« Enfants de Dieu »

(1 Jean 2, 29 à 3, 3)

« Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui. Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ; c’est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. Et quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur ».


« Né de lui », c’est-à-dire né de Dieu, quelle grande et merveilleuse chose, mon cher lecteur ! C’est être entré dans une vie qui tire son origine de Dieu même et qui est conforme à Sa nature sainte, pure, juste et pleine d’amour, car Il est lumière et Il est amour. Mais c’est une nécessité absolue pour que nous puissions approcher de Lui, Le connaître et jouir de Lui. Que sommes-nous par notre naissance comme descendants d’Adam ? Pécheurs comme lui, souillés comme lui, assujettis aux convoitises de la chair, éloignés de Dieu et Ses ennemis dans nos pensées et par nos œuvres, enfantés dans l’iniquité et conçus dans le péché ; comment une telle nature pourrait plaire à Dieu et se plaire avec Lui ? Impossible. Aussi le Seigneur Jésus déclare-t-Il solennellement, même à un Nicodème, docteur de la loi et pharisien honorable : « Il vous faut être nés de nouveau » [Jean 3, 7].

Mais ici se place la question : « Comment cela peut-il se faire ? ». Impossible à l’homme qui ne peut se donner une nouvelle nature propre pour Dieu, pas plus que le léopard ne peut changer ses taches, ni l’Éthiopien sa peau [Jér. 13, 23] ; la chose est possible à Dieu dont la Parole nous déclare : « Ce qui est né de l’Esprit est esprit… Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » [Jean 3, 6, 8]. C’est donc par Son Esprit que Dieu forme en nous cette nouvelle nature, par Son Esprit qui applique à nos âmes la parole de grâce et de vérité qui nous annonce Jésus, le Fils de Dieu, venu comme Sauveur, en sorte qu’il est dit aussi que nous sommes « régénérés par la vivante et permanente parole de Dieu » [1 Pier. 1, 23].

Et à qui appartient ce glorieux privilège ? À tous ceux qui ont reçu le Christ par la foi, car il est écrit : « Le monde ne l’a pas connu. Il vint chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jean 1, 10-13).

Quel est le motif qui a porté Dieu à accorder à Ses créatures souillées et coupables une si grande faveur ? Le motif est en Lui-même, dans Sa nature, dans Son cœur ; c’est Son grand amour, Son amour infini, que l’apôtre nous invite à venir contempler avec lui, quand il s’écrie : « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ! » [1 Jean 3, 1]. Le cœur de Dieu s’ouvre, pour ainsi dire, devant les yeux du disciple bien-aimé, et il nous invite à en sonder avec lui les profondeurs.

Dieu est amour, nous dit-il autre part [1 Jean 4, 8, 16]. Et les preuves de ce qui constitue ainsi la nature de Dieu nous sont abondamment données dans l’Écriture. Écoutons-les, car nous avons le plus grand besoin de connaître réellement ce qu’est Dieu. Le Seigneur Jésus nous introduit le premier dans Son cœur : « Dieu », dit-Il, « a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils afin qu’il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui » [Jean 3, 16-17]. Nous voyons là l’amour souverain de Dieu envers un monde perdu. Son dessein est de le sauver, si coupable soit-il, et pour cela, Il envoie Son Fils, Il Le donne pour accomplir l’œuvre de réconciliation. C’est ce que l’apôtre exprime d’une manière si puissante lorsque, après avoir énoncé cette proposition qui devrait être gravée au plus profond de nos cœurs : « Dieu est amour », il ajoute : « En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima, et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés » [1 Jean 4, 10]. Encore ici nous voyons l’amour venant, non pas de nous, qui étions d’une part morts pour Dieu, et de l’autre, coupables envers Lui, mais de Son propre cœur : « Lui nous aima », et Il envoie Son Fils afin que par Lui nous ayons la vie et le pardon. Oh ! comme cela nous montre bien l’amour dans son insondable profondeur !

L’apôtre Paul l’avait saisi, cet amour, et vient ajouter son témoignage à celui du disciple bien-aimé : « Dieu constate son amour à lui envers nous », dit-il, « en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » [Rom. 5, 8]. Ces différents passages nous montrent l’amour s’exerçant dans sa suprême souveraineté, sortant, pour ainsi dire, du sanctuaire, s’abaissant vers de misérables êtres pécheurs, indignes et impuissants, et les sauvant. Et ce qui montre la grandeur infinie de cet amour, c’est le prix auquel seul il peut se déployer. Il faut que ce soit sur une base de justice, et Dieu donne Son Fils, L’envoie pour être la propitiation pour nos péchés — Christ meurt pour des pécheurs ! Chose merveilleuse assurément, mais bien digne de Dieu, n’est-il pas vrai ?

Mais rien ne saurait épuiser cet amour, et notre passage nous en montre un autre déploiement. « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu » [1 Jean 3, 1]. Nous voyons ici l’amour se donnant ; Dieu se satisfaisant Lui-même envers des objets amenés près de Lui et en relation avec Lui. Ce n’est pas l’amour souverain de Dieu s’exerçant envers des perdus pour les sauver, mais c’est le Père nous faisant don d’un amour infini, tel qu’il est dans Son cœur, pour que nous le possédions et en jouissions. Ô mon lecteur, contemplez dans le cœur de Dieu cet amour qui vous sauve d’abord, puis qui se donne à vous. Voyez-en la grandeur.

C’est le Père qui vous en fait don pour qu’il remplisse votre cœur. Le Père ! Quel doux nom Dieu prend ici ! Ce n’est pas seulement Dieu, l’Être suprême, Créateur de toutes choses ; ni le Dieu fort tout-puissant, ni l’Éternel. Il est tout cela ; mais Il est le Père. C’est pour que nous Le connaissions sous ce nom qu’Il a envoyé Son Fils. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » [Jean 1, 18]. Le Fils, objet éternel de l’amour du Père, nous L’a révélé. « Je leur ai fait connaître ton nom », dit-Il, « et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » [Jean 17, 26]. Voilà l’amour dont le Père nous a fait don : l’amour dont Il a aimé Son Fils. Quelle assurance et quelle sécurité pour nos âmes ! Ce que Dieu donne, jamais Il ne le retire. L’amour dont Il nous a fait don, l’amour dont Il a aimé Jésus est à nous pour toujours. Cher lecteur, cela ne détourne-t-il pas nos regards et du monde et de nous-mêmes, pour nous introduire dans une sphère de repos parfait !

Il ne s’agit pas simplement du salut. Bien des personnes ne voient pas au-delà dans l’amour de Dieu. Elles ne vont pas plus loin que : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » [Jean 3, 16]. C’est bien précieux, mais Dieu a voulu plus pour vous. Après vous avoir tiré de l’enfer, et vous avoir donné la vie éternelle, Il vous attire tout près de Son cœur, Il vous fait don de Son amour comme Père et vous introduit dans la relation précieuse d’enfants. Vous voilà aimés comme Ses enfants, aimés comme Jésus a été aimé. « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Relation intime, relation qui ne peut cesser, indestructible comme Lui-même. Nous mettre en relation avec Lui comme Ses enfants, voilà le résultat de l’amour dont le Père nous a fait don. Ce n’est donc pas une chose à atteindre, ni à attendre ; c’est le lot béni de tous ceux qui ont cru au Seigneur Jésus : ils sont enfants de Dieu.

Le Père qui nous a fait don de ce grand et glorieux privilège, n’est donc pas simplement le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Il est aussi le nôtre. Jésus Lui-même nous a introduits dans cette relation et nous l’a fait connaître, lorsqu’Il est monté en haut, après avoir accompli l’œuvre qui nous sauve, et qu’Il est allé dans la maison du Père : « Je monte », dit-Il, « vers mon Père et votre Père » [Jean 20, 17]. Il est ainsi le chef de cette heureuse famille dont le Père a voulu s’entourer, et dont font partie tous ceux qui L’ont reçu, Lui, le Fils unique, mais comme homme premier-né entre plusieurs frères, Lui, la Parole devenue chair, la vie éternelle manifestée ici-bas. L’ayant reçu, ayant cru en Lui, « il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu » [Jean 1, 12], « ils sont nés de Dieu », ayant une nouvelle nature, une nature telle que celle de Celui qui les a engendrés. Voilà ce dont le Père nous a fait don, bien-aimé lecteur, afin que nous soyons capables d’approcher de Lui, de jouir de Son amour, et un jour, bientôt, d’entrer dans Sa maison.

« Enfants de Dieu », tel est, en effet, le nom qui appartient aux chrétiens. Et ce n’est pas un nom seulement, c’est une réalité. Ce nom exprime une relation actuelle et intime entre le chrétien et son Dieu, et il a une nature sans laquelle cette relation ne saurait exister. Il y a des chrétiens qui n’osent, pour ainsi dire, pas arrêter leurs yeux sur cette glorieuse vérité. Ils savent qu’ils sont sauvés, mais demandez-leur s’ils sont enfants de Dieu, ils hésitent. Ne doutez plus, chères âmes craintives. Dieu vous veut sur Son cœur, comme Ses enfants bien-aimés. C’est là l’amour dont Il vous a fait don. Le sacrifice de Christ a la valeur qu’il fallait pour vous sauver, Sa personne a un prix pour le cœur de Dieu tel qu’Il vous a amenés à Lui comme Ses enfants, et que vous êtes reçus comme tels. La place que Christ vous donne est la sienne, la relation qu’Il a comme homme avec le Père, est celle où Il vous introduit. Écoutez l’apôtre vous le dire : « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu ».

Oui, c’est maintenant, sur la terre, dans la faiblesse, l’infirmité, avec des manquements, hélas ! que nous sommes enfants de Dieu, et, si j’ose dire, d’autant plus chers, qu’Il sait ce que nous sommes et ce qui nous entoure et qu’ainsi nous avons besoin de Ses soins paternels. Et Il ne nous manque pas. Que Son nom soit béni pour cet amour dont Il nous a fait don, pour cette place qu’Il nous a donnée près de Lui, pour la vie qui nous a été communiquée, la vie éternelle qui nous met en relation avec Lui. Puissions-nous en jouir toujours plus pleinement.

Mais de cette relation intime et précieuse où nous avons été introduits, résultent des conséquences que l’apôtre place sous nos yeux.

La première est la séparation d’avec le monde, une séparation si entière, si absolue, que l’apôtre dit : « C’est pour cela » (à cause de l’amour dont le Père nous a fait don, et du fait que nous sommes enfants de Dieu), « que le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne l’a pas connu » [1 Jean 3, 1]. Qui est-ce que le monde n’a pas connu ? Christ et le Père révélé en Lui. Le monde ne nous connaît pas, parce qu’il n’a pas connu Christ, et qu’ici-bas nous représentons Christ, Sa vie étant en nous ; le monde n’a pas reconnu en Christ le Fils bien-aimé du Père, et il ne nous connaît pas comme enfants de Dieu.

L’apôtre Jean, dès le commencement de son évangile, énonce ce fait. Il dit, en parlant du Seigneur Jésus : « Il était dans le monde, et le monde ne l’a pas connu » [Jean 1, 10]. Le monde n’a pas su discerner en Christ Sa divinité et Sa beauté morale comme homme. Comment en eût-il été autrement ? Les principes du monde sont charnels et terrestres, tandis que Christ manifestait ici-bas la vie spirituelle, céleste et divine. Le monde ne pouvait discerner la source de la vie de Christ, ni les motifs qui dirigeaient Sa marche. Il ne comprenait rien à Son dévouement et à Son obéissance. Christ n’était pas du monde ; Sa marche était en complète opposition avec lui. Qu’y a-t-il dans le monde ? Qu’est-ce qui le caractérise ? Trois choses : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie » [1 Jean 2, 16]. Tout cela n’est pas du Père, mais est du monde. Christ était issu du Père ; ces choses n’avaient aucun attrait pour Lui. Il le montra bien au désert, quand Satan fit miroiter devant Lui tout ce que le monde peut donner. Mais l’obéissance à Dieu faisait Ses délices, et Il vainquit Satan et le monde. Au milieu du monde, Il marcha pur, saint et humble.

Ève, au contraire, avait laissé ces trois choses s’introduire en elle. Elle avait vu le fruit bon à manger, agréable à la vue, propre à rendre semblable à Dieu en donnant la connaissance du bien et du mal. Elle et Adam mangèrent du fruit défendu, et voilà le monde introduit avec ses convoitises en opposition directe à Dieu. Rien d’étonnant donc à ce que le monde, avec les principes qui le dirigent, n’ait connu « ni le Père, ni Christ », ainsi que le dit le Seigneur. Et il ne connaît pas davantage les enfants de Dieu, car ils ne sont pas du monde, comme Christ n’en était pas. Et non seulement le monde n’a pas connu le Père, ni Christ, mais ils ont haï l’un et l’autre, et il hait les enfants de Dieu. Voilà pourquoi le Seigneur dit : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi, je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait » [Jean 15, 19].

Voilà donc deux domaines distincts : le monde et ceux qui sont de lui ; le Père et les enfants de Dieu. Ceux-ci étaient du monde, mais Christ les en a délivrés. Bienheureuse position, alors même qu’elle nous expose à être méconnus et haïs du monde. Nous sommes là avec notre Sauveur et Maître. Auquel des deux domaines appartenez-vous, mon cher lecteur ?

Les enfants de Dieu marchent donc au milieu du monde dans une sphère qui leur appartient, celle de l’amour dont le Père leur a fait don ; inconnus du monde, bien connus [2 Cor. 6, 9] et aimés du Père. À Lui, au Père de notre Seigneur Jésus Christ, soit la gloire !

La seconde conséquence que présente l’apôtre est un contraste avec ce que nous sommes maintenant. « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » [1 Jean 3, 2]. Enfants de Dieu actuellement, nous avons à attendre quelque chose de plus dans l’avenir. Non que nous cessions jamais d’être enfants de Dieu, mais ici-bas, nous sommes éloignés de la maison paternelle, bien qu’ayant à nous tous les privilèges d’enfants, et goûtant d’avance, par la foi et la puissance du Saint Esprit, les douceurs de la maison. Mais nous sommes étrangers et voyageurs, et nous tendons et aspirons dans notre marche au désert, à avoir atteint le but. Comme un fils éloigné de la maison, mais s’y rendant, goûte dans son cœur toutes les joies qui l’attendent et sait que sa place est là et qu’il y est attendu, nous aussi, nous savons que la place est préparée dans la maison du Père et que Jésus nous y attend, bien plus, qu’Il reviendra nous chercher pour nous introduire là où Il est.

Mais pour cela, il faut que nous Lui soyons rendus semblables, non pas seulement moralement, ce qui s’effectue par degrés actuellement (2 Cor. 3), et se continuera jusqu’à ce que nous soyons arrivés à la perfection, là-haut, mais aussi quant à nos corps. Car nous attendons des cieux « le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur ; qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » [Phil. 3, 20-21]. Les enfants de Dieu attendent d’être sortis du monde, dont ils ne sont pas, et d’être rendus semblables à leur glorieux Sauveur. Ils ont été « prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères » [Rom. 8, 29]. Nous serons donc quelque chose de plus que maintenant, mais cela n’a pas encore été manifesté. Nous serons rendus propres à la sphère nouvelle de gloire où nous serons introduits.

« Nous savons que, quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » [1 Jean 3, 2]. Pour Le voir comme Il est, il faut Lui être semblables. Comment dans ces corps d’infirmité pourrions-nous contempler Sa gloire ? Non, nos yeux mortels ne le peuvent pas. Jean, le disciple bien-aimé, lorsqu’il Le voit glorieux, tombe à Ses pieds comme mort. Mais quand Il viendra chercher Ses bien-aimés, Sa puissance de vie ressuscitera en gloire ceux qui sont endormis, et transformera les vivants, et tous seront, quant à leur être entier, conformes à Son image, pourront Le voir comme Il est, Lui étant semblables, et entreront dans le lieu de gloire où Il est et pour lequel ils seront propres. Quelle perspective !

Et Il sera « manifesté » ; Il paraîtra aux yeux du monde qui ne L’a pas connu, qui L’a rejeté, méprisé, crucifié, et nous paraîtrons avec Lui en gloire. Le monde connaîtra, en nous voyant associés à Lui, que nous avons été aimés comme Lui.

Voilà ce que nous serons. Enfants de Dieu, notre place est dans la maison, en haut, avec Christ. Telle est notre attente, notre espérance. Tel est le résultat final de l’amour dont le Père nous a fait don.

Il y a une conséquence toute pratique que l’apôtre énonce en dernier lieu, et qui se rattache directement à notre espérance. Les faits chrétiens ne sont pas destinés à être transformés en théories, ni à devenir des connaissances à enregistrer dans notre intelligence. Tout y est vie et donné de Dieu pour être reçu dans le cœur et agir sur tout notre être. Rien de plus misérable qu’un christianisme purement intellectuel et spéculatif. Rien de dangereux comme de se livrer à la poursuite pure et simple des vérités, sans que le cœur, la conscience, et la vie, restent à la hauteur de la connaissance. « Celui qui a cette espérance en lui, se purifie comme lui est pur » [1 Jean 3, 3]. En qui est l’espérance ? Qui est celui désigné par « lui » ? C’est le Seigneur, dont le cœur de l’apôtre est rempli ; c’est Lui qui doit être manifesté : il n’a pas besoin de Le nommer. Et c’est vers Lui que se porte notre espérance. Il en est l’objet ; tout, pour nous, se rattache à Lui. Nous espérons Son retour, nous espérons Le voir, nous espérons être introduits par Lui dans le ciel pour être manifestés avec Lui ; nous espérons être toujours avec Lui. Notre espérance se porte donc, non sur des objets et des bénédictions terrestres, mais sur un objet céleste, le seul qui réponde aux besoins et aux affections de la vie divine qui est en nous par le Saint Esprit, et c’est ainsi que nous sommes transformés « en la même image » [2 Cor. 3, 18]. L’objet de l’espérance, c’est Christ en haut, dans la position qu’Il a prise quand Il a dit : « Je me sanctifie moi-même pour eux » [Jean 17, 19], en dehors de tout ce qui tient au monde, à la chair et à la terre. Il est pur ; Il l’était parfaitement sur la terre au milieu de tout le mal, sans doute, mais c’est dans Sa position céleste que nous Le voyons tel, en dehors de tout ce qui est de la terre. Et de même qu’Il est notre vie, notre vie cachée en Dieu, de même Il est la mesure de notre purification, là où Il est.

Car nous ne sommes pas purs. Quel mélange n’y a-t-il pas en nous de choses qui tiennent à la chair et au monde ! Comment en être purifiés ? « Celui qui a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur » [1 Jean 3, 3]. Voilà la réponse. Avoir le cœur en haut, occupé de Christ ; vivant avec Lui, là où Il est ; ne L’amenant pas seulement dans nos circonstances pour être consolés et soutenus, mais demeurant en Lui, là où Il est monté, où Il s’est sanctifié pour nous ; L’attendre, nourrir cette espérance, l’ayant vivante et claire, toujours plus claire devant nous ; voilà ce qui nous introduira et nous fera marcher dans la voie de la purification pratique. D’un côté, si Sa beauté morale, Sa beauté céleste occupe nos cœurs, la lumière qui en resplendit nous montrera toujours plus ce qui, en nous, n’est pas en harmonie avec elle, ne répond pas à Sa pureté parfaite ; et, de l’autre, comment alors ne pas laisser de côté tout ce qui ne Lui serait pas conforme, et, par conséquent, nous empêcherait de jouir de Lui et de l’espérance que nous avons en Lui ? Oui, à mesure que le cœur chrétien est occupé de Christ et de l’espoir d’être avec Lui, il découvre ce qui n’est pas céleste et pur comme Christ, dans ses pensées, ses motifs, ses actions, et il s’en purifie. Il le laisse et le rejette.

C’est là le vrai chemin de la sanctification et de la purification pratiques. Voir Christ comme Il est, dans Sa pureté parfaite, là-haut, maintenant par la foi et dans la puissance du Saint Esprit, Le désirer, L’attendre, avec cette espérance en Lui, de Le voir bientôt comme Il est, Lui étant rendus semblables ; être occupé de Lui, et de Lui seul, en un mot, voilà ce qui détache et dégage le cœur de tout le reste — ce qui purifie, car cela l’attache et l’engage avec Celui dont la beauté est parfaite. Quel attrait peuvent avoir le monde et la chair pour un cœur rempli de Christ ? « Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » [1 Jean 5, 5]. Le Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est donné pour lui. Comment la vie divine en activité et se portant sur cet objet béni, ne mettrait-elle pas de côté tout ce qui n’est pas d’elle ?

Pourquoi donc y a-t-il si peu de réalité dans la marche chrétienne ; pourquoi vous plaignez-vous de jouir si peu du Seigneur ; pourquoi tant de mondanité, si peu de vraie séparation ? Ah ! c’est que l’on a perdu de vue, plus ou moins, « cette espérance en lui », et que le cœur n’est guère occupé de Christ en haut et du désir de Le voir. Prenons garde de n’avoir qu’une stérile connaissance ; prenons garde de vouloir un Christ terrestre, au lieu d’un céleste ; prenons garde de perdre le goût du foyer paternel, en haut. C’est là seulement notre vraie demeure. Y vivez-vous constamment dans vos pensées ?

Chers amis, en terminant, je voudrais encore vous faire remarquer combien tout est positif dans ce que l’apôtre dit.

L’amour du Père est un amour dont Il nous a fait don. Rien d’incertain en cela. Nous l’avons et le possédons : les dons de Dieu sont irrévocables. En jouir ou non est autre chose : cela dépend de vous.

Nous sommes maintenant enfants de Dieu. Ce n’est pas : nous serons, nous deviendrons, nous y atteindrons. Non, c’est une relation actuelle, existante ; nous le sommes, et qui nous ravira cette position que l’amour de Dieu nous a faite ?

Nous savons, ce n’est pas un peut-être, une espérance vague. Non, nous savons ce que nous serons : semblables à Christ. Nous savons que nous Le verrons. La certitude de ce que nous serons est égale à la certitude de ce que nous sommes. Le chrétien a le privilège de se mouvoir dans les choses réelles, car elles sont de Dieu ; le privilège aussi de les saisir pour lui et de s’en nourrir. Tout est certain.

Et enfin, si l’espérance est réelle en Lui, elle produit nécessairement un effet réel. « Quiconque a cette espérance en Lui, se purifie comme lui est pur ». Ce n’est pas cherchera à se purifier ; non, c’est un fait qui s’accomplit d’une manière continue. Christ est pur, Il est la mesure de la purification de quiconque a l’espérance d’être avec Lui et de Le voir, et celui-là se purifie.

Puissiez-vous, mon cher lecteur, puissé-je aussi avec vous, jouir toujours plus de l’amour du Père et de notre relation comme enfants avec Lui ; en attendant la « bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » [Tite 2, 13], et dans cette attente, marcher à Sa gloire, dans la sainteté pratique, résultat d’un cœur et de pensées occupés dans le ciel avec Christ.