Isolement

(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 11]

C’est une de nos grandes difficultés du moment actuel — de fait, cela a toujours été une difficulté — de combiner un chemin étroit avec un cœur large. Il y a bien des choses, de tous côtés, qui tendent à produire l’isolement. Nous ne pouvons le nier. Les liens de l’amitié humaine semblent si fragiles ; tant de choses surviennent pour ébranler la confiance ; tant de choses qu’on ne peut pas sanctionner, de sorte que le chemin devient de plus en plus isolé.

Tout cela est indéniablement vrai. Mais nous devons être très vigilants sur la manière dont nous répondons à cet état de choses. Nous avons peu idée de combien de choses dépendent de l’esprit d’après lequel nous nous comportons au milieu de scènes et de circonstances qui, tous doivent l’admettre, sont particulièrement éprouvantes.

Par exemple, je peux me retirer en moi-même et devenir amer, sombre, sévère, repoussant, desséché, n’ayant pas de cœur pour le peuple du Seigneur, pour Son service, pour les saints et heureux exercices de l’assemblée. Je peux devenir stérile en bonnes œuvres, n’ayant aucune sympathie pour les pauvres, les malades, les affligés. Je peux vivre dans le cercle étroit dans lequel je me suis retiré, ne pensant qu’à moi-même et à mes intérêts personnels et familiaux.

Que peut-il y avoir de plus misérable que cela ? C’est l’égoïsme le plus déplorable, mais nous ne le voyons pas parce que nous sommes aveuglés par notre occupation excessive des manquements des autres.

Or, c’est une chose très facile de trouver des défauts et des fautes dans nos frères et nos amis. Mais la question est : Comment devons-nous répondre à ces choses ? Est-ce en nous retirant en nous-mêmes ? Jamais ! Faire cela n’est que nous rendre aussi misérables en nous-mêmes qu’inutiles, et pire qu’inutiles, pour les autres. Il y a peu de choses plus pitoyables que ce que nous appelons « un homme désabusé ». Il trouve toujours des fautes chez les autres. Il n’a jamais découvert la racine réelle de la chose, ou le vrai secret pour s’en occuper. Il s’est retiré, mais en lui-même. Il est isolé, mais son isolement est totalement faux. Il est misérable ; et il rendra tous ceux qui tombent sous son influence — tous ceux qui sont assez faibles ou insensés pour l’écouter — aussi misérables que lui. Il a complètement ruiné sa carrière pratique ; il a succombé aux difficultés de son temps et s’est révélé n’être pas du tout à la hauteur des dures réalités de la vie présente. Alors, au lieu de le voir et de le confesser, il se retire dans son propre cercle étroit et trouve des fautes chez tout le monde, sauf lui-même.

Combien il est vraiment délicieux et rafraîchissant de se tourner, de ce tableau lugubre, vers le seul homme parfait qui ait jamais foulé cette terre ! Son chemin était en effet un chemin isolé — plus que tout autre. Il n’avait aucune sympathie avec la scène qui L’environnait. « Le monde ne l’a pas connu ». « Il vint chez soi [Israël] ; et les siens ne l’ont pas reçu ». « Il a attendu que quelqu’un eût compassion de lui, mais il n’y a eu personne,… et des consolateurs, mais il n’en a pas trouvé ». Même Ses propres disciples bien-aimés n’ont pas su sympathiser avec Lui ou Le comprendre. Ils dormaient sur la montagne de la transfiguration, en présence de Sa gloire, et ils dormaient au jardin de Gethsémané, en présence de Son agonie. Ils Le réveillèrent de Son sommeil par leurs craintes incrédules, et ils Le dérangeaient continuellement avec leurs questions ignorantes et leurs notions insensées.

Comment répondit-Il à tout cela ? Dans une grâce, une patience et une tendresse parfaites. Il répondait à leurs questions ; Il corrigeait leurs notions ; Il apaisait leurs craintes ; Il résolvait leurs difficultés ; Il répondait à leurs besoins ; Il tenait compte de leurs infirmités ; Il reconnaissait leur dévouement, au moment de leur désertion ; Il les regardait avec Ses yeux d’amour et Il les aimait, en dépit de tout. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin ».

Lecteur chrétien, cherchons à boire à l’esprit de notre Maître béni et marchons sur Ses traces. Alors notre isolement sera de la bonne sorte, et quoique notre chemin puisse être étroit, le cœur sera large.