Les voies et le témoignage de Dieu

Jérémie 2

Il y a, dans les voies et le témoignage de Dieu par rapport à nous, deux choses distinctes : premièrement, la foi est en nous la condition d’âme qui, lorsqu’elle est en exercice ou autrement, peut empêcher ou favoriser la jouissance que le témoignage de la Parole doit habituellement nous donner. En second lieu, en présentant à nos âmes les objets de la foi — l’amour du Père et l’œuvre du Fils — la Parole de Dieu s’applique à la conscience et au cœur ; car si la conscience n’est pas en exercice, le cœur ne le sera pas : tout sera vide et creux. Quand les affections sont appesanties, le « moi » s’introduit, et je rattache ces saintes affections à moi-même ; car si je pense à mes affections, je pense à moi-même. Mais quand la conscience est en exercice, nous pensons à l’objet qui nous est présenté ; autrement le cœur se retourne sur lui-même, le Seigneur est oublié, et la faiblesse s’ensuit. La conséquence est que nous tombons dans un état misérable ; mais alors la Parole de Dieu, présentant l’objet de la foi, s’applique à la conscience, la met en exercice, et ainsi le cœur est ramené à Dieu.

Il ne saurait y avoir de véritable amour pour Christ s’il n’y a pas le sentiment du tort qui Lui a été fait, car je ne puis aimer une personne à qui j’ai fait tort. « J’ai péché », disait le fils prodigue, « et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » [Luc 15, 21]. Quand la conscience est éveillée et que le cœur est mis en jeu, nous demeurons dans la présence de Dieu. L’Esprit de Dieu peut nous humilier à cause de ce que nous avons fait, mais quand la conscience est en activité, elle fait ressortir notre condition tout entière devant Dieu. Ce n’est pas la loi intervenant de nouveau, c’est Dieu se présentant Lui-même ; ainsi il y aura de vraies affections et la conscience sera en exercice. La confiance en soi-même et l’exaltation de soi-même, sous quelque forme que ce soit, sont toujours les effets d’une conscience non exercée. Placez seulement quelqu’un en la présence du Seigneur, et il sera gardé dans l’humilité et dans un état de discernement spirituel ; mais il n’y a rien que nous perdions si aisément que la conscience de la présence de Dieu. Il en est ainsi dans nos prières. Vous pouvez sentir souvent que vous continuez à prier après avoir perdu la conscience que vous parlez à Dieu ; cependant l’âme continue à s’exprimer elle-même. Même quand on a été conduit par l’Esprit, la conséquence sera que la manière est tout à fait mauvaise, bien que les mots soient justes. Eh bien, quoique tout cela soit vrai, quand le Seigneur reprend une âme, Il la rappelle en Sa propre présence. Il veut agir sur la conscience ; Il veut nous parler clairement. Pourquoi ? Parce qu’Il connaît la relation qui aurait dû produire une conduite qui convient à la relation que nous avons oubliée. « Éphraïm ne m’a-t-il pas été un cher enfant, ne m’a-t-il pas été un enfant que j’ai aimé ? Car toutes les fois que j’ai parlé de lui, je n’ai pas manqué de m’en souvenir avec tendresse ; c’est pourquoi mes entrailles se sont émues à cause de lui » (Jér. 31, 20). Quand le Seigneur rappelle une âme à Lui-même, Il peut lui reprocher d’avoir oublié la relation dans laquelle elle se trouvait avec Dieu, et Dieu avec elle ; mais Il ne peut la blâmer comme n’ayant pas connu cette relation. La force de toute réprimande est fondée sur la relation, et Dieu, en rappelant la relation, agit sur le terrain de cette relation, avec toutes les affections qui y appartiennent. Ainsi toute réprimande nous est adressée comme l’expression de la plus merveilleuse tendresse, et plus profondément nous apprenons qu’il n’y a aucune lacune dans l’affection de Dieu, plus profondément nous gémirons d’avoir failli à cette relation qui subsiste toujours.

Dieu dit à Jérémie : « Va, dis aux oreilles de Jérusalem ces paroles » [v. 2] ; mais, hélas ! Israël ne voulait pas entendre. C’est ce qu’il y avait de plus désastreux ; mais Dieu leur rappelle leur relation avec Lui et dit : « Il arrivera en ce jour que tu m’appelleras : Mon mari, et que tu ne m’appelleras plus mon Baal », c’est-à-dire mon Seigneur (Os. 2, 16). Quelque mauvais que fût leur état, Il rappelle dans toute sa force et son énergie, le souvenir de leur relation : « Va, dis aux oreilles de Jérusalem ». Ce n’est pas : « Que celui qui a des oreilles, écoute », mais Dieu vient et parle à leurs oreilles. Oh ! puisse-t-Il parler aux nôtres ! Quand Dieu parle de consolation à Jérusalem, Il parle à son cœur et c’est après le châtiment ; mais ici, Il s’occupe d’autre chose ; Il parle aux oreilles de Jérusalem, afin qu’ils entendent ce que Dieu a à leur dire. Le vrai Serviteur pouvait dire : « Le Seigneur, l’Éternel m’a ouvert l’oreille », pour entendre ce que Dieu avait à Lui dire, et Il n’était point rebelle, ni ne se retirait point en arrière [És. 50, 5] ; mais Israël avait « oublié Dieu durant des jours sans nombre » [v. 32] ; ils avaient fait une chose terrible, telle qu’aucune autre nation n’avait faite : « Y a-t-il une nation qui ait changé ses dieux, lesquels toutefois ne sont pas des dieux ? Mais mon peuple a changé sa gloire en ce qui ne profite de rien » [v. 11]. Et encore : « Cieux, soyez étonnés de ceci ; ayez-en de l’horreur, et soyez extrêmement asséchés, dit l’Éternel. Car mon peuple a fait deux maux : ils m’ont abandonné, moi qui suis la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne peuvent point contenir d’eau » [v. 12-13]. Et maintenant que Dieu leur envoie un message, dit-Il : « Va, dis aux oreilles de Jérusalem : Je me souviens de tes péchés » ? Non, mais Il dit : « Je me souviens de l’affection de ta jeunesse, et de l’amour de ton temps de fiancée, quand tu venais après moi dans le désert, dans un pays où l’on ne sème pas » [v. 2]. Il rappelle ce qu’Israël était pour Dieu Lui-même : Je me rappelle de l’effusion de ton cœur envers moi ; « je me souviens de l’affection de ta jeunesse et de l’amour de ton temps de fiancée ».

Quelle chose de la part de Dieu que de dire à Israël : « Je n’ai pas oublié ce que tu étais pour moi dans les jours de ta jeunesse, quand ton cœur se tourna d’abord vers moi ». Nous avons là le même principe que dans les paroles du Seigneur : « Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations » [Luc 22, 28], alors que les disciples contestaient entre eux pour savoir lequel serait estimé le plus grand. Et ainsi Israël murmurait toujours, pensant que leurs poireaux et leurs concombres étaient meilleurs que Dieu ; mais Dieu rappelle les principes d’après lesquels Israël agissait : « Quand tu venais après moi dans le désert ». En suivant Dieu, ils obtinrent davantage de ces biens du monde en Canaan ; ils eurent des villes qu’ils n’avaient pas bâties, des puits qu’ils n’avaient pas creusés, des palmiers qu’ils n’avaient pas plantés. Toutes ces choses étaient la conséquence de ce qu’ils étaient venus après Dieu, mais Il ne les mentionne pas ; Il dit : « Tu venais après moi dans le désert, dans une terre aride et crevassée, dans la terre de sécheresse et de l’ombre de la mort, dans la terre où nul homme ne passe et où personne n’habite » ; « tu venais après moi dans le désert, où il n’y avait rien pour attirer tes affections excepté moi-même ; moi-même j’étais le seul et unique objet de toutes tes affections » ; c’est là ce que Dieu rappelait. Il oublie tous leurs manquements ; ce qu’Il fait ressortir c’est qu’Il était tout pour eux. Et c’est ce qui caractérise un cœur quand d’abord il est converti à Dieu — le Seigneur est tout pour lui. Qu’est le monde pour un tel cœur ? De la boue et des ordures. Tout, soucis et plaisirs, est oublié ; tout est compté pour rien, excepté ce qui se trouve en Dieu Lui-même. Les louanges d’Israël s’épanchent librement : « Je le glorifierai ; il est le Dieu de mon père, je l’exalterai » [Exo. 15, 2], parce qu’ils avaient trouvé Celui qui était tout pour eux, et que le monde et tout ce qu’il pouvait donner n’était qu’un pur néant.

Maintenant regardons de l’autre côté du tableau ; voyons dans quel état désespérément mauvais était tombé le cœur d’Israël, et souvenons-nous qu’il est un type de ce que nous sommes. Ils n’étaient pas satisfaits et disaient : « Ah ! que ne sommes-nous morts au pays d’Égypte, quand nous étions assis auprès des pots de chair, quand nous mangions du pain à satiété » [Exo. 16, 3]. Et encore : « Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour nous amener dans ce mauvais lieu ? Ce n’est pas un lieu où l’on puisse semer ; on n’y trouve ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et il n’y a pas d’eau pour boire » [Nomb. 20, 5]. Dans le désert, il n’y a rien à voir, rien à quoi l’on puisse regarder, et c’est le contraire de cela qu’Israël désirait. Dieu dit : « Je vous ai fait entrer dans un pays d’abondance, afin que vous mangeassiez ses fruits et ses biens ; mais sitôt que vous y êtes entrés, vous avez souillé mon pays ; vous avez fait de mon héritage une abomination » [v. 7]. Ils sentaient leur propre importance et oublièrent l’Éternel ; ils avaient la bénédiction, et ils ne se soucièrent plus du Seigneur de la bénédiction.

Et cela n’est-il pas vrai de l’Église de Dieu ? Nous introduisons le « moi », qui n’est qu’une citerne crevassée, et nous abandonnons Celui qui est la fontaine vive et la puissance de la bénédiction, oubliant ceci : « Mon père était un Syrien qui périssait » [Deut. 26, 5]. La conséquence en est la faiblesse morale, et Satan acquiert de la puissance. Un croyant ne peut pas retourner dans le monde. Celui qui n’a que la simple profession de la piété, peut y retourner et en jouir ; mais non pas un chrétien. Un Israélite ne pouvait pas, en retournant en arrière, retraverser la mer Rouge. Vous ne pouvez pas penser à vous-même et en même temps au Seigneur avec satisfaction. La présence du Seigneur dans l’âme réduit le « moi » à néant. Laissons seulement le Seigneur avoir Sa place dans nos âmes, et nous serons mis à notre place. Si je marche à travers le monde, le trouverai-je un désert ? Certainement ; mais si le Seigneur est ma joie et ma force, je ne penserai pas au désert. Vos cœurs disent-ils : « C’est une terre où nous ne voyons rien » ? S’il en est ainsi, qu’est-ce que cela prouve ? C’est que vous désirez voir quelque chose, et voici la pensée qui se trouve dans votre cœur : « C’est une terre où l’on ne peut semer », bien que vous ayez honte de l’avouer. Mais l’Éternel rappelait à Israël le temps où il trouvait qu’il valait la peine de suivre Dieu pour l’amour de Lui-même. Nous nous sentons tenus de dire que c’est une heureuse chose que d’être un chrétien ; mais quand nous sommes seuls, nos cœurs ne disent-ils pas : « C’est une terre où l’on ne peut semer » ? S’il en est ainsi pour vous, n’ayez point de repos jusqu’à ce que le Seigneur Lui-même, et Lui seul, satisfasse votre âme ; car vous devriez trouver votre plaisir en Lui. Lot vit une plaine bien arrosée et une cité, et là il habita sur la terre, et par conséquent se trouva au milieu du jugement. Abraham, au contraire, cherchait une cité qui ne se pouvait voir, et il jouissait de la bénédiction et de la consolation de Dieu qui était avec lui, quelque part qu’il allât. Quand l’âme est abattue, comme un vaisseau à marée basse, elle a à redouter les hauts fonds et les bancs de sable ; mais quand la marée est haute, il n’y a pas de bancs de sable ; le vaisseau flotte au-dessus. Ainsi, quand l’âme est heureuse en Christ, elle poursuit son chemin paisiblement, indépendamment de toutes les épreuves que nous pouvons être appelés à rencontrer dans les saints, nos compagnons de route. Nous sommes appelés à marcher ensemble à travers le monde, et une simple convenance naturelle ne suffit pas pour cela. Non. Nous ne pouvons avancer qu’autant que Christ remplit l’âme, et ainsi portés sur le flot de la bonté divine, oubliant toute autre chose, nous pouvons cheminer ensemble heureusement, étant occupés de Christ et non les uns des autres.

Mais malgré ce qu’Israël était, Dieu ne pouvait l’oublier. Pourquoi ? Parce qu’Il se souvenait de son affection au temps de ses fiançailles, « quand tu venais après moi dans le désert ». Quand l’âme est occupée de Dieu seul, elle est sainteté au Seigneur. Dieu dit à Israël : « Si tu te retournes, retourne-toi à moi » [Jér. 4, 1]. Il ne sert à rien d’essayer de mettre l’âme en bon état, à moins que ce ne soit en réglant les choses avec Dieu. Israël était « sainteté à l’Éternel ». Or sainteté n’est pas innocence. Dieu n’est pas ce que nous appelons innocent, mais Il est saint. Il sépare parfaitement le bien d’avec le mal. Ainsi Christ sur la terre était séparé pour Dieu, et, près de quitter ce monde, Il disait : « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité » [Jean 17, 19]. La signification du mot « sanctifier » ici est la séparation pour Dieu. Il en est ainsi de l’Église de Dieu. Elle est séparée du monde pour Dieu, prise hors de la création pour Lui-même ; elle est les prémices de Son revenu. Il y aura une moisson de bénédictions, quand Israël et les nations seront introduits dans la bénédiction ; mais l’Église est les prémices de Son revenu. Dieu rappelle cela, bien que l’Église puisse l’avoir oublié ; mais si nous savons ce que c’est que de retourner dans les affections de Dieu, nous devons jouir de cet amour qui ne manque pas ; car Dieu dit : « Je me souviens ». L’âme saisit alors ce qu’est l’Église de Dieu dans le cœur de Dieu, et non ce qu’elle est ici-bas. Christ fut d’abord le grain brisé et broyé, et ensuite la gerbe présentée devant Dieu. Ainsi l’Église doit être dans un état d’humiliation et d’abaissement, et ensuite elle sera exaltée là où est Christ. Dieu aura la moisson tout entière, mais les prémices de Son revenu, c’est ce qui occupe Ses affections.

« Quelle injustice vos pères ont-ils trouvée en moi ? » [v. 5]. Ai-je manqué dans ma bonté envers vous ? Qu’y a-t-il maintenant ? Le Seigneur a-t-Il changé ? Est-Il moins digne maintenant que quand tu venais après Lui dans le désert ? Non ; mais nous nous sommes éloignés de Lui, nous avons marché après la vanité, et nous sommes devenus vains. Nous avons joui de Sa bénédiction, nous nous sommes engraissés, et nous avons regimbé (Deut. 32, 15), et nous nous sommes affaissés dans la faiblesse et la méchanceté de nos cœurs. Quand est-ce que le Seigneur élevait Son peuple ? Quand les circonstances mêmes à travers lesquelles et dans lesquelles Il les conduisait, étaient la preuve que le Seigneur les y amenait ; car Il les conduisit dans une terre déserte et crevassée, où ils n’avaient pas besoin de s’appuyer sur « un roseau cassé, lequel si quelqu’un s’appuie dessus, il lui entrera dans la main et la percera » [És. 36, 6], car ils s’appuyaient sur Dieu Lui-même. « Ton vêtement ne s’est point usé sur toi, et ton pied ne s’est point enflé pendant ces quarante ans » [Deut. 8, 4]. Et pourquoi ? Parce que « l’Éternel seul l’a conduit, et il n’y a point eu avec lui de dieu étranger » [Deut. 32, 12]. Ainsi en était-il de Gédéon (Jug. 6). Il se souvenait de ce que Dieu avait été pour Israël au jour de ses fiançailles. Il disait : « L’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? ». Et l’Éternel le regarda et dit : « Va avec cette force que tu as » [Jug. 6, 13-14]. Nous voyons donc que le secret de la force de Gédéon consistait dans le souvenir qu’il avait de ce que Dieu était pour Israël au jour de ses fiançailles. L’âme de Gédéon était assez rapprochée de Dieu, pour dire : « Où est l’Éternel ? » et alors quel fardeau est ôté du cœur ! Plaçons-nous seulement devant le Seigneur, et voyons s’Il ne rappelle pas le jour des fiançailles.

Si je pense aux concombres d’Égypte, le désert ne me convient pas, mais si je pense au Seigneur, je ne me demanderai même pas si je suis dans le désert ou non. Les affections de mon âme suivront l’affection de Dieu pour moi, car Lui se souvient toujours de « l’amour de ton temps de fiancée », alors qu’Il se révéla pour la première fois à nos âmes. Il est vrai que nous pouvons subir le châtiment, mais Dieu n’oublie jamais l’œuvre de grâce dans nos âmes. Il n’oublie jamais « l’affection de ta jeunesse, l’amour de ton temps de fiancée, quand tu allais après lui dans le désert, dans un pays où l’on ne sème pas ». Et maintenant tu es « sainteté à l’Éternel », et, bien que Dieu doive avoir Sa joie dans la moisson de la terre, cependant tu es « les prémices de son revenu ».