Épaphrodite

(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 4]

Nous désirons que le lecteur se tourne avec nous vers Philippiens 2 et étudie la brève esquisse du caractère intéressant d’Épaphrodite. Il y a une grande beauté morale dans celui-ci. Il ne nous est pas dit grand-chose à son sujet, mais dans ce qui nous est dit, nous voyons une grande quantité de choses aimables et plaisantes — beaucoup de ce qui nous fait désirer des hommes d’une même trempe de nos jours. Nous ne pouvons faire mieux que citer le récit inspiré qui le concerne ; et que l’Esprit béni l’applique à nos cœurs et nous conduise à cultiver la même grâce charmante qui brillait si fort dans ce cher et honoré serviteur de Christ !

« J’ai estimé nécessaire », dit l’apôtre bien-aimé, « de vous envoyer Épaphrodite mon frère, mon compagnon d’œuvre et mon compagnon d’armes, mais votre envoyé et ministre pour mes besoins. Car il pensait à vous tous avec une vive affection, et il était fort abattu parce que vous aviez entendu dire qu’il était malade ; en effet il a été malade, fort près de la mort, mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n’eusse pas tristesse sur tristesse. Je l’ai donc envoyé avec d’autant plus d’empressement, afin qu’en le revoyant vous ayez de la joie, et que moi j’aie moins de tristesse. Recevez-le donc dans le Seigneur avec toute sorte de joie, et honorez de tels hommes ; car, pour l’œuvre, il a été proche de la mort, ayant exposé sa vie, afin de compléter ce qui manquait à votre service envers moi » (Phil. 2, 25-30).

Maintenant, il est tout à fait possible que certains de nous, en lisant ce passage, se sentent disposés à demander si Épaphrodite était un grand évangéliste ou docteur, ou quelque serviteur de Christ hautement doué, en voyant l’apôtre inspiré lui accorder tant de titres si élevés et si honorables, le nommant son « frère et compagnon d’œuvre et compagnon d’armes ».

Eh bien, il ne nous est pas dit qu’il était un grand prédicateur ou un grand voyageur ou un docteur profond dans l’Assemblée de Dieu. Tout ce qui nous est dit de lui dans ce touchant récit qui précède, est qu’il s’était avancé, dans un temps de besoin réel, pour fournir un lien manquant, pour « combler un vide », comme nous disons. Les bien-aimés Philippiens avaient devant leurs cœurs d’envoyer une aide à l’apôtre Paul, révéré et âgé, dans sa prison à Rome. Il était dans le besoin et ils désiraient répondre à son besoin. Ils l’aimaient, et Dieu avait mis dans leurs cœurs aimants le désir de répondre à ses nécessités. Ils pensaient à lui, bien qu’il soit loin d’eux, et ils désiraient l’assister de leurs biens.

Combien cela est aimable ! Combien cela plaisait au cœur de Christ ! Écoutez les termes élogieux dans lesquels le cher prisonnier âgé parle de leur précieux ministère. « Or je me suis grandement réjoui dans le Seigneur de ce que maintenant enfin vous avez fait revivre votre pensée pour moi, quoique vous y ayez bien aussi pensé, mais l’occasion vous manquait… Néanmoins vous avez bien fait de prendre part à mon affliction. Or vous aussi, Philippiens, vous savez qu’au commencement de l’évangile, quand je quittai la Macédoine, aucune assemblée ne me communiqua rien, pour ce qui est de donner et de recevoir, excepté vous seuls ; car, même à Thessalonique, une fois et même deux fois, vous m’avez fait un envoi pour mes besoins ; non que je recherche un don, mais je recherche du fruit qui abonde pour votre compte. Or j’ai amplement de tout, et je suis dans l’abondance ; je suis comblé, ayant reçu d’Épaphrodite ce qui m’a été envoyé de votre part…, un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (Phil. 4, 10, 14-18).

Nous voyons là la place qu’Épaphrodite a remplie dans cette bienheureuse affaire. D’un côté, le bien-aimé apôtre gisait dans sa prison à Rome, et de l’autre, il y avait l’offrande d’amour des saints à Philippe. Mais comment devait-elle lui être apportée ? Il n’y avait, en ces jours, ni chèques de banque ni mandats postaux. Ni non plus de voyages en train. Ce n’était pas chose facile d’aller de Philippes à Rome, en ces jours-là. Mais Épaphrodite, ce cher serviteur de Christ, sans prétention et qui se renonçait lui-même, se présenta pour fournir le lien manquant, pour faire la chose même qui était nécessaire, et rien d’autre ; pour être le canal de communication entre l’assemblée à Philippes et l’apôtre à Rome. Si profond et réel que fût le besoin de l’apôtre, si précieux et de saison que fût le don des Philippiens, il fallait pourtant un instrument pour les réunir ensemble, et Épaphrodite s’offrit pour ce travail. Il y avait un besoin manifeste, et il le combla. Il ne cherchait pas à faire quelque grande chose voyante, quelque chose qui le mettrait particulièrement en avant et ferait rayonner son nom partout, comme une personne merveilleuse. Ah non ! Épaphrodite n’était pas de la nombreuse classe de ceux qui se poussaient en avant, confiants en eux-mêmes. Il était un cher serviteur de Christ, humble et se cachant lui-même, quelqu’un de la classe des ouvriers vers lesquels nous sommes irrésistiblement attirés. Rien n’est plus charmant qu’un homme sans prétention et qui s’efface, qui est simplement satisfait de combler la niche vide ; de rendre le service nécessaire, quel qu’il soit ; de faire l’œuvre arrêtée pour lui par la main du Maître.

Il y en a certains qui ne sont pas satisfaits à moins d’être à la tête et à la queue de tout. Ils semblent penser qu’aucune œuvre ne peut être faite correctement à moins qu’ils n’y mettent la main. Ils ne sont pas satisfaits de fournir un lien manquant. Combien ceux qui sont tels sont repoussants ! Combien nous nous retirons d’eux ! Confiants en eux-mêmes, se suffisant à eux-mêmes, se mettant toujours eux-mêmes en avant, ils ne se sont pas mesurés dans la présence de Dieu, ils n’ont jamais été brisés devant Lui, ils n’ont jamais pris leur vraie place de propre abaissement.

Épaphrodite n’était pas du tout de cette classe-là. Il a mis sa vie dans sa main pour servir les autres ; et quand il fut au seuil de la mort, au lieu d’être occupé de lui ou de ses maux, il pensait aux autres. « Il pensait à vous et était fort abattu » — non parce qu’il était malade, mais — « parce que vous aviez entendu dire qu’il était malade ». Voilà le véritable amour. Il savait ce que ses frères bien-aimés à Philippes ressentiraient quand ils seraient informés de sa grave maladie, et une maladie entraînée par son service volontaire pour eux.

Tout cela est moralement charmant. La contemplation de ce tableau exquis fait du bien au cœur. Épaphrodite avait évidemment étudié à l’école de Christ. Il s’était assis aux pieds du Maître et avait bu profondément dans Son esprit. Ce n’est d’aucune autre manière qu’il aurait pu apprendre de telles leçons saintes d’abandon de soi et d’amour prévenant pour les autres. Le monde ne connaît rien à de telles choses ; la nature ne peut enseigner de telles leçons. Elles sont entièrement célestes, spirituelles, divines. Que nous les connaissions toujours davantage ! Elles sont rares parmi nous, avec toute notre haute profession. Il y a une quantité d’égoïsme des plus humiliantes, en chacun de nous, et elle a l’air si hideuse en lien avec le nom de Jésus. Cela peut bien s’accorder avec le judaïsme, mais son incohérence avec le christianisme est terriblement flagrante.

Remarquez la manière très touchante avec laquelle l’apôtre inspiré recommande Épaphrodite à l’assemblée à Philippes. Il semble que c’est comme s’il ne pouvait faire assez pour lui, pour parler à la manière des hommes. « Il pensait à vous tous avec une vive affection, et il était fort abattu parce que vous aviez entendu dire qu’il était malade ; en effet il a été malade, fort près de la mort, mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n’eusse pas tristesse sur tristesse ». Combien cela est profondément touchant ! Quelle vague d’affection et de sympathie divines déferle sur ce serviteur de Christ sans prétention et se sacrifiant lui-même ! Toute l’assemblée à Philippes, le bienheureux apôtre et, par-dessus tout, Dieu Lui-même, sont tous engagés à penser à un homme qui ne pensait pas à lui-même. Si Épaphrodite s’était recherché lui-même, s’il avait été occupé de lui ou de ses intérêts, ou même de son œuvre, son nom n’aurait jamais brillé dans les pages de l’inspiration. Mais non ; il pensait aux autres, non à lui-même. C’est pourquoi Dieu et Son apôtre et Son Assemblée pensaient à lui.

Il en sera toujours ainsi. Un homme qui pense beaucoup à lui évite aux autres la peine de penser à lui. Mais le doux, l’humble, le modeste, celui qui est sans prétention, celui qui s’efface, celui qui est vidé de lui-même, qui pense et vit pour les autres, qui marche dans les traces de Jésus Christ, voilà des personnes à qui penser et de qui prendre soin, aimées et honorées, comme elles le seront toujours par Dieu et par Son peuple.

« Je l’ai donc envoyé avec d’autant plus d’empressement », dit l’apôtre bien-aimé, « afin qu’en le revoyant vous ayez de la joie, et que moi j’aie moins de tristesse. Recevez-le donc dans le Seigneur avec toute sorte de joie, et honorez de tels hommes ; car, pour l’œuvre, il a été proche de la mort, ayant exposé sa vie, afin de compléter ce qui manquait à votre service envers moi » (Phil. 2, 28-30).

Ainsi en était-il avec ce très cher et honoré serviteur de Christ. Il ne considérait pas sa propre vie, mais la déposait aux pieds de son Maître, simplement pour combler le lien qui manquait entre l’assemblée de Dieu à Philippes et l’apôtre souffrant et dans le besoin à Rome. C’est pourquoi l’apôtre demande à l’Assemblée de le tenir en haute estime, et le nom honoré d’Épaphrodite nous a été transmis par la plume de l’inspiration, et son précieux service a été enregistré, et son enregistrement lu par des millions de personnes, tandis que les noms et les œuvres de ceux qui se cherchent eux-mêmes, qui s’estiment importants, les prétentieux de tous les âges et sous tous les cieux et dans toutes les conditions ont sombré — et ils le méritaient — dans l’oubli éternel.