Tout va bien

M.J. Koechlin
« Et elle dit : Tout va bien. Et elle fit seller l’ânesse et dit à son jeune homme : Mène-la, et marche, ne t’arrête pas dans la course à moins que je ne te le dise »
(2 Rois 4, 23-24)

Tout va bien. Et pourtant à vue humaine, tout semblait aller bien mal pour cette pauvre femme. Son enfant unique, bien-aimé, était mort et devant la mort il n’existe plus aucune ressource humaine. Tout paraissait aller mal, car que pouvait être la vie pour elle, sans l’enfant qu’elle avait tant désiré, que Dieu lui avait donné et qu’Il venait de lui reprendre.

Tant qu’elle l’avait tenu sur ses genoux, elle avait pu espérer le voir se remettre, mais maintenant tout semblait fini. L’enfant était mort et aucune puissance humaine n’eût été capable de lui rendre la vie. Cependant, alors qu’il n’y avait plus de secours possible de la part des hommes, alors que tout allait si mal, la foi a montré à cette femme un chemin, le seul dans lequel tout irait bien parce que c’était celui qui, quoique passant par la vallée de l’ombre de la mort, montait au Carmel. « Tout va bien », a pu dire la Sunamite à son mari, parce qu’elle savait que, sur cette montagne du Carmel et là seulement, il y avait un homme de Dieu capable de lui rendre son enfant, capable de transformer ses pleurs en joie.

Et sa foi n’a pas été déçue. Son fils lui a été rendu et la femme, tombant aux pieds de celui qui lui avait dit : « Prends ton fils », se prosterna en terre.

Ne sommes-nous pas tentés de dire maintenant : « Tout va mal ». La guerre est déclarée, les puissances du mal paraissent déchaînées dans le monde, tout est ruine, misère et mort. Nos amis, nos frères, nous-mêmes aussi et nos enfants, nous sommes ou pouvons être entraînés dans la tourmente. Foyers détruits, deuils, pleurs, aucun de nous ne peut dire qu’il sera épargné. Tout ce sur quoi l’homme se repose est ébranlé. Tout va mal… non, tout va bien.

Tout va bien sur ce chemin qui monte. Élevons les yeux vers les montagnes d’où vient notre secours [Ps. 121, 1]. Vers la montagne au sommet de laquelle nous voyons l’homme-Dieu, Jésus, celui qui sympathise avec nous, qui, dans toutes nos détresses, a été en détresse [És. 63, 9], qui étend Ses mains d’en haut, nous arrache et nous délivre des grandes eaux, qui entend notre cri et nous sauve, qui est puissant pour nous secourir, pour nous garder de tout mal, pour garder nos âmes.

Que cette parole : « Tout va bien », soit continuellement sur nos lèvres, et soit une réalité pour nos cœurs. Ne soyons pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance [1 Thess. 4, 13], mais, même si nous avons à endurer un grand combat de souffrances, si nos biens terrestres les plus précieux nous sont enlevés, acceptons-le avec joie, sachant que nous avons pour nous-mêmes des biens meilleurs et permanents [Héb. 10, 34]. C’est par notre attitude à l’heure de l’épreuve que nous montrerons notre foi et que nous glorifierons notre Maître au yeux de ceux qui nous entourent.

« Celui qui marche devant nous est assez grand pour qu’on ne le perde pas de vue », écrivait un soldat aux siens, lors de la dernière guerre. Que le Seigneur nous accorde de garder les yeux fixés sur Lui et nous pourrons alors dire avec foi : « Tout va bien ».

« Ne m’arrête pas dans ma course », disait la Sunamite à son jeune homme. Que rien ne nous arrête en effet. Il répondra à notre foi parce qu’Il nous aime et, comme cette femme, nous pourrons, tombant à Ses pieds, nous prosterner en terre et L’adorer.

Qu’il me faille affronter tourments, combats, épreuves,
Passer par le creuset où l’on affine l’or,
Entrer dans la fournaise ou traverser les fleuves,
Il reste mon Sauveur, mon guide, mon trésor.

Non, je ne craindrai rien ! ni Satan, ni le monde,
Ne pourront me ravir des bras du bon Berger.
Là je savoure en paix sa charité profonde ;
Là je suis pour toujours à l’abri du danger.