Consolation

J.N. Darby

[Messager Évangélique 1869 p. 77-79]

J’ai trouvé quelquefois qu’il m’a fallu dire : « Mon âme est abattue au-dedans de moi ». Et ne pas être exaucé, n’est pas une preuve que Dieu ne nous aime pas. Les souffrances de Christ m’ont paru admirables à ce point de vue : ce n’est pas seulement une expiation faite, mais aussi une évidence que les plus grandes souffrances sont compatibles avec un amour parfait de la part de Dieu. Les Psaumes en rendent témoignage. Je me rappelle parfaitement le temps où je ne pouvais pas m’appliquer une seule promesse, et où, quand je lisais les Psaumes, ma seule consolation était que ceux qu’ils me présentaient étaient des saints ; et ils étaient misérables ; et dans mon cas c’était ma seule branche de salut. Le psaume 88 me frappa spécialement, parce que d’un bout à l’autre il a ce même caractère. Je me dis : Peut-être donc, malgré tout ce que j’éprouve, je suis pourtant un saint, car voilà un saint qui était dans mon cas. Il n’y a pas un seul rayon de lumière, c’est-à-dire de consolation, dans ce psaume, car Dieu fournit des consolations pour les inconsolables dans quelque position qu’ils se trouvent. Il sait bien — je le sais bien moi-même, que c’est un travail inutile de tâcher de consoler les inconsolables ; c’est presque une moquerie, le vent qui passe par-dessus un mort et qui ne le rafraîchit pas. Mais Dieu dit : Vous aurez de ma part des compassions dans vos misères ; je serai dans votre peine si vous ne pouvez pas être dans ma joie.

« Les eaux me sont entrées jusque dans l’âme », dit le psaume 69, « je suis enfoncé dans un bourbier profond, dans lequel il n’y a pas où prendre pied ». Il était justement entre deux éternités, et il n’y avait pas un rayon de lumière ; au contraire la colère était là. « Je suis entré au plus profond des eaux, et le courant m’emporte. Je suis las de crier ; mon gosier est devenu sec ; mes yeux sont consumés pendant que j’attends après mon Dieu ». Voilà quelqu’un qui était plus misérable que moi. Mais moi, direz-vous peut-être, j’ai connu la joie. Dieu ne vous laissera pas échapper ainsi ; car Lui, n’avait-Il pas connu la joie dans le sein même du Père ? Lui était plus misérable que vous, c’était le Fils de Dieu. Voilà donc votre compagnon. Peut-être y en a-t-il d’autres. Mais quoi qu’il en soit, quoi que vous soyez, et quelle que soit votre connaissance stérile — de ceux qui viennent à Jésus, il ne repoussera personne ; et il dit : « Venez à moi » ; Lui qui marchait, souffrait, priait, travaillait de ses mains, s’entretenait avec eux : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et êtes chargés, et je vous donnerai du repos ». C’est à Jésus Lui-même qu’il faut venir, tel qu’on est. Jésus ne cherche pas les âmes qui sont à leur aise.

Je sais quelle épreuve c’est pour une âme de se trouver seule. Jésus a connu cette épreuve. On est seul en quelque sorte, quand on n’a autour de soi que des personnes sur lesquelles on agit. Plus on sait prendre une petite place, plus on est heureux et Satan peut moins faire. Si on s’avance, on s’expose à recevoir plus de flèches d’une manière ou d’une autre. « Ainsi donc, dit l’apôtre, la mort opère en nous, mais la vie en vous ». Si on n’a pas fait son compte pour la mort, on est étonné de la trouver dans la vie chrétienne ; la mort est toujours la mort ; on ne s’y accoutume pas. Si on la porte par la foi, si on a la sentence de mort en soi, la mort est déjà là et Satan ne peut pas beaucoup faire, et notre confiance est infiniment plus grande, parce qu’on se confie à Celui qui ressuscite les morts. Mais il faut bien de la foi pour cela ; au moins c’est ce que je sens. S’il y a quelque plaie qui a été pansée à la légère, quelque chose par quoi Satan peut troubler (et Dieu le permet, parce qu’il n’y a pas eu devant Lui une pleine confession ; et par conséquent l’accusateur a le pouvoir de tourmenter et se cache sous d’autres formes), il faut être entièrement franc devant Dieu, afin de trouver la paix. Si ce sont des tentations présentes, il faut, tout en se fiant complètement au sang de Christ, sentant que Dieu a condamné le péché dans la chair en envoyant son Fils pour le péché, chercher la présence et la puissance de l’Esprit et la communion des frères.