Être mort avec Christ

G. O.
1924

[Traités à l’adresse des croyants n° 1]

Vous êtes-vous jamais rendu compte de la vérité contenue dans le chapitre 6 de l’épître aux Romains, versets 1 à 14 ? La justification par la foi au sang de Christ (Rom. 3, 19-26) est d’une importance qu’on ne saurait sans doute exagérer ; mais vous trouvez encore dans ces versets quelques chose de plus que cela : savoir que, non seulement les péchés du croyant sont lavés par le sang de Christ, mais que tout le « corps du péché », le « vieil homme » tout entier (v. 6), « la chair » (7, 5), « le corps de la chair » (Col. 2, 11), le « moi », la vieille nature tout entière dans laquelle nous étions comme enfants d’Adam (Gal. 2, 20), que cela est « crucifié », « mort » et « enseveli » par la mort du Seigneur, et que nous avons été ensevelis avec Lui ; le baptême étant la figure que Dieu nous en donne.

Nous trouvons là autre chose qu’un Christ portant nos péchés en Son corps sur le bois (1 Pier. 2, 24) ; nous Le voyons « fait péché » (2 Cor. 5, 21), et traité comme tel par Dieu qui a éloigné du croyant le péché lui-même ainsi que le « corps du péché » ; de cette manière, le péché comme un tout a rencontré sur la croix sa malédiction, son jugement et sa fin. Ainsi nous sommes « morts dans ce en quoi nous étions tenus » (Rom. 7, 6), c’est-à-dire comme appartenant au premier Adam. Désormais nous sommes vivants en Christ ressuscité d’entre les morts, nous sommes « une nouvelle création » (2 Cor. 5, 17 ; Gal. 6, 15), nous sommes « ressuscités avec Lui » (Éph. 2, 1-6 ; Col. 2, 13 ; 3, 1-3), « membres de son corps » (1 Cor. 6, 17 ; Éph. 5, 25-32), et participant à Sa vie. Peut-il y avoir quelque trace de péché, ou de la chair, ou d’Adam, dans le corps de Christ ? Notre « vieil homme » ayant été crucifié avec Lui, nous sommes morts au péché. Je ne parle pas de notre vie pratique, mais de ce qui appartient à la foi selon la Parole de Dieu, du sens réel et de la valeur de la croix pour nous. Avoir la vie éternelle par la foi en Christ, ne signifie rien moins que ceci : Christ est ma vie ; la vie que j’ai héritée d’Adam est jugée et je ne suis plus considéré comme vivant en elle ; aussi j’attends dans ce corps, non de mourir, mais d’être changé, transmué, quand le Seigneur viendra.

Il est merveilleux de voir de combien de difficultés cette vérité nous affranchit : Que ce soit le péché, le moi, le monde ou Satan, je suis hors de l’atteinte de tous ces éléments, aussi sûrement que je me considère comme mort. Si je suis un croyant, ce fait est une vérité en ce qui me concerne ; on ne peut éprouver les effets de cette vérité qu’en la croyant et dans la proportion de la foi avec laquelle on la saisit. Aussi m’est-il enjoint de me tenir pour mort au péché : « Celui qui est mort est affranchi du péché », car c’est du péché et non des péchés que l’apôtre parle ici. Christ a pris notre péché sur Lui à la croix, est mort sous lui, et, étant mort, a été affranchi du péché qu’Il a porté sur la croix. Notre « vieil homme » est crucifié avec Lui, et nous avons été ensevelis par le baptême (en figure) dans la mort, et « identifiés avec Lui dans la ressemblance de sa mort ». Christ a traversé la mort et le jugement et se trouve en résurrection de l’autre côté. Désormais Christ ressuscité est notre vie, de telle sorte qu’il n’y a pas de condamnation, ni de jugement pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ; « car la loi de l’Esprit de vie (Rom. 8, 2) (il n’est pas question de sang ici, quoique ce soit la première phase de cette délivrance) dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort… Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché (non pas les péchés) dans la chair ». « Le péché dans la chair » a été condamné, jugé. « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui » (Rom. 8, 9).

Ainsi nous voyons qu’il n’y a pas d’alternative entre : ne pas être de Christ, et « n’être pas dans la chair ». « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6, 17). Tel est le seul vrai christianisme, le fondement de l’évangile de Dieu envers nous, les Gentils, la fin totale de la vieille création, et l’introduction d’une création entièrement nouvelle en Christ ressuscité d’entre les morts. Nous sommes trouvés dans la nouvelle et non dans l’ancienne.

Mais une question se présente : — « Pourquoi donc alors sentons-nous constamment le pouvoir de la chair, l’influence du monde et de Satan ? ». Voici la simple réponse : parce que nous ne saisissons pas cette vérité par la foi, et ne vivons pas dans la puissance de notre nouvelle vie (Rom. 6, 14). Comment avez-vous obtenu la vie éternelle ? Non pas par le sentiment, mais par la foi. Ainsi vous n’avez pas non plus les résultats de la vie par le sentiment, mais par la foi. Un homme mort aime-t-il le péché ? Aime-t-il le monde ? « Tenez-vous vous-mêmes, dit la Parole, pour morts au péché » (Rom. 6, 11). Qui donc vit à Dieu ? Celui qui, par le don du Fils de Dieu et par Sa mort, a été délivré de la condamnation éternelle, mais qui vit maintenant, attendant en pleine assurance la venue du Christ pour le recevoir dans la gloire (Col. 3, 1-4). « Ce n’est pas la mort qui te célébrera… Le vivant, le vivant est celui qui te louera » (És. 38, 18-19). C’est le fait de réunir les choses que Dieu a séparées, qui est un obstacle à la paix et aux progrès des chrétiens. Nous avons la chair, très réellement, hélas ! sinon, pourquoi Christ serait-Il mort ? Mais Il est mort, et c’est là que, devant Dieu, la chair a pris fin, fournissant la preuve qu’elle ne peut désormais produire aucun bien. La chair est « en moi », prête à agir, si je la laisse faire ; mais, quant à ma position, je ne suis pas « en elle ». J’ai le privilège de considérer la mort de Christ comme ma mort ; j’ai la vie de Christ, ressuscité, comme ma vie ; et cela parce que la Parole de Dieu le déclare. L’Esprit de Christ m’a été donné afin que je puisse vivre dans la puissance de cette vérité ; car Lui seul peut le faire (Rom. 8, 9-13).

Ainsi désormais, je n’ai pas à considérer mes sentiments ou mon expérience, mais ce que Dieu dit, comme étant la pleine signification de la mort de Christ pour ceux qui croient. Les sentiments découlent de la foi, non la foi des sentiments ; « car la foi est de ce qu’on entend et ce qu’on entend par la Parole de Dieu » (Rom. 10, 17). Les sentiments d’incrédulité proviennent tous du « vieil homme » et la croix doit nous apprendre qu’ils sont tous mauvais. J’ai entendu cette expression : « La nature d’Adam doit être soumise à Dieu ». Cruelle erreur ! Dieu recevrait-Il en don la nature d’Adam ? — une chose aussi souillée ? Dieu ne l’a-t-Il pas jugée à la croix ? Elle ne méritait pas autre chose que la mort. Le sépulcre est sa place ! « Tenez-vous vous-mêmes, est-il dit, pour morts ». « Mortifiez vos membres ».

Christ « a été ressuscité d’entre les morts pour notre justification », et comme notre justice. En Lui nous avons été approchés de Dieu ; en Lui, « le Bien-aimé », nous sommes « rendus agréables ». Il n’y a pas là de péché, car il n’y a pas de chair en Lui.

Ce n’est qu’en sachant cela que nous pouvons adorer comme il convient et d’une manière intelligente ; car si j’ai quelque péché sur moi, je ne puis m’approcher de Dieu comme un adorateur dans les lieux saints (Héb. 10, 19). Le péché ne peut venir en Sa présence. Étant en Christ, nous pouvons nous approcher de Dieu sans péché ; car il n’y en a point en Lui et ne peut y en avoir. Plus la lumière dans laquelle j’entre est resplendissante, plus ma justice est manifestée ; car Christ est ma justice. La lumière de Dieu ne peut découvrir en Lui la moindre tache.

Et comme Christ est la justice par laquelle je suis accepté de Dieu, de même Christ doit être ma vie ici-bas. Ma responsabilité est de vivre Christ (Phil. 1, 21) (et non seulement de vivre pour Christ) dans un monde dont la croix a prononcé le jugement (Jean 12, 31 ; 1 Jean 5, 19).

N’oubliez pas que les habitants de Bérée « examinaient chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi », ce qui les rendait « plus nobles que ceux de Thessalonique ».