Au moment opportun

Hébreux 4
C.H. Mackintosh

[Consolation et encouragement 17]

« Or il y avait un certain homme malade, Lazare de Béthanie, du village de Marthe et Marie, sa sœur. (Et c’était la Marie qui oignit le Seigneur d’un parfum et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, de laquelle Lazare, le malade, était le frère.) Les sœurs donc envoyèrent vers lui, disant : Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. Jésus, l’ayant entendu, dit : Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (Jean 11, 1-4).

Au temps de leur épreuve, ces deux sœurs se tournèrent vers la vraie source — leur divin ami : Jésus était pour elles un vrai refuge, ainsi qu’Il l’est pour tous les siens dans l’épreuve, où, et qui qu’ils soient. « Invoque-moi au jour de la détresse, et je te délivrerai, et tu me glorifieras ». Nous sommes le plus souvent déçus lorsque, dans le besoin ou la difficulté, nous nous tournons vers la créature pour obtenir aide ou sympathie. Les sources de la créature sont souvent taries. Les soutiens de la créature cèdent. Notre Dieu nous fera éprouver la vanité et la folie de notre confiance dans la créature ; la folie aussi de toutes les espérances humaines et terrestres. Et d’autre part, Il nous prouvera, de la manière la plus touchante et la plus évidente, la vérité de Sa parole : « Ceux qui s’attendent à moi ne seront pas confus ».

Non, jamais, que Son nom soit béni, Il ne manque à un cœur qui se confie en Lui. Il ne peut se renier Lui-même. Il aime à prendre occasion de nos besoins, de nos maux et de nos faiblesses, pour illustrer Ses tendres soins et Sa sollicitude à l’égard des siens. Il nous enseignera en même temps la stérilité des ressources humaines. « Ainsi dit l’Éternel : Maudit l’homme qui se confie en l’homme, et qui fait de la chair son bras, et dont le cœur se retire de l’Éternel ! Et il sera comme un dénué dans le désert, et il ne verra pas quand le bien arrivera, mais il demeurera dans les lieux secs au désert, dans un pays de sel et inhabité » (Jér. 17, 5-6).

Il en sera toujours ainsi. Désappointement, stérilité, désolation, voilà les résultats certains de la confiance dans l’homme. Mais d’autre part — et le contraste est à remarquer — « Béni l’homme qui se confie en l’Éternel, et de qui l’Éternel est la confiance ! Il sera comme un arbre planté près des eaux ; et il étendra ses racines vers le courant ; et il ne s’apercevra pas quand la chaleur viendra, et sa feuille sera toujours verte ; et dans l’année de la sécheresse, il ne craindra pas, et il ne cessera pas de porter du fruit » (Jér. 17, 7-8).

Tel est le constant enseignement de l’Écriture quant aux deux côtés de cette grande question pratique. C’est une erreur fatale de regarder à l’homme, fût-il même le meilleur des hommes ; c’est toujours s’attacher, directement ou indirectement, à des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau. Mais le vrai secret de la bénédiction, de la force et de la consolation, c’est de regarder à Jésus, de recourir avec une foi simple, au Dieu vivant, qui prend Son plaisir en ceux qui Le craignent et qui s’attendent à Sa bonté. Il secourt celui qui est dans le besoin.

Les sœurs de Béthanie firent donc ce qui est juste en adressant à Jésus ce message touchant : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade ». Et cependant Jésus, après qu’Il eut entendu que Lazare était malade, demeura encore deux jours au lieu où Il était. « Or Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare ». Quand l’homme finit, Dieu commence ; il fallait non guérir un malade, mais ressusciter un mort, et un mort qui sentait déjà, pour que la gloire de Dieu fût manifestée. Il considéra et mesura tout cela parfaitement. Il était de cœur avec elles dans leur détresse. Aucun manque de sympathie n’était en Lui, ainsi que nous le verrons dans la suite. Malgré tout cela, Il ne vint pas ; il pouvait leur sembler que le Maître les avait oubliées. Peut-être leur Seigneur et ami bien-aimé avait-Il changé de sentiment à leur égard ? Quelque chose devait être arrivé pour élever un nuage entre elles et Lui. Nous savons bien comment notre pauvre cœur raisonne et se torture dans de pareils cas. Mais il y a un divin remède pour tous les raisonnements du cœur, et une réponse triomphante à toutes les sombres et horribles suggestions de l’ennemi. Quel est ce remède ? Une confiance inébranlable dans l’éternelle stabilité de l’amour de Christ.

Lecteur chrétien, ici gît le vrai secret de toute la force chrétienne. Ne permettez pas que rien n’ébranle votre confiance dans l’amour inaltérable de votre Seigneur. Quoiqu’il arrive : que la fournaise soit chauffée sept fois, les eaux très profondes, les ténèbres épaisses, le sentier raboteux ou la détresse sans nom, retenez toujours votre confiance dans l’amour parfait et la sympathie divine de Celui qui a prouvé Son amour en descendant dans la poussière de la mort, en traversant les vagues effroyables de la colère de Dieu, afin de vous sauver de la mort éternelle. Ne craignez pas de vous fier à Lui pleinement, de vous abandonner à Lui sans réserve. Ne mesurez pas Son amour à vos circonstances. Si vous le faites, il n’en résultera qu’une fausse conclusion. Ne jugez pas selon les apparences extérieures. Ne raisonnez pas d’après votre entourage. Allez au cœur de Christ et alors vous n’interpréterez plus Son amour d’après vos circonstances, mais toujours vos circonstances d’après Son amour. Laissez les rayons de Sa faveur éternelle illuminer votre sentier. C’est alors que vous serez capables de répondre à toute pensée incrédule, d’où qu’elle vienne.

C’est une grande chose que d’être toujours capable de revendiquer ce qui est dû à Dieu ; même si nous étions capables de ne rien faire de plus, il est bon de se tenir comme un monument de Son infaillible fidélité envers tous ceux qui mettent leur confiance en Lui. Qu’importe si l’horizon autour de nous est sombre et déprimant — si les nuages épais s’accumulent et si l’orage sévit. « Dieu est fidèle, qui ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de ce que vous pouvez supporter ; mais avec la tentation, il fera aussi l’issue, afin que nous soyons à même de la supporter ».

En outre, nous ne devons pas mesurer l’amour divin par la manière dont il se manifeste. Nous sommes tous enclins à le faire, mais cela est une grande erreur. L’amour de Dieu se revêt de formes variées, et assez souvent la forme nous paraît, d’après notre vue superficielle et limitée, mystérieuse et incompréhensible ; mais si nous attendons avec patience et simple confiance, la lumière divine brillera sur les dispensations de la divine providence, et nos cœurs seront remplis d’étonnement, de reconnaissance et d’adoration. Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées ; ni Ses voies semblables à nos voies ; ni Son amour semblable à notre amour. Si nous entendons parler d’un ami dans la détresse ou la difficulté, notre première impulsion est de courir à son aide et de l’aider dans son malheur, autant que cela nous est possible. Mais en ceci nous pouvons inconsciemment commettre une grande erreur. En lui venant en aide dans ce qui nous semble naturel au point de vue humain, nous pourrions agir en opposition au propos de Dieu, qui avait sans doute permis l’exercice pour son bien présent et éternel. L’amour de Dieu est un amour sage et fidèle. Il abonde à notre égard en toute sagesse et prudence. Nous, au contraire, nous commettons de graves erreurs, même quand nous croyons sincèrement faire ce qui est juste et bon. Nous ne sommes pas compétents pour comprendre toute la portée des choses, pour sonder les sinuosités et les opérations de la providence, ni encore pour peser le résultat final des dispensations divines. À cause de cela, il y a un besoin urgent de s’attendre à Dieu ; et surtout de garder fermement la confiance dans Son amour immuable, inaltérable, et qui ne se trompe pas. Il manifestera tout. Il fera sortir la lumière du sein des ténèbres, la vie de la mort, la victoire d’une apparente défaite. Il fera résulter, d’une noire et profonde détresse, une riche moisson de bénédictions. Il fera coopérer toutes choses pour le bien. Mais Il n’agit jamais à la hâte. Il a Ses desseins en vue, et Il les atteindra en Son temps et à Sa manière ; bien plus, de ce qui nous semble être un sombre et inextricable labyrinthe, Il fera sortir la clarté, et remplira nos âmes de louange et d’adoration.

Les pensées ci-dessus exprimées nous aideront à comprendre et à apprécier la conduite de notre Seigneur à l’égard des sœurs de Béthanie. C’était la gloire de Dieu qui était en jeu dans cette circonstance. Il dit : « Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ». C’était une occasion pour le Seigneur de manifester la gloire de Dieu, et cela à l’égard de celles qu’Il aimait d’une affection réelle et profonde, car nous lisons : « Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare ».

Mais selon le jugement de notre Seigneur adorable, la gloire de Dieu prenait la précédence sur toute autre considération. Ni l’affection personnelle, ni la crainte de ceux qui voulaient Le tuer, n’avaient aucune influence sur Ses mouvements. En toutes choses, Son mobile était la gloire de Dieu. De la crèche à la croix, dans toutes Ses paroles et dans toutes Ses œuvres, dans la vie et dans la mort, il n’y eut devant Lui que la gloire de Son Dieu et Père. C’est pourquoi, quoique ce pût être une bonne chose de soulager un ami en détresse, il en était une plus grande et beaucoup plus excellente : celle de glorifier Dieu ; et nous pouvons être assurés, que la chère famille de Béthanie ne souffrit aucune perte par un retard qui rendit plus éclatante encore la manifestation de la gloire de Dieu.

Souvenons-nous de ce fait dans nos jours d’épreuve et d’angoisse ! Si nous avons vraiment compris la pensée du Seigneur, même lorsqu’Il semble être sourd à nos requêtes, ce sera pour nous une source de bénédictions au sein de la tribulation, quelque forme qu’elle puisse revêtir : que ce soit la maladie, les privations, la mort, le dépouillement, la pauvreté. « Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu ». Voilà le privilège de la foi. Et c’est non seulement près du lit d’un malade, mais même devant un tombeau, que le vrai croyant peut voir briller la lumière de la gloire divine.

Sans doute, le sceptique peut-être sourira à ces paroles : « Cette maladie n’est pas à la mort ». Il objectera que Lazare mourut quand même. Mais ces faits, pour la foi, n’étaient que des apparences ; elle y introduit Dieu et Sa puissance, et trouve par ce moyen divin une solution à toutes les difficultés. Telle est l’élévation morale — la réalité d’une vie de foi. Elle voit Dieu au-dessus et au-delà des circonstances. Elle raisonne, mais son raisonnement prend Dieu comme point de départ pour descendre aux circonstances humaines, au lieu de se baser sur les circonstances pour regarder à Dieu. La maladie et la mort ne sont plus rien en présence de la puissance de Dieu. La foi ne se laisse pas arrêter sur son chemin par ces difficultés. Celles-ci sont, ainsi que le disait Caleb à ses frères incrédules, simplement « le pain » pour le vrai croyant.

Mais ce n’est pas tout. La foi sait attendre le moment de Dieu, sachant que ce moment est le seul convenable. Elle se repose, en attendant, sur Son amour immuable et sur Son infaillible sagesse. Cela remplit le cœur de la plus douce confiance, et même, s’il y a du retard — si le secours n’est pas envoyé de suite — tout est pour le mieux, « en tant que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu », et tout doit par la suite concourir à la gloire de Dieu. La foi permet, à celui qui la possède, de revendiquer Dieu au milieu de la plus grande détresse, et de savoir confesser que l’amour de Dieu agit toujours pour le bien de ceux qui se confient en Lui.