Israël et les nations

(lire psaume 67)
(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 50]

Garder pleinement à l’esprit le propos originel de Dieu en envoyant l’évangile aux Gentils, ou nations, aidera à donner de la clarté et de la certitude à l’effort missionnaire. Nous le trouvons établi de la manière la plus claire en Actes 15 : « Siméon a raconté », dit Jacques, « comment Dieu a premièrement visité les nations pour en tirer un peuple pour son nom ».

Rien ne peut être plus simple que cela. Il n’offre aucun support quelconque à l’idée maintenue de façon si constante par l’église professante, que le monde entier doit être converti par la prédication de l’évangile. Siméon savait que tel n’était pas le but de Dieu en visitant les Gentils, mais simplement d’en tirer un peuple pour Son nom. Les deux choses sont aussi distinctes que possible. En effet, elles se trouvent dans des directions opposées. Convertir toutes les nations est une chose ; tirer un peuple hors des nations est tout à fait différent.

Ce dernier, et non le premier, est le but actuel de Dieu. C’est ce qu’Il a fait depuis le jour où Simon Pierre ouvrit le royaume des cieux aux Gentils, en Actes 10. Et c’est ce qu’Il continuera de faire jusqu’au moment qui approche si rapidement, dans lequel le dernier élu sera rassemblé et où notre Seigneur viendra pour prendre à Lui les siens.

Que tous les missionnaires se souviennent de cela. Ils peuvent demeurer assurés que cela ne rognera pas leurs ailes ni ne paralysera leurs énergies. Cela guidera seulement leurs mouvements, en leur donnant un but et un objet divins. À quoi servirait-il à quelqu’un de se proposer comme but de ses efforts, quelque chose de complètement différent de ce qui est dans la pensée de Dieu ? Un serviteur ne doit-il pas chercher à faire la volonté de son maître ? Peut-il s’attendre à plaire à son maître en courant directement à l’encontre de son but clairement exprimé ?

Or clairement, ce n’est pas le propos de Dieu de convertir le monde par la prédication de l’évangile. Il veut seulement « en tirer un peuple ». Il est vrai, et de façon bénie, que toute la terre doit encore être remplie de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer. Il n’y a aucun doute à cet égard. Toute l’Écriture en rend témoignage. Citer les passages remplirait littéralement un volume.

Mais la question est : comment ce grand et glorieux résultat doit-il être amené ? Est-ce le propos de Dieu d’utiliser l’église professante comme Son agent, ou un évangile prêché comme Son instrument, dans la conversion du monde ? L’Écriture dit : Non ! avec toute insistance, et une clarté qui devrait balayer tout doute et toute difficulté.

Qu’on comprenne clairement que nous prenons plaisir à tout véritable effort missionnaire. Nous souhaitons de tout cœur bon courage à tout vrai missionnaire — à quiconque a laissé maison, parenté et amis, et tout le confort et les privilèges de la vie civilisée, pour porter la bonne nouvelle du salut dans les endroits enténébrés de la terre. De plus, nous désirons rendre grâces à Dieu de tout cœur pour tout ce qui a été accompli dans les champs de mission étrangers, quoique nous ne puissions approuver la manière d’après laquelle le travail est poursuivi, ou le grand principe à la racine des sociétés missionnaires. Nous considérons qu’il y a un manque de simple foi en Dieu et de soumission à l’autorité de Christ et à la direction du Saint Esprit. Il y a trop de simple machinerie humaine et de recherche de l’aide du monde.

Mais tout cela est au-delà de notre objet actuel. Nous ne discutons pas à présent du principe de l’organisation missionnaire ou des différentes méthodes adoptées pour poursuivre l’œuvre missionnaire. Le sujet dont nous sommes occupés dans ce court article est celui-ci : Dieu utilisera-t-Il l’église professante pour convertir les nations ? Nous ne demandons pas s’Il l’a déjà fait. Si nous posions la question ainsi, nous recevrions une réponse négative sans réserve des bouts de la terre. Quoi ! la chrétienté convertit le monde ? Impossible ! Elle-même est la tache morale la plus noire dans tout l’univers de Dieu, et une douloureuse pierre d’achoppement sur le chemin et des Juifs et des Gentils. L’église professante a été à l’œuvre pendant bientôt deux mille ans, et quel en est le résultat ? Que le lecteur jette un œil sur une carte missionnaire, et il verra. Regardez ces places sombres qui montrent les tristes endroits où le paganisme domine. Regardez le rouge, le vert, le jaune, montrant la papauté, l’église grecque, l’islam. Et où se trouve — nous ne parlons pas du vrai christianisme — mais même le simple protestantisme de nom ? Il est indiqué par ces petites tâches de bleu qui, si elles étaient réunies ensemble, ne formeraient de fait qu’une très petite partie. Et quant à ce qu’est ce protestantisme dans sa meilleure condition, nous n’avons pas besoin de nous y arrêter maintenant pour le rechercher.

Mais est-ce le propos révélé de Dieu d’utiliser l’église professante, de quelque manière que ce soit, pour convertir les nations ? Si c’était le cas, nous admettons immédiatement que, en dépit des apparences les plus décourageantes, nous devons croire et espérer. Nous admettons volontiers que le vrai moyen pour éprouver un principe quelconque n’est pas d’après ses résultats, mais simplement d’après la Parole de Dieu.

Que disent les Écritures de la grande question de la conversion des nations ? Prenez le joli psaume qui est en tête de cet article. Ce n’est qu’une preuve, mais des plus frappantes et des plus belles, et elle s’harmonise parfaitement avec le témoignage de toute l’Écriture, de la Genèse à l’Apocalypse. Nous ne pouvons nous abstenir de le donner tout entier au lecteur.

« Que Dieu use de grâce envers nous et nous bénisse, qu’il fasse lever la lumière de sa face sur nous, Pour que ta voie soit connue sur la terre, ton salut parmi toutes les nations. Que les peuples te célèbrent, ô Dieu ! que tous les peuples te célèbrent ! Que les peuplades se réjouissent, et chantent de joie ; car tu jugeras les peuples avec droiture, et tu conduiras les peuplades sur la terre. Que les peuples te célèbrent, ô Dieu ! que tous les peuples te célèbrent ! La terre donnera son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénira. Dieu nous bénira, et tous les bouts de la terre le craindront ».

Ici, la simple vérité brille devant nous avec une force et une beauté remarquables. C’est quand Dieu aura pitié d’Israël, quand Il fera briller Sa lumière sur Sion — alors, et pas avant — que Sa voie sera connue sur la terre, et Son salut parmi toutes les nations. C’est par le moyen d’Israël, et non par celui de l’église professante, que Dieu bénira encore les nations.

Que le « nous » du psaume ci-dessus se rapporte à Israël, aucun lecteur intelligent de l’Écriture n’a besoin qu’on le lui dise. En effet, le grand sujet des Psaumes, des prophètes et de tout l’Ancien Testament, est Israël. Il n’y a pas un mot au sujet de l’Assemblée, de la première à la dernière page de l’Ancien Testament. Il y a des types et des ombres dans lesquels — maintenant que nous avons la lumière du Nouveau Testament — nous pouvons voir la vérité de l’Assemblée préfigurée. Mais sans cette lumière, nul ne peut découvrir la vérité de l’Assemblée dans les Écritures de l’Ancien Testament. Ce grand mystère était, comme nous le dit l’apôtre inspiré, « caché » — non pas dans les Écritures, car tout ce qui est contenu dans les Écritures n’est plus caché, mais révélé — mais « caché en Dieu ». Il n’était pas révélé, et ne pouvait pas l’être, jusqu’à ce que Christ, le Roi rejeté par Israël, soit crucifié et ressuscité d’entre les morts. Aussi longtemps que le témoignage à Israël était en cours, la doctrine de l’Assemblée ne pouvait pas être dévoilée.

C’est pourquoi, bien qu’au jour de la Pentecôte, nous ayons le fait de l’Assemblée, cependant, ce n’est pas avant qu’Israël ait rejeté le témoignage du Saint Esprit en Étienne, qu’un témoin spécial fut appelé dans la personne de Saul, à qui la doctrine de l’Assemblée fut confiée. Nous devons distinguer entre le fait et la doctrine ; en effet, ce n’est pas avant d’avoir atteint le dernier chapitre des Actes, que le rideau tombe finalement sur Israël, et que Paul, le prisonnier à Rome, dévoile pleinement le grand mystère de l’Assemblée qui, dès les siècles et les générations, avait été caché en Dieu, mais qui était maintenant donné à connaître. Que le lecteur considère Romains 16, 25 et 26 ; Éphésiens 3, 1 à 11 et Colossiens 1, 24 à 27.

Nous ne pouvons pas essayer d’entrer pleinement ici dans ce glorieux sujet ; en effet, y faire simplement référence est une digression de notre sujet actuel. Mais nous estimons qu’il est nécessaire et juste d’en parler, pour que le lecteur voie bien que le psaume 67 se rapporte à Israël ; et en voyant cela, toute la vérité pénétrera dans son âme, que la conversion des nations demeure en lien avec Israël et non avec l’Assemblée. C’est par Israël, et non par l’Assemblée, que Dieu bénira encore les nations. C’est Son propos éternel, que la semence d’Abraham, Son ami, soit encore prééminente sur la terre, et que toutes les nations soient bénies en et par eux. « Ainsi dit l’Éternel des armées : En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront, oui, saisiront le pan de la robe d’un homme juif, disant : Nous irons avec vous, car nous avons ouï dire que Dieu est avec vous » (Zach. 8, 23).

Il n’est nul besoin de multiplier les preuves. Toute l’Écriture rend témoignage à la vérité que l’objet actuel de Dieu n’est pas de convertir les nations, mais d’en tirer un peuple pour Son nom, et de plus, que quand ces nations seront amenées — ce qui sera assurément le cas — ce ne sera pas du tout par le moyen de l’Assemblée, mais par celui de la nation d’Israël restaurée.

Ce serait une tâche facile et agréable de montrer, d’après le Nouveau Testament, que, avant la restauration et la bénédiction d’Israël, et donc avant la conversion des nations, la véritable Assemblée de Dieu, le corps de Christ, aura été enlevée pour être pour toujours avec le Seigneur, dans la pleine et merveilleuse communion de la maison du Père. Ainsi, l’Assemblée ne sera pas l’agent de Dieu dans la conversion des Juifs comme nation, pas plus que dans la conversion des Gentils. Mais nous ne désirons pas, pour le moment, faire plus qu’établir les deux points mentionnés ci-dessus, que nous estimons d’un grand intérêt et d’une grande importance en regard du grand but des opérations missionnaires. Quand les sociétés missionnaires se proposent comme leur objet la conversion du monde, elles proposent une grande erreur. Et quand la chrétienté imagine qu’elle doit être l’instrument de Dieu pour la conversion des nations, c’est simplement une illusion et une vanité creuse. C’est pourquoi, que tous ceux qui partent comme missionnaires comprennent qu’ils sont dirigés dans leur œuvre bénie par un objet divin, et qu’ils poursuivent ce but d’une manière voulue de Dieu.