Peu d’entre ceux qui ont entrepris de suivre le Seigneur Jésus n’ont pas, à un moment ou l’autre, traversé de douloureux exercices de cœur en lien avec les premiers versets de Hébreux 6. Tandis que, à long terme, ils n’ont aucune raison de regretter l’exercice, il est pourtant toujours utile de distinguer entre l’Esprit utilisant un passage pour nous sonder, et Satan en abusant pour nous faire broncher. Être sondé est bon pour nous. C’est des plus salutaires. Nous en avons tous besoin, et nous avons à être reconnaissants quand nous le sommes, mais nous sommes tellement enclins à être légers et superficiels, et à nous retirer de tout ce qui éprouve la conscience.
Pourtant, nous n’avons pas le moindre doute que beaucoup d’âmes vraies et sérieuses, beaucoup de ceux à qui Hébreux 6, 4 à 6 ne s’applique en rien, ont été troublés et découragés en ne comprenant pas la vraie force et la vraie portée du passage. C’est pour aider ceux qui sont tels que nous écrivons ce qui suit, car nous pouvons dire en vérité qu’il n’y a pas de travail dans lequel nous ayons plus d’intérêt, que d’ôter les pierres d’achoppement du chemin des bien-aimés de Dieu. Nous sentons de façon très certaine que c’est une œuvre qu’Il se plaît à voir accomplie, dans la mesure où Il a donné un commandement formel à Ses serviteurs de le faire. Nous avons simplement à veiller de peur que, dans notre désir d’enlever les pierres d’achoppement, nous ne perturbions en quelque mesure les points de repère. Que l’Esprit béni nous aide en grâce pour bien comprendre ce passage tristement mal compris des saintes Écritures !
Ainsi, nous nous demandons qui sont ceux dont parle l’écrivain inspiré dans les versets 4 à 6 — ceux de qui il déclare : « Il est impossible qu’ils soient renouvelés encore à la repentance ». Une réponse correcte à cette question ôtera la plus grande partie de la difficulté ressentie à l’égard de cette portion de l’épître aux Hébreux. Pour trouver cette réponse, il faut garder deux choses à l’esprit. Tout d’abord, dans les versets 1 et 2, il n’y a pas un seul caractère qui appartienne au christianisme comme distinct du judaïsme ; en second lieu, dans les versets 4 et 5, il n’y a pas une seule expression qui s’élève à la hauteur de la nouvelle naissance ou du sceau de l’Esprit.
Citons les paroles de l’apôtre : « C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits, ne posant pas de nouveau le fondement de la repentance des œuvres mortes et de la foi en Dieu, de la doctrine des ablutions et de l’imposition des mains, et de la résurrection des morts et du jugement éternel ».
Or il doit être clair pour le lecteur que l’apôtre ne pouvait jamais exhorter ces chrétiens hébreux professants à laisser quoi que ce soit qui appartienne au christianisme. Il n’y a pas un seul fait dans cette glorieuse économie, du début à la fin — pas une seule pierre dans cette glorieuse superstructure, du fondement à la pierre de faîte ; pas un seul principe dans ce magnifique système, du début à la fin — que nous pouvons nous permettre de laisser ou dont nous pouvons nous dispenser un moment. Quel est le grand fondement du christianisme ? La croix. Et quels en sont les deux faits caractéristiques ? Un homme glorifié dans le ciel et Dieu habitant dans l’homme sur la terre. Pouvons-nous laisser ces choses ? À Dieu ne plaise ! À qui ou à quoi irions-nous ? Il est impossible que nous puissions laisser ou abandonner un seul fait, un seul caractère ou un seul principe de notre glorieux christianisme.
Qu’est-ce donc que nous devons laisser, en Hébreux 6, 1 et 2 ? Simplement ces éléments de vérités contenus dans le système juif qui, dans la mesure où ils possédaient une valeur permanente, sont reproduits dans le christianisme, mais qui, en tant que système, devaient être abandonnés pour toujours. Où trouve-t-on un terme propre au christianisme dans ce passage ? Ne pouvons-nous pas voir d’un coup d’œil que l’apôtre a le judaïsme présent à l’esprit ? C’est cela qu’il exhorte ses frères à laisser et à avancer dans le christianisme, qu’il appelle ici « perfection ».
C’est une croyance courante, que les paroles : « avançons vers la perfection », se rapportent à notre abandon des premières étape de la vie divine et l’avancée vers de plus hautes. C’est une erreur complète. Quant à ce qui est appelé « la vie chrétienne supérieure », une telle chose n’existe pas, en réalité. S’il y a une vie plus élevée, il doit y en avoir une inférieure, mais nous savons que Christ est notre vie, la vie de chacun, la vie de tous. Il ne peut pas y avoir quelque chose de plus élevé que cela. Le moindre petit enfant en Christ a une vie aussi élevée que le membre le plus mûr et le plus instruit de l’Assemblée de Dieu.
Il y a progrès dans la vie divine, croissance dans la grâce, la foi augmentant beaucoup. Nous reconnaissons pleinement tout cela, et voulons nous engager à le rechercher plus diligemment. Mais ce n’est pas le sujet de Hébreux 6, 1 et 2. Il ne s’agit pas de passer d’une forme à l’autre dans l’école de Christ, mais de quitter l’école de Moïse pour entrer pleinement, de cœur et avec intelligence, dans l’école de Christ. Il ne s’agit pas de passer d’une étape de la vie chrétienne à l’autre, mais d’abandonner le judaïsme pour entrer dans le christianisme. Nous ne pouvons pas abandonner un seul atome du christianisme sans abandonner Christ Lui-même, car Il est le fondement, la source, le centre, l’origine de tout l’ensemble.
Mais le lecteur peut se sentir poussé à demander : Ne trouvons-nous pas « la repentance, la foi, la résurrection et le jugement éternel », en Hébreux 6, 1 et 2 ?[1] C’est vrai, mais seulement comme des éléments du système juif. Il n’y a pas un mot de « la foi en notre Seigneur Jésus Christ », pas un seul mot au sujet de Christ. C’est simplement le judaïsme, auquel certains des professants hébreux étaient en danger de retourner, mais duquel l’apôtre les presse sérieusement de s’en aller.
Tournons-nous maintenant un moment vers les versets 4 et 5. « Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, et qui ont goûté du don céleste, et qui sont devenus participants de l’Esprit Saint, et qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les miracles du siècle à venir (ou de la période milléniale à venir), et qui sont tombés, soient renouvelés encore à la repentance ».
Le lecteur remarquera que, comme dans les versets 1 et 2, nous n’avons pas une seule clause qui soit spécialement caractéristique du christianisme, de même, dans les versets 4 et 5, nous n’avons pas une seule clause qui s’élève à la hauteur de la nouvelle naissance ou du sceau de l’Esprit Saint. Une personne peut être tout ce dont il est parlé ici, et pourtant n’être jamais née de nouveau, n’avoir jamais été scellée du Saint Esprit. Combien de milliers ont été « éclairés » par l’évangile, sans avoir été convertis par lui ! Partout où l’évangile a été prêché, partout où la Bible a été reçue et lue, une influence illuminante s’est répandue, tout à fait indépendante de toute œuvre de salut opérée dans les âmes. Regardez les nations de l’Europe depuis la Réformation. Dans tous ces pays qui ont reçu la Bible, nous voyons les effets moraux produits en matière d’intelligence, de civilisation et de raffinement, tout à fait indépendamment de la question de la conversion des âmes individuelles. D’un autre côté, ces pays qui ont refusé la Bible, manifestent les déprimants résultats de l’ignorance, des ténèbres morales et de la dégradation. En un mot, il peut y avoir un éclairage de l’entendement sans aucune œuvre divine dans la conscience ou dans le cœur.
Mais que signifie « avoir goûté du don céleste » ? Cela n’implique-t-il pas la nouvelle naissance ? En aucun cas. Beaucoup ont eu la saveur des nouvelles choses célestes présentées dans le glorieux évangile de Dieu, et ne sont pourtant jamais passés de la mort à la vie, n’ont jamais été brisés devant Dieu au sujet de leurs péchés — n’ont jamais reçu Christ dans leur cœur. Goûter du don céleste et passer, par la nouvelle naissance, dans le royaume céleste, sont des choses totalement différentes.
De même, beaucoup ont été faits « participants de l’Esprit Saint », de manière à parler en langues, à prophétiser et choses semblables, lesquels ne sont cependant jamais nés de l’Esprit. Quand le Saint Esprit descendit, le jour de la Pentecôte, Sa présence imprégna toute l’Assemblée. Sa puissance fut ressentie par tous, convertis ou inconvertis. Le mot rendu par « participants » n’exprime pas une communion intelligente. Cela rend d’autant plus clair qu’il n’y a pas la moindre pensée de nouvelle naissance ou de sceau.
De plus, quant à « goûter la bonne parole de Dieu », ne savons-nous pas tous trop bien que les inconvertis peuvent, dans un certain sens, jouir de la Parole de Dieu et avoir une certaine jouissance en entendant prêcher un évangile complet et gratuit ? N’avons-nous pas souvent entendu parler de personnes qui n’ont montré aucune preuve de la vie divine, parler en termes hautement élogieux de ce qu’elles appellent les savoureuses doctrines de la grâce ? Il y a une différence immense et très matérielle, de fait, entre une personne goûtant la bonne Parole de Dieu, et la Parole de Dieu entrant dans l’âme avec une puissance vivante, vivifiante, convaincante, et qui convertit.
Enfin, une personne pourrait goûter « la puissance du siècle à venir » — la période où le Messie établira Son royaume. Elle pourrait guérir les maladies et chasser les démons ; elle pourrait prendre des serpents et boire du poison ; elle pourrait parler en langues. Elle pourrait faire toutes ces choses, et n’être pourtant pas née de nouveau. « Ainsi », comme un écrivain récent l’a solennellement et énergiquement déclaré, « nous pouvons bien donner à chacune de ces expressions sa pleine force. Oui, même en les écrivant très largement, elles n’atteignent pas à la nouvelle naissance ni au sceau de l’Esprit Saint. Il y a tout sauf la vie spirituelle intérieure en Christ ou le sceau à demeure de celle-ci. On peut avoir les plus riches dons et privilèges de manière à toucher l’esprit et montrer aussi la puissance extérieure, et pourtant, tout cela peut être abandonné et l’homme devenir encore bien plus l’ennemi de Christ. En vérité, tel est le résultat naturel. Cela a été un triste fait quant à certains. Ils sont tombés. C’est pourquoi le renouvellement à repentance est une impossibilité — déclarée telle par le témoignage du Saint Esprit, faisant autorité et concluant — « crucifiant pour eux-mêmes le Fils de Dieu et l’exposant à l’opprobre ».
Pourquoi impossible ? Le cas supposé n’est pas celui de quelqu’un qui a jamais possédé une seule étincelle de la vie divine dans son âme ; non, ni non plus celui de quelqu’un avec le plus faible désir de Christ ou le moindre atome de vraie repentance ou de désir de fuir la colère qui vient. Le cas est celui de personnes qui, après avoir eu les plus riches preuves et privilèges, se détournent de Christ comme apostats, pour embrasser une nouvelle fois le judaïsme. Aussi longtemps qu’ils poursuivent dans ce chemin, il ne peut y avoir de repentance. Supposez un homme qui a été l’adversaire du Messie ici-bas, comme par exemple Paul lui-même, l’écrivain même de l’épître. Il y avait encore pour lui une ouverture en grâce d’en haut. Il était possible que l’homme même qui avait négligé Christ ici-bas, puisse avoir ses yeux ouverts pour voir et recevoir Christ en haut ; mais s’il abandonnait cela, il n’y avait pas de nouvelle condition dans laquelle Il pouvait être présenté aux hommes. Ceux qui rejetaient Christ dans la plénitude de Sa grâce et dans l’élévation de Sa gloire dans laquelle Dieu l’a placé comme homme devant eux — non pas simplement sur la terre, mais dans le ciel, comme attesté par le Saint Esprit envoyé par l’homme monté en haut et glorifié sur le trône de la majesté dans les cieux — sur quoi pouvaient-ils se rabattre ? Quels moyens restaient possibles pour les amener à la repentance, après cela ? Aucun. Que reste-t-il, sinon Christ venant en jugement ? »[2].
Pour quelqu’un qui, du milieu du plein éclat de la lumière et du privilège de l’évangile, pouvait délibérément revenir en arrière aux ténèbres du judaïsme, il ne restait rien d’autre que l’impénitence sans espoir, la dureté de cœur, l’aveuglement judiciaire et le jugement éternel.
Il ne s’agit pas, observez-le bien, d’un enfant de Dieu tombant dans le péché et s’éloignant de Dieu. Un tel sera, très certainement, ramené et restauré, quoique ce puisse être par une douloureuse affliction sous la main de Dieu en châtiment. Ce n’est pas une âme anxieuse recherchant sérieusement le chemin de la vie et de la paix. Ce n’est pas le cas d’une pauvre âme ignorante et en dehors du chemin. L’« impossible » de Hébreux 6, 4 ne s’applique à aucun de ces cas. Il n’y a pas une seule âme anxieuse et sérieuse, sous la voûte céleste, dont le cas soit impossible. Il y a seulement un cas qui s’approche affreusement de Hébreux 6, 4, et c’est celui de quelqu’un qui a été amené à pécher contre la lumière, refusant d’agir selon la claire Parole de Dieu, connaissant la vérité et y résistant délibérément, à cause des conséquences d’agir selon elle.
C’est en effet très solennel. Personne ne peut prendre sur lui de dire à quelles profondeurs de ténèbres, d’aveuglement et d’endurcissement de cœur, peut parvenir un cas de cette sorte. C’est une chose terrible que de traiter légèrement la lumière et de poursuivre dans ce que nous savons être mal, à cause d’avantages dans ce monde, pour plaire à des amis, pour éviter la persécution et l’épreuve, ou pour quelque autre raison. « Donnez gloire à l’Éternel, votre Dieu, avant qu’il fasse venir des ténèbres, et avant que vos pieds se heurtent contre les montagnes du crépuscule : vous attendrez la lumière, et il en fera une ombre de mort et la réduira en obscurité profonde » (Jér. 13, 16).
Après avoir lancé cet avertissement à tous ceux dont le cas pourrait le nécessiter, nous terminons cette partie de notre sujet en présentant à toute âme troublée qui pourrait lire ces lignes, cette précieuse parole à la toute fin du volume inspiré — une parole provenant du cœur même de Dieu et du cœur de Christ : « Que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie ».
Considérons maintenant d’autres avertissements et consolations. En lisant l’épître aux Hébreux, nous ne pouvons manquer de remarquer la manière selon laquelle les paroles d’avertissement les plus solennelles sont mises en parallèle des paroles de réconfort et de consolation les plus profondes. Ainsi, par exemple, Hébreux 4 s’ouvre avec : « Craignons donc », et se termine avec : « Approchons-nous donc avec confiance ». Quand nous pensons à qui nous sommes, ce que nous sommes et où nous sommes, nous avons bien des raisons de craindre. Mais quand nous pensons à Dieu — Sa grâce, Sa bonté, Sa tendre miséricorde, Sa fidélité — nous pouvons nourrir la plus grande confiance sans crainte. Quand nous pensons au monde et à tous ses dangers, ses tentations et ses pièges, nous pouvons bien être sur nos gardes. Mais quand nous pensons au « trône de la grâce » avec ses provisions inépuisables, et à notre souverain Sacrificateur si miséricordieux, si fidèle et si plein de sympathie, nous pouvons nous approcher avec une sainte hardiesse et trouver une ample provision pour répondre à notre plus profond besoin.
Ainsi aussi en Hébreux 10, nous avons le même contraste frappant entre la voix d’avertissement et les douces paroles de consolation et d’encouragement. Écoutez les premières : « Si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une certaine attente terrible de jugement et l’ardeur d’un feu qui va dévorer les adversaires. Si quelqu’un a méprisé la loi de Moïse, il meurt sans miséricorde sur la déposition de deux ou de trois témoins : d’une punition combien plus sévère pensez-vous que sera jugé digne celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui a estimé profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui a outragé l’Esprit de grâce ? Car nous connaissons celui qui a dit : À moi la vengeance ; moi je rendrai, dit le Seigneur ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple. C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ».
Combien tout cela est affreusement solennel ! Combien cela nous sonde ! Devons-nous chercher à émousser le tranchant de l’avertissement ? Dieu nous en garde ! Nous devons seulement prendre garde qu’il ait sa vraie direction et son application propre. Cela peut-il jamais toucher quelqu’un qui recherche anxieusement ou quelqu’un qui suit Christ sérieusement et avec un cœur vrai ? Assurément pas, sauf en effet que cela peut accroître le sérieux de celui qui suit et accélérer le pas de celui qui cherche, car voyez seulement, lecteur, combien les paroles de consolation et d’encouragement se trouvent près de l’affreuse note d’avertissement et de remontrance. « Mais rappelez dans votre mémoire les jours précédents, dans lesquels, ayant été éclairés, vous avez enduré un grand combat de souffrances, soit en ce que vous avez été offerts en spectacle par des opprobres et des afflictions, soit en ce que vous vous êtes associés à ceux qui ont été ainsi traités. Car vous avez montré de la sympathie pour les prisonniers et vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez pour vous-mêmes des biens meilleurs et permanents. Ne rejetez donc pas loin votre confiance qui a une grande récompense. Car vous avez besoin de patience, afin que, ayant fait la volonté de Dieu, vous receviez les choses promises. Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas. Or le juste vivra de foi ; et : Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui. Mais pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme ».
Ainsi, nous voyons comment l’Esprit qui l’inspirait relie, dans cette épître, la consolation la plus précieuse avec l’avertissement le plus solennel. Tous deux sont nécessaires, et c’est pourquoi tous deux sont donnés, et ce sera notre sagesse de chercher à profiter des deux. Nous n’avons jamais à craindre de nous confier à l’Écriture. Si nous trouvons une difficulté, au lieu de chercher à la comprendre, attendons-nous paisiblement à Dieu pour avoir plus de lumière, et pendant ce temps, reposons-nous calmement dans l’assurance qu’aucune partie de la Parole de Dieu ne peut jamais en contredire une autre. Tout est dans la plus parfaite harmonie. Les divergences apparentes sont entièrement dues à notre ignorance. De là, au lieu de faire tous nos efforts possibles pour réconcilier les choses, nous devons simplement permettre à chaque passage de l’Écriture d’entrer en nous dans toute sa force morale pour le cœur et la conscience, et de produire son résultat divinement déterminé pour la formation de notre caractère.
Lisez des paroles telles que : « Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un ». C’est notre doux privilège de les saisir, dans toute leur simplicité divine et leur clarté céleste, et de nous reposer en elles avec une calme confiance. Il n’y a aucune difficulté, aucune obscurité, aucun flou à leur sujet. Toutes les brebis de Christ sont aussi en sûreté que Lui peut les y mettre, aussi en sûreté qu’Il l’est Lui-même. La main qui voudrait les toucher doit Le toucher. Elles sont divinement et éternellement en sécurité. Des personnes peuvent s’imaginer ou professer être de Ses brebis, alors qu’elles ne le sont pas en réalité. Elles peuvent s’éloigner de leur simple profession, être en grand opprobre à la cause du Christ, faire en sorte qu’il soit parlé en mal du chemin de la vérité, et mettre une pierre d’achoppement sur le chemin de ceux qui recherchent honnêtement, en les amenant à penser que les vrais chrétiens peuvent s’éloigner et être perdus. Tout cela peut être vrai, mais laisse intactes les paroles précieuses et très consolantes de notre bon et fidèle Berger, que Ses brebis ont la vie éternelle et ne périront jamais — ne pourront jamais périr. Aucun passage de l’Écriture sainte ne peut, en aucune manière, contredire la déclaration claire de notre Seigneur.
Mais alors, il y a d’autres passages conçus pour sonder la conscience, nous rendre attentifs, produire une sainte circonspection dans nos voies, nous amener à nous juger nous-mêmes, induire le renoncement à soi. Prenez le passage suivant, grave et qui nous sonde profondément : « Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la lice courent tous, mais un seul reçoit le prix ? Courez de telle manière que vous le remportiez. Or quiconque combat dans l’arène vit de régime en toutes choses ; eux donc, afin de recevoir une couronne corruptible ; mais nous, afin d’en recevoir une incorruptible. Moi donc je cours ainsi, non comme ne sachant pas vers quel but ; je combats ainsi, non comme battant l’air ; mais je mortifie mon corps et je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Cor. 9, 24-27).
Or, quelqu’un tentera-t-il de mettre 1 Corinthiens 9 en opposition avec Jean 10 ? Loin de nous cette pensée ! Alors quoi ? Nous devons simplement recevoir les deux dans toute leur force divine et leur permettre d’agir sur nous selon le propos divin en nous les donnant — le dernier sur notre cœur pour le réconfort et la consolation ; le premier sur notre conscience pour la réprimande et l’avertissement ! Combien ce serait terrible pour quelqu’un de dire ou de penser que, parce qu’il est une brebis de Christ, il peut marcher selon son propre plaisir, puisqu’il ne peut jamais périr — qu’il n’a pas besoin de chercher à assujettir son corps, mais peut laisser libre cours à ses désirs, parce que rien ne peut le séparer de l’amour de Christ ! Certainement, un tel fournirait la plus triste preuve qu’il est tout sauf une brebis du troupeau de Christ.
Mais nous devons revenir à Hébreux 6 et nous attarder un moment sur notre second « impossible ». Le premier, comme nous l’avons vu, a trait à l’homme ; le second a trait à Dieu. L’homme, avec les avantages les plus élevés, avec les privilèges les plus rares, avec le plus puissant ensemble de preuves, tournera le dos à Dieu et à Christ. Il apostasiera délibérément le christianisme, abandonnera la vérité de Dieu, retournera aux ténèbres, et se plongera dans une condition de laquelle le Saint Esprit déclare : « il est impossible qu’il soit renouvelé encore à la repentance ».
Mais, comme d’habitude dans cette merveilleuse épître, la « ferme consolation » se tient tout près et dans une proximité pleine de grâce de l’affreux avertissement. Et, béni soit Dieu, cette même ferme consolation est conçue pour nous en lien avec la plus petite mesure même de foi vivante dans la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas de grandes réussites en connaissance, en expérience ou en dévouement ; non, c’est simplement une question d’avoir cette même mesure et ce même caractère de foi et de sérieux illustrés par le meurtrier quand il s’enfuyait vers la ville de refuge pour échapper au vengeur du sang. Combien cela est précieux pour toute âme vraie et sérieuse ! La plus faible étincelle de foi divinement accordée assure la vie éternelle, une ferme consolation et une gloire éternelle, parce qu’« il est impossible que Dieu mente ». Il ne peut pas et ne veut pas se renier Lui-même, béni soit à jamais Son nom ! Il a engagé Sa Parole et ajouté Son serment, les « deux choses immuables ». Où est la puissance, humaine ou démoniaque, qui puisse toucher à ces deux choses ?
Nous terminons par une autre citation de William Kelly, de ses « Méditations d’introduction aux épîtres de Paul ».
Un autre point intéressant que nous pouvons remarquer ici en Hébreux 6 est l’indication à la fin, comparée au début du chapitre. Nous avons vu les privilèges extérieurs les plus élevés — et ils étaient simplement extérieurs — non seulement l’esprit de l’homme, autant qu’il le peut, jouissant de la vérité, mais la puissance du Saint Esprit faisant de l’homme un instrument de puissance, non pas un sujet de grâce, même si ce doit ensuite être à sa honte et à une condamnation plus grande. En bref, l’homme peut avoir les plus grands avantages qu’on puisse concevoir et la plus grande puissance extérieure, même celle de l’Esprit de Dieu Lui-même, et pourtant, tout cela n’aboutit à rien.
Combien c’est solennel ! Mais le même chapitre qui affirme et avertit de la faillite possible de chaque avantage, nous montre la plus faible foi que décrit tout le Nouveau Testament, parvenant à la possession assurée des meilleures bénédictions de la grâce. Combien c’est consolant ! Combien c’est vraiment encourageant ! Qui, sinon Dieu, aurait pu dicter que ce même chapitre décrive la plus faible foi que le Nouveau Testament reconnaisse jamais ? Qu’est-ce qui peut sembler plus faible, plus désespérément pressé, qu’un homme fuyant pour trouver refuge ? Ce n’est pas une âme venant à Jésus ; ce n’est pas comme quelqu’un que le Seigneur rencontre et bénit sur-le-champ, mais c’est ici un homme débordé, fuyant pour sa propre vie (évidemment, une image tirée du meurtrier fuyant le vengeur du sang), mais pourtant éternellement sauvé et béni en vertu de l’acceptation de Christ — le plus bas caractère de la foi auquel répond la bénédiction la plus complète, la plus riche et la plus permanente !
Il ne se trouvait aucune réalité dans les personnes dont il est parlé aux versets 4 et 5, quoique si hautement favorisées. De là vient, comme il n’y avait pas de conscience devant Dieu, pas de sentiment de péché, rien qui s’accroche à Christ, que tout aboutit au néant. Mais ici, à la fin du chapitre, il y a le fruit de la foi, faible en effet et fortement éprouvée, mais dans la lumière qui apprécie le jugement de Dieu contre le péché. C’est pourquoi, bien que ce ne soit qu’une fuite dans l’agonie de l’âme vers son refuge, qu’est-ce que Dieu donne à celui qui est dans un tel état ? Une ferme consolation, et qui entre jusqu’au-dedans du voile. Impossible que le Fils soit ébranlé dans Sa position sur le trône de Dieu. Et il est tout aussi impossible que le moindre et le plus faible croyant ne subisse quelque mal que ce soit ! Le plus faible des saints est plus que vainqueur.
Nous pouvons bien nous exclamer, en voyant toute cette grâce qui nous dépasse : « Alléluia ! ». Bien-aimé lecteur chrétien, que toute notre vie soit dépensée en louant notre Dieu Sauveur, béni éternellement et plein de grâce !