Quelques remarques sur 2 Pierre chapitre 3

Nous savons de quelle manière touchante le Seigneur, avant Son départ, avait confié à Pierre le soin de Ses brebis. « Pais mes agneaux », « sois berger de mes brebis », lui avait-Il dit, et il est beau de voir, en rapport avec ces paroles, le cœur de l’apôtre, dans cette seconde épître, embrasser non seulement les saints qui vivaient de son temps, mais aussi ceux qui devaient être appelés à rendre témoignage de la vérité aux derniers jours, en demeurant dans la position d’hommes qui attendent leur Maître. Il ne pensait pas seulement aux besoins et aux dangers auxquels étaient exposés ceux à qui il écrivait directement, mais à ce qui pourrait être utile à tous ceux qui avaient ou auraient « reçu en partage une foi de pareil prix » avec lui, c’est-à-dire à tout le troupeau du Seigneur. Ainsi, comme nous jouissons du pastorat et de l’apostolat d’un Jean et d’un Paul, nous avons aussi le privilège de profiter du pastorat béni de Pierre. Et il me semble que ce privilège est d’autant plus à apprécier, que Simon Pierre a été formé et préparé pour le pastorat en passant par ces expériences et ces exercices d’âme qui, en tout temps, ont été un sujet précieux de méditations pour les croyants.

Avant d’entrer un peu dans les détails de notre chapitre, je désire attirer votre attention sur les deux raisons principales qui, me semble-t-il, ont conduit l’apôtre à écrire ses lettres. La première est mentionnée au commencement du chapitre, la seconde à la fin. Du reste, en principe, nous les trouvons dans les deux chapitres précédents.

Au verset 12 du chapitre 1, l’apôtre reconnaît que ceux auxquels il s’adresse connaissaient les choses qu’il voulait rappeler à leur souvenir, et qu’ils étaient « affermis dans la vérité présente ». Mais ils avaient besoin, soit avant, soit après son départ, d’être réveillés. Si la présence de l’apôtre Paul et le grand nombre de lampes répandant leur lumière dans la chambre haute, n’empêchaient pas le jeune Eutyche de s’endormir, la présence d’un Pierre au milieu des chrétiens de son temps n’était pas non plus suffisante pour les maintenir éveillés spirituellement. Voici ce que je veux dire, chers amis, et j’insiste sur ce fait : un bon état d’âme ne dépend pas uniquement de la jouissance d’un ministère, si excellent qu’il soit, mais bien du fait que la vérité connue exerce sa puissance sur nos cœurs et nos consciences. Et cela devient une sauvegarde en présence des dangers. Il n’y a pas d’état plus périlleux que celui d’un chrétien chez lequel la connaissance n’occupe que l’intelligence. Que d’exemples frappants n’en avons-nous pas de nos jours !

Cela me conduit à examiner, dans notre chapitre, la première raison qui a conduit l’apôtre à écrire ses deux lettres à ses « bien-aimés ». « Dans l’une et dans l’autre », dit-il, « je réveille votre pure intelligence en rappelant ces choses à votre mémoire ». Faites bien attention qu’ici ce ne sont pas les chrétiens que l’apôtre cherche à réveiller, mais leur « pure intelligence », et je vois dans cette expression essentiellement l’état moral. Une ville forte peut être confiée à la garde d’une sentinelle intelligente, mais si elle s’endort, de quelle utilité sera-t-elle ? Le danger sera d’autant plus grand que l’on avait plus de confiance en elle. Il en est ainsi d’un chrétien qui aurait une connaissance exacte de la vérité. Si elle n’occupe que son intelligence, sans exercer son influence salutaire et sanctifiante sur son cœur et sa conscience, il n’y a ni croissance spirituelle, ni vigueur, ni garantie contre les dangers (voyez Col. 1, 9, 10, et 1 Cor. 15, 33, 34).

Cela me conduit à indiquer la seconde raison qui a porté Pierre à écrire ses épîtres. On sait les choses à l’avance, on a de la connaissance ; mais on ne prend pas garde, et le manque de vigilance fait que l’on est entraîné par l’erreur des pervers et que l’on vient à déchoir de sa propre fermeté. De là l’exhortation de l’apôtre : « Prenez garde », et « croissez dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ». Mettre les saints en garde, afin qu’ils ne fussent pas entraînés par l’erreur des pervers, et leur donner le moyen d’y échapper, voilà la seconde raison.

Entrons maintenant quelque peu dans l’examen de notre chapitre. Que cherchait Pierre, quand il réveillait leur pure intelligence en leur rappelant ces choses ? Il voulait que les chrétiens se souvinssent « des paroles qui ont été dites à l’avance par les saints prophètes, et du commandement du Seigneur et Sauveur transmis par les apôtres ». En vue de quoi ? En vue des dangers qui caractérisent les derniers jours. Cela ne vous rappelle-t-il pas les paroles qu’un autre apôtre, peu avant son départ, adressait aux anciens d’Éphèse ? Il les avertissait des dangers qui les environneraient quand il serait loin. Des loups redoutables devaient entrer, qui n’épargneraient pas le troupeau ; et d’entre les anciens même s’élèveraient des hommes annonçant des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux. Quelle pouvait être leur sauvegarde devant de pareils dangers ? Les paroles que l’apôtre ajoute : « Je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés ». Là se trouvait la sauvegarde, la ressource qui est de tout temps et pour tous les besoins. Que le Seigneur nous donne de ne pas la négliger !

En quoi consistaient donc ces dangers qui menaçaient les saints ? « Sachant tout d’abord ceci », dit l’apôtre, « qu’aux derniers jours des moqueurs viendront, marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises, et disant : Où est la promesse de sa venue ? Car depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent dans le même état dès le commencement de la création ». Voyez combien l’ennemi est subtil. Il ne nie pas qu’il y ait une promesse, mais il cherche à en annuler l’effet, en attirant les regards sur l’apparente stabilité des choses. Hélas ! il ne réussit que trop bien. Dès le commencement, il a été menteur et a cherché à introduire des doutes dans le cœur de l’homme. « Quoi ! Dieu a dit ! ». Voilà comment il procède, soit qu’il se serve du langage d’un moqueur, ou des orgueilleux et vains discours d’un faux docteur. Mais quelle que soit la subtilité de l’ennemi dans ces moqueurs habiles à argumenter pour soutenir leurs thèses, l’enfant de Dieu, qui a son sentier éclairé par la Parole et dont l’oreille est attentive à la voix du bon Berger, saura bien vite discerner la cause d’un langage aussi pervers. C’est une ignorance volontaire à l’égard de Dieu et de la puissance de Sa Parole, comme nous le montrent les versets 5, 6. Déjà le Seigneur le reprochait aux moqueurs sadducéens (Marc 12, 24). Oui, ces moqueurs ignorent volontairement ce que le croyant comprend par la foi (Héb. 11, 3), et il n’en faut pas davantage. Si l’on ne veut pas croire ce que Dieu a fait dans le passé par Sa parole puissante, comment acceptera-t-on ce qu’elle fait actuellement et ce qu’elle accomplira dans l’avenir (v. 7) ?

Mais pour que notre cœur reste fermé aux subtiles influences de l’ennemi, il ne nous faut pas ignorer cette chose, « c’est qu’un jour est, devant le Seigneur, comme mille ans, et mille ans comme un jour ». Quelques-uns, hélas ! en étaient venus, même au temps de l’apôtre, à estimer qu’il y avait du retardement. Le Seigneur nous avait déjà avertis à l’égard de ceux-là et avait montré les conséquences d’un tel sentiment : « Mais si cet esclave-là dit en son cœur : Mon maître tarde à venir », et qu’il suive les convoitises de son cœur, « le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas » (Luc 12, 45-47). Que celui qui a des oreilles écoute l’avertissement du Seigneur ! En face de semblables pensées, l’apôtre dit positivement : « Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne sa promesse, mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance ». Voilà, mes bien-aimés, ce qu’il ne faut pas ignorer. Plus que cela, nos cœurs doivent être inclinés à l’amour de Dieu (2 Thess. 3, 5), aussi bien qu’à la patience du Christ, ainsi l’on pense comme Lui et l’on agit comme Lui ; on devient à l’égard de ceux qui sont encore en danger de périr, « les collaborateurs de Dieu » par l’intercession, par le témoignage et par la prédication. Et l’on est d’autant plus poussé à cela que nous savons, par la Parole de Dieu, que pour les inconvertis, pour le monde, « le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; — et dans ce jour-là, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés, seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement ».

Quelle perspective terrible pour cette pauvre terre et ses habitants irrégénérés ! Quel sombre avenir ! L’apôtre en tire la conclusion suivante pour ceux auxquels il s’adresse : « Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous et les éléments embrasés se fondront ». Mais, dira-t-on, comment peut-on, en même temps, attendre et hâter la venue du jour de Dieu ? Il me semble que la phrase elle-même nous l’indique — c’est « en sainte conduite et en piété », en séparation du mal qui remplit le monde et qui appelle le jugement. Car, remarquons qu’il n’est pas proprement question ici du prochain retour de notre Seigneur Jésus Christ comme Sauveur pour les saints (Phil. 3), quoique ce retour puisse être considéré comme le tout premier événement qui appartienne au jour de Dieu, l’acte qui l’introduit pour ainsi dire.

Pour rendre ma pensée sur ce mot « hâter », je vous citerai un fait qui m’a frappé. J’ai connu un homme très riche qui avait acheté plusieurs petites propriétés situées sur un riant coteau, dans le but d’en former un unique domaine. Chacune de ces propriétés avait son rural, c’est-à-dire maison d’habitation, grange, etc. Mais pour compléter son domaine, il lui fallait attendre la mort d’un propriétaire voisin. Son intention était alors de démolir tous les vieux bâtiments et de se construire un joli chalet pour lui, et une grande maison avec grange et dépendances pour un fermier. En attendant de réaliser son projet, il se contenta d’utiliser les vieux bâtiments comme il pouvait, mais sans y faire les réparations que leur état de vétusté aurait exigées. Il n’avait en vue que l’accomplissement de son dessein — une chose toute nouvelle — et ainsi on pouvait dire qu’en ne s’occupant pas de ces vieilles constructions, destinées à être détruites, il réalisait en lui-même leur destruction. Elles étaient pour lui comme n’étant pas ; il voyait à leur place ce qu’il avait besoin de faire et ainsi hâtait quant à lui le moment où la chose nouvelle remplacerait l’ancienne. Ainsi, sachant que toutes les choses au milieu desquelles nous nous mouvons, ces choses que le cœur naturel aime, sur quoi le monde s’appuie, ont pour fin la destruction — qu’elles vont se dissoudre — nous disons, nous n’en voulons plus, nous les laissons pour mener une sainte conduite, en séparation de toutes ces choses. On leur applique ainsi moralement le jugement qui doit les atteindre, on les réalise par la foi, et c’est ainsi que l’on hâte pour soi, en sainte conduite et en piété, la venue du jour de Dieu.

Mais quelle pensée que celle de ce moment où tout sera dissous ! Chers amis, le Seigneur nous a révélé Sa pensée relativement à l’avenir. La terre actuelle souillée par le péché et sous le poids de la malédiction, va passer par le feu du jugement, et ses habitants aussi seront atteints par l’heure de l’épreuve qui va venir sur eux (Apoc. 3, 10). Heure terrible ! Moment solennel et décisif ! Par conséquent, la position du chrétien à l’égard de ce monde est comme si j’allais auprès d’un condamné dans son cachot, la veille de son exécution. Pourrais-je l’entretenir de ce qui me frapperait dans sa prison, ou de la politique et des événements du jour, ou des circonstances ordinaires de la vie ? Non, n’est-ce pas ? Je me sentirais pressé de lui parler de l’état de son âme, de chercher à le réveiller au sentiment du danger où il se trouve, en face de l’éternité, et de lui annoncer Christ, le Sauveur des pécheurs. Voilà ce que le chrétien a à faire à l’égard des âmes inconverties : il doit les avertir. On rencontre souvent des âmes que la prédication ne peut pas atteindre ; eh bien, il faut leur parler en particulier, et être aussi fidèles dans notre marche et fervents dans la prière et l’intercession.

C’est une chose ; mais à l’égard de « la terre et des œuvres qui sont en elle, qui seront brûlées entièrement », quelle attitude tiendra le chrétien ? Voici ce que nous dit l’apôtre Paul : « Le temps est difficile… que ceux qui pleurent soient comme ne pleurant pas ; ceux qui se réjouissent, comme ne se réjouissant pas ; ceux qui achètent, comme ne possédant pas ; et ceux qui usent du monde, comme n’en usant pas à leur gré ; car la figure de ce monde passe » (1 Cor. 7, 30-31). Comment, en effet, le chrétien mettrait-il ses affections dans les choses destinées à être brûlées ? Et s’il le fait, comme, hélas ! ce n’est que trop souvent le cas — et c’est très humiliant — qu’est-ce que cela prouve ? C’est évidemment que la pensée de Dieu quant à la terre et à son avenir ne le gouverne pas. Le psalmiste dit : « Tu me conduiras par ton conseil » ; il en devrait être ainsi du chrétien. Dieu ne nous révèle pas le secret de Sa pensée pour que nous agissions dans un sens contraire. Chers frères, que le Seigneur nous donne de ne pas perdre le caractère d’étrangers et de pèlerins.

Voici ce qu’on voit souvent. On a tourné le dos au monde quant aux plaisirs et à la politique ; on ne voudrait pas s’en occuper : on sait que cela ne s’accorde pas avec l’attente du chrétien. On est aussi au clair pour ce qui concerne l’état religieux du monde, et l’on s’est séparé de tous les systèmes et les organisations formés par l’homme ; à l’occasion, on saurait même exprimer sur ces choses un jugement juste. On sait que « le monde gît dans le méchant », et que « les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis » ; par conséquent, on a bien compris qu’il ne sert à rien de vouloir améliorer le monde, et que ce n’est pas selon la pensée de Dieu de vouloir le faire. Le train de ce monde, comme je l’envisage, est semblable à un courant d’eau que je ne puis arrêter ; si même je cherchais à jeter sur son passage un obstacle puissant, comme un bloc de rocher, cela n’aurait d’autre effet que d’accumuler les eaux qui déborderaient ensuite de part et d’autre avec plus de violence. On sait tout cela.

Mais, chers amis, à l’égard de la terre et des choses qui y sont, à l’égard des choses matérielles, où en sommes-nous ? Nos cœurs en sont-ils sevrés ? Hélas ! quand on voit tant de chers enfants de Dieu s’adonner à la poursuite des choses d’ici-bas, on ne dirait pas qu’ils ont une espérance dans le ciel, ni qu’ils ont eu l’A.B.C. même de la pensée de Dieu à l’égard de l’avenir de ces choses. Le mal que ce matérialisme — car quel autre nom lui donner ? — fait au témoignage, est incalculable. Il y a bien des chrétiens qui, comme Lot, affligent leurs âmes et souffrent de voir tant de gens qui les entourent, plongés dans la mort et les ténèbres morales. Ils désireraient bien que le Seigneur envoyât dans leur contrée des évangélistes, de puissants instruments, pour annoncer la bonne nouvelle et réveiller leurs alentours de leur sommeil. Et ces chrétiens ne croient pas et ne voient pas que c’est leur triste marche dans la poursuite des choses matérielles qui est un obstacle à ce que Dieu leur envoie Ses serviteurs. J’insiste là-dessus, chers amis : la marche pratique doit être en rapport avec la profession. C’est ainsi que l’on attend vraiment et que l’on hâte la venue du jour de Dieu. Autrement, il vaudrait mieux ne rien professer plutôt que d’exposer le nom du Seigneur à l’opprobre. Sans doute qu’un chrétien, vraiment chrétien, pourra paraître ridicule, inconséquent et même fou aux yeux du monde. Mais que nous importe l’opinion du monde. C’est la pensée de Dieu qui doit régir nos cœurs. Peut-être que quelques-uns auront dit de l’homme riche dont j’ai parlé : « Comment un homme si riche peut-il laisser tomber en ruines ses immeubles ? Ce n’est pas digne de lui. Ses prédécesseurs, si pauvres qu’ils fussent, les auraient mieux soignés ». Mais l’homme riche avait sa pensée, et la conscience qu’il pourrait la réaliser, ainsi il ne s’inquiétait pas du qu’en dira-t-on… Et l’enfant de Dieu connaît la pensée et le pouvoir de « Celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté ». Que le Seigneur nous donne donc d’attendre et de hâter la venue du jour de Dieu par « une sainte conduite et en piété ».

« Mais », continue l’apôtre, « selon sa promesse, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre dans lesquels la justice habite ». C’est l’état éternel, un état de félicité parfaite. Dans le millénium, la justice régnera ; il n’est pas dit que la justice habitera. Et si nous avons une telle espérance, fondée sur la promesse de Dieu, comme des bien-aimés de Dieu, nous devons nous étudier « à être trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix ». Le chrétien est cela quant à sa position selon les conseils éternels de Dieu, le Père (Éph. 1, 1-7), et en vertu de l’œuvre de réconciliation de notre Sauveur Jésus Christ (Col. 1, 21-23), et la connaissance de cette position soutient le cœur à travers toutes les expériences du désert. Mais ce que l’apôtre dit ici se rapporte à l’état pratique du chrétien, et nous voyons ainsi que notre marche devrait être en parfaite harmonie avec notre position. Pour cette marche, nous avons en Christ un modèle parfait. Il a été l’Agneau sans tache. Bien qu’au milieu des pécheurs et dans un monde impur, jamais aucune souillure n’a pu L’atteindre. En tout ce qu’Il faisait se voyait une harmonie parfaite ; les motifs qui Le faisaient agir, le but qu’Il se proposait, les moyens qu’Il employait, et le moment qu’Il choisissait, tout se coordonnait et s’accordait parfaitement. Christ a été irréprochable dans toutes Ses voies. Qu’il nous soit donné de L’imiter, afin que « ce qui est bien en nous ne soit pas blâmé » (Rom. 14, 16).

« En paix », ajoute l’apôtre. Sans doute, il ne s’agit pas ici de la paix avec Dieu, la paix de la conscience, laquelle nous avons par notre Seigneur Jésus Christ (Rom. 5, 1), mais de la paix du cœur, dont on ne peut jouir que dans le chemin de l’obéissance où l’on a la sanction du Seigneur. Dans le second livre des Rois, au chapitre 5, nous voyons Naaman, après sa guérison, demander en quelque sorte à Élisée la permission de pouvoir se prosterner devant le dieu Rimmon, quand il serait obligé d’accompagner le roi, son maître, dans le temple de cette idole. Le prophète ne lui dit point : « Ne va pas » ; c’est la loi qui parle ainsi, et l’Éternel n’a pas agi envers Naaman sur le principe de la loi, mais sur celui de la grâce. Il ne lui dit pas non plus : « Va », ç’aurait été reconnaître Rimmon, cette horrible idole, et la placer sur le même pied que l’Éternel. Élisée répond : « Va en paix » ; admirable réponse ! Naaman avait dit : « Voici, je sais qu’il n’y a point de Dieu en toute la terre, sinon en Israël ». Avec une telle connaissance, impossible de pouvoir se prosterner en paix devant une idole. Puissions-nous, dans le sentier béni de l’obéissance, savourer toujours plus cette paix du cœur que Jésus goûtait parfaitement et constamment ici-bas !

L’apôtre revient ensuite au sujet de la patience du Seigneur, en exhortant les bien-aimés à estimer que cette patience est salut. Le monde et même le monde religieux ne l’estiment pas ainsi, comme nous le voyons au psaume 50, 21. Dieu, parlant au méchant, dit : « Tu as fait ces choses » (celles mentionnées dans les versets précédents), « et j’ai gardé le silence ; — tu as estimé que j’étais véritablement comme toi » ; voilà ce que le monde pense du support et de la patience du Seigneur (comp. Rom. 2, 4, 5). Mais nous, nous devons estimer que la patience du Seigneur est salut. L’apôtre Paul écrivait dans le même sens, selon la sagesse qui lui avait été donnée. Il se peut que les Écritures saintes soient difficiles à comprendre, mais nous voyons que ce ne sont que les ignorants et les mal affermis qui les tordent, et cela à leur propre destruction. Aussi l’apôtre ajoute : « Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l’avance, prenez garde, de peur qu’étant entraînés par l’erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté ». Quelle sérieuse exhortation ! Combien elle doit nous remplir de cette sainte crainte qui nous rendra capables d’éviter et de rejeter tout ce qui n’est pas la vérité. « Ne soyez pas séduits, dit Paul aux Corinthiens, « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs ».

Pour n’être ni ignorants, ni mal affermis, afin de ne pas tordre les Écritures et tomber ainsi dans l’erreur des pervers, nous ne devons pas rester stationnaires, nous contentant de connaître quelques vérités élémentaires, tout juste assez pour être tranquilles à l’égard de l’avenir et n’être pas trop embarrassés pour savoir nous conduire. Oh ! non ; il faut que le chrétien croisse « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ». Je le répète, cette croissance dans la connaissance est la seule sauvegarde au milieu des dangers croissants qui nous entourent. C’est l’un des quatre grands moyens pour que nous ayons le cœur « rempli de la connaissance de la volonté de Dieu, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards » (Col. 1, 9-13).

Oh ! que le Seigneur mette au cœur de Ses bien-aimés, le désir de Le glorifier en tout par une marche sainte en attendant qu’Il vienne !