Le chrétien ayant pour modèle Christ ici-bas

(Philippiens chapitre 2)
W. Kelly

Cette épître renferme très peu de doctrine — une simple allusion y est faite au chapitre 3 — mais elle nous présente, d’une manière remarquable, l’expérience d’une vie chrétienne dans la puissance du Saint Esprit. Sous ce rapport, elle est bien précieuse. Qu’il est beau de voir la vie d’en haut déployée ici-bas dans un homme par la puissance de l’Esprit de Dieu ! C’est tellement le cas, que le mot « péché » ne se rencontre pas dans cette épître. Lorsque l’apôtre y parle de justification et de justice, ce n’est pas en contraste avec le péché, mais plutôt avec la justice humaine et légale. La chair était là. Au moment même où Paul écrivait aux Philippiens, il avait l’écharde dans la chair pour empêcher la chair d’agir ; mais nous voyons en lui un homme qui s’élève au-dessus de la chair et de tous les obstacles, afin que Christ soit magnifié en lui. Ce qu’il devait choisir, de vivre ou de mourir, il ne le savait pas ; il aurait préféré déloger, mais par amour pour l’Église, il dit : Il te vaut mieux rester, et ainsi, comptant sur Christ et voyant que c’était mieux, il sait qu’il restera. Il savait être dans l’abondance et aussi souffrir les privations ; il courait droit vers le but — c’était l’unique chose qu’il eût à faire.

La grâce du chrétien se voit dans le chapitre 2 ; son énergie, dans le chapitre 3 ; et l’absence de soucis, dans le chapitre 4 ; mais tout est par la puissance de l’Esprit de Dieu. Il est bon pour nous d’avoir cela à cœur. Nous sommes l’épître de Christ connue et lue de tous les hommes — une épître écrite, non sur des tables de pierre, mais sur les tables de chair du cœur. Comme chrétiens, nous sommes placés devant le monde comme une lettre de recommandation de Christ. Et cela nous donne la confiance la plus entière et la plus précieuse à l’égard de Dieu ; car si nous sommes en la présence du monde pour Dieu, Christ est en la présence de Dieu pour nous. Son œuvre a parfaitement réglé cette question ; à chaque moment, Il paraît devant Dieu pour nous.

Nous sommes aimés comme Il est aimé. Sous quelque point de vue que nous envisagions la chose, tout est fermement établi selon les conseils de Dieu envers nous en grâce. Nous avons ce trésor dans un pauvre vase de terre, mais notre relation est une chose établie ; tout ce qui appartient au vieil homme a pris fin, et tout ce qui appartient à Christ, le nouvel homme, est devenu positivement notre portion. Non seulement nos dettes sont payées, mais nous serons rendus conformes à l’image de Son Fils. Christ a obtenu pour nous la gloire qui est la sienne : « La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée ». Il s’est donné Lui-même sur la croix pour répondre à ce que nous étions, et Il a obtenu pour nous tout ce qu’Il a. C’est de cette manière que Christ donne — ce n’est pas comme le monde. Quand le monde donne, il n’a plus ce qu’il a donné : Christ ne donne jamais ainsi — Il ne donne pas pour ne plus avoir, mais nous introduit dans tout ce qu’Il a. Si j’allume une bougie à une autre, la première n’a rien perdu ; c’est de cette manière que Christ donne. Je parle de principes précieux. « Je vous donne ma paix… » « afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux-mêmes ». « Je leur ai donné les paroles que tu m’as données ». « Afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux ». Christ est devenu un homme, afin de nous amener comme hommes dans la même gloire que Lui. Nous sommes déjà amenés dans cette relation, car le Seigneur a dit : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». S’il s’agit de justice et de sainteté, je suis comme Il est ; si je regarde à Christ comme au Fils, je suis devant le Père comme un fils ; et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste.

L’œuvre qui nous donne droit à ces privilèges est achevée totalement et absolument. L’Esprit nous fait d’abord sentir nos besoins, afin que nous entrions en possession des résultats de l’œuvre pour nous, mais elle est achevée. Afin que nous en voyions clairement le sentier que nous avons à suivre, il faut que nous sachions où Il nous a amenés, de même que je ne puis pas réclamer de quelqu’un de se conduire comme mon enfant, s’il ne l’est pas. Il vous faut être dans une relation, avant que vous puissiez avoir la conduite qui convient à cette relation, ou être sous les obligations qui y appartiennent. C’est sur ce point que je désire m’arrêter un peu. « Il vous a réconciliés », non pas conduits à mi-chemin, mais, quant à la relation, amenés à Christ. Cela est tout. En vertu de l’œuvre de la croix, Il a ôté nos péchés, et après avoir accompli cette œuvre, Il s’est assis à la droite de la Majesté dans les cieux. Il a achevé l’œuvre que le Père Lui avait donnée à faire : dans l’épître aux Hébreux, le Saint Esprit fait ressortir le contraste entre l’œuvre de Christ avec celle des sacrificateurs. Celle-ci n’était jamais achevée, de sorte que jamais ils ne pouvaient s’asseoir.

Nous sommes parfaits quant à la conscience. On confond souvent, par méprise, la perfection quant à notre état avec celle relative à la conscience. Lorsqu’une fois nous avons compris l’œuvre de Christ, nous sommes parfaits pour ce qui concerne la conscience. En effet, si alors je regarde à Dieu, je ne puis avoir la pensée qu’Il n’impute jamais de nouveau le péché ; dans ce cas, je ne pourrais avoir la paix avec Dieu. Cela est si vrai, qu’il est dit que, si l’œuvre n’était pas parfaitement accomplie, Christ devrait souffrir encore une fois. Mais Il ne peut boire de nouveau cette coupe terrible, dont la seule pensée faisait découler de Son front comme des grumeaux de sang. S’il y avait encore un seul péché à ôter (je parle des croyants), Christ devrait souffrir de nouveau, ce qui ne se peut. Dieu l’a placé à Sa droite, comme ayant achevé l’œuvre : « J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ; et maintenant glorifie-moi, toi, Père ». Il agira sans doute contre Ses ennemis, quand Il se lèvera pour le jugement, mais s’il est question des croyants, Il s’est assis et demeure à perpétuité, parce qu’Il n’a plus rien à faire. Il va sans dire que je ne parle pas ici de la grâce journalière qu’Il exerce envers eux. Tout est accompli, et l’est sous ce double aspect que, le dessein de Dieu étant de nous amener dans la même gloire que Son Fils, l’œuvre de Christ non seulement enlève notre culpabilité, mais acquiert cette gloire pour nous. Nous ne la possédons pas encore ; mais l’œuvre qui nous y donne droit est achevée. Nous sommes oints et scellés de l’Esprit qui est les arrhes de notre héritage. Nous sommes à la louange de la gloire de Sa grâce, mais pas encore à la louange de Sa gloire. Cela aura lieu, quand Il reviendra pour nous introduire dans la gloire que Son œuvre a acquise pour nous lorsqu’Il est venu la première fois. Et notre vie se trouve entre ces deux points — la croix et la gloire.

Nous sommes dans ce monde, chers amis, au milieu des tentations, des pièges et des difficultés. Tout ce qui nous entoure tend à nous détourner ; mais la puissance de Dieu est en nous. Nous savons que nous sommes enfants de Dieu, bien que le monde ne nous connaisse pas. « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; nous savons que, quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. Et quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur ». L’effet pratique de la contemplation de la gloire de Dieu est de nous transformer en la même image.

Quand Moïse descendit de la montagne, les enfants d’Israël craignaient d’arrêter leurs regards sur sa face, parce que la loi requérait d’eux ce qu’ils ne pouvaient donner ; mais maintenant j’arrête mes yeux sur la gloire qui l’emporte de beaucoup — la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ, gloire dont la splendeur est bien plus brillante, et cette gloire dans la face de Christ est le témoignage que tous mes péchés sont ôtés. Celle qui brillait sur la face de Moïse exigeait ce que l’homme aurait dû être comme enfant d’Adam, mais elle venait à l’homme pécheur. Elle demandait la justice et prononçait la malédiction, si la justice manquait. Maintenant, je vois la gloire dans la face de Celui qui a porté mes péchés en Son corps sur le bois. Le chrétien voit maintenant l’Homme qui est mort pour ses péchés, placé dans la gloire comme homme, témoin que l’œuvre est achevée, en témoignage aussi de la place où Il nous amène. En attendant, nous avons le témoignage rendu par le Saint Esprit, afin que nos âmes soient parfaitement au clair quant à cela.

Voilà où le croyant est placé, reposant avec une entière confiance sur l’efficacité de l’œuvre de Christ, et, d’un autre côté, attendant du ciel le Fils de Dieu, ayant été converti pour cela : « Vous donc, soyez semblables à des hommes qui attendent leur Maître ». Demeurer en cela est la liberté parfaite, car où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.

Ici, au chapitre 2, nous avons l’expérience propre d’un chrétien conduit par l’Esprit de Dieu. Au chapitre 3, nous voyons, quant à sa marche, un chrétien qui a été saisi par Christ pour cela, comme en 2 Corinthiens 5 : « Celui qui nous a formés à cela même », et Il n’a pas seulement ôté nos péchés, mais nous a formés pour cela même. Le chrétien voit devant lui Christ dans la gloire (Paul l’avait vu réellement là), et c’est là ce qu’il va atteindre. « Je fais une chose… je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus ». Ce qu’il voulait, c’était de gagner Christ. Il n’y était pas encore parvenu ; il n’avait pas atteint la gloire ; mais courir au but était la seule chose qu’il faisait dans le monde : toute sa vie était cela.

D’un autre côté, au chapitre 2, Christ est considéré, non comme allant dans la gloire, mais comme descendant jusqu’à la croix, et là nous voyons la grâce qui Le caractérise. C’est par là que sont gagnés nos cœurs et nos affections, et que nous sommes formés à la ressemblance de Sa grâce. Nous avons ainsi les deux grandes choses qui gouvernent le chrétien : la gloire qui est devant lui, et la grâce qui lui a été montrée.

Un mot sur les versets 12, 13 : « Non seulement comme en ma présence… travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement ». Souvent on emploie ces dernières expressions pour jeter un doute sur nos relations avec Dieu. Ce n’est cependant pas à l’égard de cela que nous avons à craindre. Mais nous sommes au milieu de tentations, de toutes les choses autour de nous, de la puissance de Satan tendant à nous distraire et à détourner le cœur de Christ. L’apôtre, maintenant qu’il est absent, insiste auprès d’eux sur la nécessité de prendre garde. Il avait travaillé pour eux tandis qu’il était présent, et avait rencontré et déjoué la ruse de l’ennemi par la sagesse et la puissance apostoliques ; mais quand il leur écrivait, il était en prison. C’est donc comme s’il leur disait : « Maintenant, il vous faut combattre pour vous-mêmes » ; mais cela est en contraste avec son combat pour eux, et ils devaient le faire parce que Dieu opérait en eux. Le contraste n’est pas entre Dieu et l’homme travaillant, mais entre Paul et les Philippiens. C’est Dieu qui opérait en eux quand Paul était présent, et avaient-ils perdu Paul, c’était toujours Dieu qui continuait à opérer en eux.

Quelle chose solennelle pour nous, chers amis, si nous avons le sentiment que nous sommes laissés ici-bas pour poursuivre notre sentier vers la gloire, en luttant contre Satan et toutes les difficultés du chemin ! C’est suffisant pour nous rendre sérieux. Un faux pas me fait tomber dans les pièges de Satan. Je dois être sérieux ; j’ai la promesse d’être gardé, mais il me faut fuir toute légèreté.

J’ai parlé de l’œuvre accomplie ; mais il y a une autre chose qui nous exerce. Jusqu’où, si nous regardons à la chair, pouvons-nous dire que nous en avons fini avec elle ? C’est là que vient la difficulté pratique, si nous désirons sérieusement marcher en communion avec le Père et le Fils. Je ne devrais jamais marcher selon la chair. L’existence de la chair ne me donne pas une mauvaise conscience, mais j’ai une mauvaise conscience si je laisse agir la chair. Si je me permets même une seule mauvaise pensée, la communion est interrompue. Ce n’est pas qu’en fait la chair n’existe plus ; ce n’est pas qu’il n’y ait plus rien en nous que Satan ne puisse tenter, mais il y a en nous une puissance pour ne pas la laisser agir. La chair n’est pas changée. La Parole est aussi claire qu’elle peut l’être quant à ce qu’est la chair. Laissée à elle-même, elle devient si mauvaise que Dieu dut détruire le monde. Noé, sauvé hors du monde détruit par le déluge, s’enivre. La loi est donnée, et la chair ne se soumet pas à elle. Christ vient en grâce et la chair Le crucifie. L’Esprit Saint est donné, et la chair convoite contre Lui, et nous trouvons le cas d’un homme ravi au troisième ciel et que la chair est prête à enorgueillir. La chair ne peut être corrigée, mais Paul a une écharde mise dans sa chair afin qu’il ne s’élève point. Mais il n’y a aucune raison pour que je la laisse jamais agir ; elle ne le doit point.

L’Écriture ne dit pas que nous devrions être conformes à l’image de Christ ici-bas, mais elle dit que nous avons à marcher comme Lui-même a marché. Le lieu de la conformité à Christ est la gloire, et « celui qui a cette espérance en lui se purifie comme lui est pur », c’est-à-dire qu’il n’est pas pur : il n’a pas atteint le but. La gloire est la place où je serai semblable à Christ ; Il l’a obtenue pour moi, et mes regards se portant vers Lui par la foi, je suis transformé « en la même image de gloire en gloire comme par le Seigneur, l’Esprit ».

Voici la grande vérité que l’Écriture me donne, c’est que, non seulement Christ est mort pour mes péchés, mais que je suis mort avec Christ. Dans la première partie de l’épître aux Romains, il est toujours question des péchés ; on y trouve la grande vérité de la substitution de Christ à notre place sur la croix — portant nos péchés en Son corps sur le bois, livré pour nos offenses. Dans la partie qui suit, il s’agit, non des péchés, mais du péché — non du fruit, mais de l’arbre, et nous sommes déclarés n’être pas dans la chair, si l’Esprit de Christ est en nous.

Je ne vis plus de la vie d’Adam, mais de la vie de Christ, et là gît toute la différence pour le chrétien. Mais ce n’est pas seulement que j’ai une nouvelle vie comme vivifié par Christ, la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’ayant affranchi de la loi du péché et de la mort ; ce n’est pas seulement qu’Il a été crucifié pour moi, de sorte que ma culpabilité est ôtée, mais je suis crucifié avec Christ.

Dans l’épître aux Colossiens, nous lisons : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Nous sommes donc morts dans ce monde : c’est la déclaration de Dieu quant à notre état comme chrétiens. Dans les Romains, il est écrit : « Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé ». « En ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché… De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu (non en Adam, mais) par (ou dans) le Christ Jésus ». C’est l’appréciation de la foi quant à cette vérité, et en elle se trouve la réelle délivrance, l’affranchissement de l’esclavage du péché. « Il n’y a pas de condamnation » — il n’est pas dit pour ceux dont Christ a porté les péchés — mais « pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Dieu a condamné le péché dans la chair ; Il ne le pardonne pas ; Il l’a condamné. Si je prends la loi, elle me condamne ; mais Christ, me condamne-t-Il ? Non ; car Il a subi la condamnation pour moi, et en Lui Dieu a condamné le péché dans la chair, et je me tiens pour mort, parce que c’est dans la mort qu’Il l’a fait. La mort de Christ, comme toute Son œuvre, est valable pour moi, et c’est pourquoi je me tiens moi-même pour mort. En 2 Corinthiens, nous avons la mise en pratique de cette vérité : « Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps ». L’apôtre parle ensuite des exercices que Dieu envoie pour notre bien, pour éprouver cette réalisation en nous de la mort et la rendre effective. « Nous sommes toujours livrés à la mort, etc. ». Nous manquons tous, faute de vigilance, mais c’est ce que notre vie devrait être.

Supposez que j’aie dans ma maison un homme qui cherche toujours à commettre quelque méfait. Je ne puis pas le mettre à la porte, mais si je l’enferme, il ne pourra plus faire de mal. Il n’est pas changé, mais je suis libre dans la maison. Si je laisse ouverte la porte du lieu où il est enfermé, il fera de nouveau du mal ; mais nous devons le tenir enfermé, c’est ce que Dieu nous appelle à faire. Le monde ne veut rien de cela ; il veut amender et améliorer l’homme ; cultiver le vieil homme, comme s’il pouvait produire de bon fruit, parce que le monde ne voit pas combien il est mauvais. Le monde veut le déchausser et y mettre du fumier ; c’est ce qui a été tenté, mais en vain. Dieu le coupe et nous greffe en Christ. Cette mise de côté et cette condamnation du vieil homme a été faite à la croix de Christ, non point que Christ eût aucun péché, mais c’est comme fait péché pour nous. Et je sais, non seulement que mes péchés ont été effacés, mais que j’ai été crucifié avec Christ, et que ma vie est cachée avec Lui en Dieu.

Et c’est en cela que je trouve la puissance, si je le porte dans mon cœur. Supposez qu’en réalité nous nous tenions pour morts, Satan peut-il tenter un homme mort ? Mais pour cela, il ne faut pas être comme quelqu’un qui endosse l’armure quand le danger est là : mais vivant avec Christ, j’ai le cœur rempli de Lui.

Une femme qui aurait appris que son enfant a été tué ou blessé à l’autre bout de la ville, penserait-elle en courant vers lui à ce qu’elle voit dans les boutiques devant lesquelles elle passe ? Non ; à peine aurait-elle assez de sentiment pour trouver sa route. Si, de la même manière, vos cœurs étaient fixés sur Christ, les neuf dixièmes des tentations qui vous assaillent n’auraient aucune prise. Vos pensées seraient autre part, et les choses extérieures n’auraient d’autre effet que de faire sortir la douceur, comme cela avait lieu chez Christ ; car nous ne sommes jamais tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter.

Si les saints sont sérieux, ils ont à réaliser, non seulement le fait que leurs péchés sont ôtés, mais qu’ils sont morts avec Christ ; c’est ce qui délivre de la puissance du péché.

Nous voyons, au chapitre 3, un chrétien qui n’a qu’un objet. Sachant que Christ l’a saisi pour la gloire, son cœur court après Christ. Je ne dois pas avoir d’autre but, bien que je puisse avoir plusieurs choses à faire. Christ est « en tous » la puissance de cette vie, et Il est « tout » comme objet de cette vie. Il est tout et en tous (voir Col. 3, 11). Cela est encore résumé à la fin du chapitre 2 aux Galates : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi », voilà la vie ; puis vient l’objet : « Je vis dans la foi au Fils de Dieu » ; et ensuite le sentiment de Son amour parfait : « Qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ». Le cœur est fixé sur Lui et Le suit de près.

Il y a une autre chose — c’est l’esprit et le caractère dans lesquels nous avons à marcher ici-bas, et c’est ce que nous voyons en Christ descendant sur la terre. Lorsque j’ai saisi la position bénie qui m’appartient, que Christ est ma vie, que j’ai une sainte hardiesse pour m’approcher de Dieu, même que je suis assis dans les lieux célestes en Christ, alors (chose merveilleuse, je l’avoue), la place à laquelle comme chrétien je suis appelé, c’est de sortir de devant Dieu et d’être, dans le monde, une épître de Christ. Je me glorifie en Dieu, j’ai saisi la bénédiction de savoir ce qu’Il est, et, en communion avec Lui, je sors dans le monde pour manifester Son caractère. C’est le chapitre 2.

Dois-je marcher comme Christ a marché ? Tout chrétien reconnaîtra qu’il a à suivre ces paroles : « Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus ». Supposez que mon âme ait goûté cet amour parfait, et il est bon de nous le rappeler, l’amour de Dieu versé dans nos cœurs, et que je sache, que j’aie la conscience ici-bas, que nous sommes aimés du Père comme Jésus a été aimé, quelle sera ma pensée ? Si je connais réellement Dieu comme révélé ainsi en Christ, qu’est-ce que je crois de Lui ? Qu’est-ce qui a mis au cœur de Dieu d’envoyer Christ ici-bas ? Il savait comment Il serait traité. Qu’a fait le monde ? Il n’a pas voulu Le recevoir lorsqu’Il vint. Tout est sorti du propre cœur de Dieu. L’amour parfait dans Son cœur, voilà l’unique origine de toute bénédiction. Quel caractère cet amour a-t-il pris en Christ ? Est-il resté au ciel, disant aux hommes : « Que votre conduite soit pure et puis montez ici » ? Non ; nous le savons tous. Mais Lui qui, en forme de Dieu, dans la même gloire, ne regardait pas comme un objet à ravir d’être égal à Dieu (remarquez le contraste avec le premier Adam), Lui s’est anéanti ; et qu’est-ce qui L’a porté à cela ? L’amour le plus pur, l’amour venant pour servir.

Car Christ a pris la forme d’esclave, et a été fait à la ressemblance des hommes. Il s’est dépouillé Lui-même de toute Sa gloire — le contraire tout à fait du premier Adam. L’amour divin est venu pour servir ; chose nouvelle pour Dieu, la seule chose nouvelle. Et c’est là ce que j’apprends. Je connais cet amour ; je sais que je suis fait la justice de Dieu en Christ, de sorte que je subsiste devant Dieu, et ensuite je sors vers le monde pour manifester Son caractère. J’ai appris l’amour, et maintenant j’ai à le montrer : « Soyez imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ». Vous êtes des enfants, tout est réglé de ce côté. Maintenant, vous allez et vous vous donnez vous-mêmes comme Christ l’a fait, Lui en qui cet amour est connu, Lui qui s’est livré pour nous en sacrifice à Dieu. L’esprit d’amour est toujours l’humilité, parce que l’amour se fait toujours serviteur. J’ai saisi la grâce qui a amené Christ ici-bas. Sans doute qu’il nous est difficile de nous humilier ; je sais cela, chers amis. Lui, repoussé, s’en alla « à un autre village ». Il montrait ainsi Sa parfaite douceur et Son humilité, mais agir ainsi éprouve l’homme — quelques-uns plus que d’autres. Mais du moment que l’amour parfait est manifesté, on le voit prendre la place la plus humble pour servir les autres. Paul endurait tout pour l’amour des élus, afin qu’ils obtinssent le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle.

Et ici je trouve ce qui est entièrement au-delà de la loi. Celle-ci me dit d’aimer les autres comme moi-même ; la grâce me dit de me donner entièrement pour mon prochain ou pour quiconque. Dieu ne vous a-t-Il pas pardonné ? Allez et pardonnez à vos ennemis. N’est-Il pas bon envers les ingrats et les méchants ? Allez et faites de même. Cela met à l’épreuve toutes les fibres de notre cœur, tout l’orgueil, la vanité et l’égoïsme qui sont en nous ; car nous aimons faire notre propre volonté. « Il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort » ; Il est descendu si bas qu’Il ne pouvait s’abaisser davantage : « Jusqu’à la mort de la croix ». Mais alors « Dieu l’a haut élevé ». Il a été le premier grand exemple de cette vérité : « Celui qui s’abaisse sera élevé ».

Que son nom soit béni ! Il ne cessera jamais Son service ; c’est ce qu’Il nous montre, et ce en quoi Il veut que nos cœurs voient la perfection de Sa grâce. C’est ce qu’Il fait en Jean 13. Il avait été serviteur des siens ici-bas, et l’on pouvait penser que Son service avait pris fin. Mais non. Il dit : Je ne puis rester avec vous, mais je veux vous avoir avec moi. — « Si je ne te lave, tu n’as point de part avec moi ». Il accomplit l’œuvre d’un esclave ; c’est ce qu’Il fait maintenant. Dans notre chemin à travers le monde, nous ramassons quelque souillure — il n’y a point d’excuse pour cela — mais Christ est là-haut, l’Avocat auprès du Père. Et même quand la gloire sera venue pour les siens, « il se ceindra et s’avançant, il les servira ». Il sera là pour leur dispenser Lui-même la bénédiction. Nos cœurs ont besoin d’apprendre les perfections de cet amour qui L’a porté à descendre toujours et toujours plus bas, jusqu’à ne pouvoir s’abaisser davantage.

Désirons-nous marcher dans ce sentier ? Personne ne peut nier que nous le devons, mais sommes-nous disposés à le faire ? Nos cœurs seraient-ils heureux d’avoir la puissance de cette grâce qui, tenant la chair pour morte, peut dire : Me voici dans la puissance de cet amour pour marcher comme le serviteur de chacun ? Nous devons estimer les autres comme meilleurs que nous-mêmes. Si mon cœur est rempli de Christ, je me juge moi-même pour tout ce qui n’est pas conforme à Christ, je juge le mal en moi, parce que je vois le bien parfait en Christ. Mais qu’est-ce que je vois chez mon frère ? Je vois Christ en lui. L’effet produit en étant rempli de Christ est de me faire penser peu à moi-même et beaucoup à mon frère. Il n’y a point de réelle difficulté, si Christ remplit le cœur.

« Faites toutes choses sans murmures, etc. ». Prenez chaque partie de ce passage, et vous y trouverez ce que Christ a été ici-bas. Il était sans reproche et pur, le Fils de Dieu, irréprochable au milieu de ce monde méchant ; Il était la lumière du monde, et la Parole de vie.

Si je tiens la chair pour morte, la vie seule de Christ serait manifestée. Et s’il en était ainsi, nous serions une sorte de gens merveilleusement bénis ! À celui qui a, il sera donné davantage. Si je me livre à Dieu comme d’entre les morts étant fait vivant, je porterai ici-bas du fruit dans la sainteté, et j’aurai plus tard plénitude de bénédiction.

Chers amis, je voudrais vous le demander : Avez-vous le dessein d’être des chrétiens ? Voulez-vous vous livrer à Dieu comme n’ayant plus aucune volonté propre ? Il y a en Christ la puissance, non pour dire : « Je suis pur », mais pour me purifier moi-même, en ayant toujours les yeux arrêtés sur Lui.