Dieu et l’homme

« Que Dieu soit véritable, et tout homme menteur »
(Rom. 3, 4)

Dieu avait fait l’homme à Son image et à Sa ressemblance [Gen. 1, 26], mais non pas Son égal ; l’homme devait donc savoir qu’il dépendait de Dieu ; et obéir était la seule condition de son bonheur. Son obéissance fut mise à l’épreuve par la défense de manger de l’arbre de la science du bien et du mal. Cette défense a donné occasion à l’ennemi qui a commencé par insinuer à l’homme une fausse idée de Dieu, et le premier tort de l’homme a été de l’écouter. En l’écoutant, il a conçu la pensée que ce que le calomniateur lui disait pouvait être vrai ; ce n’est jamais impunément que l’on écoute le diable, quand même ce qu’il dit serait en partie la vérité. L’homme connut le bien et le mal ; mais le bien lui avait échappé, et le mal l’avait atteint.

Dès lors plus de liberté avec Dieu ; sa conscience l’effraye ; le souci s’empare de lui ; son état ne le satisfait plus. Que faire ?… Il a la folie de vouloir se cacher à Dieu, ou de se couvrir par des raisonnements dont le but est, au fond, de jeter la faute sur Dieu, au lieu de confesser humblement son péché, et de se soumettre à la juste sentence que Dieu avait prononcée. À moins que Dieu ne trouvât le moyen de lui faire grâce, l’homme était justement perdu, sans aucun espoir de retour. Mais Dieu ne peut faire grâce au détriment de Sa justice et de Sa vérité. Sa sainteté ne Lui permet aucune relation avec l’homme pécheur, aussi longtemps que celui-ci est dans ses péchés ; comme aussi le pécheur ne peut être libre avec Dieu tant que sa conscience n’est pas purifiée.

Voilà l’état de l’homme, et sa condition devant Dieu. — À qui la faute ? Elle est toute du côté de l’homme ; aussi longtemps qu’il ne le reconnaît pas, il n’a que des pensées injustes à l’égard de Dieu ; aussi, dans de telles dispositions, il rencontre toujours Dieu en jugement. Où que l’homme se trouve, sa conscience lui fait sentir qu’il a un grand compte à régler avec Dieu ; c’est pourquoi il fuit la présence de Dieu. N’est-ce pas le comble de la folie de penser que l’on puisse éviter Celui dont la présence remplit les cieux et la terre (Ps. 139) ? — Le plus sage, c’est de faire comme l’âme dont il est question dans les psaumes 32 et 51. — Si l’homme plaide avec Dieu, il n’aura pas gain de cause ; mais Dieu sera trouvé véritable, et tout homme menteur (Rom. 3, 4).

Le premier effet du péché chez l’homme, fut de lui ôter la confiance en la véracité de Dieu, et de lui donner un sentiment de défiance, comme si Dieu, par le commandement, avait voulu le tromper, et le priver de quelque avantage. C’est ce que Satan a réussi à communiquer à l’homme.

Depuis lors, Dieu travaille à gagner la confiance des hommes par les témoignages de Sa patience et de Sa miséricorde, en pourvoyant à tous leurs besoins (Act. 14, 15-18). Mais ils restent insensibles à tous ces témoignages de la bonté divine, lesquels n’ont servi, dès lors, qu’à manifester le complet état de ruine de l’homme. Cette ruine s’est manifestée d’une manière frappante dans le peuple d’Israël, que Dieu a cultivé avec les plus grands soins, pour n’en recueillir que la plus noire ingratitude ; ce qui a été démontré dans le rejet de Son Fils. Dès lors toutes les expériences de Dieu avec l’homme, sur le pied de sa propre responsabilité, ont pris fin. Dieu n’attend plus rien de l’homme naturel, qui est jugé comme ne pouvant rien produire de bon. La croix termine l’histoire de l’homme en Adam. C’est là que la justice de Dieu est entrée en compte avec l’homme, mais non pas avec chacun. Un seul a répondu pour tous, « témoignage qui a été rendu en son temps » (et ce temps dure encore) ; or, c’est en vue de ce témoignage que Paul a été établi prédicateur et apôtre (1 Tim. 2, 6-8). Ce témoignage devait répondre à tous les besoins de l’homme déchu ; mais l’orgueil de ce dernier se révolte contre la vérité de Dieu. Plus la bonté de Dieu est manifestée, plus l’homme se montre méchant (lisez Act. 7, 25-28).

Quelle merveilleuse sagesse que celle qui a inventé la croix, comme étant le lieu où Dieu s’est pleinement glorifié, et où toutes Ses perfections ont été manifestées. L’homme naturel y trouve sa fin ; la résurrection est l’éternelle délivrance et le commencement d’une nouvelle création. L’évangile nous parle de la mort et de la condamnation comme de faits qui ont eu lieu pour ceux qui croient. La foi nous fait entrer en Christ, comme la famille de Noé dans l’arche, pour traverser la mort. — L’arche, c’est-à-dire Christ, a traversé tous les flots ; ceux qui sont dedans, loin d’en être atteints, sont portés par eux sur le rivage de la résurrection, pour ne plus avoir jamais affaire avec la mort comme puissance contre eux ; la mort est à eux (1 Cor. 3, 22). Il en est de même du péché comme puissance ; sa présence est bien en nous en tant que nous habitons dans le corps, mais nous ne sommes plus ses esclaves. Si nous ne sommes pas vigilants, il nous séduit ; mais, en tant que morts avec Christ, nous sommes morts au péché ; — c’est l’enseignement de Romains 6.

Les œuvres de la création, proclamant la sagesse et la divinité de Dieu, auraient dû suffire pour empêcher l’homme de se faire des faux dieux, lesquels sont des choses de néant.

La loi révèle le caractère moral de Dieu, et ce que l’homme doit être devant Lui. Elle n’a servi qu’à manifester l’homme comme étant tout le contraire de ce qu’il devrait être ; elle le condamne, au lieu de le justifier. Tout cela ne nous donne pas une idée parfaite de Dieu ; ni de ce qu’Il pense de l’homme ; ni du plan qu’Il s’est proposé en créant tout ce vaste univers. Il fallait le Fils pour révéler le Père, ainsi que tous Ses conseils : « La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jean 1, 17). Par le Fils, Dieu nous a dit le dernier mot des choses que nous avions besoin de savoir, et le tout nous a été communiqué avec une grâce parfaite par la Parole faite chair, qui « a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, comme la gloire d’un Fils unique de la part du Père » (Jean 1, 14). Nous savons maintenant que Dieu a tout créé, par le Fils et pour le Fils. Dieu avait établi Adam comme chef de Sa création ; mais Adam ne sut pas conserver cette position : la désobéissance la lui fit perdre. Christ a dû s’anéantir en cachant Sa divinité sous une forme humaine, et Il se fit homme pour obéir, disant : « Me voici, pour faire, ô Dieu ! ta volonté » (Héb. 10, 5-10). Or, comme conséquence de Son obéissance parfaite, « Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ; afin qu’au nom de Jésus, tout genou se ploie, tant de ceux qui sont dans les cieux que de ceux qui sont sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu, le Père » (Phil. 2, 9-11).

Le diable, en faisant tomber l’homme dans la désobéissance, put croire d’avoir réussi à s’emparer de lui et de tout ce que Dieu lui avait confié. Il a pu, en outre, se flatter d’avoir terni la gloire de Dieu en ruinant Son ouvrage ; mais le fait que Dieu avait tout prévu sauvegarde Sa gloire. Dieu est même bien plus glorifié par la rédemption, qu’Il ne l’aurait été si la création tout entière fût restée intacte. Quant à l’homme, la grâce de Dieu le place dans une position et dans un état qu’il n’aurait pas connus sans la chute. — Dieu seul sait tirer le bien du mal, et faire tourner à Sa gloire les manquements de l’homme. Cependant, tout cela n’excuse pas l’homme, dans ses manquements ; à moins qu’il ne se repente, et ne confesse ses péchés en regardant à Christ pour être pardonné, il sera atteint par le juste jugement de Dieu qui rendra à chacun selon ses œuvres. Cela a lieu, déjà dans cette vie, lorsqu’il s’agit de la maison de Dieu. Quant au monde, s’il échappe dans cette vie-ci, il n’échappera pas plus tard. « Quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde » (1 Cor. 11, 32). « Car le temps est là, où le jugement doit commencer par la maison de Dieu » (1 Pier. 4, 17).

Les raisonneurs et les incrédules ont beau dire, pour s’excuser : « Les voies de Dieu ne sont pas bien réglées » (Éz. 18, 25), Dieu les convaincra toujours que ce sont leurs voies qui ne sont pas bien réglées.

La raison de l’homme trouve aussi que Dieu, qui peut tout, aurait bien pu faire l’homme impeccable. — Il l’aurait pu, sans doute ; mais alors, on n’aurait connu ni la haine, ni l’amour. Or, la chute a donné cours à l’un et à l’autre ; non qu’il y ait de la haine en Dieu : « Il est amour » [1 Jean 4, 8]. Mais l’impénitence de l’homme a donné lieu à la colère, ce qui fut manifesté à Israël et en Pharaon.

Une autre chose qui sonne mal aux oreilles du raisonneur, c’est qu’il est écrit que Dieu a aimé Jacob et qu’Il a haï Ésaü ; un tel homme oublie, ou il ignore que, depuis la chute, tous les hommes sont dignes d’être haïs (Tite 3, 3) ; mais que, malgré ce fait, il a plu à Dieu d’aimer des ennemis auxquels, comme à tous les autres, Il ne devait rien que la colère ; ainsi le chrétien n’a aucune répugnance à recevoir ce témoignage de la part de Dieu : qu’il n’était qu’un « enfant de colère comme les autres » [Éph. 2, 3]. Lorsque cette sentence de Dieu contre l’homme est acceptée par une âme humble, rien n’est plus merveilleux et plus réjouissant pour elle que de recevoir le témoignage de l’amour de Dieu envers les pécheurs : « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont Il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus, afin qu’Il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, par sa bonté envers nous, dans le Christ Jésus ; car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous : c’est le don de Dieu » (Éph. 2, 1-8).

L’homme a-t-il sujet de se plaindre de Dieu, parce qu’Il ne l’a pas créé impeccable ? Non, puisque Dieu le sauve sans rien exiger de lui, sinon ce qu’exprime ce petit mot : la « foi ».

Sous la loi, et par le moyen de la loi, l’homme était dans le vrai, en concluant qu’il ne pouvait pas être sauvé ; mais cela ne l’excuse pas vis-à-vis de Dieu : s’il est perdu, c’est toujours sa faute, vu que le moyen de salut par la foi a toujours existé depuis Adam ; dès lors, cette nuée de témoins, dont il est question en Hébreux 11, sera un témoignage à la gloire de Dieu, mais à la charge de l’homme qui n’aura pas voulu être sauvé, et qui aura fermé l’oreille au chant lugubre des complaintes aussi bien qu’au son joyeux de la flûte. Et la sagesse sera toujours justifiée par ses enfants (Matt. 11, 19).

Quelqu’un demandera peut-être : « Qu’est-ce que la foi, et comment la définir ? ». La foi ne consiste pas seulement à croire qu’il y a un Dieu : les démons le croient aussi, mais ils en tremblent (Jacq. 2, 19). Hébreux 11, 6 nous donne la définition de la foi : « Celui qui vient à Dieu croit que Dieu est, et qu’Il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent ». Dans le jardin d’Éden, il n’était pas question de chercher Dieu ; c’était Dieu qui visitait l’homme. Mais dès l’instant où l’homme a été mis dehors, la foi a été nécessaire pour chercher Dieu, pour Le trouver, et pour jouir de Lui. S’approcher de Dieu, c’est la démonstration qu’une âme juge sa désobéissance, et qu’elle compte sur la bonté de Dieu pour être pardonnée, et même récompensée. Cette confiance est une preuve manifeste que le mensonge de Satan, qui a calomnié Dieu, est reconnu comme mensonge. Or, la foi qui s’appuie sur la bonté de Dieu, L’honore et Le glorifie ; et Dieu est bien digne de cette confiance. Aussi Dieu n’a point honte d’être appelé leur Dieu, car Il leur a préparé une cité [Héb. 11, 16]. Il est bon de remarquer que ce n’est pas à ceux qui cherchent à s’établir sur la terre, que Dieu a préparé une cité ; mais à ceux qui y sont étrangers et pèlerins.

En outre, Dieu a donné, dans tous les temps, aux hommes de foi, l’intelligence qu’un sacrifice sanglant était nécessaire comme base de toute relation avec Lui. Abel a posé cette base, par un type du vrai sacrifice préordonné de Dieu ; et, lorsqu’un jour, Dieu fera rendre compte aux hommes de leur conduite, Il fera tout d’abord rassembler Ses bien-aimés, qui ont traité alliance avec Lui sur le sacrifice (Ps. 50, 5).

Si la rédemption n’avait eu pour but que de replacer l’homme dans la position d’où il était tombé, Dieu n’aurait fait que rétablir ce que le diable Lui avait gâté. Or, dans ce cas, l’on aurait raison de s’étonner que Dieu ait laissé gâter Son ouvrage. Mais Dieu a laissé aller le mal jusqu’au bout, parce qu’Il voulait faire quelque chose de mieux pour Sa propre gloire, et accorder à l’homme un plus grand bonheur. Or, la Parole nous apprend à cet égard : en premier lieu, que la semence de la femme brisera la tête du serpent [Gen. 3, 15], ce qui a été réalisé par la résurrection de Christ ; en deuxième, que Christ a pris position comme homme, « au-dessus de toute principauté, de toute puissance, de toute dignité et de toute domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ; et Il a assujetti toutes choses sous ses pieds » (Éph. 1, 21, 22) ; en troisième lieu, que l’Église Lui est adjointe comme Son corps (v. 23), et si tous les sauvés ne partagent pas les mêmes privilèges, ils sont néanmoins tout aussi bien sauvés que l’Église.

Maintenant il nous est donné de pouvoir contempler l’homme Jésus dans la gloire, comme ayant atteint le but du conseil de Dieu. Ainsi, « nous tous contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, en esprit » (2 Cor. 3, 18). « Car ceux qu’Il a préconnus, Il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’Il soit premier-né entre plusieurs frères » (Rom. 8, 29). « Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : Dieu a été manifesté en chair ; justifié en esprit ; vu des anges ; prêché parmi les nations ; cru au monde et élevé dans la gloire » (1 Tim. 3, 16).

Rien n’est plus clair, rien n’est plus logique, rien n’est plus harmonieux que le plan suivi par Dieu, dans Son infinie miséricorde, pour amener l’homme, de son état de chute, jusqu’à la gloire : « Et si notre évangile est voilé, il est voilé pour ceux qui périssent, chez lesquels le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules, pour que la lumière de l’évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu, ne leur resplendît pas » (2 Cor. 4, 3, 4). Quelle immense responsabilité pèse donc sur les hommes de nos jours : S’ils ne sont pas sauvés, ils n’auront point l’excuse de dire qu’ils ne le pouvaient pas. « Or, c’est ici le sujet du jugement, que la lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3, 19). Ainsi, il est évident que le monde revêt toujours plus ostensiblement les caractère du mal qui doit amener le jugement, indiqué dans 2 Thessaloniciens 2.

Que Dieu, dans Sa grâce, veuille agir pour réveiller des âmes, et pour les faire sortir de cette mortelle indifférence. Qu’Il veuille produire, dans Ses enfants, la vigilance, le zèle, et la soif de la connaissance de Christ.