Communion

Traduit de l’anglais
1885

La prière est l’expression des besoins de l’âme, et la louange celle de sa plénitude ; mais la communion est au-dessus de l’une et de l’autre. La communion avec Lui est le plus grand privilège que le Créateur puisse accorder à Sa créature. Un ange peut servir et louer ; mais il ne connaît pas la communion. Elle est au-dessus de la terre, au-dessus du salut, au-dessus des cieux ; elle m’élève à Dieu Lui-même, et cela non pour Le servir ou Lui rendre culte à distance, mais pour que, comme un fils sur le sein de son père, j’entende Sa voix, je voie Son sourire, pour que je sente Sa main sur ma tête, et que j’aie avec Lui ces rapports qui ne peuvent exister qu’entre un père et ses fils. Or cette précieuse bénédiction est à moi pour toujours. Notre communion est avec le Père et le Fils dans l’Esprit. C’est notre part éternellement. La prière peut prendre fin, mais jamais la communion.

Qui dit communion dit qu’on a quelque chose de commun avec un autre ; qu’on partage quelque chose avec lui ; ce n’est pas que l’un donne et que l’autre reçoive ; mais c’est que tous deux donnent et tous deux reçoivent ; non pas que l’un parle et que l’autre écoute ; mais que tous deux parlent et tous deux écoutent. Quand il y a communion entre deux hommes, l’un ne se place pas au-dessus de l’autre, mais, dans la chose qui les occupe, ils sont sur le même niveau, ils ont quelque chose en commun. C’est là précisément l’essence d’une vraie et heureuse communion, sa condition indispensable ; quelque différente que soit leur position sociale, ils sont ici sur le même niveau, le plus grand s’abaisse, et le plus petit s’élève, jusqu’à ce que la main dans la main ils se voient face à face et que leurs cœurs se touchent.

Oh ! miracle des miracles, c’est là notre position en rapport avec notre Seigneur Jésus Christ ! « Dieu par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur, est fidèle » (1 Cor. 1, 9).

Mais comment cela se fait-il ? Est-ce bien vrai ? Est-il possible que j’aie communion avec Lui ? Moi, ver de terre, avec le Roi des rois ! le premier des pécheurs avec le Seigneur de gloire ! l’enfant d’Adam avec le Fils de Dieu ! Oui, il en est bien ainsi. Étudions ce sujet, voyons les grandes choses que Dieu a préparées pour ceux qui L’aiment, et que le Consolateur qui est en nous, que nous avons de la part de Dieu, les fasse pénétrer dans nos âmes, de telle sorte qu’elles portent en nous les fruits bénis d’une plus grande proximité de Christ, d’une intimité plus étroite avec Lui dans toutes nos pensées, et la jouissance plus constante et plus habituelle de Son amour !

Mais qui est Celui à la communion duquel j’ai été appelé, moi, jusqu’ici pauvre pécheur perdu ? Vraiment Ses gloires sont innombrables et dépassent tout ce que nous pouvons imaginer. Examinons ce sujet de plus près, et exaltons la grâce qui nous rend participants de cette gloire.

Il est Fils du Dieu Très-haut. Je le suis aussi (1 Jean 3, 2).

Il est héritier de Celui qui possède les cieux et la terre. Je le suis aussi, étant Son cohéritier (Rom. 8, 17).

Il est sacrificateur à Son Dieu et Père. Moi aussi (Apoc. 1, 6).

Il est de la sacrificature royale. Moi aussi (1 Pier. 2, 9).

Il est roi. Moi aussi (Apoc. 1, 6).

Il a remporté la victoire. Je suis plus que vainqueur par Celui qui m’a aimé (Rom. 8, 37).

Est-Il ressuscité et glorifié comme homme ? Est-Il le bien-aimé de Dieu ? — La gloire que tu m’as donnée, dit-Il, je la leur ai donnée ;… et tu les as aimés comme tu m’as aimé (Jean 17, 22-23).

Est-Il assis à la droite de Dieu dans les cieux ? Dieu « nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2, 6).

Sommes-nous élus avant la fondation du monde (Éph. 1, 4) ? C’est en Lui l’élu de Dieu (Luc 23, 35).

Est-Il notre plénitude ? Oh ! révélation merveilleuse, nous sommes aussi Sa plénitude (Éph. 1, 23).

« Dieu l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a donné pour être chef sur toutes choses ». Ah ! c’est ici sans doute que je ne puis plus rester en Sa compagnie ? Eh bien : Il est chef sur toutes choses à l’assemblée ! Il ne veut pas avoir cette position suprême sans nous ; car Dieu nous a appelés à partager la gloire de Son Fils Jésus Christ, notre Seigneur : héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, Ses membres, Ses compagnons et Ses amis (Éph. 1, 20-22).

Quelle gloire que celle à laquelle nous sommes appelés ! Elle est encore rehaussée quand nous pensons à ce qu’est en Lui-même Celui qui nous y associe, à ce que sont Ses attributs essentiels et incommunicables. Celui qui était le Prince de paix, la splendeur de la gloire de Dieu, l’image empreinte de Sa personne, s’est abaissé jusqu’à nous ; et puisque les enfants ont part à la chair et au sang, il y a participé, plutôt que de nous laisser périr (Héb. 2, 14) ; quand la mort était suspendue sur nous, comme un juste salaire de nos péchés odieux, Il est devenu obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix (Phil. 2, 8) ; quand, tombés dans un état de ruine, de péché et de misère, nous étions un spectacle de dégradation pour les anges et les démons, Celui qui est dans le sein du Père, la gloire des cieux, s’est anéanti, et est devenu obéissant jusqu’à la mort pour nous faire partager Son trône et Sa gloire, nous rendre bourgeois des cieux, et frères et sœurs, dans la maison de Son Père. Oh ! quel sujet d’adoration pour nous, quel sujet pour le ciel de cantiques qui s’entre-répondent éternellement à la louange de la gloire de Sa grâce.

Mais est-ce dans Sa gloire seulement que Dieu nous appelle à être en communion avec Son Fils ? Non, sans doute. Nous avons part à Son affliction comme à Sa joie ; à Ses tribulations comme à Son triomphe ; à Son humiliation et à Sa réjection comme à Sa gloire ; étant avec Lui ici-bas, comme nous serons avec Lui là-haut dans le ciel. Cette communion est divine. Il peut arriver parmi les hommes, dans les affections purement humaines, qu’on est intimement uni dans la prospérité ; mais on abandonne l’affligé dans son épreuve, comme les disciples abandonnèrent le Seigneur quand ils Le virent trahi ; ou bien deux personnes sont unies dans une épreuve commune ; mais l’une vient-elle à être délivrée, elle ne se souvient plus de l’autre, comme le grand échanson qui, une fois rétabli dans sa charge, oublia Joseph en prison (Gen. 40, 23). Il n’en est pas ainsi de notre bien-aimé Seigneur. Il nous a aimés avant la fondation du monde. Quand le péché est survenu pour notre ruine, Ses desseins d’amour ont-ils changé à notre égard ? Nous a-t-Il oubliés ? Non, mais Il a pris Sa place au milieu de nous dans notre état de ruine et nous a rachetés. Et maintenant qu’Il est assis à la droite de Dieu, revêtu de gloire, méprise-t-Il ceux qui étaient Ses amis ? Non, Il est fidèle et ne change jamais, le même hier, avant que le monde fût ; aujourd’hui, au jour de l’épreuve et de la tribulation ; et pour toujours dans l’éternité, où il n’y aura plus de cris et où toutes larmes seront essuyées de nos yeux. « Il est tel ami plus attaché qu’un frère » (Prov. 18, 24). Et cet ami, c’est le Seigneur Jésus Christ.

Suivons maintenant dans l’Écriture cet autre côté de la vérité que nous venons de mentionner :

Christ est-il rejeté par le monde ? Les amis de Christ le sont aussi (Jean 15, 20).

Est-Il haï par le monde ? Nous aussi (Jean 15, 19).

Il n’était pas de ce monde. Nous non plus (Jean 17, 16).

Son Père L’a envoyé dans le monde. Le Seigneur Jésus nous a aussi envoyés dans le monde (Jean 17, 18).

Il était la lumière du monde. Il en est de même de nous (Matt. 5, 14).

Il portait le message d’amour à l’homme coupable et tombé. Nous aussi. Il a pris Sa croix et l’a portée. Nous devons aussi le faire (Matt. 10, 38). C’est par le chemin de la souffrance qu’Il est entré dans Sa gloire (Luc 24, 26). Pour nous de même (Rom. 8, 17). L’apôtre dit : Comme Lui est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde ; et nous Lui serons semblables, car nous Le verrons comme Il est (1 Jean 4, 17 ; 3, 2).

Il fallait qu’Il fût semblable à Ses frères en toutes choses, pour les rendre semblables à Lui-même. « Moi qui suis témoin », dit Pierre, « des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée » (1 Pier. 5, 1).

Et maintenant, pourquoi tout cela ? Pourquoi le Seigneur de gloire s’est-Il tant abaissé ? Pourquoi nous a-t-Il élevés si haut ? Pourquoi nous a-t-Il révélé ces vérités ? Je n’hésite pas à dire que c’était pour qu’Il eût communion avec nous et nous avec Lui. Nous vous annonçons ces choses, dit Jean, « afin que vous aussi vous ayez communion avec nous ; or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1, 3). Dans l’éternité, il en sera ainsi. Le Seigneur Jésus trouvera toujours Son plaisir en nous, Ses rachetés, et nous nous réjouirons en Celui qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans Son sang. Et cette joie mutuelle commence déjà maintenant que nous sommes dans ce corps et absent du Seigneur. Elle sera parfaite dans le ciel ; mais ici-bas, nous l’avons déjà en partie, et c’est parce que je crois que c’est la chose importante par-dessus tout dans ce présent siècle mauvais, celle sans laquelle tout autre chose en nous vaut moins que rien, que j’y insiste maintenant.

Mais, remarquons-le bien, ces hautes et glorieuses vérités que nous avons examinées, tout excellentes qu’elles soient en elles-mêmes, quoiqu’elles nous fortifient, nous rafraîchissent et nous humilient, quand nous en jouissons dans la communion de Celui qui les a apportées, ne serviront qu’à nous enorgueillir, si c’est à part de Dieu que nous cherchons à les connaître ou à les sonder. Comme il est dit : « La connaissance enfle, mais l’amour édifie » (1 Cor. 8, 1).

C’est l’office du Saint Esprit de nous conduire, comme il est dit, dans toute la vérité. Mais qu’y a-t-il encore ? Est-ce là tout ? Non, il y a davantage. Le Seigneur dit : « Il rendra témoignage de moi ; il me glorifiera ». Et, sans aucun doute, si la vérité que nous apprenons ne nous amène pas plus près du Fils et du Père, si la lumière et la vérité qui viennent de Dieu ne nous conduisent pas à la montagne de Sa sainteté, elles ne nous serviront de rien.

Voir Jésus par l’œil de la foi et par le moyen de la vérité qui nous a été révélée à Son sujet, c’est là ce qui nous sauve, et c’est aussi ce qui nous soutient tout le long de notre sentier, jusqu’à ce que nous Le voyions face à face dans toute Sa splendeur.

Croyez-moi, il n’y a pas de fruits portés sans cela ; pas de joie dans le Seigneur, pas d’amour, pas de vraie paix, pas de sainteté ; c’est la seule chose que David demandait au Seigneur et qu’il était déterminé à poursuivre. C’était celle dont notre Seigneur parlait, quand Il disait : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire » ; ce qu’Il appelait « la bonne part », qui ne devait jamais être ôtée à Marie assise à Ses pieds et écoutant Sa parole. C’est la communion. C’est-à-dire qu’Il habite en nous et nous en Lui ; qu’Il jouit de notre amour et nous du sien ; qu’Il entend nos paroles et nous les siennes ; qu’Il sympathise à nos souffrances et nous aux siennes ; que Sa joie est la nôtre, et notre joie la sienne ; qu’Il nous attend et que nous L’attendons ; qu’Il est constamment occupé de nous, et que nous le sommes constamment de Lui.

La prière

Mais quelqu’un dira : La communion avec le Seigneur Jésus est-elle tout cela ? Depuis que je Le connais, je me suis fait un devoir de Le prier régulièrement, et souvent j’y ai trouvé de la consolation ; mais je n’ai jamais senti ce dont vous avez parlé. Je pensais que la communion, c’était la prière, et que faire connaître mes requêtes à Dieu, c’était le privilège le plus élevé qui me fût accordé ; mais vous parlez de quelque chose qui me semble une bénédiction plus élevée encore. Oui, cher frère, d’autant plus élevée que le ciel l’est au-dessus de la terre, que Dieu l’est au-dessus de l’homme. Vous vous présentez devant Dieu et passez un certain temps à vous adresser à Lui, et vous avez une pleine liberté de le faire ; mais c’en est fini là, et vous allez votre chemin, sans vous inquiéter si Dieu a une réponse à donner à vos prières (et sûrement Il en a toujours une). Que dit le Seigneur ? « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et il vous sera fait ». Si vous écoutez quand je parle, je vous écouterai quand vous parlez.

Supposez que, passant une heure avec un ami, ce dernier emploie tout le temps à me raconter une peine ou un plaisir qu’il a eu, puis nous nous séparons. J’ai joui de cette visite, qui m’a prouvé l’amitié de mon ami par la confidence qu’il m’a faite. Peut-être est-il soulagé d’avoir pu ouvrir son cœur à un autre ? Ce n’était pourtant pas encore là la communion. Mais s’il avait attendu, et que j’eusse pu lui dire que j’avais passé ou que je passais encore par la même épreuve, et que je pouvais sympathiser de tout mon cœur avec lui, alors que de serrements de mains, que de regards d’affection se seraient échangés entre nous !

Maintenant, n’est-ce pas ainsi que nous agissons trop souvent avec notre Père céleste et avec notre Seigneur ? Nous allons Lui raconter quelques-unes de nos peines (bien rarement nos joies), et alors sans ouvrir notre Bible pour y lire la réponse tendre et sympathique, ou la promesse qu’Il nous fait de nous soutenir et de nous fortifier, nous allons à nos affaires sans être sûrs que notre Père en ait tenu compte. C’est parce que Ses paroles n’habitent point en nous, que nous sommes prompts à dire : ma prière est demeurée sans exaucement ; tandis que nous aurions trouvé la réponse dans notre Bible, si nous l’avions ouverte pour cela.

Nous faisons ainsi injure au cœur de notre tendre Père. Cet égoïsme (car c’est bien cela), cette négligence des réponses de Dieu n’est-elle pas la cause principale de cette sécheresse dans nos prières, dont nous avons souvent à nous plaindre ? Si nous ne sommes pas poussés par le besoin, ne serait-il pas mieux de nous asseoir en silence devant le Seigneur et de nous attendre à Lui, que de nous mettre à genoux et là, de passer de longs moments en vains efforts pour rappeler nos pensées errantes ?

La prière est une réalité. Dieu ne fait aucun cas de la prière la plus correcte, si au moment où elle est présentée, elle n’est pas l’expression d’un besoin qu’on éprouve. Si des efforts sont nécessaires pour produire cette prière, si elle ne sort pas spontanément, si elle ne jaillit pas comme d’une source naturelle, oh ! alors, soyez-en sûrs, ce n’est pas une prière agréable au Dieu qui sonde les cœurs.

Mais alors je ne devrais pas prier, direz-vous, car tel est souvent mon cas ?

Priez sans cesse, telle est la parole du Seigneur, et, certainement, il doit être bien sec et dur, le cœur qui ne soupire pas après quelque chose de meilleur et de plus élevé.

Mais s’il en est ainsi, alors allez au Père, je vous le dis, confessez-Lui tout, exposez-Lui la sécheresse absolue de votre cœur, et priez-Le de vous dire une parole qui rallume votre affection et réchauffe vos désirs. Dites-Lui comme Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute », et alors que, par la puissance de l’Esprit, Il vous adresse Lui-même quelque parole, et de votre cœur s’échappera avec une puissante, irrésistible énergie, le chant de louange qui retentira de nouveau dans les parvis célestes.

Si le soleil ne verse pas ses chauds rayons sur la terre, comment les fleurs pourront-elles s’épanouir ? Si la pluie ne vient pas sur la terre, comment pourra-t-elle porter du fruit pour ceux par qui elle est cultivée ? Quelque constants ou énergiques que soient mes efforts, je ne pourrai porter des fruits bénis pour Dieu, à moins que je ne demeure en Jésus et que Ses paroles ne demeurent en moi.

C’est là la différence entre la prière ou la louange et la communion ; et c’est pour ne pas voir cette différence et pour ne pas agir en conséquence, que nos cœurs sont si languissants et nos fruits si misérables. Je n’hésite pas à dire que la prière est la moindre partie de la communion et que les paroles de Dieu en sont la plus grande. « Dieu est dans le ciel et nous sommes sur la terre ; c’est pourquoi usons de peu de paroles ».

L’amour

Mais ce n’est pas seulement dans la prière qu’il faut observer cette distinction. À ce propos, je voudrais dire quelques mots au sujet de la communion d’amour ; mais le sujet est si vaste, le terrain si saint, que l’on craint d’y marcher même doucement, de peur de négliger certains côtés en en observant d’autres ; essayons cependant, en demandant la lumière et la direction du Saint Esprit dont la fonction est de prendre ce qui est de Christ pour nous l’enseigner.

L’amour de Christ est infini ; il passe toute intelligence. Son amour est tel que le monde n’en a jamais vu de pareil. Personne n’a un plus grand amour. Il est sans mesure et sans fin. Il ne ressemble pas à l’amour humain, dont le principal caractère est que son objet doit être aimable. L’amour de Jésus s’adresse à des êtres qui ne sont ni aimables, ni aimants. Il nous a aimés quand nous étions dignes d’être haïs. Il nous a aimés en dépit de ce que nous étions. Mais parce que Son amour est semblable au nôtre en ceci que, quoique la source d’une grande joie quand il est réciproque, il n’apporte que la souffrance quand il ne l’est pas, Il nous a dit qu’Il nous aime, et plus encore, Il nous a prouvé qu’Il le fait. Il nous a aimés et s’est donné Lui-même pour nous. Alors, croyant ce qu’Il nous dit et nous sachant aimés, « nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier ».

Or la plus grande joie au ciel ou sur la terre est celle d’aimer. C’est là ce qui fait la joie de Christ et c’est la nôtre aussi. « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit accomplie » (Jean 15, 11). Que leur a-t-Il dit ? — Des paroles qui révélaient Son amour insondable. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour » (Jean 15, 9). À quelle distance nous restons de ces déclarations ! Comme nous sommes loin de nous les approprier franchement et sans hésitation ! Et ainsi le but de Celui qui nous les a données est en quelque sorte manqué. C’est comme s’il y avait de la présomption pour des vers de terre comme nous, à dire simplement « amen » quand nous les entendons. Mais est-ce de la présomption ? Non, car ce n’est pas à cause de quelque chose qui soit en nous qu’Il nous aime. La source en est en Lui, et ce n’est pas notre amour qui la fait couler, mais la reconnaissance, l’humilité et l’amour, devraient s’unir pour nous faire dire comme l’épouse : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ». Il désire nous parler de Sa grâce, imprimer sur nos cœurs les preuves et les marques de Son amour. Nous déroberons-nous à Lui ? Non, demeurons dans Son amour selon Sa Parole. Le mot demeurer dit beaucoup ici. Ce n’est pas l’expérience d’un moment ou le fruit d’une imagination enthousiaste, mais il s’agit de demeurer habituellement, de croître dans l’amour, de rester toujours sous son ombre bienfaisante. L’amour de Christ, c’est l’air que nous respirons, l’aliment qui nourrit nos âmes et les fortifie. Jean en parle souvent dans son épître. Il dit : « Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui » ; et Paul dit : « Que Christ habite dans vos cœurs ». Ce n’est pas une attitude comme celle de Marthe ou de Pierre, mais comme celle de Marie ou de Jean. L’âme s’appuie constamment sur les paroles qui expriment Son amour et Sa sympathie pour nous, et demeure dans ces choses. Nous les trouvons en grand nombre dans la Bible, surtout dans le Cantique de Salomon et dans l’évangile de Jean. Que Dieu nous accorde de les recevoir par la puissance du Saint Esprit. Mais quels cœurs légers que les nôtres !

Une faute que nous commettons, c’est de trop nous occuper de notre amour pour Christ, de l’observer, de nous plaindre continuellement de son peu de force et de vie, comme ferait un malade qui, tenant les fenêtres bien fermées, empêcherait à l’air pur d’entrer, en sorte qu’il respirerait continuellement l’air qu’il a vicié, et qui augmente sa faiblesse et sa maladie.

Rien ne peut réchauffer et ranimer nos pauvres cœurs que l’amour de Christ cru et reçu simplement. Et le moyen le plus habile qu’emploie Satan pour empêcher l’effusion de nos cœurs, c’est de diriger nos regards en bas et au-dedans, tandis qu’ils devraient être tournés au-dehors et en haut. Nous avons besoin de veiller attentivement pour être gardés contre ses suggestions.

Mais nous tombons parfois dans une erreur contraire, nous rabaissons notre amour comme s’il n’avait aucune valeur, et que notre bien-aimé Sauveur n’en tînt pas compte. La plus petite étincelle d’affection, de reconnaissance et d’amour, qui s’échappe de nos cœurs, Lui est précieuse ; c’est extraordinaire, mais vrai. Nous en avons pour preuve les paroles du Cantique de Salomon. Que de témoignages nous y trouvons du cas qu’Il fait de notre amour pour Lui. « Comme tes amours sont meilleures que le vin ! » dit-Il (Can. 1, 2). Et encore : « Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n’y a point de défaut » (4, 7). Pouvons-nous manquer de Lui répondre : « Ton palais est plein de douceur, et toute ta personne est désirable » (5, 16) ? Le Seigneur Jésus et Ses bien-aimés rivalisent dans l’expression de leur attachement réciproque.

Nous disons : « Il est un porte-bannière entre dix mille » (5, 10).

Il dit : « Ma parfaite est unique » (6, 9).

Nous disons : « Il est précieux pour ceux qui croient » (1 Pier. 2, 7).

Il dit : « Comme le Père m’a aimé, ainsi je vous ai aimés ». Qu’il est merveilleux, ce mot « ainsi » ! Quel œil pourrait sonder les profondeurs de l’amour du Père pour Son Fils ? Et pourtant Il dit de cet amour : « Ainsi je vous ai aimés ». C’est une mer sans rivage, sur laquelle nous osons à peine nous aventurer. Mais je vous le dis, si nous voulons voir croître notre amour, c’est en demeurant dans ces pensées que nous atteindrons notre but. Des efforts, quels qu’ils soient, seront complètement inutiles. C’est en vain que nous chercherons à aimer. « Si un homme donnait tous les biens de sa maison pour l’amour, on l’aurait en un profond mépris » (Can. 8, 7). L’amour est produit par l’amour ; demeurer dans l’amour de Jésus, se rappeler tout ce qui le caractérise, que c’est un amour personnel, jaloux, fort, durable et immuable, voilà ce qui ne peut manquer de rallumer l’affection la plus languissante, de réchauffer le cœur le plus froid qui, une fois, a connu la grâce de Christ. C’est ainsi que Paul dit : « De sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi ; et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour… et que vous soyez capables de connaître l’amour de Christ, lequel surpasse toute connaissance ».

Tristesse et joie

Les diverses exhortations adressées aux chrétiens dans les épîtres et les évangiles, nous montrent ce qu’est l’intimité de communion que le Seigneur aime à trouver chez les membres de Son corps. L’une des plus belles est peut-être celle-ci : « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, et pleurez avec ceux qui pleurent » (Rom. 12, 15). Si telle doit être la sympathie des membres les uns à l’égard des autres, quelle devrait être celle des membres avec la Tête ?

Elle est grande, la sympathie que Christ éprouve pour les siens dans toutes leurs joies et leurs peines. Oh ! si le Seigneur nous donnait d’en jouir davantage ! Et, d’un autre côté, celui qui jouit de la communion du Saint Esprit partagera les joies et les afflictions du Père et du Fils. Combien peu nous pensons à cela ! Et c’est pourtant à quoi sans doute nous sommes appelés, puisque le précieux titre d’amis nous est donné par Celui qui a dit : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit accomplie » (Jean 15, 11, 14).

Lisons le chapitre 15 de Luc, et nous comprendrons la signification profonde des paroles que je viens de citer. « Réjouissez-vous avec moi », dit le berger ; et Il le dit encore maintenant. Mais combien souvent on ne prend pas garde à Ses paroles, si même on les entend. Tel qui s’est égaré est ramené au bercail ; tel qui est affligé ou indigent est consolé et secouru ; tel qui est faible ou fatigué, est fortifié et restauré ; tel qui est craintif ou qui lutte péniblement, est rendu victorieux par Celui qui l’a aimé ; pensez-vous que le Seigneur Jésus n’y prenne pas garde et ne s’en réjouisse pas ? Loin de nous cette pensée ! Celui qui veille sur chacune de Ses brebis nous dit qu’Il prend plaisir à la paix de Son serviteur (Ps. 35, 27). Cédons à l’invitation de Son amour, approchons-nous et réjouissons-nous avec Lui, nos âmes n’y perdront rien. « M’approcher de Dieu est mon bien », dit Asaph (Ps. 73, 28), et cela, croyez-moi, non seulement dans l’épreuve, ou quand il s’agit de nous personnellement, mais en tout temps ; et si les choses que nous voyons autour de nous, ou que nous entendons dans l’œuvre du Seigneur, ne nous touchent pas directement, souvenons-nous qu’il n’en est pas ainsi du Seigneur Jésus. Il ne tombe pas un cheveu de nos têtes sans Sa permission. Ah ! puissions-nous, bien-aimés, trouver notre joie dans ce qui Le rend heureux Lui-même, être animés du même esprit, du même amour, de la même joie, de la même pensée !

Il y a ici quelque chose de plus élevé que la louange. Nous voyons dans l’histoire de Luc 15, que le berger n’invite pas ses amis et ses voisins pour qu’ils le louent de la diligence qu’il a mise dans sa recherche, mais pour qu’ils se réjouissent avec lui dans son bonheur, parce qu’une brebis a été retrouvée, et pour qu’ils soient en communion avec lui. N’est-ce pas quelque chose de plus élevé encore que la louange ? Et nous pouvons retirer le même enseignement des autres paraboles.

Dans celle de l’enfant prodigue, nous voyons combien le père désire que le fils aîné partage son nouveau sujet de joie ; et comme le fils irrité ne voulait pas entrer, le père sort et le sollicite instamment de le faire. Quelque chose pourrait-il nous enseigner d’une manière plus simple et plus évidente que, quelque élevé qu’Il soit au-dessus de nos conceptions, Dieu veut que nous jouissions avec Lui des choses qui Lui plaisent, et que notre participation à Sa jouissance ne peut être séparée de Son bonheur ? Mais pourquoi ce fils était-il si lent à entrer ? Pourquoi ne trouvait-il aucune joie dans ce qui réjouissait son père ? Sans doute, parce que son cœur n’était pas en pleine sympathie avec l’esprit de la maison : « le fils aîné était aux champs ». Et quelque affligé que le père fût de la conduite de son plus jeune fils, l’aîné ne s’en souciait pas et ne partageait nullement sa douleur ; il méprisait dans son cœur son frère égaré et laissait le père supporter seul sa douleur, ne songeant qu’à se réjouir avec ses amis. Devrait-il en être de même de nous ? Non certainement, bien-aimés ; mais n’est-ce pourtant pas trop souvent le cas ? Autrement, nous nous réjouirions à la pensée de la place que nous avons dans le cœur du Père ; tout ce qui Lui plaît nous rendrait heureux ; et la société des chrétiens, eût-elle tout pour nous charmer, si nous ne pouvions en jouir dans la maison du Père et avec Lui, serait insuffisante pour satisfaire nos besoins et n’aurait pas d’attrait pour nous.

Rien dans Sa Parole n’est pour moi une démonstration plus merveilleuse de ce que Dieu est, et si elle n’était pas dans Sa Parole, une telle pensée serait tout à fait au-dessus de notre conception. Le cœur naturel peut comprendre le culte et l’adoration que nous adressons à un être infiniment au-dessus de nous ; mais la communion, il faut l’Esprit de Dieu pour nous la révéler comme une de ces choses que l’œil n’a pas vues, que l’oreille n’a point ouïes, et qui ne sont pas montées au cœur de l’homme, que Dieu a préparées pour ceux qui L’aiment (1 Cor. 2, 9).

Il peut être bon pour affermir nos cœurs dans cette grâce, de rappeler quelques-uns des passages qui établissent cette vérité de la manière la plus frappante. Voyez, par exemple, les paroles de notre Père, relatives à la joie qu’Il trouve dans Ses rachetés : « L’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi ; le Dieu puissant te délivrera : il se réjouira à cause de toi d’une grande joie ; il se taira à cause de son amour, et il se réjouira à cause de toi avec un chant de triomphe » (Soph. 3, 17). Arrêtons-nous et adorons à la pensée qu’Il puisse voir quelque chose en nous qui, par Sa grâce, motive de telles déclarations. Elle doit être vraie de Dieu, comme elle l’est de l’homme, cette parole : « Le père du juste aura beaucoup de joie ; et celui qui a engendré le sage se réjouira avec lui » (Prov. 23, 24). Et nous trouvons souvent, soit dans l’Ancien, soit dans le Nouveau Testament, comme un puissant motif à la fidélité, cette pensée que Dieu prend plaisir à la prospérité de Ses enfants. « L’Éternel prend plaisir à la paix de son serviteur », dit le psaume 35, 27. « Il prend plaisir en ceux qui le craignent ». Et encore : « Vous avez reçu de nous de quelle manière il vous faut marcher et plaire à Dieu » (1 Thess. 4, 1). Est-ce seulement que nous ne devons pas Lui déplaire ? Je ne le pense pas. Nous trouvons beaucoup d’expressions semblables dans le Cantique des cantiques, quand l’époux exprime la joie qu’il trouve en son épouse et dans les fruits qu’elle porte. « Tes plants sont un paradis de grenadiers et de fruits exquis » (4, 13). « Ta voix est douce et ton visage est agréable » (2, 14). Merveille admirable et sans pareille de la grâce ! Comment pourrions-nous prononcer de telles paroles, nous pauvres pécheurs, froids et stériles que nous sommes ! Non pas à nous, ô Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne gloire !

Mais s’il est vrai que le Seigneur peut trouver Son plaisir en nous, que notre gloire soit de nous réjouir en Lui ! Il fallait faire bonne chère et nous réjouir, dit notre Père (Luc 15, 32). « Le roi m’a amenée dans ses chambres. Nous nous égaierons et nous nous réjouirons en toi » (Can. 1, 4). « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : Réjouissez-vous » (Phil. 4, 4). Nous adorons humblement le nom de Celui qui n’a pas eu honte de nous appeler Ses frères, et de manifester l’amour que nous révèle ce nom.

Le péché

À la lecture de ce titre, mon lecteur sera peut-être surpris et se demandera si, à propos du péché, il peut y avoir une communion quelconque entre Dieu, notre Père, et nous. Mais, je le dis, si nous ne sommes pas en communion avec Dieu au sujet du péché, nous ne pouvons l’être au sujet de rien, et nous n’avons aucune puissance pour lui résister ou pour le surmonter.

Par ces mots : « communion au sujet du péché », j’entends que nous ayons le même sentiment et les mêmes pensées là-dessus.

La pensée de Dieu sur le péché, nous la connaissons par un grand nombre de passages. « Et l’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre… et l’Éternel s’en affligea dans son cœur » (Gen. 6, 5, 6). Dans Exode 32, 10, nous voyons que, après le péché d’Israël, l’Éternel s’écria : « Laisse-moi faire, afin que ma colère s’enflamme contre eux ». Notre péché L’offense, L’afflige. Dans le psaume 5, 4, il est dit : « Tu n’es pas un Dieu qui prenne plaisir à la méchanceté ». Et dans Habakuk 1, 13 : « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, et tu ne saurais prendre plaisir à voir la violence ».

Quoiqu’il ne nous soit pas possible de comprendre pleinement combien Dieu a en horreur le péché, nous pouvons par tous ces passages nous en faire une idée et, qu’il se manifeste en nous ou dans les autres, nous en affliger avec Dieu. Oui, quand le péché a fait irruption dans notre cœur, notre seul refuge et ce qui seul nous empêchera d’être entraînés et de perdre la joie de nos rapports avec le Père, c’est d’aller simplement à Lui, comme un enfant, de Lui dire combien nous sommes nous-mêmes affligés de L’avoir affligé, de réclamer Sa bénédiction et l’accomplissement de cette promesse : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1, 9).

Pour qu’un pécheur soit dans une communion constante et ininterrompue avec Celui qui est saint, il faut avant tout qu’il soit en communion avec Lui au sujet du péché lui-même.

Quand nos pensées sur le péché sont celles de Dieu, quand nous le jugeons comme Il le juge Lui-même, rien ne vient interrompre notre communion.

Voilà ce qu’il est bien important de comprendre. À celui qui est né de Dieu, qui est devenu Son enfant, qui n’est plus un ennemi, mais un fils et un héritier, retiré des ténèbres pour habiter dans la lumière, le péché apparaît dans un jour complètement nouveau.

Avant de connaître Dieu, quand j’étais encore dans la chair, le péché était pour moi une violation de la loi de Dieu ; maintenant que je suis sous la grâce, et non plus sous la loi, le péché m’apparaît comme en désaccord avec la position dans laquelle je suis. Je dois confesser une pensée ou une action qui afflige mon Père, quoiqu’il n’y ait pas de loi relative à cela. Si nous sommes enfants de Dieu, l’exhortation qui nous est adressée n’est pas seulement : Soyez donc les imitateurs de Dieu, mais : « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ». Vous n’êtes plus des serviteurs qui font ce qui leur est commandé, mais des fils auxquels il est comparativement donné peu de directions, et de qui l’on peut attendre beaucoup, oui beaucoup plus, et qui doivent marcher d’une manière conséquente avec la position qu’ils occupent tout près du Père.

Il est important de ne pas tomber ici dans une erreur qui n’est que trop commune, c’est de considérer minutieusement nos péchés, nos fautes et nos errements, tels qu’ils sont en eux-mêmes, plutôt que de les voir dans leur relation avec le cœur et la gloire du Père et de Son Fils Jésus Christ notre Seigneur, avec qui nous avons communion. Le péché ne nous apparaîtra jamais plus odieux que si nous le considérons sous ce point de vue, parce qu’il touche alors à nos affections et que nous le voyons comme un émissaire de Satan, envoyé de l’enfer pour interrompre la joyeuse communion que j’avais avec mon Père, et pour affliger Celui qu’aime mon âme.

Ainsi, toutes les fois que le monde, la chair ou Satan, ont été pour nous la cause d’une chute, et que nous sentons l’Écriture et notre conscience nous accuser, nous pouvons dire : J’ai affligé le cœur de mon Père ! Comme cela rend attentif à tout ce qui pourrait L’offenser ! Comme, en y pensant, nous veillerons sur chacun de nos pas, sur nos paroles, nos actes, ou nos pensées, qui seraient contraires à la sainteté ou à l’esprit filial ! Dieu et moi sommes maintenant en communion l’un avec l’autre, et j’ai agi d’une manière contraire à cette relation ; je L’ai affligé, je le sais. Qu’est-ce donc que la confession ? Ce n’est pas un effort pour m’accuser, je n’ai pas à implorer Sa miséricorde en quelque sorte de loin ; pas à douter de mon acceptation dans le Bien-aimé, mais à prendre hardiment ma place comme un enfant, comme un enfant sauvé et accepté, à reconnaître toute ma faute, qui a sa source dans le vieil homme corrompu selon les convoitises qui séduisent (Éph. 4, 22), à juger sa racine et ses branches comme Dieu le fait, à me voir tel que je suis à la merveilleuse lumière de Dieu, prenant ma place à côté de mon Père en Christ, et appelant alors le péché à notre barre pour qu’il y reçoive le jugement sans miséricorde que nous portons sur lui.

Et cela pour une raison bien simple. Je ne puis jamais voir toute l’horreur du péché, parce que j’habite dans un milieu où il règne et qu’en moi-même je suis en rapport avec lui. C’est pourquoi, pour conserver intacte ma communion avec le Père, je dois renoncer à mon jugement du péché et le voir dans toute sa noirceur, tel qu’il paraît aux yeux de Dieu. Le péché est donc ce qui afflige le Père, ce qui afflige le Fils, et ce qui afflige le Saint Esprit. En voilà assez sur le péché qui est en moi, sur la communion avec le Père et le Fils dans la douleur qu’il leur cause. Mais tout ceci est d’une application plus étendue, et peut s’entendre du péché dans l’Église de Dieu et dans le monde. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Mais je laisse ce sujet aux méditations des disciples du Seigneur. Je demande à Dieu que nous puissions réaliser toutes ces choses. Le secret pour vivre saintement et justement dans le présent siècle, n’est pas d’ailleurs de parler ou d’écrire là-dessus, mais de faire sans cesse l’expérience de cette communion avec Dieu. Les dons et la connaissance peuvent exister en mesure abondante, mais si nous ne demeurons pas avec Dieu, d’une manière conséquente, les fruits de l’Esprit manqueront. Tandis qu’avec une marche fidèle, n’eût-elle qu’en faible mesure ce que les hommes estiment, il y aura joie, paix et contentement dans le cœur, service utile et béni, énergie spirituelle, et, mieux que tout cela, celui qui aura ainsi vécu ici-bas aura à la fin ce témoignage, précieuse récompense d’Énoch, « d’avoir plu à Dieu ».

« Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur, est fidèle » (1 Cor. 1, 9).