Appuyés sur les promesses

(Lettres)
T.A. Powerscourt

Que Dieu est bon d’éprouver notre foi ! Nous parlons facilement des promesses, mais savoir en faire usage c’est tout autre chose. Il nous est difficile de prendre le Seigneur au mot, sans aucune preuve extérieure ; mais combien Lui est miséricordieux en nous introduisant dans les secrets de Son amour, ne nous laissant pas voguer tout doucement le long du cours du temps, mais nous envoyant de temps en temps de grandes et rudes vagues qui nous lancent sur les promesses ! Il adoucit nos amertumes ; Il rend amer ce qui nous est doux. Ce qu’il y a de plus relevé pour le chrétien, c’est d’aller en avant appuyé sur les promesses. Plus nous sommes obligés d’en éprouver la valeur, plus nous sommes privilégiés, parce que nos pensées ne sont plus selon le monde. C’est en vérité une grande chose que de se confier en Dieu, quelles que soient nos circonstances, de regarder nos afflictions comme nos véritables joies, et nos souffrances comme notre vrai bonheur. Il nous prive des objets terrestres de nos affections, afin que nos cœurs s’élevant jusqu’à l’objet qu’ils doivent aimer, s’attachent fortement à Lui qui est la source de tout bien. Tout autre amour n’est que le ruisseau comparé à l’océan ; l’un est limité par les bornes étroites du cœur humain ; l’autre est immense comme la pensée infinie de Jéhovah. Profitons de nos privilèges et nourrissons nos âmes des promesses de Celui qui sait ce qu’Il dit.

Dieu permet que ce monde soit tribulation pour nous, et comme Il ne veut pas nous tromper, Il nous dit que nous ne devons pas y attendre autre chose ; mais aussi Il nous indique deux grands moyens de patience, savoir, « de nous réjouir dans l’espérance, et d’être persévérants dans la prière » [Rom. 12, 12-13].

Si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, nous pouvons croire que nous avons une réponse [1 Jean 5, 14-15]. Il ne veut pas la mort du pécheur, mais bien plutôt que tous soient sauvés. Nous n’avons pas, parce que nous ne demandons pas [Jacq. 4, 2]. Croyons-nous réellement au prochain avènement de Jésus ? Cela peut-il se voir dans toute notre conduite ? Notre vie est-elle tellement une vie d’obéissance qu’elle réfléchisse l’image de Christ, et que plusieurs soient comme forcés de dire : « J’aimerais voir Jésus » ? Il ne se méprend ni à l’égard de ce qui est pour notre bien, ni à l’égard de ce qui tend à Sa gloire. J’ai découvert qu’Il a renfermé mon bonheur dans le creux de Son bouclier, pour qu’il soit à l’abri de l’influence de toute créature. Pourquoi mèneraient-ils deuil sur quelqu’une des choses d’ici-bas, ceux qui sont réconciliés avec le juge de toute la terre, qui ont accès en tout temps auprès de Lui, et qui peuvent s’entretenir avec Lui dans l’intimité ; ceux dont l’espérance repose sur Son amour et qui Le voient toujours comme un ami éprouvé dès longtemps ; ceux dont les tribulations mêmes sont changées en bénédictions, et qui ont pour leur Dieu, ce Dieu qui veut les bénir comme Dieu ? Tout ce qui Lui appartient est à nous. Sa puissance est à nous ; — personne ne nous ravira de Sa main [Jean 10, 29]. Sa sagesse est à nous — car toutes choses travaillent ensemble pour notre bien [Rom. 8, 28]. Sa sainteté est à nous — car le péché n’aura pas domination sur nous [Rom. 6, 14]. Sa justice est à nous — car Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés [1 Jean 1, 9]. Sa fidélité est à nous — en ce qu’elle nous assure de l’accomplissement de toutes Ses promesses. Son éternité est à nous ; — « parce qu’Il vit, nous aussi nous vivrons » [Jean 14, 19] ; « ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » [1 Thess. 4, 17] ; « mon Seigneur et mon Dieu » [Jean 20, 28] ! Chaque péché devrait augmenter notre confiance, en nous faisant voir de la manière la plus convaincante combien Jésus nous est nécessaire. Notre faiblesse même nous force à vivre, par la foi, de Celui qui est puissant pour sauver. Lorsque le courant des eaux terrestres est à sec, nous sommes obligés de nous attacher à Celui qui est tout en tous, et ainsi nous pouvons trouver le bonheur dans Sa plénitude. Tout ce qui nous entoure semble nous crier : Va à Jésus. Notre grand privilège, dans un monde tel que celui-ci, c’est de pouvoir discerner que tout vient directement de Lui. S’il en était autrement, nous ne pourrions posséder notre âme par la patience [Luc 21, 19], nous ne pourrions comprendre qu’Il se propose un but dans tout ce qu’Il fait. Plus Ses dispensations sont pénibles, plus nous devons les croire nécessaires ; nous ne savons pas encore ce qu’Il fait, mais nous le comprendrons dans la suite. Ses desseins demeurent fermes, et chaque heure les déroule à nos regards. Il est écrit, non pas que l’enfant qu’eut David de la femme d’Urie tomba malade, mais que l’Éternel frappa l’enfant [2 Sam. 12, 15]. C’était l’enfant de l’homme selon le cœur de Dieu ! Il pria, il jeûna, et il ne fut point exaucé ; cependant il dit : « Invoque-moi au jour de la détresse ; je te délivrerai et tu me glorifiera » [Ps. 50, 15]. Oui, Il nous délivrera selon Sa propre voie et, quelle qu’elle soit, nous Le glorifierons ; « Je blesse et je guéris » [Deut. 32, 39]. Les mains qui ont été percées pour nous, peuvent seules nous blesser avec tendresse, et nous guérir parfaitement. Il vaut presque la peine d’avoir une blessure pour expérimenter avec quelle tendresse Il guérit. Oh ! comme Il nous épargne, lorsqu’à tant d’égards nous aurions mérité Ses châtiments ! Avec quelle douceur Il nous traite ! S’Il agite Sa verge au-dessus de nous, c’est afin de nous ramener à nous-mêmes. Souvent Il se sert du péché même qu’Il veut nous faire haïr, comme d’un dard dont Il blesse, afin de se verser Lui-même dans la plaie, tandis que Sa douce voix nous dit : Revenez à moi, car je suis plein de compassion, lent à la colère, me repentant du mal dont j’ai menacé. Notre place c’est encore l’école ; pour moi, je dois y apprendre mon entière dépendance par rapport à chaque consolation et à chaque pensée ; je n’ai point de provision ; je ne sais rien ; il faut que Dieu me dise ce qu’Il approuve et ce qu’Il blâme, ce qui chez moi est vanité, ce qui en Lui est sagesse.

Travaillons diligemment jusqu’à ce qu’Il vienne, dans la position dans laquelle Il nous a placés. Quand nous livrerions nos corps pour être brûlés, quand nous donnerions tous nos biens pour la nourriture des pauvres, quand nous parlerions sur toutes choses comme des anges [1 Cor. 13, 3, 1], tout cela ne servirait qu’à notre condamnation, si nous n’avions pas compris cette parole : « donne-moi ton cœur » [Prov. 23, 26]. Douce consolation ! jamais Il ne sera fatigué de nos plaintes ! Il nous aime lorsque nous pleurons, autant que lorsque nous avons le cœur joyeux. Il aimait les larmes de Marie ; c’était pour Lui le plus éloquent des langages. Bientôt toutes ces bagatelles seront mises de côté comme des jouets d’enfants. Dieu voit nos folies du même œil qu’un homme sage regarde son enfant, avec amour et compassion. Bientôt notre histoire sera finie et elle sera placée dans la bibliothèque de Dieu, comme un ancien volume de Sa fidélité. Bientôt nous Le verrons face à face ; nous connaîtrons comme aussi nous avons été connus [1 Cor. 13, 12]. Bientôt la prophétie sera toute accomplie ! « Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée » [Matt. 15, 13], mais la petite semence d’amour, répandue par Sa propre main dans nos cœurs, fleurira dans les parvis de la maison de notre Dieu [Ps. 92, 13], d’éternité en éternité.

Combien nous serions heureux si nous pouvions voir toute chose à la lumière de Christ et en rapport avec Lui ! De même que Joseph et Benjamin étaient plus aimés de Jacob que tous ses autres enfants, parce qu’ils étaient enfants de Rachel ; de même l’Église devrait nous être plus chère que tout au monde, parce qu’elle est chère à Christ. Je pense que nous retirerions un grand avantage de l’étude de la prophétie, si nous savions y voir chaque chose en rapport avec Christ, au lieu d’y voir Christ en rapport avec nous-mêmes. S’il nous est utile de nous reposer sur un Sauveur crucifié, en ce que par là nous nous élevons du moi jusqu’à Lui, assurément il doit nous être plus avantageux encore de nous reposer sur un Sauveur glorifié, puisque nous en retirons une bien plus grande lumière. La vue de Jésus souffrant, quelque consolante qu’elle soit, quelque nécessaire qu’elle soit pour le salut de notre âme, nous reporte au temps où nous étions sous la malédiction et dans les douleurs d’une vie sans espérance et sans Dieu, tandis que la vue de Jésus glorifié nous pousse en avant jusqu’au temps où toutes nos peines auront fini pour jamais.

Je sais qu’il nous est toujours bon d’entendre répéter que « celui qui a promis est fidèle » [Héb. 10, 23]. Je puis affirmer par ma propre expérience qu’Il dit vrai, quand Il annonce que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu [Act. 14, 22]. Le temps de notre extrême misère est pour Lui le temps d’agir ; Il connaît notre affliction ; Il nous soutient dans nos détresses ; Il est une haute retraite dans le temps de l’angoisse ; et c’est lorsque notre âme est comme perdue, sans consolateur et sans libérateur, que Jésus s’approche, pour étendre sur elle les bras de Ses consolations et pour l’entourer de toutes parts. Quelques jours encore, et Ses messagers auront fini leur œuvre, la foi aura été rendue parfaite, et à Son commandement les soupirs et les larmes s’enfuiront pour jamais. « Hâte-toi, mon bien-aimé ! » [Can. 8, 14]. « L’espoir différé fait languir le cœur » [Prov. 13, 12]. L’absence est toujours l’absence, et nous ne jouirons du repos que lorsque nous serons unis à Lui pour toujours. Ce n’est pas assez que nous soyons sûrs de Lui, sûrs qu’Il nous aime et qu’Il nous aimera jusqu’à la fin. Nous savons tout cela. Nous sentons le prix des témoignages de Son amour ; nous nous reposons sur Lui-même, sur Sa fidélité. Cependant nous ne pouvons nous passer de Lui ; c’est Sa présence dont nous avons besoin, et quoique la foi soit notre vie, il faut que nous soyons dans Ses bras pour dire : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à mon bien-aimé » [Can. 2, 16].