Il y a peu de choses moins comprises que la véritable nature de l’exhortation. Nous sommes enclins à attacher une idée d’effort légal à ce mot, qui y est tout à fait étranger. L’exhortation divine suppose toujours l’existence d’une certaine relation, la jouissance d’une certaine position, la compréhension de certains privilèges. L’Esprit n’exhorte jamais, sauf sur une base divine. Par exemple : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu » (Rom. 12, 1). Ici, nous avons un excellent exemple d’exhortation divine. « Les compassions de Dieu » sont d’abord placées devant nous dans toute leur plénitude, leur éclat et leur valeur précieuse, avant que nous soyons appelés à entendre la voix de l’exhortation.
Encore : « n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption » (Éph. 4, 30). Ici, nous sommes exhortés sur la base établie de ce que nous avons été « scellés ». Il ne dit pas : « N’attristez pas l’Esprit, de peur que vous ne soyez éternellement perdus ». Cela ne serait pas en accord avec le vrai caractère de l’exhortation divine. Nous « sommes scellés », non pas tant que nous nous conduisons bien, mais « jusqu’au jour de la rédemption ». C’est une chose faite de façon absolue, et c’est le puissant motif pour lequel nous ne devons pas attrister l’Esprit Saint. Si ce qui est le sceau éternel de Dieu, mis sur nous jusqu’au jour de la rédemption, est le Saint Esprit, combien devrions-nous être soigneux de ne pas L’attrister.
Encore : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut » (Col. 3, 1). Comme ceux qui sont ressuscités, que devrions-nous chercher, sinon « les choses qui sont en haut » ? Nous ne cherchons pas ces choses afin d’être ressuscités, mais parce que nous sommes ressuscités. En d’autres termes, la base solide sur laquelle nous nous tenons est posée par l’Esprit de grâce, avant même que la voix de l’exhortation tombe dans l’oreille. C’est divin. Toute autre manière de faire serait simplement du légalisme. Demander à un homme de mettre ses affections aux choses d’en haut, avant qu’il ne sache, par l’autorité divine, qu’il est « ressuscité avec Christ », c’est commencer par le mauvais bout et perdre votre travail. Ce n’est que quand je crois cette précieuse vérité qui affranchit, que quand Christ est mort, je suis mort ; quand Il a été enseveli, j’ai été enseveli ; quand Il est ressuscité, j’ai été ressuscité ; c’est seulement quand cette grande réalité prend possession de mon âme, que je peux prêter une oreille attentive et un cœur ouvert, à la voix céleste de l’exhortation.
Il est bon, pour mon lecteur, de comprendre complètement cela. Il n’y a pas du tout besoin d’une multitude de paroles. Qu’il prenne simplement son Nouveau Testament et, en commençant par l’épître aux Romains, cherche tout du long la trace des exhortations de l’Esprit de Dieu. Il trouvera, sans une seule exception, qu’elles sont aussi complètement débarrassées de l’élément légal que le sont les promesses, qui scintillent comme des gemmes sur la page de l’inspiration. Ce sujet n’est pas pleinement compris. L’exhortation dans les mains de l’homme est bien différente de ce qu’elle est dans les mains de l’Esprit Saint. Combien souvent entendons-nous des hommes nous exhorter à une certaine ligne d’action, de manière à pouvoir atteindre certains privilèges. La manière de faire de l’Esprit est l’inverse de cela. Il place devant nous en premier lieu notre position en Christ, et puis Il dévoile la marche. Il parle d’abord de privilège — un privilège libre et inconditionnel — puis Il présente la responsabilité en lien avec cela. Il présente d’abord la relation établie et inaltérable dans laquelle la libre grâce nous a placés, puis Il insiste sur les affections qui y appartiennent.
Il n’y a rien de plus haïssable, pour l’Esprit de Dieu, que le légalisme, ce détestable système qui nous rejette sur le moi comme devant faire, au lieu de nous rejeter sur Christ comme des pécheurs perdus. L’homme voudrait volontiers faire quelque chose, mais il doit être amené à en finir avec lui-même et avec tout ce qui l’entoure, et alors, comme pécheur perdu, il trouve son repos en Christ — un Christ complet, précieux, et qui suffit à tout. C’est seulement de cette manière qu’il peut jamais s’attendre à une paix solide et à un vrai bonheur. Ce n’est qu’alors qu’il pourra jamais être capable de donner une réponse intelligente à la « parole d’exhortation » de l’Esprit.