Dans le premier chapitre de son épître aux Colossiens (v. 3-4), l’apôtre Paul rend grâces au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, en tout temps, pour leur foi dans le Christ Jésus, et pour l’amour qu’ils avaient pour tous les saints ; — et au chapitre 2, il exprime sa joie de l’ordre qui régnait parmi eux, et de la fermeté de leur foi en Christ (v. 5).
On pourrait facilement conclure de ces témoignages que l’état de cette assemblée était tout à fait satisfaisant, et que l’apôtre pouvait penser à eux avec joie et sans aucune inquiétude. Mais lorsque nous lisons, au commencement du second chapitre, ces mots : « Car je veux que vous sachiez quel combat j’ai pour vous, etc. », et que nous entendons le témoignage rendu à leur égard par Paul à Épaphras qui avait personnellement enseigné au milieu d’eux : « Combattant toujours pour vous par des prières » (4, 12), la conviction s’impose à nous qu’il devait cependant y avoir quelque chose parmi eux qui, nonobstant leur foi, même la fermeté de leur foi en Christ, et leur amour pour tous les saints, et nonobstant le bon ordre qui régnait parmi eux, remplissait ces deux fidèles ouvriers du Seigneur d’une grande crainte et d’une grande angoisse à leur sujet. Et il fallait que ce fût quelque chose de bien important. Mais en quoi consistait le danger des Colossiens pour provoquer un si grand combat chez l’apôtre ? Ils croyaient pourtant en Christ comme en leur Rédempteur, et se reposaient quant à leurs péchés sur l’œuvre accomplie par Lui. La volonté de Dieu par laquelle ils étaient sanctifiés au moyen du sacrifice du corps de Jésus Christ offert une fois pour toutes, était connue et crue par eux. Ce n’était pas à cause de cela que le cœur de l’apôtre pouvait être inquiet à leur sujet. Qu’était-ce donc ? Ils étaient sous l’influence de faux docteurs, qui s’efforçaient en toute manière de détourner leurs regards du Christ et de Sa plénitude, et d’affaiblir dans leurs cœurs le sentiment de leur union intime et indissoluble avec le Chef de toute principauté et de toute puissance (2, 10). Ils commençaient à oublier qu’en Christ, ils étaient morts aux éléments du monde ; ils s’assujettissaient à des ordonnances comme s’ils vivaient encore dans le monde (2, 20).
Mais le chrétien n’appartient plus à ce monde. La mort de Christ et son association avec Lui dans la mort l’en a séparé pour toujours. La croix de Christ est la paroi de séparation entre lui et le monde. La portion du chrétien est en haut, là où est le Christ, et déjà maintenant il possède toutes choses en Lui. — L’apôtre ne dit pas : « Rendant grâces au Père qui nous rendra capables », mais « qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour » (1, 12, 13). Nous sommes ressuscités avec Christ, nous sommes déjà accomplis en Lui. L’Assemblée est unie intimement et fermement au Christ par un lien indissoluble, tout comme la femme à l’homme, tout comme le corps à la tête ; elle est Sa plénitude, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous (Éph. 1, 23).
Ce lien céleste, bien qu’indissoluble en lui-même, commençait à se relâcher dans les cœurs et dans l’état pratique des Colossiens ; et ainsi, ils étaient en grand danger de devenir la proie de la philosophie des hommes et de toute sorte de doctrines trompeuses. Si, ainsi que nous l’avons vu, ils étaient encore fermes et inébranlables dans leur foi en Christ, il n’en était cependant plus de même quant à la connaissance de leur accomplissement en Christ. Bien qu’ils eussent connu la volonté de Dieu par laquelle ils avaient été sanctifiés par le sacrifice de Christ, et qu’ils la retinssent ferme, ils commençaient néanmoins à s’affaiblir dans la connaissance du mystère de Sa volonté (Éph. 1, 9), c’est-à-dire du mystère des conseils et des pensées de Dieu quant au Christ et à l’Assemblée — de ce glorieux mystère qui avait été caché dès les siècles en Dieu, mais qui maintenant était révélé par les apôtres et les prophètes (c’est-à-dire les prophètes du Nouveau Testament), et qui renfermait en lui tous les trésors de la sagesse et de la connaissance.
De tout temps, Satan s’est efforcé d’obscurcir la précieuse vérité de ce mystère dans les cœurs des croyants ; ses efforts tendent toujours à en détourner leurs yeux et à les occuper, soit des folles inventions de l’esprit humain, soit des éléments du monde, c’est-à-dire de toute sorte de cérémonies et d’ordonnances auxquelles l’homme naturel est assujetti, et dans lesquelles il cherche son repos. L’ennemi, hélas, n’a que trop bien atteint son but ! Ce glorieux mystère, qui remplit tout cœur croyant de louange, d’adoration et de la joie la plus profonde, est peu connu et estimé de nos jours ; on sonde peu maintenant les trésors de sagesse et de connaissance qui y sont cachés ! Nul n’est capable de mesurer la perte que nous éprouvons, quant à la glorification de Dieu et à notre marche pratique, lorsque nous perdons la connaissance de ce mystère, et lorsque le lien indissoluble qui embrasse Christ et l’Assemblée, lien maintenant aussi ferme et aussi parfait qu’il le sera plus tard dans la gloire, s’affaiblit ou même s’obscurcit tout à fait dans nos cœurs.
L’apôtre voyait que les Colossiens étaient menacés de cette perte, et c’est pour cela qu’il était dans un si grand combat à leur égard. Il ne cessait pas de prier pour eux qu’ils soient remplis de la connaissance de Sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle (1, 9). Son ardent désir était que le mystère de Sa volonté recouvre dans leurs cœurs la place qui lui était due. C’est pour cela aussi qu’Épaphras combattait toujours pour eux par des prières, ainsi que le dit l’apôtre, « afin que vous demeuriez parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu » (4, 12). Plaise au Seigneur de réveiller toujours plus de tels ouvriers parmi nous, dans ces jours dangereux, dans ces derniers temps difficiles, des ouvriers qui aient par-dessus tout à cœur de Le glorifier, qui connaissent en réalité, pour eux-mêmes, le conseil de Dieu, et qui soient par là même capables de l’annoncer à d’autres avec sagesse et discernement, pour présenter ainsi tout homme parfait en Christ (1, 28) ; des ouvriers qui portent en tout temps les siens sur leurs cœurs par la prière, et qui soient toujours occupés de leur bien.
Mais quelle est la voie que prend l’apôtre pour aller au-devant du danger dont les Colossiens étaient menacés ? Il s’efforce avant tout de diriger leurs cœurs sur Christ et de les détourner de toute chose autre, en plaçant devant leurs yeux la plénitude qui est en Lui, et en les mettant en même temps en garde contre les choses nuisibles par lesquelles l’ennemi cherchait à les tromper et à les détourner de l’attachement au Christ au moyen des discours éloquents de faux docteurs. C’est en effet une perte irréparable pour le cœur et pour notre marche tout entière, lorsque Christ n’est plus notre seul objet, le seul centre de notre vie ici-bas.
La riche et incommensurable plénitude qui est en Lui est mise sous nos yeux au chapitre 1, 14 à 20. En Lui, nous avons la rédemption, la rémission des péchés ; Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création ; l’univers entier, tout ce qui existe, a été créé par Lui et pour Lui ; Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par Lui ; Il est le Chef du corps, de l’Assemblée, le commencement, le premier-né d’entre les morts ; en toutes choses, Il a le premier rang. Toute la plénitude, la plénitude de la divinité, s’est plu à habiter en Lui, et par Lui à réconcilier toutes choses avec elle-même. Il est le chef de toute principauté et de toute puissance, et nous, les rachetés, nous sommes accomplis en Lui. Déjà maintenant, nous sommes unis à Lui dans cette position glorieuse et haut élevée, par un lien ferme et éternel ; nous sommes une partie de Lui-même. Il est la tête, l’Assemblée est Son corps, Sa plénitude. En tant que morts avec Christ, nous sommes entièrement affranchis de notre position précédente et de notre responsabilité dans la chair. Pour le croyant, il n’y a plus ni péché, ni mort, ni condamnation. La mort et le jugement du Christ sur la croix étaient notre mort et notre jugement. L’un et l’autre sont pour toujours derrière nous. Quelle grâce et quelle consolation !
Non seulement tous nos péchés ont été effacés par le sang de Christ sur la croix, mais encore le jugement de la part de Dieu a été pleinement exécuté sur nous-mêmes, sur notre état naturel tout entier. Sa justice a été pleinement satisfaite en Christ fait péché pour nous sur la croix, et tout ce qui est en Dieu a été là parfaitement glorifié pour nous. Si Satan a pu triompher de Dieu dans le jardin d’Éden, lorsqu’il induisit par sa tromperie le premier Adam à la désobéissance et qu’il fit venir sur lui et sur toute sa race la mort et la ruine — maintenant aussi, Dieu a pu triompher de Satan par la croix sur laquelle le dernier Adam a exhalé Son âme (2, 15). Là, il a été pleinement anéanti et dépouillé de toute sa gloire. Et tout comme Satan, lui qui avait la puissance de la mort, a été anéanti par la mort de Christ, ainsi la mort elle-même a été anéantie aussi par la résurrection de Christ ; Il a mis en lumière la vie et l’incorruptibilité (2 Tim. 1, 10). La croix était bien inférieure à ce glorieux jardin d’Éden ; mais combien plus le dernier Adam était supérieur au premier ! Celui-ci a procuré le triomphe de Satan, l’autre le triomphe de Dieu. Quelle différence !
Dans les deux premiers chapitres de notre épître, l’apôtre a donc exposé spécialement la plénitude incommensurable du Christ et notre accomplissement en Lui ; et à cet égard, on ne peut dire autre chose, sinon : Quelle perte pour les Colossiens et pour nous tous, que de perdre de vue cette plénitude en Christ ainsi que le sentiment de notre position bénie, de notre union parfaite avec Lui, pour nous occuper des misérables inventions de l’imagination de l’homme, ou pour mettre notre confiance en de pauvres ordonnances sans valeur ! La mort de Christ nous en a séparés pour toujours. Nous ne sommes pas seulement morts avec Lui, mais nous avons encore été vivifiés avec Lui, nous avons été ressuscités avec Lui, et par là même introduits dans une relation toute nouvelle. Nous sommes unis inséparablement, quant à la vie, avec Celui qui est assis à la droite de Dieu ; et c’est sur ce lien que l’apôtre fonde ses exhortations dans le troisième chapitre de cette épître.
« Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (v. 1-3). Le lien qui nous unit à Christ montre de la manière la plus évidente que ce qui est convenable pour nous, c’est de tendre aux choses qui sont en haut, là où est le Christ, et d’y appliquer nos pensées. Il est aussi tout à fait impossible d’avoir l’objet de son cœur en même temps là-haut et ici-bas, au ciel et sur la terre, en Christ et dans le monde ; car sous tous les rapports, l’un est en opposition avec l’autre. — Lorsqu’il s’agit des éléments du monde, ou en général de ce qui est sur la terre — alors même que ces choses ne seraient pas précisément mauvaises et à rejeter quant à elles-mêmes — l’apôtre dit : « Vous êtes morts ». La position précédente, comme enfants du premier Adam, a cessé à jamais pour ceux qui sont vivifiés avec Christ et ressuscités avec Lui, et tout ce qui était en relation avec cette position a perdu pour eux toute sa valeur. Ils ont reçu la vie de Christ, et par cette vie, ils sont tout à fait réunis avec Lui. Christ Lui-même est la source assurée de cette vie qu’ils possèdent en Lui et avec Lui. Aussi, ils sont exhortés à chercher les choses qui sont en haut, là où est Christ. Et cette vie est cachée avec Lui en Dieu. La vie qui se manifeste maintenant sur la terre est la vie du monde et du péché. Mais il n’en sera pas toujours ainsi, car nous lisons au verset 4 : « Quand le Christ qui est notre vie sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec Lui en gloire ». Nous partageons complètement le sort du Christ en qui nous possédons la vie. Aussi longtemps qu’il est caché, notre vie aussi est cachée, parce qu’Il est notre vie ; et lorsqu’Il sera manifesté, nous serons manifestés avec Lui en gloire, aux yeux de tous, dans le ciel et sur la terre.
Nous sommes morts, et notre vie est cachée avec Christ en Dieu ; néanmoins, nous avons encore des membres sur la terre, et nous sommes appelés à les mortifier : « la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise et la cupidité qui est de l’idolâtrie, à cause desquelles la colère de Dieu vient sur les fils de la désobéissance » (v. 5-6). Ce sont les membres du vieil homme, qui appartient au système de ce monde et qui y a sa vie, qui ne pense qu’aux choses qui sont sur la terre. Ce sont ces membres-là que nous devons mortifier, c’est-à-dire rejeter pratiquement ; et cela ne peut se faire que par l’homme nouveau qui a sa vie et sa force en Christ. Si le chrétien néglige sa position bénie, s’il poursuit de nouveau ce qui appartient au monde ou à la terre, il nourrit et entretient ces membres ; leur influence et leur activité vont progressant, et en fin de compte, ils reprennent tout leur pouvoir sur lui. Mais si ses pensées sont dirigées sur les choses qui sont en haut, s’il demeure en Christ, et Christ en lui, ces membres ne trouvent point de nourriture. Ils sont bien toujours là présents, mais ils ne trouvent pas lieu à manifester leur activité ; leur influence est paralysée. Aussi longtemps que la volonté propre n’est pas brisée et que le cœur n’est pas soumis au Seigneur, la nature pécheresse se révèle en manifestations honteuses et réprouvées de toute sorte, en « colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses », etc. (v. 8). Or le chrétien est exhorté à les dépouiller. Nous n’avons pas à renoncer aux péchés grossiers seulement, mais à toute activité de l’homme naturel que Dieu ne connaît pas, et qui ne s’inquiète pas de Dieu. Il est beau de voir cette vérité, que nous sommes morts et ressuscités avec Christ, introduite ici comme la délivrance de tout ce qui appartient à cette vieille nature. Le premier Adam est complètement jugé en tout ; rien n’a été épargné.
« Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance selon l’image de celui qui l’a créé » (v. 9-10). Le nouvel homme hait le mensonge et aime la vérité, car il participe de la nature divine. Il connaît Dieu et il juge du bien et du mal, non pas d’après la loi, non pas d’après ce que l’homme devrait être comme créature responsable, mais d’après la nature de Dieu. Il marche dans la lumière et il la possède. Tout ce qui est du vieil homme est jugé par lui selon Dieu. Dans sa nouvelle position, et dans la relation qui en découle, il ne trouve de satisfaction qu’en ce qui est divin. Il ne laisse place à aucun mensonge, parce que le mensonge déshonore Dieu, et parce qu’il a dépouillé le vieil homme et ses actions et qu’il a revêtu le nouvel homme.
Mais le nouvel homme a besoin de croître ; il faut qu’il grandisse et qu’il soit fortifié. « Il est renouvelé » ; et ceci a lieu par l’efficace du Saint Esprit ; et le modèle parfait d’après lequel il est formé, c’est Christ. Il est l’image de Celui qui a créé le nouvel homme. Quel parfait modèle ! Et combien l’apôtre s’efforçait de former tout homme d’après ce modèle, de présenter tout homme parfait en Christ (1, 28-29) ! L’objet de l’activité du Saint Esprit est aussi que tous ceux qui appartiennent à Christ arrivent à « l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (Éph. 4, 13).
Et quelle est la voie pour arriver à ce glorieux résultat ? « Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, en Esprit » (2 Cor. 3, 18). Voilà le chemin dans lequel le nouvel homme est renouvelé de plus en plus en connaissance à l’image de son vrai et parfait modèle — le chemin dans lequel il avance en accroissement. Pour l’homme nouveau, toute différence a disparu entre les uns et les autres ; « il n’y a pas Grec et Juif, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, esclave, homme libre, mais où Christ est tout et en tous » (v. 11). Il est le seul objet vrai de tous les croyants ; ils ne connaissent que Lui, les yeux de tous sont dirigés sur Lui, tous trouvent en Lui leur joie et leurs délices, leur entière satisfaction. Et Il est en tous, Il est leur vie ; Lui-même est l’expression vraie et parfaite de leur position et de leur état devant Dieu.
Christ étant donc en tous les croyants, ceux-ci sont aussi initiés à Ses titres, et ils sont exhortés à marcher selon Ses pensées. « Revêtez-vous donc comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (v. 12). Si nous suivons ici-bas les traces du Christ, nous voyons que tous les caractères énumérés ici trouvent leur expression parfaite en Lui. Au milieu d’un monde où Il n’était entouré que de misère et de péché, ces caractères brillaient constamment en Lui de leur éclat divin. Que nous Le rencontrions au puits de Jacob, parlant à une femme samaritaine, ou dans la maison de Simon le lépreux, où une grande pécheresse se tenait à Ses pieds ; que nous L’accompagnions à Naïn où une veuve pleurait la perte de son fils unique, ou dans ce lieu désert où une grande foule de peuple L’entourait comme des brebis sans berger ; que nous Le contemplions au milieu des péagers et des pécheurs, ou dans le cercle des siens — toujours Il peut nous dire : « Apprenez de moi » ! On voit toujours rayonner en Lui l’amour divin sous tous ses beaux caractères, selon que le demandent les circonstances. Maintenant, Il est notre vie ; Il habite en nous et nous en Lui. — L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous est donné, et c’est pour cela qu’il nous convient, à nous aussi, de marcher sur Ses traces, de manifester en tout temps les mêmes sentiments, de mettre partout en lumière les mêmes preuves et les mêmes caractères de cet amour divin, et cela, au milieu d’un monde corrompu et impie, afin que chacun reconnaisse que Christ est en nous, et que nous sommes Ses disciples.
L’apôtre poursuit son exhortation : « Vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même » (v. 13). Quand c’est l’égoïsme qui gouverne le cœur, on veut être supporté par tous, mais on est soi-même peu disposé à supporter les autres. Nous sommes aussi toujours disposés à voir les faiblesses et les fautes des autres plus grosses qu’elles ne sont, et à les juger impitoyablement, surtout si elles nous touchent directement ; mais nos propres fautes, nous les envisageons comme peu importantes, et nous savons les excuser de toute sorte de manières. Nous trouvons très facile que les autres nous supportent, mais cela nous paraît une tâche lourde et une grande exigence que d’avoir à les supporter. Mais si nous marchons à la lumière de Dieu, nous admirons avec une profonde humilité la patience et la longanimité dans lesquelles Il nous supporte jour après jour ; et si l’amour du Christ remplit notre cœur, il ne nous sera pas difficile de supporter les autres, et de les estimer en humilité plus excellents que nous-mêmes. Le Seigneur a supporté Ses disciples avec un amour invariable et une patience persévérante jusqu’à la fin, malgré tous leurs défauts et toutes leurs faiblesses. Et dès l’origine aussi, Son cœur était rempli de grâce et de pardon pour nous. Déjà lorsqu’Il donnait Sa vie précieuse sur la croix pour nous, ou lorsqu’Il nous suivait et nous cherchait, nous pécheurs perdus, dans ce monde, il n’y avait dans Son cœur qu’amour, grâce et pardon pour nous ; ce n’était pas seulement du moment où nous nous sommes repentis et où nous avons imploré Sa grâce. Les mêmes sentiments nous conviennent, à nous aussi, lorsque nous avons un sujet de plainte contre quelqu’un. Le pardon doit toujours être dans nos cœurs, et ne pas commencer alors seulement que celui qui nous a fait tort le reconnaît et se repent : « Comme le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même ». Il est en tout le modèle parfait de nos sentiments et de toute notre conduite.
Il se peut, sans doute, que l’on trouve dans la nature humaine des qualités qui ressemblent à celles énumérées au verset 12 ; mais il y a une grande différence entre ce qui est de la nature et ce qui est le fruit de la grâce. L’œil d’un chrétien qui a le sentiment de son union avec Christ, et qui Le possède comme l’objet de son cœur, est capable de reconnaître cette différence. Tout produit de la nature humaine, quelque belle apparence qu’il puisse avoir, est sans valeur devant Dieu et sans force ni réalité ; et ceci sera toujours mis en évidence dès que viendra le temps de l’épreuve. C’est pour cela aussi que l’apôtre dit : « Et par-dessus toutes choses, revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection » (v. 14). L’amour est de Dieu, et il est la seule vraie source d’où découlent ces qualités. Il leur imprime un caractère vraiment divin, et il donne à toute notre conduite ici-bas la vie et la force. Et cet amour est en activité dès que nous marchons en la présence de Dieu, dans le sentiment de notre communion avec Lui.
« Et que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos cœurs, et soyez reconnaissants » (v. 15). Le Seigneur a dit à Ses disciples en quittant cette terre : « Je vous donne ma paix ». Il a été tenté ici-bas en tout ce en quoi la nature humaine peut être tentée ; mais rien n’a pu troubler ou affaiblir en Lui cette douce paix, car Il marchait constamment dans la conscience et dans la communion de l’amour de Dieu, et dans la pleine dépendance de Sa volonté. En Lui, nous sommes maintenant placés si près de Dieu que nous sommes rendus capables de marcher sur Ses traces et dans Ses pensées sous la direction et par la force de l’Esprit ; et si nous le faisons, la « paix de Christ » aussi sera la précieuse et constante jouissance de nos cœurs. L’apôtre remarque en même temps que nous sommes appelés à cette paix dans l’unité du corps, qu’ainsi cette paix règne aussi dans l’Assemblée comme corps de Christ et constitue le lien de l’unité. Et lorsqu’il en est ainsi, et que, dans cet état heureux et béni, nous regardons à la richesse de la grâce et de l’amour de Dieu qui a été fait notre part dans le Christ Jésus, la louange et l’action de grâces remplissent nos cœurs.
Nous lisons ensuite, au verset 16 : « Que la Parole du Christ habite en vous richement, en toute sagesse, vous enseignant et vous exhortant l’un l’autre par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant de vos cœurs à Dieu dans un esprit de grâce ». L’épître aux Colossiens nous montre Christ comme Chef de la création et de l’assemblée, comme la source et le centre de tout, et comme le seul modèle vrai et parfait du nouvel homme. Celui-ci se nourrit et se développe par la Parole du Christ ; l’homme nouveau est l’expression de ce que Christ est. Plus donc Il trouvera place en nous et y sera cultivé, et plus nous marcherons pratiquement dans une relation constante et cachée avec Christ, plus aussi nous serons capables de nous enseigner et de nous exhorter les uns les autres en toute sagesse. Mais ce n’est pas là le seul fruit. Si Christ est l’objet vrai et réel de notre vie, et si nous ne désirons rien d’autre que de rechercher Son bon plaisir et de l’accomplir, Il se révèlera à nous (Jean 14, 21), et notre cœur sera rempli de louange et d’actions de grâces. Nos sentiments intimes, dans lesquels se déploie la vie spirituelle — les sentiments de joie et de bonheur — trouveront leur expression en psaumes, en chants de louanges et en cantiques spirituels. Ce sont les manifestations d’un cœur rempli de Christ qui a la conscience de son union intime avec Lui ; et ces manifestations sont utiles et bénies pour d’autres, pour enseigner, pour exhorter et encourager. Dieu Lui-même est l’objet de notre louange et de notre action de grâces ; nous chantons Sa louange dans un esprit de grâce.
Enfin, l’apôtre exhorte les croyants à Colosses à ne rien faire sans Christ ; car nul ne tient à notre âme de si près que Lui ; nous ne sommes unis quant à la vie à personne si pleinement et si intimement. « Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par Lui à Dieu le Père » (v. 17). Ce n’est pas en certains caractères seulement, bien qu’ayant leur source en Christ, que la vie d’un chrétien trouve son expression vraie et complète, mais en Christ Lui-même, but et objet de son cœur en tout ce qu’il fait. Nous possédons notre vie en Lui, la vie vraie et réelle ; Lui-même est notre vie, et c’est pour cela que tout ce qui découle de cette vie ne peut avoir que Lui pour but et pour objet, et ne peut s’accomplir qu’en relation avec Lui. Si Christ Lui-même remplit le cœur et si nous mettons notre plaisir à Le glorifier, Sa présence imprime aussi son sceau à tous nos actes, et tout est mis en relation avec Lui. Nous faisons alors tout en Son nom, et Lui-même est la source, la force et le but de toutes nos actions. Nous demeurons en Lui, et Lui en nous ; le sentiment de l’amour divin réjouit notre cœur et nous étreint pour présenter en tout temps par Lui nos actions de grâces à Dieu le Père.
Dieu veuille que nous prenions Sa Parole à cœur, que nous réalisions en tout temps la communion avec Lui, afin que nous accomplissions notre vie de cette manière bénie, et que Son nom soit glorifié par nous. Puisse-t-Il être Lui-même, jour après jour, la joie et les délices de notre cœur, et constituer le seul et précieux objet de toute notre vie ici-bas.