Ce qu’on apprend dans l’épreuve

G.V. Wigram

Quand le croyant a la conscience libérée par la foi en un Sauveur ressuscité et exalté, quand il a la joie que donne l’Esprit de Dieu à un homme céleste qui est un fils de Dieu, ayant la vie éternelle, il concentre son cœur et son esprit sur la personne du Seigneur Jésus Christ Lui-même, en face de la maladie ou du toucher glacé du corps qui vient de périr.

Toutefois, nous voici en présence d’une bière où est déposé le corps d’un saint âgé et dévoué, qui a joui de l’amour du Seigneur, qui a aimé les siens, mais qui n’est plus. Il est parti, pour être avec le Seigneur Jésus.

Le Seigneur n’a-t-Il pas le droit d’avoir Ses saints avec Lui ? A-t-Il devancé les conseils de Dieu, en rappelant celui-ci à Lui ? Non. Nous pouvons citer ici Ses propres paroles : Il disait : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais à mon Père, car mon Père est plus grand que moi » [Jean 14, 28]. Elles sont vraies aussi dans notre cas. N’avons-nous aucun amour pour ceux qui partent ? Ne nous réjouissons-nous pas de les savoir heureux, même si cela nous coûte quelques privations ? C’est notre volonté propre, notre égoïsme, qui oublie la joie de Dieu, la joie de Christ en voyant arriver en Sa présence une âme qui nous a quittés et c’est ce qui nous empêche de penser à ce qu’elle a gagné.

Dieu est un Dieu jaloux. Il désire que votre cœur trouve sa satisfaction en Christ au milieu des vicissitudes de cette vie. Il veut que vous pensiez à Lui, et à la joie qu’Il a avec ceux qui sont endormis en Lui. Il veut que vous appreniez à avoir des pensées et des sentiments en accord avec la sphère dont Christ est le centre.

Que puis-je vous dire sur la félicité de celui qui est parti ? Je ne puis que vous poser une autre question : Que savez-vous du bonheur qu’il y a d’être avec le Seigneur ? Si le moi, si l’égoïsme remplissent votre cœur, ils trouvent leur aliment dans le monde ; si vous êtes pleins de vous-mêmes, de vos répugnances comme de ce que vous aimez, de vos gains comme de vos pertes, vous ne profiterez guère de la pensée du bonheur de ceux qui sont « absents du corps » et « présents avec le Seigneur » [2 Cor. 5, 8]. Cela ne satisfera pas votre égoïsme. Que connaissait le brigand au sujet du paradis ? Rien, probablement ; mais il avait trouvé Celui qui n’avait pas de semblable. La foi lui avait révélé le Seigneur ; elle avait ouvert son cœur à la sainteté, à la confession, à la confiance en son Juge, à la douceur d’un Sauveur dont on ne se sépare jamais : « Tu seras avec moi » [Luc 23, 43]. Avec Lui ! C’était suffisant.

Cela nous conduit à la mesure de notre appréciation et de notre connaissance du Seigneur Jésus Christ. Ceux qui Le connaissent, font beaucoup de cas de Lui, se réjouissent à la pensée d’être avec Lui, car, pour un saint, rien ne vaut la présence du Seigneur.

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Un des grands résultats de la douleur et du deuil est celui de jeter un voile sur les choses présentes pour nous amener en face des choses éternelles. Nous sommes étonnés de voir combien nous y étions étrangers, car savoir ce que nous avons par la foi en Christ et le pratiquer journellement, sont deux choses bien distinctes. Je sais que, par la foi en Christ, je suis à Lui pour l’éternité ; Son Père devient mon Père [Jean 20, 17] ; l’Esprit est un Consolateur. Par la foi, j’ai le ciel et j’ai l’éternité. Mais hélas ! être ainsi béni en le sachant, et l’être en agissant en conséquence, sont deux conditions bien différentes, d’autant plus qu’un langage théorique a été appris et employé.

Lorsque les chagrins et le deuil surviennent, les choses présentes s’évanouissent pour un temps et font place aux choses éternelles qui deviennent substantielles à nos esprits. L’objet de votre affection est parti pour le ciel, pour être avec Dieu, avec Christ. Ici-bas, une place est vide ; les eaux rafraîchissantes ont tari ; vous êtes laissé seul, mais votre esprit, par grâce, suit en haut celle que vous aimiez. Peut-être qu’à ce moment vous vous apercevez combien peu vous connaissiez le Dieu vers qui elle est allée, le Sauveur qu’elle a rejoint, comme aussi l’état dans lequel elle se trouve actuellement — combien peu vous aviez été en rapport avec la source de laquelle vous obtenez la grâce en même temps que l’épreuve.

Que de fois dans de tels moments, ai-je appris que je n’avais pas vécu à la gloire de Dieu et que « voici je viens pour faire ta volonté » [Héb. 10, 9] n’avait pas été le principe de ma conduite ! Dieu m’était alors étranger ; je L’avais négligé et, en pratique, j’avais vécu sans Lui. Satan profite de notre ignorance de nous-mêmes pour nous inspirer des pensées dures à l’égard de Dieu et même peut-être des paroles contre Lui, si nous ne reconnaissons pas ce que nous sommes et n’attribuons pas nos épreuves au fait d’avoir vécu loin de Lui.

Il est clair que Dieu est parfait en sagesse, en amour, en puissance, en bonté ; c’est moi, Son enfant, qui ne suis pas dans la lumière de Ses plans et de Sa sagesse, qui pense que j’aurais pu agir bien mieux qu’Il ne l’a fait Lui-même. Ce qu’Il m’avait donné, Il me l’a probablement retiré pour m’éviter quelque tentation, comme celle d’Ézéchias, et alors je me suis aperçu que je m’étais occupé bien plus des dons de Dieu que de Dieu Lui-même. J’avais fait comme Job. Pauvre Job ! L’ignorance de lui-même l’avait conduit à prendre Dieu pour Satan et Satan pour Dieu, et j’ai connu la même leçon que lui. Si je n’avais pas vu la dureté de mon propre cœur, j’aurais trouvé que Dieu était dur ; si j’avais vécu à quelque distance de Lui, si je n’avais pas confessé que l’égoïsme d’une humanité déchue m’avait conduit, moi, un saint, à marcher comme si un voile était étendu entre Dieu et moi, ici-bas, j’aurais eu l’impression que les cieux étaient d’airain et que c’était Dieu qui les avait rendus ainsi. Je ne m’étais pas reposé sur les bras divins selon l’Esprit ; j’avais à confesser cela ou à laisser Satan me suggérer que le bras de Dieu s’était levé contre moi. Il y avait deux alternatives : ou bien j’avais oublié Dieu, ou bien Dieu m’avait oublié.

Mais l’amour divin qui nous a tout donné en Christ insiste pour que Christ soit tout pour nous. Son amour, comme celui du Père, ne sera satisfait que lorsqu’Il sera, Lui seul, la joie et la portion de nos cœurs. Ces leçons nous brisent pour permettre à Dieu et à Christ d’entrer dans nos âmes.

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Il se peut que votre cœur soit amené à passer par toutes sortes de difficultés, pour que vous appreniez ce qu’il possède en Christ, pour que vous sachiez ce qu’il en est d’être en rapport avec Celui qui vous aime. Le connaissez-vous comme Celui qui s’occupe de tout ce qui vous concerne ? La pensée qu’Il nous suit ainsi devrait nous empêcher d’être surmontés par les difficultés qui surgissent, et nous faire écrier : Se peut-il que Christ sur le trône de Dieu m’appartienne, à moi, pauvre faible créature !

Paul trouvait que l’amour de Christ était personnel ; oui, c’était un amour personnel qui faisait pencher Jean sur le sein de Jésus ; c’était un amour personnel qui avait poussé la femme à laver les pieds du Sauveur avec ses larmes, et il y en a encore sur cette terre qui comprennent ce qu’est la puissance de l’amour.

Quand nous voyons les défaillances de saints tels que Pierre et Paul, nous pensons combien l’homme, dans son état le meilleur, est peu de choses ; mais quelle bénédiction inexprimable d’avoir affaire à un Dieu qui ne fait jamais défaut !

Je sais que, lorsque je quitterai cette terre, Dieu me prendra à Lui, et de ce pauvre corps Il fera un corps de gloire semblable à celui de l’homme ressuscité, assis à Sa droite.

Quoi qu’il arrive, nous avons les bras éternels au-dessous de nous [Deut. 33, 27].

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Les saints qui nous ont quittés ne jouissent pas encore d’une bénédiction complète, bien qu’ils aient fait un pas immense en avant.

La position des croyants n’est pas changés par la mort : ils attendaient ici-bas, et ils attendent encore, présents auprès du Seigneur glorieux. Dans le cas d’Étienne, nous voyons le Seigneur recevoir immédiatement l’esprit de Son serviteur ; il en est de même pour tous les bien-aimés qui se sont endormis en Jésus. C’est là un adoucissement pour le cœur qui souffre du vide qui s’est fait et qui ressent le brisement que laisse le départ de ceux qui s’en sont allés. C’est une chose cruelle et humiliante que la mort, en ce qu’elle met fin à tous les arrangements et brise toutes les affections naturelles. Mais il y a d’autre part la conscience de la sympathie tout entière de Jésus, quand la mort s’est approchée d’eux.

Si j’ai Christ, qu’importe si mon cœur se brise ? Il aime un cœur brisé. Il prend souci de nous, plus qu’une mère de son enfant ; chacune des pulsations de notre cœur Lui est connue. Il est beau de voir comment Il sait vous montrer qu’Il est souverainement capable de donner le repos et cette paix qui surpasse toute intelligence [Phil. 4, 7]. Si votre cœur est brisé, Il l’a fait pour mieux vous préparer à la place qu’Il vous réserve. Pour ceux qui trouvent leur appui dans l’amour de Christ, il y a un repos parfait, une paix divine que Satan ne peut pas ébranler. Vous vous étonnerez d’éprouver cette paix, et, en présence de ce qui frappe ou détruit vos plus chères espérances, vous serez en état de dire : « Je rends grâces à Dieu ».

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La pensée que le Seigneur vient est à la fois une immense consolation et une vraie puissance dans la vie pratique ; si elle était constamment devant nos cœurs, nous ne succomberions pas, comme il nous arrive trop souvent, sous la fatigue et les difficultés du chemin. Christ peut venir cette nuit ; il se peut aussi que nous ayons à passer par des jours de souffrance et de persécutions avant qu’Il vienne ; mais, sachant qu’Il viendra nous chercher et qu’en attendant, Sa main nous soutient, supportons les épreuves qui nous sont dispensées pendant que nous sommes dans le corps de notre abaissement. Si je sais compter sur l’amour de Christ pendant tout le chemin, je serai en état de faire face à toutes les difficultés. L’amour qui Le fait venir nous chercher et qui sera manifesté alors, nous est déjà connu aujourd’hui.

Une marque éclatante de Son amour, c’est qu’Il viendra Lui-même nous chercher, pour nous introduire dans la maison de Son Père.