Abraham, étranger

A. Gibert

La première chose qui nous soit rapportée de la vie de foi d’Abraham est qu’« il sortit » [Gen. 11, 31], avec les siens, du pays de sa naissance, savoir Ur des Chaldéens. « Va-t’en de ton pays, et de ta parenté » [Gen. 12, 1], lui avait dit l’Éternel. Et « il s’en alla, ne sachant où il allait » [Héb. 11, 8]. Désormais, il n’avait plus de patrie terrestre. S’il s’était souvenu de celle d’où il était sorti, il aurait eu du temps pour y retourner [Héb. 11, 15] ; mais il n’y retourna point, et quand il s’agit de trouver une épouse à Isaac, il la fit sortir à son tour de cette patrie d’origine, en interdisant expressément qu’Isaac y retournât. Sa vie connut bien des incidents, des épreuves, des défaillances, mais à travers tout elle témoigna qu’il désirait une meilleure patrie, c’est-à-dire une céleste [Héb. 11, 16]. Il s’en alla « au lieu qu’il devait recevoir pour héritage » [Héb. 11, 8] ; il en reçut la promesse pour sa semence ; il vécut, spirituellement, de cette promesse ; et il mourut « dans la foi, n’ayant pas reçu les choses promises, mais les ayant vues de loin et saluées » [Héb. 11, 13].

Il demeure ainsi, en exemple pour tous les âges, « le croyant Abraham » (Gal. 3, 9), et il a pu être appelé « l’ami de Dieu » (2 Chron. 20, 7 ; És. 41, 8 ; Jacq. 2, 23). Nous, chrétiens, « sommes bénis avec lui », bien que nous ayons reçu plus que lui : nous possédons l’Esprit d’adoption, nous connaissons Dieu comme Père ; l’objet de notre foi est la personne de Christ, et nous sommes « accomplis en Lui » [Col. 2, 10]. Mais, si riche que soit la part des chrétiens, eux aussi ne font après tout que marcher « sur les traces de la foi qu’a eue notre père Abraham » (Rom. 4, 12). Il vécut en étranger sur la terre qui cependant lui appartenait par la promesse ; nous, nous sommes étrangers et forains sur une terre qui cependant appartient en héritage à Celui dont nous sommes les cohéritiers, héritage dans la possession duquel Il n’est pas encore entré et où « nous souffrons avec Lui » (Rom. 8, 17). Il faut avoir saisi cela pour comprendre comment le chrétien doit vivre dans le monde. Mais, l’ayant saisi, nous manquons à notre vocation si nous nous conformons à ce monde. Comme Abraham, il nous faut d’abord « sortir », puis vivre « comme dans une terre étrangère » et y vivre pas plus en naturalisés qu’en naturels, mais en « étrangers ».

« Le Cananéen et le Phérézien habitaient alors dans le pays » (Gen. 13, 7), et d’autres peuples avec eux (15, 20). Ils devaient l’habiter encore un certain temps, « car l’iniquité des Amoréens n’était pas encore venue à son comble » [Gen. 15, 16] : la descendance d’Abraham, il le savait, Dieu le lui avait dit, ne devait entrer en possession de ce pays que quatre cents ans plus tard. Abraham reconnaît cette situation, et il vit en conséquence. Dieu l’enrichit abondamment en biens matériels, mais, chose digne de remarque, ses richesses n’accaparent point son cœur, elles ne l’amènent pas à s’établir ici-bas ni à y rechercher les emplacements les plus favorables ; il abandonne la plaine fertile à Lot, restant, lui, le nomade des plateaux et de la montagne. Quand il lui faudra enterrer Sara, il insistera pour payer la terre à son prix, cette terre qui est sienne ! Il ne possédera en propre, et ses descendants jusqu’à Josué ne possédèrent en propre, dans le pays de Canaan, que « le champ et la caverne », acquis « comme sépulcre », lieu du triomphe momentané de la mort, mais que leur foi marquait comme le lieu du triomphe éternel de la vie par la résurrection. En attendant, il pouvait dire aux fils de Heth : « Je suis étranger, habitant parmi vous » (23, 4).

Le pays allait son train. Il avait ses rois, ses villes, ses mœurs, ses juges. Il avait ses temps de prospérités et ses famines, ses périodes de paix et ses guerres, il avait son commerce, avec « l’argent ayant cours entre les marchands » [Gen. 23, 16]. On y trouvait de bonnes choses, et on y trouvait les pires. Un Melchisédec y était sacrificateur du Dieu Très-haut ; un Abimélec, roi de Guérar, montrait plus de crainte de Dieu qu’Abraham ne le supposait, et il pouvait même adresser des reproches au patriarche en faute. Cela n’atténuait pas l’iniquité générale. « Les hommes de Sodome étaient méchants et grands pécheurs devant l’Éternel » [Gen. 13, 13], et en Canaan même « l’iniquité des Amoréens » tendait vers son point culminant. Aussi, le jugement devait-il les atteindre tous, les gens du haut pays après les gens de la plaine. Dieu avait Son temps, fixé avec patience, pour intervenir quand la situation serait manifestement sans remède (18, 20, 21). Mais Abraham, au milieu de cet état de choses, vit en étranger. L’Éternel est sa part, son bouclier et sa très grande récompense [Gen. 15, 1]. Comment « l’ami de Dieu » s’ingérerait-il dans la conduite d’un monde ? Il laisse Lot s’y établir jusqu’à s’asseoir à la porte de Sodome. Ses yeux à lui sont tournés vers « la cité qui a les fondements » [Héb. 11, 10].

Toutes ces choses sont bien connues, comme principe, parmi nous. Mais souvent, lorsqu’on insiste sur la vocation du chrétien, étranger ici-bas parce qu’il est déjà du ciel, on s’attire le reproche d’égoïsme. « Vous vous mettez à part, s’entend-on dire, pour jouir de vos bénédictions, et vous vous désintéressez du sort de cette humanité qui peine sur la terre ; vous pourriez jouer un rôle important et bienfaisant dans la gestion de la société, et vous l’abandonnez ! ». Les sollicitations s’accompagnent volontiers de flatteries : « Vous êtes sages, éclairés, vous exerceriez une action si utile, vous, une élite morale ! Pour des gens de votre valeur, se détourner des affaires publiques est une trahison ! ».

Il vaut la peine d’y regarder de près.

Le rôle dévolu aux enfants de Dieu dans ce monde est en réalité beaucoup plus grand qu’eux-mêmes ne le pensent généralement. Que Dieu ait des enfants ici-bas pourrait-il être quelque chose de peu d’importance ? « Vous êtes le sel de la terre » [Matt. 5, 13], disait d’autre part Jésus à Ses disciples.

Le fait même de leur présence est capital quant à l’histoire même de ce monde ; c’en est comme un ressort caché. Tant que Lot était à Sodome, les anges ne pouvaient rien contre la ville, le jugement destructeur attendait jusqu’à ce que cet homme, qui était un juste, si inconséquent qu’il se fût montré, eût été mis en sûreté (19, 22). Aujourd’hui, « ce qui retient » les forces du mal et empêche le plein développement du mystère d’iniquité est certainement en rapport avec le maintien, sur la terre, de l’Église, habitation de Dieu par l’Esprit, et « celui qui retient maintenant le fera jusqu’à ce qu’il soit loin » (2 Thess. 2, 6, 7), en fait jusqu’à l’enlèvement de cette Église. S’il existe encore une société organisée, un gouvernement sous une forme ou sous une autre, c’est parce qu’il y a sur cette scène l’Assemblée de Dieu à laquelle, jour après jour, Il ajoute de nouveaux éléments. « Vous êtes le sel de la terre » — un principe de conservation qui retarde une corruption d’ailleurs fatale.

Est-ce à dire que nous n’ayons que ce rôle négatif, statique ? À Dieu ne plaise. Il ne laisse pas Ses enfants ici-bas pour y être de purs contemplatifs. De la chambre fermée où Jésus ressuscité se rencontre avec les siens pour leur paix et leur joie, Il les envoie vers ce monde, comme le Père L’avait envoyé (Jean 20, 21 et 17, 18).

Il est clair qu’ils ont à y faire le bien et à y pratiquer la justice. « Que votre lumière luise devant les hommes », cela entraîne « qu’ils voient vos bonnes œuvres » (Matt. 5, 14-16), ces bonnes œuvres dans lesquelles « ceux qui ont cru Dieu » doivent s’appliquer à être les premiers (Tite 3, 8). « Comme nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi » (Gal. 6, 10). Un chrétien qui, alléguant qu’il a le privilège de servir Dieu par le culte en Esprit et en vérité, refuserait de soulager les misères qu’il coudoie, ou de traiter avec équité ceux qu’il emploie, et se laisserait dépasser dans ce domaine et dans d’autres analogues par des inconvertis, ce chrétien se montrerait coupablement éloigné de son Maître et de Ses enseignements.

Mais en quelle qualité devons-nous accomplir un tel service ? Comme appartenant encore au monde, ou comme en ayant été arrachés ? Comme associés à ce monde, ou comme unis à un Christ qui s’est « sanctifié » Lui-même pour les siens (Jean 17, 18, 19) ? Entre Lui et le monde, il y aura toujours Sa croix, « par laquelle, disait l’apôtre, le monde m’est crucifié, et moi au monde » [Gal. 6, 14]. « Visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction » est une obligation impérieuse, mais « se conserver pur du monde » constitue l’autre aspect du « service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père » (Jacq. 1, 27). Les traces que nous avons à suivre sont celles de Celui qui a fait le bien, en « passant de lieu en lieu » [Act. 10, 38], Lui, le divin étranger. Elles nous conduiront immanquablement à nous trouver en opposition avec un monde qui L’a rejeté. Son royaume n’est pas d’ici-bas. On voudrait que les chrétiens emploient leur christianisme comme une force morale au service d’une entreprise d’amélioration de cette terre : c’est oublier que le monde est régi par de tout autres principes que ceux de Christ. Qu’on y rencontre çà et là quelque crainte de Dieu, que le Seigneur y ait des siens, connus de Lui, dans toutes sortes de milieux, cela n’enlève rien à son état général ; pas plus qu’un Melchisédec ou un Abimélec ne changeaient quelque chose à la culpabilité de Canaan. « Le train de ce monde » est celui « de l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance » (Éph. 2, 2). S’y conformer, c’est désobéir au Seigneur.

Eh bien, précisément, nous répond-on, on vous demande de travailler à modifier ces principes du monde, à lui donner d’autres impulsions, à y introduire quelque chose de la charité chrétienne et à y faire pénétrer, grâce à la morale chrétienne, plus de justice. Mais c’est demander l’impossible. Le monde ne serait plus le monde s’il acceptait Christ, et le fait est qu’il ne L’accepte pas. Des âmes en sont tirées, qui L’acceptent, oui, par la grâce de Dieu, mais toutes les aspirations et tous les programmes ne changeront rien à ce fait que le chef de ce monde est Satan, même s’il se déguise en ange de lumière [2 Cor. 11, 14]. Le monde a subi plus ou moins profondément l’influence chrétienne, c’est vrai, mais en quelque sorte malgré lui, et en retour il a corrompu et corrompt la vérité chrétienne, de façon à l’intégrer dans ses propres principes en la séparant de Christ — une forme sans réalité. Le changement ne sera amené que par le jugement qui introduira le règne de Christ. Jusque-là la marche du fidèle sera une répréhension continuelle pour ce monde (Phil. 2, 15 ; Éph. 5, 13). Elle fait passer au travers de ses ténèbres un reflet de la lumière de Christ, mais elle ne saurait faire passer ce monde des ténèbres à la lumière. La lumière tranche sur les ténèbres ; si elle se mêlait à elles, elle cesserait d’être la lumière.

En écrivant ceci, nous ne méconnaissons nullement les généreuses intentions de ceux qui estiment devoir jeter leur activité de chrétiens dans la mêlée des partis terrestres et revendiquer leur part d’autorité ici-bas. Mais ils s’illusionnent. Ou ils ne seront pas supportés, ou ils devront accepter de tels compromis que leur christianisme n’aura plus grand-chose de Christ, et encore le moment ne tardera-t-il pas où ce sel frelaté sera « jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes » [Matt. 5, 13].

Le Seigneur Lui-même a défini, sans équivoque possible, la place des siens ici-bas, et ce n’est pas à nous à la modifier : « Ceux-ci sont dans le monde ;… ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17, 11, 14, 16).

Une telle position ne signifie en aucune manière que nous puissions nous désintéresser du sort du monde. Mais, et on le méconnaît trop, la fonction des enfants de Dieu vis-à-vis de lui est liée à leur qualité d’étrangers célestes, il participe de la grandeur même de cette qualité, et leur rôle est efficace dans la mesure où ils gardent pratiquement cette qualité que la grâce leur a conférée. Le bien qu’ils peuvent faire à ce monde dépend du fait qu’ils sont dehors.

La vie d’Abraham est une illustration de cette vérité. Comment ne pas être frappé, en la lisant, du côté positif et actif, en faveur du monde, d’une telle existence ?

Il a « montré clairement » qu’il recherchait une patrie. Il ne nous est pas dit que ce témoignage vivant et combien éloquent ait amené des contemporains d’Abraham à partager son espérance et sa foi. Du moins Mamré, Eshcol, Aner, auprès de qui il a habité, sont-ils ses « alliés ». Les fils de Heth doivent le reconnaître comme « un prince de Dieu » au milieu d’eux. Abimélec doit dire : « Dieu est avec toi en tout ce que tu fais » (Gen. 21, 22), et il conclut aussi alliance avec lui. Mais, débordant le cadre de son époque et de son pays, la vie d’Abraham n’est-elle pas devenue, pour la terre tout entière et pour toutes les générations, une des plus puissantes prédications ? Le Seigneur, les apôtres, les évangélistes, y puisent sans cesse des enseignements à salut, et en vérité il est le « père d’une multitude » de croyants, pour leur bonheur éternel. Or, on ne saurait le souligner avec trop de force, il en est ainsi parce qu’il a vécu en étranger. Se fût-il mêlé à son entourage, son témoignage eût été sans valeur, son exemple sans pouvoir, son histoire sans vertu. Telle fut l’existence de Lot à Sodome : « Cet individu est venu pour séjourner ici et il veut faire le juge ! » [Gen. 19, 9] disent ceux qu’il veut reprendre. Prenons conscience, chrétiens, de l’immensité du champ de travail qui est ouvert devant chacun de nous, pour le bien de ceux qui nous entourent, leur vrai bien ; témoigner pour Christ, le Sauveur de tous, et annoncer à tous la bonne nouvelle, est plus utile aux hommes que de nous consacrer à quelque aménagement temporaire du présent siècle : « Vous serez mes témoins jusqu’au bout de la terre… Allez, annoncez l’évangile à toutes les nations » [Act. 1, 8]. Mais si le sel a perdu sa saveur, il n’est plus d’aucune utilité ; les croyants ne servent plus au bien de ce monde s’ils mondanisent. Accommoder l’évangile aux goûts du jour, comme on le fait couramment, hélas, est un triste non-sens. On ne peut prêcher à la fois que ce monde, perdu, a besoin d’un Sauveur, et qu’il est capable de se transformer lui-même — offrir le ciel et prétendre améliorer la terre.

Mais il y a autre chose encore dans la vie d’Abraham. Nulle action n’a été, en fait, plus opérante que la sienne dans les affaires temporelles elles-mêmes des pays au sein desquels il vivait sans leur appartenir. Elle l’a été précisément et uniquement parce qu’il était là en étranger. Quand les rois de la plaine sont vaincus par la coalition de ceux de l’orient, la délivrance vient d’« Abram, l’Hébreu, qui demeurait auprès des chênes de Mamré » [Gen. 14, 13] ; elle est obtenue parce qu’elle intéressait Lot son neveu, mais tous en profitent ; elle l’est grâce aux « hommes exercés d’Abram, trois cent dix-huit hommes, nés dans sa maison » [Gen. 14, 14], et à ses alliés, Mamré, Eshcol, Aner, qu’il entraîne. Mais sa victoire n’est pas pour lui le moyen ou l’occasion d’affermir sa propre situation, ni de faire valoir sa volonté dans le pays qu’il vient de sauver. Il parle au roi de Sodome comme à quelqu’un qui ne lui doit rien et à qui il ne doit rien. Il n’appartient pas au roi de Sodome d’enrichir Abram. Tout pour ce dernier se passe avec « le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre » [Gen. 14, 22]. À Son sacrificateur Melchisédec, il donne la dîme de tout, et il est béni par lui : c’est ce qui lui permet ensuite de dire au roi de Sodome : « J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-haut… ». Il fait passer la grandeur de ce nom devant le chef d’un royaume de « grands pécheurs devant l’Éternel » [Gen. 13, 13]. Il le peut parce qu’il n’est ni son sujet, ni son pair. Méditons beaucoup les grandes leçons de ce chapitre 14 de la Genèse.

Un peu plus tard, quand Sodome et Gomorrhe sont sur le point d’être détruites, qui donc, sans que les villes coupables s’en doutent, lutte avec l’Éternel en leur faveur, retarde jusqu’à l’ultime moment le jugement inévitable, arrache même à Dieu l’engagement de les épargner si — condition qui ne se trouva point — quelques justes s’y rencontrent, qui donc, sinon Abraham ? Pourquoi ? Parce qu’il n’habitait pas la plaine ; s’il avait été près de Lot, il n’aurait pu intervenir, et, d’ailleurs, il n’aurait point été visité par Dieu qui lui avait fait connaître le sort arrêté pour Sodome. Le croyant n’est guère apte à démêler les dessous de la politique des hommes, mais il est à même de connaître l’avenir de ce monde et d’agir en conséquence.

Nous voyons enfin que, même lorsqu’Abraham est en chute, à Guérar (chap. 20), lui, et lui seul, constitue l’intercesseur désigné dont Abimélec a besoin.

Ces choses ne nous parlent-elles pas ? Être des témoins, des messagers de la bonne nouvelle, des bienfaiteurs et des intercesseurs, de telles fonctions ne sont-elles pas de la plus haute portée à l’égard de ce monde ? Nul ne peut les remplir que les croyants, enseignés de Dieu, et animés de l’amour même de ce Dieu qui a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique [Jean 3, 16]. Mais nous ne les remplirons que séparés, moralement, d’un tel monde. Il ne nous appartient pas de rechercher ou de revendiquer quelques droits que ce soit, civiques ou politiques ; ce serait dire que nous sommes d’ici-bas ; ce serait aussi refuser de reconnaître que devant Dieu, l’état de ce monde est sans ressource, et qu’il est déjà jugé, lui et son chef, depuis la mort de Christ. Mais nous avons nos devoirs, en tant que séjournant dans cette terre étrangère, devoirs à remplir dans la prière et dans la communion avec Dieu, en étrangers.