Philippe le dirent à Jésus. Que tout cela est beau ! Tous les deux ont raison cette fois : et l’énergie de Philippe, qui se méfie de lui-même, fait place à la tendresse d’André. Point d’explications, point de difficultés, point de délai ! Jésus seul peut répondre à ceux qui désirent Le voir ; et ces deux amis viennent aussitôt le Lui dire.

Dans Sa réponse, Il explique ce que c’est que le vrai service ; et l’occasion de la venue des Grecs donne à cette réponse un caractère tout particulier.

Quand il s’agit des Grecs, des Gentils, c’est l’amour de Dieu, en grâce souveraine, franchissant toutes les bornes de l’ancienne alliance, et de la nation d’Israël, et trouvant dans les lieux les plus reculés et les plus ténébreux, où règnent le péché et le pouvoir de Satan, le théâtre de son action salutaire et régénératrice.

Quant à la terre, le fait que ce sont des Grecs qui venaient à Jésus était un présage, pour ainsi dire, de la gloire du règne de Jésus, quand « tous les bouts de la terre verront le salut de notre Dieu » (És. 52, 10), et que « la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l’Éternel comme les eaux couvrent le fond de la mer » (És. 11, 9 ; Hab. 2, 14).

Quant aux cieux, la venue des Grecs vers Jésus présageait les résultats glorieux de Sa mort, par laquelle le mur de séparation serait détruit (Éph. 2, 14), et Juifs et Gentils trouveraient également une place dans les lieux célestes en Christ, étant bâtis ensemble pour une habitation de Dieu par l’Esprit, sur Jésus Christ, la maîtresse pierre de l’angle (Éph. 2, 20-22).

Or, tous ces conseils de Dieu ne pouvaient s’accomplir que dans la mort de Jésus. C’était Lui qui devait en payer le prix. Mais toujours fidèle à l’homme déchu, Jésus, le parfait grain de froment, allait tomber en terre et, en mourant, porter beaucoup de fruit. Le bonheur éternel des hommes fut le prix de Son dévouement ; et pour ce prix Il ne voudrait pas se soustraire à la mort — même à la mort de la croix.

C’est alors qu’Il dit : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ». Voilà en Lui-même le modèle du vrai service. Voilà le chemin de dévouement par lequel il faut suivre Jésus jusqu’à cette gloire où Il est assis pour nous à la droite de Dieu.

Que Dieu nous accorde par sa grâce de nous trouver sur les pas de Jésus dans le chemin qu’Il nous a tracé au travers de ce monde, et de goûter la bénédiction indicible qui se trouve dans l’intimité de communion avec Lui, cette portion bénie qu’Il nous a donnée — où je serai, moi, là aussi sera mon serviteur ; si quelqu’un me sert, le Père l’honorera (12, 26).


Enfin, pour récapituler les principes de cette instruction.

1. À la première rencontre, c’est Jésus par Sa grâce qui invite à venir, et à voir ; et Ses serviteurs, remplis du même amour, en invitent d’autres de la même manière.

2. Lors de la seconde entrevue, nous voyons que l’âme qui vient à Jésus trouve en Lui une ressource pour chaque besoin, et que c’est Lui qui a d’abord pris connaissance de ces besoins, et qui sait comment Il va y pourvoir.

3. La troisième fois que ces deux amis se rencontrent en la présence du Seigneur nous fournit l’occasion de reconnaître ce que trouve l’âme qui voit Jésus ; — savoir ce que Jésus est pour Dieu, et pour l’homme dans Son dévouement ; et quel est le chemin où doivent marcher ceux qui voudraient suivre Jésus dans ce monde.

D’abord, c’est l’amour qui appelle ;

Secondement, c’est la grâce qui pourvoit à tous les besoins ;

Troisièmement, c’est le dévouement qui s’attend à être imité.


Nous trouvons encore Philippe au chapitre 14 ; mais cette fois seul : aussi c’est le caractère de Philippe qui explique le passage, plutôt que ce soit le passage qui explique le caractère de Philippe. Nous le trouvons toujours le même, avec le même désir de connaître le Seigneur ; c’est le même homme énergique et pratique, qui voudrait tout voir de ses propres yeux et tout expliquer par son sens naturel : « Montre-nous le Père », dit-il, « et cela nous suffit ». André ne paraît plus : sa position était de s’attendre tranquillement au Seigneur, ce qui lui convenait très bien.

Ces trois rencontres complètent le bel ensemble que le Saint Esprit nous a donné de la vérité contenue dans ces mots : « viens et vois » : — « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ; et marchez dans l’amour, comme aussi Christ nous a aimés, et s’est donné Lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur » (Éph. 5, 1, 2).

André et Philippe, pour ainsi dire, nous ont passé les pains multipliés qu’ils reçurent des mains du Seigneur. Si ces pains portent la marque de leur caractère, ce n’est que pour nous faire voir plus clairement les voies et la grâce du Seigneur Jésus. Que Dieu nous accorde, par Sa grâce, de nous nourrir du Pain de vie, et que, devenant vigoureux par cette bonne nourriture, nous présentions de bon cœur cet appel aux autres en les suppliant de venir et de voir.