En profonde sympathie

P. Fuzier

« Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor. 12, 26).

Des frères et sœurs, membres du corps de Christ, ont été, ces derniers temps, douloureusement éprouvés. Le Seigneur leur a retiré, à la suite de circonstances accidentelles, des enfants tendrement aimés et qui faisaient la joie de leurs cœurs. Combien grande a été, et demeure encore, leur souffrance ! Cette souffrance est aussi la nôtre, puisque nous sommes membres d’un même corps. Nous la ressentons profondément, souffrant en sympathie avec ceux qui pleurent, et cela nous conduit à écrire ces quelques lignes en formant le souhait qu’elles puissent apporter, à ceux qui sont directement atteints par de telles épreuves, réconfort, encouragement, consolation, venant de Celui qui est « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » (2 Cor. 1, 3), et de Jésus, qui pleure avec ceux qui pleurent, entrant dans leur douleur (Jean 11, 35).

En présence de certaines circonstances, nous serions conduits à demander : Mais pourquoi cela est-il arrivé ? Nous ne pouvons répondre à cette question, pas plus qu’à d’autres questions semblables. Il nous suffit de savoir ce que dit l’Écriture : « Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l’a point commandée ? » (Lam. 3, 37). Quel apaisement pour nos cœurs, en présence de ce qui a provoqué une grande douleur, de savoir que c’est le Seigneur qui a permis la chose, et non seulement cela, l’a « commandée » ! Mais alors le cœur humain, si facilement porté à raisonner, pourrait dire : Le Seigneur prend-Il plaisir à faire souffrir l’un de Ses rachetés ? Nous savons bien que cela est absolument impossible, et le même passage de la Parole de Dieu nous déclare : « Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours ; mais, s’il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés ; car ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes » (Lam. 3, 31-33). Ne pouvons-nous dire aussi : et à plus forte raison Ses bien-aimés enfants ? Il les aime toujours, et d’un amour infini, le même amour que Jésus a manifesté en se livrant à la mort de la croix. Il les aime et ne veut que leur bien : « Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8, 28). Tel est le but final qu’Il poursuit. Dieu ne se trompe pas, Il ne peut pas se tromper, dans tout ce qu’Il permet et commande pour les siens. Il n’a en vue que leur bien, n’en doutons jamais ! Si nous pouvions comprendre comment Il opère pour que ce bien soit produit, nous serions émerveillés et confondus ! Honorons-Le de notre confiance — Il en est digne — nous ne serons jamais confus !

Dieu avait donné un enfant à des parents qui l’aimaient tendrement. Il trouve bon de le leur reprendre… Traversant lui aussi une terrible épreuve, au cours de laquelle il a perdu non seulement tous ses biens, mais encore ses sept fils et ses trois filles — tous ses enfants — Job a pu dire : « L’Éternel a donné, et l’Éternel a pris ; que le nom de l’Éternel soit béni ! » (Job 1, 21). Heureuse et paisible soumission à la volonté de Dieu, au travers d’une aussi grande peine de cœur !

Un jeune enfant, repris à ses parents tout au début de sa vie, n’aura eu à connaître aucune des souffrances inhérentes à notre passage ici-bas. Tout cela lui est épargné ! Il est au bénéfice de l’œuvre de Christ, puisqu’il n’a pas atteint l’âge de responsabilité (cf. Matt. 18, 11) — de même que si, ayant passé cet âge, il a cru au nom du Fils unique de Dieu — il est désormais « avec Christ », ce qui est « de beaucoup meilleur » (Phil. 1, 23), goûtant le parfait repos de Sa présence, en attendant la gloire. Ses parents pourraient-ils désirer quelque chose de meilleur pour lui ? Peut-il y avoir quelque chose de meilleur ?

Nous sommes heureux de savoir heureux ceux que nous aimons. Où ce cher enfant, retiré par le Seigneur, pourrait-il être plus heureux que là où il est désormais ? Quelle consolation pour des parents, et aussi pour les membres de la famille selon la chair, et pour ceux de la famille de Dieu ! Que ses parents, en particulier, pensent à son parfait bonheur, plutôt qu’à celui qu’ils auraient pu goûter avec lui, si Dieu l’avait laissé ici-bas !

Précieuse consolation pour ceux qui pleurent ! Car ils ne peuvent pas ne pas pleurer… Il est tellement douloureux de voir partir — surtout dans des conditions tragiques — un enfant tendrement aimé ! Des liens très doux sont brisés, le cœur saigne… Il ne peut en être autrement. Mais le Seigneur est là pour consoler ceux qui pleurent. — « Car c’est lui qui fait la plaie et qui la bande ; il frappe, et ses mains guérissent » (Job 5, 18) — et Il se tient auprès d’eux pour les réconforter et les encourager. Miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur, Il sympathise avec eux au sein de leur affliction (cf. Héb. 2, 17, 18 ; 4, 14, 15).

Au travers des plus terribles épreuves, Dieu opère dans le cœur des siens pour y produire du bien. Quel encouragement, pour ceux qui ont à les connaître, de sentir le Seigneur à leur côté, de goûter la tendre sympathie de Son cœur ! L’épreuve traversée avec Lui sera toujours enrichissante : la foi est fortifiée, les affections sont réchauffées, l’âme fait des progrès dans la connaissance du Seigneur, dans la jouissance de tout ce qu’il y a dans Son cœur plein d’amour ! Et cet enrichissement conduit à la louange. Marie de Béthanie a dû passer par l’épreuve ; elle a alors appris à connaître Jésus, mieux qu’elle ne Le connaissait jusque-là, et cela l’a amenée à venir à Ses pieds et à répandre le « parfum de nard pur de grand prix » [Jean 12, 3], dont la bonne odeur a rempli la maison. Jésus a été exalté !

Nous pensons, avec une profonde sympathie, à ceux qui passent par les douloureuses circonstances que nous venons d’évoquer, désirant qu’ils jouissent beaucoup des consolations divines, de la présence du Seigneur avec eux dans ce chemin difficile, demandant qu’ils soient enrichis dans la connaissance de Sa personne et de Son cœur, afin qu’ils puissent dire, eux aussi : « il est bon pour moi que j’aie été affligé » (Ps. 119, 71).

« Que les membres aient un égal soin les uns des autres » (1 Cor. 12, 25).

Retenons cette exhortation ! Pensons, dans la prière, avec persévérance, à tous les membres du corps, frères et sœurs en Christ, qui ont à traverser de si pénibles épreuves !