L’arc dans la nuée

Méditations pour chaque jour du mois

Je mettrai mon arc dans la nuée

« Et il arrivera que quand je ferai venir des nuages sur la terre, alors l’arc apparaîtra dans la nuée »

(Gen. 9, 14)

« Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation dont Dieu nous console nous-mêmes, nous puissions aussi consoler les autres, dans quelque affliction qu’ils se trouvent »

(2 Cor. 1, 3, 4)

Premier jour — Souveraineté de Dieu

L’Éternel règne (Ps. 93, 1).

Aucune promesse, au jour de la nuée et de l’obscurité, ne brille de plus d’éclat que celle-ci : « L’Éternel règne ».

Dieu, mon Dieu — le Dieu qui a donné Jésus — dirige tous les événements et gouverne toutes choses pour mon bien.

« Quand je ferai venir des nuages sur la terre », dit-Il Lui-même ; Il n’a nulle intention de dissimuler la main qui voile pour un temps les perspectives riantes de la terre. C’est Lui à la fois dans Sa miséricorde qui amène la nuée, qui nous y fait entrer, et qui nous conduit au travers. Il est Roi sur toutes choses. « On jette le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel » (Prov. 16, 33). C’est Lui qui a posé le fardeau sur nos épaules, qui l’y maintient, et qui saura en Son temps nous en délivrer.

Gardez-vous de vous appesantir sur les causes secondes : c’est la plus triste forme de l’athéisme. Quand nos abris de prédilection sont atteints (Jon. 4), que nos fleurs les plus belles se flétrissent, une pensée doit imposer le silence à toutes les autres : « L’Éternel a préparé le ver ». Quand le sanctuaire de l’âme est frappé par la foudre, quand ses piliers sont ébranlés, « l’Éternel est au palais de sa sainteté ». Hasard — chance — sort — destin, autant de mots que le chrétien ne connaît pas. Il n’est pas un vaisseau abandonné sans pilote à la merci des flots ; il n’est pas une algue livrée aux caprices des vagues. « La voix de l’Éternel est sur les eaux ». À tout ce qui lui arrive, il n’y a qu’une seule explication : « Je suis resté muet, je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait » (Ps. 39, 9).

Pour le spectateur humain, la mort est l’événement le plus capricieux et le plus fantasque. Mais loin de là : les clefs du sépulcre sont dans la main du même Dieu tout-puissant. Voyez la parabole du figuier stérile : la prolongation de l’existence de cet arbre ou son retranchement d’une terre qu’il encombre, est un sujet d’entretien pour le ciel. La hache ne peut être mise à sa racine, que Dieu Lui-même ne l’ordonne. À combien plus forte raison cela est-il vrai des arbres de la justice plantés par le Seigneur ! Il veille sur eux, afin qu’aucun mal ne les atteigne ; Il en protège chaque fibre tremblante ; et si de bonne heure ils doivent succomber au coup fatal, qui est-ce qui ne sait pas que « la main de l’Éternel a fait cela » (Job 12, 9) ?

Oh ! qu’il me soit donc donné de pouvoir perdre ma volonté dans la sienne ! de ne pas regimber contre Ses dispensations, ni chercher à changer un seul iota de cette volonté, mais de demeurer tranquille entre Ses mains ; d’accepter l’amer aussi bien que le doux, sachant que Celui qui a préparé et mélangé la coupe me connaît trop bien pour y avoir ajouté une seule goutte d’amertume qui eût pu m’être épargnée. « L’Éternel te gardera de tout mal ; il gardera ton âme » (Ps. 121, 7).

Qui pourrait s’étonner de voir le doux psalmiste d’Israël s’efforcer d’arrêter les regards du monde entier sur les teintes bienfaisantes de cet arc de consolation, à mesure qu’il le voit se développer dans les cieux appesantis : « L’Éternel règne » ; que la terre s’égaie.

Deuxième jour — Dessein d’amour

L’Éternel… prend plaisir à la paix de son serviteur (Ps. 35, 27).

Qu’est-ce que la paix ? Est-ce une vie joyeuse et brillante, une coupe comble, des richesses abondantes, l’approbation du monde, un cercle de famille intact ? Toutes ces choses, reçues sans reconnaissance, peuvent tourner en piège, en cachant à l’âme ses plus nobles destinées. Souvent, au contraire, spirituellement parlant, la paix, c’est Dieu nous conduisant par la main dans les profondes vallées de l’humiliation ; nous dépouillant, comme autrefois Son serviteur Job, de tous ses biens terrestres, troupeaux, santé, richesses, enfants — afin de nous amener à nous prosterner devant Lui dans la poussière et à dire : « Que le nom de l’Éternel soit béni ! ».

Ainsi, c’est le contraire même de ce que le monde appelle en général paix ou prospérité, qui forme le fond sur lequel vient se dessiner l’arc de la promesse. Dieu nous sourit au travers de ces gouttes de rosée et de ces larmes de la douleur. Il a notre bien spirituel trop à cœur. Il nous aime trop pour nous permettre de vivre dans une prétendue paix. Quand Il voit le devoir mollement accompli, ou froidement négligé, le cœur endurci et comme mort, et notre amour pour Lui comme étouffé par les préoccupations absorbantes de la vie présente, Il met une épine dans notre nid pour nous contraindre de prendre notre essor ou pour nous empêcher de ramper à toujours.

Je puis n’être pas maintenant à même de comprendre le mystère de ces dispensations. Je puis demander avec larmes : Pourquoi cette dure interruption de mon bonheur terrestre ? Pourquoi ces bourgeons d’espérance sitôt retranchés ? ce ricin sitôt séché ? La réponse est simple : c’est le bien de ton âme qu’Il a en vue. Crois-le, tes plus vrais Ében-Ézers (1 Sam. 7, 12) s’élèveront auprès de la fournaise. Rien d’arbitraire dans les afflictions que Dieu envoie. Il ne fait rien que par une juste nécessité, et tandis qu’Il appesantit sur toi une main de correction et te conduit par des voies que tu ne connais point, et que tu n’aurais jamais choisies, Sa Parole murmure doucement à ton oreille : « Bien-aimé, je souhaite qu’à tous égard tu prospères et que tu sois en bonne santé » (3 Jean 2).

Repose-toi dans la paisible assurance que tout va bien. « Il ne permettra point que ton pied soit ébranlé ; celui qui te garde ne sommeillera pas » (Ps. 121, 3). Que rien de ce qui te rapproche de Sa présence bénie ne soit pour toi un sujet de murmure. Sois reconnaissant pour tes soucis même, dont tu peux toujours te décharger sur Lui avec confiance. Il veut trop ta prospérité temporelle et éternelle pour t’infliger un déchirement ou un coup superflu. Remets-toi donc à Sa garde et abandonne-Lui tout ce qui te concerne.

Troisième jour — Le refuge assuré

Il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride (És. 32, 2).

« Un homme », dans cet admirable verset, c’est Jésus Christ.

Quand et où se révèle-t-Il ainsi à Son peuple comme un refuge assuré ? C’est, comme jadis à Élie, au sein du tourbillon et de la tempête ! Au milieu de la faveur du monde, du calme d’un ciel serein, de la prospérité sans mélange, on ne Le cherche pas. Mais quand les nuages commencent à s’amonceler, et que le soleil est comme balayé à l’horizon, ou quand on a reconnu l’insécurité de tous les refuges terrestres, alors on s’écrie : « Mon secours vient d’auprès de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre » (Ps. 121, 2). D’abord le tremblement, la tempête, le feu, et puis, seulement après, le son doux et subtil.

Chrétien affligé, il vous reste un refuge assuré, une forte tour qui ne saurait être ébranlée ! Le monde a les siens aussi, mais qui ne peuvent résister au jour de l’épreuve. Le vent passe sur eux, et les voilà enlevés. Mais plus l’orage est violent, plus Il vous rend précieux ce refuge qui est permanent ; plus vous vous enfoncez dans le creux de ce Rocher, plus vous êtes en sûreté.

« Cet homme ». Arrêtez-vous souvent sur cette pensée de l’humanité de Jésus, qui a été semblable à vous en toutes choses, à part le péché, qui sait bien de quoi nous sommes faits et qui, par la sympathie exquise et parfaite de Sa nature humaine, peut mieux qu’aucun autre sonder les profondeurs de votre douleur.

Vous êtes dans l’épreuve, et un ami terrestre vient à vous ; mais il n’a jamais connu le dépouillement, et il ne peut entrer dans votre chagrin. En voici un autre ; il a été à plusieurs reprises dans la fournaise ; son cœur a été atteint profondément comme le vôtre, et il peut sympathiser réellement avec vous. Ainsi en est-il de Jésus. Comme homme, Il a goûté la souffrance sous toutes ses formes. Il a connu pour Lui-même l’orage contre lequel Il veut vous défendre. — Il est le Rocher et pourtant un homme ; puissant pour sauver, puissant aussi pour avoir compassion : « Emmanuel, Dieu avec nous ». Il est semblable à l’arc qui brille dans les cieux, dont le sommet se perd dans les nuages, tandis que ses extrémités reposent sur la terre, ou semblable au chêne qui, tandis qu’il peut lutter contre la tempête, invite le plus faible oiseau à se réfugier sous ses branches.

Ô toi qui mènes deuil ! recherche l’ombre du Bien-aimé pour t’y asseoir. Cache-toi dans Son sein. Celui-là même qui soulève la tempête est Celui qui t’en garantit. Et tandis que tu avances dans ton pèlerinage au milieu des sombres nuages qui s’épaississent autour de toi, que ton œil languissant puisse s’arrêter toujours sur cet arc de consolation : « Il dut, en toutes choses, être rendu semblable à ses frères… car, en ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Héb. 2, 17, 18).

Quatrième jour — Le châtiment expliqué

Celui que le Seigneur aime, il le discipline (Héb. 12, 6).

Quoi ! Dieu m’aime au moment où Il décharge sur moi tous Ses traits ! où je suis ballotté de place en place ! où Il éteint dans les nuages le soleil de mes joies terrestres ! Oui, ô toi affligé, battu de la tempête, Il te discipline parce qu’Il t’aime. Cette épreuve provient de Sa main tendre et paternelle, de Son cœur tendre et fidèle.

Es-tu couché sur un lit de douleur, n’as-tu en partage que des mois de chagrin et des nuits de peine ? Que cette pensée soit l’oreiller sur lequel repose ta tête fatiguée : C’est parce qu’Il m’aime. « L’Éternel est celui qui te garde ; l’Éternel est ton ombre, à ta main droite » (Ps. 121, 5).

Est-ce l’amertume de la séparation qui a comme balayé ton cœur et désolé ta demeure ? Il a envoyé la mort dans ta maison, Il a ouvert cette tombe, parce qu’Il t’aime. Comme c’est l’enfant malade d’une famille qui réclame l’affection la plus profonde de sa mère et sa plus constante sollicitude, ainsi tu es en ce moment l’objet du plus tendre amour et de la sollicitude du Père céleste qui te discipline. Il t’a aimé jusqu’à t’amener dans cette épreuve, et Il te la fera traverser. Rien d’arbitraire dans Ses dispensations. L’amour est le mobile de tout ce qu’Il fait. Il n’y a pas une goutte de colère dans cette coupe que tu es appelé à boire. Je suis persuadé qu’Il a estimé ces afflictions nécessaires. Que Son nom soit béni ! c’est une partie de Son alliance de nous visiter avec la verge. Et que dit notre adorable Sauveur Lui-même ? Ce n’est pas sur la terre, voyageur dans un monde de douleur, qu’Il prononce ces paroles, mais du sein même des gloires du ciel : « Je reprends et je châtie tous ceux que j’aime » (Apoc. 3, 19).

Croyant, réjouis-toi dans la pensée que la verge, la verge des châtiments est dans la main du Sauveur vivant, plein d’amour, qui est mort pour toi. La tribulation est la route royale ; mais cette route est pavée d’amour. Comme certaines fleurs ne donnent leur parfum que lorsqu’elles sont écrasées, ainsi ton Dieu juge bon de te briser. Comme certains oiseaux, dit-on, font entendre leurs plus doux chants quand une épine les déchire, ainsi Il te lacère par l’affliction, afin que, contraint de prendre ton essor, tu chantes en t’élevant vers Lui : « Mon cœur est affermi, ô Dieu ! mon cœur est affermi » (Ps. 57, 7). Ceux que Dieu veut rendre les plus resplendissants, dit Leighton, sont ceux qu’Il travaille le plus souvent. « Nos épreuves, a-t-on dit encore, semblent dans Sa Parole Lui être toujours présentes à l’esprit. La moitié peut-être des préceptes et des promesses qu’elle renferme, nous sont adressés comme à des hommes de douleur ».

Puissions-nous dire : « Je t’aimerai, Seigneur, non pas malgré ta verge, mais à cause de ta verge. Je me jetterai dans tes bras mêmes qui me frappent. Quand ta voix m’appelle, comme autrefois Abraham, à me préparer à quelque épreuve amère, puissé-je répondre d’un cœur soumis : « Me voici », et lire dans l’arc qui se développe dans ma nuée obscure : Il châtie parce qu’Il aime ».

Cinquième jour — Dieu ne change point

Car moi, l’Éternel, je ne change pas (Mal. 3, 6).

L’immutabilité de Dieu ! — Quelle ancre pour celui qui est battu de la tempête ! Le changement est notre portion ici-bas. Les scènes se succèdent. Les joies se flétrissent. Les amis ! les uns sont séparés de nous par la distance, d’autres nous ont quittés pour la patrie éternelle. Qui, au milieu de ces expériences contradictoires, ne soupire après quelque chose de durable, de stable, de permanent ? En vain nous demandons à la terre un abordage sûr. Oh ! quand atteindrons-nous le port désiré ?

« Je ne change pas ». Le cœur et la chair peuvent faiblir, ils faiblissent et défaillent en effet ; mais il y a un Dieu qui ne peut faillir, ni faiblir, ni varier. Tous les changements du monde ne sauraient L’ébranler. Nos propres fluctuations ne peuvent L’atteindre. Tandis que nous sommes déprimés, abattus, vacillants, et que nos cœurs incrédules doutent de la délivrance, Lui seul demeure, sans aucune ombre de changement. « Dieu, qui ne peut mentir », voilà ce que nous pouvons lire dans toutes Ses dispensations.

« Je ne change pas ». Pour qui cet arc de consolation se déroule-t-il au milieu de la sombre nuée ? C’est pour les enfants de Jacob, pour le peuple choisi de Son alliance, pour ceux qui sont revêtus de la robe du premier-né et qui ont part à l’héritage spirituel.

Nom précieux ! Saint et bienheureux gage, que rien ne m’arrive que pour mon bien. Comment douterais-je de Sa fidélité ? Comment contesterais-je la sagesse de Ses dispensations ? C’est l’amour même de l’alliance qui veut que mon horizon terrestre soit obscurci. Il est le même à cette heure que dans celle où Il n’épargna point Son propre Fils (Rom. 8, 32) ! Oh ! au lieu de m’étonner de mes épreuves, je m’étonnerai plutôt de ce qu’Il m’a supporté si longtemps ! C’est à cause de « ses compassions qui ne cessent pas », que je n’ai pas été consumé (Lam. 3, 22). S’Il eût été un homme changeant, vacillant comme moi, il y a longtemps qu’Il m’aurait rejeté comme un vaisseau de nul usage, comme ce figuier qui encombrait la terre inutilement. « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies », dit l’Éternel (És. 55, 8). Il demeure le même à jamais. Et du sein même de cette journée sombre et chargée de nuages, « j’élève mes yeux vers les montagnes d’où vient mon secours » (Ps. 121, 1) et je chanterai au travers de mes larmes : « Bienheureux celui qui a le Dieu de Jacob pour son secours, qui s’attend à l’Éternel, son Dieu » (Ps. 146, 5).

Sixième jour — Sympathie divine

Je connais ses douleurs (Ex. 3, 7).

Un homme ne saurait parler ainsi. L’âme a bien des fibres sensibles que la sympathie humaine la meilleure et la plus tendre ne saurait atteindre. Mais le Prince des affligés, Lui qui nous a ouvert le sentier de la douleur, Il sait de quoi nous sommes faits. Quand une dure séparation s’est appesantie sur notre cœur, comme un bloc de glace ; quand l’ami terrestre le plus intime ne peut pénétrer dans tous les secrets de notre douleur, Jésus le peut, Jésus le fait ! Celui qui a porté mes péchés s’est aussi chargé de mes douleurs. Et l’œil de Celui qui règne maintenant dans le ciel a été obscurci par les larmes. Dans toutes mes épreuves, je puis me dire : « Jésus a été affligé » ; dans toutes mes larmes : « Jésus pleura ». Israël gémissait depuis longtemps sous la captivité. Il semblait que Dieu ne le sût point ; qu’Il fût, comme Baal, endormi (1 Rois 18, 27). Et cependant, à ce moment même, Son œil plein de compassion était arrêté sur Son peuple enchaîné, et c’est alors qu’Il dit : « Je connais ses douleurs ».

Il peut sembler parfois nous oublier et nous abandonner, tellement que nous nous écrions : « Dieu a-t-il oublié d’user de grâce ? » (Ps. 77, 9). — Et cependant, Il veille sur nous avec l’amour le plus tendre. Il ne permet que nous soyons ainsi réduits à l’extrémité, que pour nous tendre une main secourable et pour nous révéler toute la plénitude de Sa grâce. « Vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (Jacq. 5, 11).

Le fait seul qu’Il connaît nos douleurs nous est une bienheureuse garantie que pas une ne nous sera envoyée qu’Il ne juge nécessaire. « Je ne te détruirai pas entièrement », dit-Il, « mais je te corrigerai avec mesure » (Jér. 30, 11). Tout ce qu’Il envoie est justement mesuré et sagement dispensé. Rien n’est fortuit ou accidentel, pas une épine superflue, pas un coup qui aurait pu être épargné. Nos larmes, qu’Il recueille dans Ses vaisseaux (Ps. 56, 8), sont toutes comptées une à une et sont sacrées dans les trésors de Dieu.

Chrétien affligé, le fer a peut-être pénétré profondément dans ton âme : réjouis-toi cependant ! Tu es appelé à un grand honneur, à souffrir en glorifiant Jésus Christ. Élève tes regards vers l’arc lumineux qui entoure ton ciel obscur. Jésus, qui a compassion, connaît tes amertumes, tes larmes brûlantes, et Il est descendu pour te délivrer (Ex. 3, 8).

« Le soleil ne te frappera pas de jour, ni la lune de nuit » (Ps. 121, 6).

Septième jour — Condition miséricordieuse

Puisqu’il le faut (1 Pier. 1).

Il le faut : devise bénie à inscrire sur les sombres linteaux de la douleur. Écris-la, enfant de l’affliction, sur chaque épreuve que ton Dieu juge bon de t’envoyer. S’Il t’appelle à descendre des collines riantes dans les ténébreuses vallées, entends Sa voix, qui te dit : « Il le faut ». S’Il a arraché de tes lèvres la coupe de la prospérité temporelle, s’Il t’a sevré de consolations humaines, s’Il a diminué ta corbeille et ta huche (Deut. 28, 5), entends Sa voix qui te dit : « Il le faut ». S’Il a labouré et sillonné ton âme par d’amers déchirements et éteint lumière après lumière dans ta demeure, entends-Le qui apaise le tumulte de tes douleurs et qui te dit : « Il le faut ».

Oui, crois-le bien : il y a quelque raison profonde pour que tu sois éprouvé bien que tu puisses ne pas la discerner encore. Aucune fournaise n’est plus ardente que Dieu ne le juge nécessaire. Il est vrai que Ses leçons sont parfois mystérieuses, et que nous avons peine à confesser que Dieu est amour. Point de lumière resplendissante (Job 37, 21) pour nous ; point d’arc lumineux dans notre nuée. Tout est mystère ; pas une éclaircie dans notre ciel ! Arrête, écoute ce que dit le Dieu fort, l’Éternel : « Il le faut ». Il n’abandonne pas longtemps Son peuple, lorsqu’Il voit les roues de son char se traîner pesamment. Il a Ses moyens à Lui pour préserver Ses enfants d’être absorbés par l’amour du monde. Il les poursuit en quelque sorte hors d’eux-mêmes, et Il renverse les idoles de terre qui ont pu usurper le trône que Lui seul doit occuper. Avant ton épreuve présente, Il avait vu peut-être ton amour se refroidir, et décroître ta ferveur pour le bien. Comme le soleil éteint le feu, ainsi le soleil de la prospérité terrestre a pu éteindre les ardeurs de ton âme ; tu as pu faire moins luire ta lumière pour Christ, tu as pu consentir à quelque compromis coupable avec un monde perfide et séducteur. Eh bien ! Il t’a envoyé précisément la discipline et la dispensation nécessaires. Rien d’autre, rien de moins.

Tiens-toi en repos, sachant qu’Il est Dieu. Souviens-toi que ce : « Il le faut » est entre les mains de l’amour infini, de la sagesse infinie, de la puissance infinie. Abandonne-Lui les petites choses, aussi bien que les grandes, les circonstances les plus insignifiantes comme les plus graves. Applique-toi à avoir une foi qui ne soit point raisonneuse. Et bien que tu eusses suivi d’autres sentiers, sans doute, si le choix avait été entre tes mains, qu’il te soit donné cependant, à chaque détour de la route, d’entendre Sa voix qui te dit : « C’est ici le chemin, marchez-y » (És. 30, 21). Nous pouvons ne pas le comprendre maintenant — mais un jour nous reconnaîtrons que l’affliction est un des messagers les plus bénis de Dieu ; de ces messagers célestes « envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent avoir l’héritage du salut » (Héb. 1, 14). Sans nuage, pas d’arc possible dans le ciel matériel. Sans doute, il est plus doux à l’œil de contempler l’azur profond, les vapeurs légères de l’été, ou les teintes d’or et de pourpre du couchant ; mais que deviendrait la terre si quelques nuages sombres, suspendus de temps en temps au-dessus d’elle, ne se répandaient sur elle et sur ses plantes desséchées, en trésors de vie et de fraîcheur ? En serait-il autrement de l’âme ? Non. — Le nuage de la douleur est nécessaire, et chacune des gouttes de pluie qui s’en échappent est comme une perle d’amour. Si, à cette heure même, ô affligé, ces nuages s’amassent, si la tempête gronde, élève tes yeux vers la divine lueur qui brille dans les cieux obscurcis, et souviens-toi que Celui qui y a placé l’arc-en-ciel de la promesse a vu un il le faut pour le nuage sur lequel il repose.

Huitième jour — La présence de Dieu

Ma face ira, et je te donnerai du repos (Ex. 33, 14).

Moïse avait demandé à Dieu de lui montrer le chemin, et Dieu lui répond, non pas en lui montrant le chemin, mais mieux encore : Confie-toi en moi, j’irai avec toi.

Ô affligé ; entends la voix qui te parle du sein de la colonne de nuée ! C’est une promesse du désert que le Dieu de Jeshurun adresse encore à Son Israël spirituel. Celui qui jadis a dirigé Son peuple comme un troupeau, sous la conduite de Moïse et d’Aaron, t’aimera du même amour. Peut-être notre chemin sera bien différent de ce que nous aurions choisi. — Mais le choix est entre de meilleures mains, et dans chaque détour mystérieux de ce chemin, Dieu a un but sage et juste.

Qui pourrait jeter un coup d’œil sur les dispensations de Dieu dans le passé, sans gratitude et sans reconnaissance ? Quand Ses brebis ont dû traverser les lieux les plus arides du désert, Lui, leur Berger, a marché devant elles. Quand leur toison était déchirée, leurs pieds meurtris et fatigués, Il les a portés dans Ses bras. Sa présence a allégé toutes les croix et adouci toutes les peines. Remettons-Lui l’avenir inconnu et incertain. « L’Éternel gardera ta sortie et ton entrée, dès maintenant et à toujours » (Ps. 121, 8). D’autres sociétés que nous chérissons peuvent nous avoir fait défaut. Mais Celui qui est meilleur que les meilleurs marche devant nous dans Sa miséricordieuse colonne de nuée. Avec Lui pour notre portion, nous sommes heureux, quoiqu’Il nous retire. Nous pouvons nous élever au-dessus de la perte d’un bien terrestre, dans le sentiment de la possession du céleste dispensateur Lui-même. Il a pu trouver bon de renverser des idoles de terre, afin que Lui, qui peut nous satisfaire pleinement, eût en nous la première et suprême place. Il a pu trouver bon de nous enlever les présences terrestres, afin de nous faire mieux connaître la sienne, et de nous amener à nous écrier plus sincèrement : « Si ta face ne vient pas, ne nous fais pas monter d’ici » (Ex. 33, 15). Il ne nous permet pas d’élever sur la terre des tabernacles sur lesquels nous écrivons : « Ceci est mon repos ». Non — aujourd’hui la tentation — demain le repos ! Mais ne crains point, semble-t-Il nous dire — tu n’es pas laissé sans amis et sans consolation sur ton chemin. — Pèlerin sur une terre de pèlerinage, ma face ira avec toi, dans tes jours sombres et chargés, dans tes heures de défaillance et de découragement, dans la tristesse et la douleur, dans l’abandon et la solitude, dans la vie et dans la mort ! Et quand ton voyage sera à son terme, quand la colonne de feu ne sera plus nécessaire — je te donnerai du repos. Après les prémices de la grâce, la moisson de la gloire !

Neuvième jour — Celui qui donne et qui reprend

L’Éternel avait donné ; l’Éternel l’a ôté ; le nom de l’Éternel soit béni ! (Job 1, 21).

Bienheureuse disposition que d’adorer à genoux ! Ne voir jamais qu’une main. Les ennemis, le feu, la tempête, l’épée sont oubliée : le patriarche Job ne voit que le Seigneur qui a donné et le Seigneur qui reprend.

Qu’est-ce qui cause tant d’abattement, de chagrin exagéré, de murmures contraires à l’esprit de l’évangile, dans nos heures d’épreuve ? C’est, selon l’expression de Rutherford, que nous regardons au mouvement confus des roues des causes secondes. Nous refusons de nous élever à la hauteur de l’argument suprême et de dire avec confiance : Que la volonté du Seigneur soit faite ! Nous refusons d’entendre Sa voix, Sa voix pleine d’amour qui se mêle aux grondements de l’orage le plus sombre : « C’est moi ! ».

« Y aurait-il dans la ville quelque mal que l’Éternel n’ait fait ? » disait le prophète (Amos 3, 6). Y a-t-il dans la coupe une goutte amère que le Seigneur n’y ait mêlée ? Il aime trop Ses enfants pour confier leurs intérêts à aucun autre. Nous ne sommes que l’argile dans les mains du potier — que des vaisseaux dans les mains de Celui qui affine l’argent. C’est Lui qui nous mesure notre portion, qui assigne les limites de notre habitation. Le Seigneur prépara le kikajon, et Il prépara aussi le ver qui devait le détruire. C’est Lui qui est l’auteur des bénédictions et des épreuves, des consolations et des croix. Il souffle dans nos narines un souffle de vie ; et à Sa Parole l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné.

Oh ! si nous nous efforcions de considérer comme un prêt notre vie et la vie de ceux que nous aimons, et Dieu comme le Maître souverain qui peut, selon qu’Il le juge bon, reprendre Ses dons ou abréger le temps de la possession ! « L’Éternel a donné ». Toutes les grâces dont nous pouvons jouir sont des grâces prêtées, par Lui dispensées, par Lui continuées, par Lui retirées.

Combien souvent Il reprend en effet, afin de pouvoir entrer Lui-même dans le vide de notre cœur, pour le remplir de Son ineffable présence et de Son amour ! Rien au monde ne pourrait nous tenir lieu de Lui, mais Lui peut nous dédommager de toutes nos pertes. Apprenons à compter sur l’amour et la fidélité du Dieu qui reprend, aussi bien que du Dieu qui donne. Souvent les sens et la vue voudraient s’écrier : « Non point ainsi, Seigneur ! ». Mais la foi appuyée sur la promesse peut se réjouir dans cet arc, qui éclaire le plus épais nuage. « Il en est ainsi, ô Père, parce que telle a été ta bonne volonté » (Luc 10, 21).

Dixième jour — La délivrance dans l’épreuve

Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras (Ps. 50, 15).

Que nos jours d’épreuve sont divers ! La maladie avec ses heures d’agitation et de langueur ; le deuil, avec ses trésors ravis et ses cœurs brisés ; la perte des biens, nos biens temporels réduits, les richesses prenant des ailes pour s’envoler ; ou, chose plus triste encore, les blessures faites par des amis, la confiance trompée, les affections fanées, les espérances dispersées comme les feuilles de l’automne !

Mais Dieu est notre force et notre secours dans la détresse, et fort aisé à trouver. Ô toi qui es éprouvé, Il ne t’abandonne pas sans défense et sans abri dans l’orage. — « Invoque-moi ». Il t’appelle à jouir de Sa présence même. Plutôt les amertumes de Mara avec la guérison céleste que les fontaines les plus pures du monde — sans Dieu ! Plutôt traverser la fournaise la plus ardente avec Celui qui est semblable au Fils de Dieu, que de laisser l’âme s’attacher à la terre. Celui qui purifie l’argent se tient auprès de la fournaise pour en tempérer l’ardeur, et Il a fait cette promesse toute spéciale : « Je te délivrerai ». Peut-être Sa délivrance ne sera-t-elle pas celle que nous attendons, celle pour laquelle nous avons prié, celle que nous avons pu souhaiter. Mais ne vaudrait-il pas la peine d’endurer l’épreuve la plus douloureuse, pour arriver au but de cet amour qui châtie ? « Tu me glorifieras ». Glorifier Dieu ! Mais comment ? Par l’acceptation humble, douce, sans murmure, de Ses dispensations ; — Ses dispensations rendant de plus en plus chers à nos cœurs le Sauveur et Sa grâce.

Dans tous les temps, le jour de l’épreuve a été pour les saints une occasion de glorifier Dieu. Jamais David n’aurait écrit ses psaumes ni Paul ses épîtres, si Dieu ne les avait fait passer l’un et l’autre par le creuset. Pour pouvoir instruire les âmes, ils durent être élevés à l’école de l’affliction. Si Dieu emploie pour nous une discipline semblable, appliquons-nous à Le glorifier par une confiante résignation, ne nous abandonnant pas à un chagrin égoïste, sentimental, stérile ; mais plutôt avançant dans notre grande mission, dans notre œuvre et notre combat, avec une idée plus juste de la valeur du temps et du sérieux de la vie.

« Donnez gloire à l’Éternel, votre Dieu, avant qu’il fasse venir des ténèbres, et avant que vos pieds se heurtent contre les montagnes du crépuscule : vous attendrez la lumière, et il en fera une ombre de mort et la réduira en obscurité profonde » (Jér. 13, 16).

Onzième jour — L’amour compatissant

Comme un père est ému de compassion envers ses enfants, l’Éternel est ému de compassion envers ceux qui le craignent (Ps. 103, 13).

« Abba, Père ! » voilà le mot de l’évangile. Un père penché sur le lit de son enfant faible ou mourant, une mère pressant sur son sein, avec une tendre sollicitude, son petit enfant malade ; — voilà les images terrestres que l’Écriture nous présente de Dieu. « Comme un père ému de compassion… » « Je vous ai consolés comme une mère console son enfant ».

Quand, accablé de douleur, vous êtes tenté de dire : Jamais il n’y eut de nuage aussi sombre, jamais de cœur aussi dépouillé, aussi désolé que le mien ! que tout murmure s’apaise dans cette pensée : C’est le bon plaisir de votre Père. L’amour et la compassion du plus tendre père sur la terre ne sont qu’une ombre obscure, comparés à l’amour compatissant de Dieu. Si, pour un moment, le sourire de votre Père céleste a fait place à la verge du châtiment, soyez sûr que ce changement est dû à une nécessité absolue. Si l’âme d’un père se remplit d’une angoisse ineffable à la vue de l’instrument qui doit toucher le corps de son enfant, combien plus en est-il ainsi pour votre Père céleste, à mesure qu’Il frappe votre cœur de Ses plaies profondes ! Point de place pour notre sagesse bornée dans Ses conseils. Un père terrestre peut se tromper et se trompe en effet ; mais quant à Dieu, Sa voie est parfaite. Et voici la clef de toutes Ses dispensations : « Votre Père céleste sait que vous avez besoin de ces choses ». Fiez-vous à Lui quand vous ne pouvez pas Le suivre. Ne cherchez pas à pénétrer la nuée qu’Il étend sur la terre, et à lire au travers. Que votre œil demeure arrêté sur l’arc lumineux. À Dieu le mystère ; à vous la promesse. Que la fin de toutes Ses dispensations envers vous soit de vous rendre plus confiant. Remettez-Lui votre voie sans hésitation. Ce qu’Il disait autrefois d’Éphraïm, Il le dit de tout enfant de l’alliance et surtout de ceux qui sont dans l’épreuve : « Je n’ai pas manqué de m’en souvenir ». Aujourd’hui même, pendant que vous êtes courbé comme un jonc, que votre cœur se brise de douleur, rappelez-vous que Son œil compatissant est sur vous. Puissiez-vous, au travers des larmes qui obscurcissent votre vue, vous écrier encore : « Il en est ainsi, ô Père, parce que telle a été ta bonne volonté ».

Douzième jour — L’espérance bienheureuse

En attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ (Tite 2, 13).

Quel arc resplendissant pour un ciel en proie à l’orage ! L’espérance est une émotion joyeuse ; la poésie la chante ! La musique en murmure les grandes aspirations. Mais, hélas ! combien souvent elle ne fait que nous bercer de vaines illusions, que faire naître de vains rêves qui s’évanouissent aussitôt ! Au matin, les fleurs de la vie croissent et fleurissent ; le soir, un souffle mystérieux s’élève, et les voilà fanées à nos pieds. Les ardentes aspirations d’une vie entière semblaient réalisées — une vague de calamité nous submerge et emporte tout avec elle.

Mais il y a une bienheureuse espérance, une espérance vive et qui ne peut se flétrir, l’espérance de la gloire de Dieu, l’espérance qui ne confond point, l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ.

Si nous soupirons sur la terre après le retour d’un ami absent, séparé de nous pour un temps par de grandes distances ou par la vaste mer ; si nous comptons les semaines et les mois jusqu’au jour où nous lui souhaiterons la bienvenue au foyer paternel, combien le chrétien devrait soupirer après le retour du frère et de l’ami par excellence ! Je reviendrai, dit-Il Lui-même, et je vous prendrai avec moi (Jean 14, 3).

Oh ! jour bienheureux que celui où Il sera glorifié dans Ses saints ; où Son peuple ne sera plus assujetti ni à la souffrance ni au péché ! Plus de lits de douleurs, plus de fièvres consumantes, plus de tombes ouvertes ni de larmes amères ; et par-dessus tout, plus de coupables éloignements et de cœurs traîtres et infidèles ! Jour où le corps qui dormira dans la poudre sera à l’esprit racheté ; où le sépulcre sera vaincu pour toujours ; où la mort sera engloutie dans une victoire éternelle, et où nous serons pour toujours avec le Seigneur !

Lecteur, est-ce que vous aimez Son avènement ? Partagez-vous l’impatience anxieuse de ceux qui « attendent et qui se hâtent à la venue du jour de Dieu » (2 Pier. 3, 12) ? « Encore un peu de temps, et Celui qui doit venir viendra ». Si vous êtes un enfant de l’alliance, si vous vous êtes approché avec une confiance filiale du trône de la grâce, qu’auriez-vous à craindre devant le trône de gloire ? Il est vrai que c’est le trône du grand Dieu ; mais ce grand Dieu est notre Sauveur. C’est un Rédempteur semblable à nous, établi pour juger le monde en justice. Regardez, regardez souvent à cet arc brillant dans un avenir glorieux, car souvenez-vous que c’est à ceux qui L’attendent qu’Il apparaîtra une seconde fois, sans péché, pour le salut.

Treizième jour — Recueilli de devant le mal

Le juste a été recueilli de devant le mal. Il entrera en paix. Ils se reposent dans leurs sépulcres (És. 57, 1, 2).

Combien cette pensée est faite pour réconcilier avec les plus douloureuses séparations de la terre ! Les tombes, selon nous prématurées, de ceux que nous avons aimés et perdus, leur ont épargné beaucoup de douleurs, beaucoup de souffrances, beaucoup de péchés ! Qui dira ce que pouvait leur réserver un avenir inconnu ! La plus belle nacelle, la vie chargée des plus riches promesses, aurait pu faire naufrage sur la mer perfide de ce monde. Mon Dieu sait ce qui valait mieux. S’Il a transporté Son lis si tôt, c’était pour le préserver de quelque violent coup de vent ; s’Il a recueilli Son agneau de bonne heure, c’était pour ne pas permettre qu’il fût souillé par la corruption de la terre ; si le port de Sa gloire s’est si tôt ouvert, c’est qu’Il prévoyait des tempêtes menaçantes qui étaient cachées à notre vue bornée. C’est pourquoi Il les a conduits au port qu’ils désiraient (Ps. 107, 30).

Oui, le port tranquille. Les orages de la vie sont passés. Pas une vague ne vient troubler ce rivage de son murmure : il entrera, il est entré dans la paix, dans ce repos qui reste. Si les morts rachetés devaient, à l’heure de leur départ, disparaître dans l’oubli complet et n’avoir d’autre héritage qu’un silence éternel, grande serait l’amertume de la séparation. Mais « ne pleurez pas ; elle n’est pas morte, mais elle dort ». Non, ne pleurez pas, elle n’est pas morte, mais elle vit. Au moment même où des larmes se répandent sur la terre, l’esprit s’épanouit dans le royaume de la lumière et de la sécurité éternelles. Le corps repose dans son lit. La tombe est sa couche de repos. Et nous nous en séparons dans la joyeuse espérance d’une glorieuse réunion au réveil de l’immortalité, de ce matin sans nuages (2 Sam. 23, 4) dont le soleil ne se couchera plus (És. 60, 20).

Enfant de la douleur qui mène deuil sur la perte de quelque tendre objet de tes affections terrestres, sèche tes larmes. Une mort prématurée est aussi une couronne prématurée. Le lien brisé ici-bas te rattache au trône de Dieu. Tu as un frère, une sœur, un enfant dans le ciel ! Tu es parent d’un saint racheté ! Nous sommes fiers de l’avancement de nos amis dans ce monde ; mais que sont les plus grands honneurs de la terre auprès de la mort du croyant, qui l’élève de la grâce à la gloire, lorsqu’il échange le combat du pèlerin contre le repos éternel !

Compare souvent, dans tes heures de tristesse, la certitude d’un bonheur présent avec les possibilités d’un avenir de souffrance, de douleur, de péché ; les joies déjà possédées avec les maux qui auraient pu arriver ! Tu peux maintenant, comme autrefois la Sunamite, considérer avec un regard humide de larmes, une tendre fleur fanée ; mais à la question : « Te portes-tu bien, ton mari se porte-t-il bien, l’enfant se porte-t-il bien ? » (2 Rois 4, 26), puisses-tu, dans la bienheureuse confiance qu’ils sont entrés en paix et qu’ils se reposent de leurs travaux (És. 57, 2), répondre avec joie : « Tout va bien ! ».

Quatorzième jour — Mystères dévoilés

Ce que je fais maintenant, tu ne le comprends pas, mais tu le comprendras ci-après (Jean 13, 7).

Que de choses nous étonnent et nous troublent dans le plan actuel de Dieu à notre égard ! Eh quoi ! sommes-nous souvent prêts à nous écrier, la coupe n’aurait-elle pu nous être faite moins amère, l’épreuve moins dure, le chemin moins rude, moins désolé ? Fais taire tes murmures, répond un Dieu de miséricorde ; n’accuse pas l’équité de mes dispensations. Un jour tu verras toutes choses éclairées de la lumière de l’éternité. « Ce que je fais ». Tout cela est mon œuvre, ma volonté. Quant à toi, tu n’as qu’une vue partielle de mes dispensations. Les yeux de la chair ne les aperçoivent qu’à travers un milieu qui les obscurcit, les défigure. Tu ne peux voir maintenant que plans déroutés, projets traversés, que rameaux brisés ; mais moi, je vois la fin dès le commencement. Le juge de toute la terre ne jugera-t-Il pas justement ?

Tu comprendras ! Attends ce qui te sera révélé ci-après ! Un père ne déconcerte pas son enfant par des paroles mystérieuses ou par des problèmes compliqués. Il attend que l’homme fait se soit développé, et alors il lui explique tout. Ainsi en est-il de Dieu. Nous ne sommes encore que des enfants bégayants ; nous ne pouvons comprendre que le bord de Ses voies. Nous connaîtrons les choses profondes de Dieu dans la parfaite stature de l’éternité. Maintenant Christ ne se montre qu’imparfaitement. Mais le jour vient où nous Le verrons tel qu’Il est, jour où les mystères des décrets de la providence seront interprétés et révélés.

Il n’est pas juste de critiquer un tableau inachevé, de censurer ou de condamner un plan à moitié développé. Ici-bas, les plans de Dieu sont comme en germe. « Nous ne voyons, dit Rutherford, que des anneaux isolés des chaînes de Sa providence. Laissez le potier donner à son argile la forme que bon lui semble ». Mais un jour des flots de lumière jailliront sur nous du trône de saphir. « C’est par ta lumière, ô Dieu, que nous sommes éclairés ! ». Cet « il faut » qui nous apparaît actuellement comme enveloppé de mystère, nous sera expliqué alors dans la plénitude de l’amour. Peut-être n’attendrons-nous pas même jusqu’à l’éternité pour voir l’accomplissement de cette promesse. Dès ici-bas, elle peut se réaliser pour nous. Il n’est pas rare de voir, même dans ce monde, des dispensations obscures fécondes en bénédictions inattendues. Jacob n’aurait jamais revu Joseph, s’il ne s’était séparé de Benjamin. Plus d’un croyant aussi n’aurait jamais connu le vrai Joseph, s’il n’avait été appelé à se séparer de ce qui lui était le plus cher au monde. Alors son langage ressemble à celui du patriarche : « Je suis privé d’enfants ! Toutes ces choses sont contre moi » (Gen. 42, 36). Mais les choses mêmes qui paraissent si contraires à son bonheur sont devenues le moyen de diriger ses regards, avant de mourir, vers le Roi des cieux et Sa gloire. Beaucoup d’épreuves nous sont envoyées pour nous humilier et pour nous éprouver. Elles peuvent ne pas nous sembler utiles à présent ; mais il nous a été promis qu’elles le seront à la fin.

Je ne dicterai pas à mon Dieu ce que devraient être mes voies. Un malade ne commande pas au médecin ce que celui-ci doit lui prescrire. Il prend de confiance le remède qui lui est ordonné, ce remède lui inspirât-il du dégoût ou de la répugnance. Ainsi il convient à la foi de s’en rapporter à Dieu en toutes choses. Ne méconnaissons pas Son amour et ne déshonorons pas Sa fidélité en supposant qu’il y ait une seule goutte inutile ou superflue dans la coupe que Sa sagesse nous a préparée. « À présent nous connaissons en partie, mais alors nous connaîtrons comme nous avons été connus ».

Quinzième jour — Le lieu d’élection

Je t’ai choisi dans le creuset de l’affliction (És. 48, 10).

Le creuset de l’affliction est le lieu du rendez-vous de Dieu avec les siens. C’est ici que Je t’ai choisi, dit le Seigneur. Je te retiendrai ici jusqu’à ce que l’œuvre de ta purification soit accomplie, et, s’il le faut, c’est dans un chariot de feu que je t’entraînerai au ciel. — Il y a tel feu qui est destiné à détruire, mais celui-ci est un feu purifiant. Dieu Lui-même, le divin fondeur, veille auprès de la fournaise pour en diriger la flamme, en tempérer la chaleur ; la moindre parcelle de cet or Lui est précieuse ! Le buisson ardent est enveloppé de flammes, mais le Seigneur se trouve au milieu de ce feu ; il y a un Dieu vivant dans le buisson, un Sauveur vivant dans le creuset.

N’est-ce pas ainsi, en effet, que Dieu a toujours agi envers Ses fidèles dans tous les âges ? D’abord l’épreuve, ensuite les bénédictions. D’abord la détresse, ensuite la délivrance. L’Égypte, les plaies, l’obscurité, le four à briques, la mer Rouge, quarante ans de privations dans le désert, puis enfin Canaan. D’abord la fournaise ardente de feu, ensuite la vision de Celui qui était comme le Fils de Dieu. Ou bien encore, comme pour Élie au mont Carmel, la réponse vient d’abord par le feu et ensuite par la pluie. D’abord l’épreuve brûlante, ensuite la bienfaisante influence de l’Esprit de Dieu descendant comme la pluie menue.

Croyant ! qu’il vous soit donné de vous demander : Mes épreuves sont-elles sanctifiées ? Me rendent-elles plus saint, plus pur, meilleur, plus doux, plus paisible, plus ardent pour les biens du ciel, plus semblable au Sauveur ? Cherchez à glorifier Dieu dans la fournaise. La patience est une grâce que les anges ne sont pas appelés à manifester. Cette fleur de la terre ne s’épanouit pas dans le paradis ; il faut la tribulation pour la faire naître. Elle ne se développe qu’au milieu du vent, de la grêle, de la tempête. Rappelez-vous que, par une soumission patiente et sans murmure, vous, pauvre pécheur, pouvez glorifier votre Dieu d’une manière dont ne pourraient le faire les natures les plus angéliques et les plus pures. Il vous fait pénétrer jusque dans les retraites secrètes de Son alliance de grâce. Ce qu’Il veut, c’est vous dégager de tout alliage, vous faire sortir du creuset reflétant Sa propre image et préparé pour la gloire ! — Ceux qu’Il veut rendre très utiles sont souvent les plus éprouvés. « Les enfants de Dieu, dit Romaine, ont toujours estimé les temps de souffrances comme des temps bienheureux. Jamais ils ne jouissent d’une telle communion avec le Père, d’une telle liberté d’accès auprès de Lui ; jamais ils n’éprouvent les consolations célestes, comme sous la croix ». « Mes bien-aimés, ne trouvez point étrange si vous êtes comme dans une fournaise pour être éprouvés, mais réjouissez-vous » (1 Pier. 4, 12, 13).

Seizième jour — Plus de deuil

Les jours de ton deuil prendront fin (És. 60, 20).

Le croyant traverse des jours de deuil. Le lieu de son pèlerinage est une vallée de larmes. Adam quitta son paradis en pleurant, c’est en pleurant aussi que nous nous avançons vers le nôtre. — Mais, pèlerin de la douleur, tes larmes sont comptées. Encore quelques soupirs d’angoisse, encore quelques nuages sombres, et le soleil se lèvera sur toi, et sa splendeur ne sera plus jamais obscurcie. La vie peut n’être pour toi qu’une vallée de Baca, une scène prolongée de larmes, mais bientôt une voix bénie retentira à tes oreilles du haut des tours de la nouvelle Jérusalem : « Entre dans la joie de ton Seigneur » ! « Et Lui-même essuiera toutes larmes de leurs yeux ». « Les jours de ton deuil ». Il est doux de penser que tous ces jours sont prévus, mesurés, comptés. « À vous, dit l’apôtre, il a été donné de souffrir ». Oui, si tu es un enfant de l’alliance, tes jours de deuil sont des jours de privilèges particuliers et de grâces. Ces temps, qui pour l’incrédule sont les avant-coureurs de douleurs éternelles, sont pour le croyant les préludes et les précurseurs d’une gloire éternelle. Pour les uns, l’affliction, c’est la nuée sans l’arc-en-ciel ; pour les autres, c’est une nuée resplendissant des promesses de l’évangile et de ses espérances.

Serais-tu maintenant un membre de la nombreuse famille des affligés ? Console-toi. Bientôt la nuit sera passée avec ses veilles, ses peines, ses maladies, ses langueurs, ses défaillances. Bientôt plus de ténèbres pour ton âme. Bientôt plus de délivrance à souhaiter ; tes dépouillement et tes croix présentes se transformeront en richesses éternelles. Les gouttes de rosée de cette nuit de larmes étincelleront comme des joyaux au matin de l’immortalité. Bientôt on entendra les pas du Maître et Sa voix disant : « Les jours de ton deuil sont passés ». Alors tu quitteras ton sac et la cendre pour te ceindre de joie.

Jusqu’ici ta vie peut n’avoir été qu’un long jour de deuil. Mais une fois les portes d’or franchies, ton œil ne pourra plus s’obscurcir, la source même des larmes sera tarie. Le temps de notre deuil se mesure par jours, celui de notre joie se comptera par siècles et par siècles de siècles. « Pourquoi, mon âme, t’abats-tu et pourquoi frémis-tu au-dedans de moi ? » Espère en Dieu. À travers mes larmes, je contemplerai le céleste arc-en-ciel et je chanterai pendant la nuit le cantique que Dieu a mis sur mes lèvres ; Dieu qui essuiera toutes larmes de mes yeux ; « et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail, car ce qui était auparavant sera passé ».

Dix-septième jour — L’ami fidèle

Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point (Héb. 13, 5).

Aucun ami humain ne pourrait parler ainsi. Les liens terrestres les plus intimes et les plus tendres peuvent être brisés, hélas ! et ont été brisés. La distance éloigne, le temps sépare, le sépulcre creuse des abîmes. Tout ce qui te reste de ces traits bien-aimés, c’est le sourire muet d’une image. Mais voici un ami invariable, infaillible, impérissable. Ô affligé ! du milieu du naufrage de tes joies terrestres que peut-être tu pleures à présent même, écoute le message que ton Dieu t’envoie : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point ». « Voici, celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas » (Ps. 121, 4). Ton trésor a disparu, mais Celui qui te l’avait donné demeure. Abandonne-toi à Lui. Il veut te montrer qu’Il peut dès maintenant te suffire. Quand ton cœur, dans le silence de la douleur, pousse le gémissement plaintif de Jacob : « Joseph n’est plus et Siméon n’est plus », pense à Celui qui a promis de faire habiter en famille ceux qui étaient seuls, et de leur donner un nom et une place meilleurs que ceux de fils ou de fille. Seul ? Non, tu n’es pas seul ! Oublie-toi toi-même pour regarder à Jésus. Si Lui, le soleil de ton âme, est toujours près de toi, tu n’es pas, tu ne peux pas être dans les ténèbres. Le matin, Il pénètre auprès de toi avec le premier rayon qui t’éclaire ; et quand les voiles de la nuit t’enveloppent, Celui pour qui les ténèbres resplendissent comme la lumière (Ps. 139, 12) se tient à ton côté. Dans le silence de la nuit, lorsque le sommeil te fuit et que les images de ceux qui t’ont quitté apparaissent autour de toi comme des ombres, Lui, le vigilant Berger d’Israël, entoure ta couche et murmure à ton oreille : « Ne crains point, car je suis avec toi ».

Ton expérience peut être celle de l’apôtre Paul : « Mais tous m’ont abandonné ». Mais comme à lui aussi, il te sera donné d’ajouter dans l’extrémité de ta douleur : « Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié » (2 Tim. 4, 16, 17). Sa faveur vaut mieux que la vie. Il peut, par Sa présence et Son amour, compenser toutes les privations de la terre. Sans la conscience de Son amour et de Sa tendresse, la plus petite épreuve t’écrasera. Mais avec Lui, dans ton épreuve, avec Lui, te soutenant, te portant, comblant même les vides qu’ont laissés ceux que tu pleures, avec Lui, tu échangeras contre des richesses infinies et inépuisables ces liens périssables et incertains. La nature peut avoir ses nuées dépouillées de l’arc-en-ciel consolateur ; mais la grâce n’en connaît point de telles. Là, chaque douleur a comme sa consolation correspondante. « Dans la multitude des pensées qui étaient au-dedans de moi, tes consolations ont fait les délices de mon âme » (Ps. 94, 19). Si, dans les profondes ténèbres de tes douleurs, ton soleil terrestre semble avoir disparu pour jamais, un soleil intérieur, non moins réel, se lèvera sur ton cœur meurtri. Peut-être ta vie a-t-elle été empoisonnée dans sa source ; mais, béni soit à jamais le nom du Seigneur ! tu as été conduit à t’écrier : « Toutes mes sources sont en toi ! » (Ps. 87, 7). « Le Seigneur est ma portion, dit mon âme ; c’est pourquoi j’espérerai en Lui ».

Dix-huitième jour — Discipline involontaire et inévitable

Ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes (Lam. 3, 33).

Dans nos temps d’épreuves, quand nous nous trouvons sous le coup de quelque mystérieuse dispensation, combien cette pensée de murmure est près de nos cœurs : « Toutes ces choses sont contre toi ». Ce coup écrasant n’aurait-il pu m’être épargné ? Ce nuage qui assombrit mon cœur et ma maison n’aurait-il pu être détourné ? Les circonstances mêmes qui accompagnent mon épreuve n’auraient-elles pu être moins sévères, et le Seigneur a-t-Il donc oublié d’avoir compassion ?

Non, ces afflictions sont des messagers voilés, mais des messagers de miséricorde. « Ce n’est pas volontiers qu’Il afflige ». Rien de capricieux, ni d’arbitraire dans les voies de Dieu. Une tendresse ineffable les caractérise toutes. Le monde peut nous blesser par sa dureté ; des amis éprouvés peuvent trahir notre confiance ; un frère peut parler, sans nécessité, avec sévérité et raideur ; mais le Seigneur est abondant en bonté et en vérité. Il n’inflige aucune douleur inutile. Quand Il semble parler durement, comme Joseph à ses frères, Sa voix conserve encore des accents pénétrants d’amour. S’Il emploie la sévérité, c’est qu’Il a à nous donner de précieuses leçons que nous ne pourrions apprendre autrement.

Ah ! croyez bien, il y a quelque profonde nécessité dans tout ce qu’Il fait. Sur les registres de nos afflictions, nous pouvons, à côté de chaque heure d’épreuve, inscrire ces paroles : « Il le fallait ». Il fallait émonder quelques branches inutiles à l’arbre. Il fallait, pour éviter de plus grands désastres, alléger le navire d’une partie de sa cargaison.

Ô toi qui mènes deuil, Il aurait pu agir bien différemment envers toi. Il aurait pu t’abattre comme un arbre stérile occupant inutilement la terre ; Il aurait pu t’abandonner à la merci des flots, sans pilote, sur les rochers de la destruction ; Il aurait pu te laisser périr avec tes idoles, te laisser seul compromettre ton bonheur éternel ! Mais Il t’a aimé mieux que cela. C’est Son amour, Son amour infini, qui a fait sécher tes plus belles fleurs, qui a bordé ton chemin d’épines. « Sans cette haie d’épines, dit Richard Baxter, à notre droite et à notre gauche, nous ne saurions que difficilement nous tenir sur le chemin du ciel ».

C’est notre incrédulité aveugle qui nous fait parler d’épreuves qui auraient pu nous être épargnées, de châtiments qui nous semblent d’une sévérité exagérée. Le jour vient où chaque acte du Seigneur sera justifié, jour où nous reconnaîtrons que chaque expérience de douleur a été inexprimablement précieuse et importante dans l’histoire de notre âme. Oui, enfant de Dieu, le messager de l’affliction porte d’une main une branche d’olivier, un gage d’amour cueilli dans les régions célestes, et de l’autre le calice préparé par Celui dont la grâce et l’amour sont trop grands pour qu’Il y ajoute sans nécessité un seul élément inutile d’amertume.

Rappelle-toi que ton Sauveur épuisa dans cette coupe chaque goutte de colère ; qu’il te soit donné, en la prenant dans ta main, de puiser la consolation et la force dans cette prière qui a soutenu dans une heure plus redoutable encore l’affligé des affligés : « Ne boirai-je pas la coupe que tu m’as donnée à boire ? ».

Dix-neuvième jour — La mort vaincue

J’ai été mort et je suis vivant, et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Amen ! Et j’ai les clefs de l’enfer et de la mort

(Apoc. 1, 18).

C’est un Sauveur glorifié qui parle : Je suis vivant. D’autres ont passé, mais Lui vit à toujours et Il aime à toujours. Il vit à présent, Lui, ton Sauveur ; Christ, ta vie ! Es-tu courbé sur quelque trésor d’argile dont le tourbillon a fait un monceau de ruines ? C’est Lui qui a soulevé le tourbillon. C’est Lui qui a ordonné le linceul et creusé la tombe. Bannis loin de toi les mots de hasard, de chance, de sort. Il est le Seigneur de la mort aussi bien que de la vie. Il tient les clefs de l’enfer et du tombeau : Lui seul a le pouvoir d’ouvrir la tombe. Que d’autres parlent de la puissance du roi des épouvantements, la mort ne tient son pouvoir que de Dieu.

Il y a plus encore, ô affligé, j’ai été mort. Lui-même a, un jour, franchi ce portique ténébreux. Il l’a sanctifié et consacré par Sa présence. Il a aussi été soumis à la mort. Ce corps maintenant glorifié fut, un jour, couché par les mains des hommes dans le sépulcre d’un ami. Peux-tu craindre de marcher dans la vallée où ton Seigneur t’a précédé ? de rencontrer le dernier ennemi qu’Il a combattu et vaincu ? La mort ! Elle n’a été pour Lui que comme une parenthèse dans une vie sans fin.

Je suis Celui qui était mort. Je suis Celui qui est vivant. Que faut-il de plus au chrétien que cette double assurance ? Jadis, au jour de l’expiation, le sang aspergeait à la fois la terre et le propitiatoire. Ainsi en est-il du sang de notre frère aîné. Ce sang a commencé par crier de la terre au ciel, et maintenant il crie du ciel à la terre. Son amour, qui a été jusqu’à la mort, est à présent vivant à toujours, impérissable et immuable comme Lui-même.

Comme l’arc-en-ciel ne peut jamais cesser d’apparaître, tant que les lois actuelles de la nature dureront et qu’il y aura un soleil au ciel, de même l’arc de l’alliance éternelle et toutes ses bénédictions ne pourraient nous manquer que si le Christ, le soleil de justice, cessait de resplendir et cessait d’être. Avec un pareil arc dominant notre avenir, arc dont une extrémité repose au milieu des nuages de la vie, tandis que l’autre mêle ses teintes aux ombres profondes de la vallée de la mort — « Je ne craindrai aucun mal (Ps. 23), car toi, ô mon Dieu Sauveur, es avec moi ; ton bâton et ta houlette me consolent ».

Vingtième jour — Le don suprême

Lui qui n’a point épargné son propre fils, mais qui l’a livré à la mort pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas toutes choses avec Lui ?

(Rom. 8, 32)

Paroles étonnantes ! Dieu, le Dieu infini, s’associant, pour ainsi dire, avec les expériences de la douleur humaine ; imposant le silence à tout murmure par cet argument auquel il n’y a rien à répondre : « Je n’ai point épargné mon propre Fils ». Toi, à qui j’ai fait ce don suprême, ne m’abandonneras-tu pas joyeusement ce que tu as de meilleur ? Peux-tu, après ce don ineffable de mon amour, refuser de te confier en moi pour des choses moindres ? Certes, le don le plus grand peut bien être pour toi le gage que tu obtiendras les biens secondaires qui te sont nécessaires. Il promet de donner toutes choses ; et toutes choses sont entre Ses mains. Elles seront choisies et appropriées par Sa compatissante sagesse, les croix aussi bien que les consolations ; les douleurs et les larmes, aussi bien que les sourires et les joies. Ô toi qui mènes deuil, cette épreuve même qui maintenant obscurcit tes yeux, fait partie de ces « toutes choses ». Fie-toi à Sa fidélité. Il ne te frapperait pas plus volontiers qu’Il ne frapperait le Fils de Son amour.

« Comment ne donnerait-Il pas ? ». Après avoir conféré ce don des dons, il y a une sainte impossibilité à ce qu’Il inflige une épreuve superflue ou retienne un bien nécessaire. Pensez à Son amour lorsqu’Il offrait Son Isaac sur l’autel ! Il est le même à cette heure : infini, immuable. Oui, nous pouvons accepter tout, jusqu’à la privation des bénédictions terrestres, par cela seul qu’elle est ordonnée par Celui qui a donné Jésus. Puissions-nous, doucement appuyés sur les bras de Sa miséricorde, dire dans un sentiment de confiance filiale : Seigneur, tout, avec ton amour ; — tout, excepté ton regard irrité.

« Toutes choses ». Rien ne Lui est inconnu des besoins et des aspirations de l’homme. Il m’invite à me décharger sur Lui de tout mes soucis, de tous mes soins. Et voici Sa promesse : « Dieu est puissant pour faire abonder toute grâce en vous, afin qu’ayant toujours ce qui suffit en toutes choses, vous soyez abondants en toute bonne œuvre » (2 Cor. 9, 8). Tout ce qu’Il donne, tout ce qu’Il refuse est pour mon bien. Je ne veux point interroger les desseins de la sagesse infinie. Je ne veux point L’offenser et Le déshonorer par un seul doute. Je veux me reposer sur Lui pour les petites choses comme pour les grandes. Après les gages de Son amour en Jésus, rien que de salutaire ne peut me venir de Ses mains. Et si parfois quelque tentation au découragement venait me surprendre, que la vue de la croix la dissipe, et que mes yeux s’arrêtent sur l’arc dans la nuée illuminé par ces paroles : « Il m’a aimé et s’est donné Lui-même pour moi ».

Vingt et unième jour — Le sommeil et la veille

Ceux qui dorment en Jésus, Dieu les ramènera avec Lui.

(1 Thess. 4, 14)

Ceux qui dorment et ceux qui veillent, ou, selon une autre traduction, « ceux qui se sont endormis en Jésus ».

Deux amis sur la terre se souhaitaient une bonne nuit dans l’espérance de se retrouver le lendemain matin. Les saints sont endormis dans la tombe de Jésus, dans l’espérance sûre et certaine de se retrouver au matin de l’immortalité. Enfant de Dieu, ne pleure pas ceux qui sont partis pour être avec Christ, ce qui leur est beaucoup meilleur. Ne pense pas à eux comme étant perdus. Beaucoup de ceux qui emploient ce mot lui attribuent le sens païen de l’annihilation. Ne cherche pas parmi les morts ceux qui sont vivants. Pense plutôt que leur dernier soupir s’éteignait à peine sur la terre, que leurs chants commençaient dans le ciel. L’esprit s’est élevé sur ses ailes rapides pour rejoindre les anges du ciel. Écoute cette voix suave qui descend comme un doux murmure des célestes harmonies pour te dire : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vous dis : Je m’en vais à mon Père ».

Le corps, l’enveloppe de ce joyau immortel, est livré pour un temps aux humiliations du sépulcre. Mais ce n’est que pour une veille de la nuit de courte durée. Cette poudre elle-même est précieuse parce qu’elle est rachetée. Le corps participe avec l’âme à la rédemption par le sang d’Emmanuel. Les anges veillent sur les cendres endormies ; et le jour vient auquel Dieu enverra Ses anges qui, avec un grand son de trompette, assembleront Ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts des cieux jusqu’à l’autre bout (Matt. 24, 31)[1].

Oh ! s’il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un pécheur qui vient à la repentance, quelle sera la joie de ces êtres bienheureux au jour où, à leur voix, des milliers et des milliers de morts se relèveront et s’élanceront pour saisir leurs trônes et leurs couronnes. Chrétien dans le deuil, ton frère ressuscitera : ne souhaite pas de le rappeler au milieu des orages du désert. Plutôt sois reconnaissant de ce que le froment précieux n’est plus exposé à la pluie et aux orages, mais à l’abri pour l’éternité, recueilli dans les greniers de Dieu. Voudrais-tu, si tu le pouvais, rappeler par tes larmes ce bienheureux du sein de la gloire, lui demander de désapprendre le langage du ciel et de reprendre sa place dans la poussière de la mêlée ? Non, réjouis-toi plutôt dans l’espérance de la gloire de Dieu (Rom. 5, 2). La mort n’est point un sommeil éternel. « Encore un peu de temps, celui qui doit venir viendra, et Il ne tardera point » (Héb. 10, 37).

Jésus murmure maintenant à ton oreille le secret glorieux caché à tous les âges et à toutes les générations, qu’il Lui était réservé de révéler à Lui, destructeur de la mort.

« Tes morts vivront ; ils se relèveront avec mon corps mort ». Lui-même dirige tes regards vers cette heure d’allégresse où tous Ses saints endormis entendront ce commandement suprême : « Réveillez-vous, et vous réjouissez avec chant de triomphe, vous, habitants de la poussière » (És. 26, 19).

Jour béni, où je contemplerai mon Dieu Sauveur dans toute la gloire de Son humanité triomphante, et avec Lui ceux que nous avons aimés et perdus, maintenant aimés, glorifiés et retrouvés à jamais ! « Alors, l’Éternel mon Dieu viendra, et tous les saints seront avec toi » (Zach. 14, 5). Pas un ne manquera. Et de concert avec ceux dont les langues sont désormais muettes pour la terre, nous entonnerons avec l’Église recueillie et triomphante l’hymne suprême : « Ô mort, où est ton aiguillon ? Ô sépulcre, où est ta victoire ? Grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Cor. 15, 55-57).

Vingt-deuxième jour — Harmonies invisibles

Nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, savoir de ceux qu’il a appelés, selon le dessein qu’il en avait formé.

(Rom. 8, 28)

C’est borner le saint d’Israël que de dire, comme nous le faisons parfois, que certaines choses ont travaillé ensemble pour notre bien. Dieu dit « toutes choses » : joies, douleurs, croix, pertes, prospérité, adversité, santé, maladie, la coupe pleine et la coupe brisée, le lit de longues souffrances et la tombe prématurée.

Souvent, il est vrai, la vue et les sens nous porteraient à douter de la réalité de la promesse. À peine en certaines circonstances pouvons-nous distinguer un faible reflet d’amour. Des vies utiles interrompues, des boutons prématurément cueillis, des appuis spirituels retirés, des plans de bienfaisance renversés. Mais l’apôtre ne dit pas : nous voyons ; mais : nous savons. Il appartient à la foi de s’abandonner à Dieu dans les ténèbres. Ceux qui n’y sont pas initiés ou les ignorants ne peuvent pas comprendre ou expliquer les mouvements ou les engrenages d’une machine compliquée ; cependant ils se fient à l’habileté du mécanicien, assez pour être convaincus que tout est combiné de manière à atteindre le but utile et grand qu’il s’est proposé. Puissions-nous, à chaque dispensation mystérieuse, nous répéter : « Ceci aussi procède de l’Éternel des armées qui est admirable en conseil et magnifique en moyens » (És. 28, 29). « Tenons-nous en repos, sachant qu’Il est Dieu ». « L’esprit de vérité, dit lady Powerscourt, nous donne une leçon merveilleuse quant au médecin céleste qui guérit toutes les infirmités. Il ne demande qu’une seule chose, c’est que nous prenions tout ce qu’Il nous prescrit, l’amer comme le doux ». Il justifiera encore Sa justice et Sa fidélité dans nos épreuves. Elles serviront au bien de nos âmes et à la gloire de Dieu Lui-même. Ne doutez pas de mon amour, semble-t-Il nous dire ; le jour vient où tous les mystères seront expliqués, tous les secrets révélés, où vous reconnaîtrez que l’épreuve même où vous vous trouvez fait partie de ces « toutes choses » qui concourent ensemble à votre bien. Les hommes ne peuvent pas voir la lumière resplendissante dans les nuages, mais il arrivera « qu’au temps du soir il y aura encore de la lumière » (Zach. 14, 7).

Vingt-troisième jour — Jésus toujours le même

Jésus Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement.

(Héb. 13, 8)

Tout change ici-bas. La vie est comme un tableau fantastique composé de formes fugitives : nouvelles scènes, nouveaux goûts, nouveaux sentiments, nouvelles associations ; alternatives de nuages et de soleil brillant, de tempête et de calme. Ses joies sont les bulles légères de l’eau colorées par le soleil ; nous les touchons et les voilà disparues. — Que de places vides dans nos sanctuaires, que de places vides à nos foyers domestiques, que de voix chéries éteintes ! Souvent, au moment même où il nous semble avoir trouvé un sol assuré, tout s’écroule sous nos pas, l’appui sur lequel nous avions pu nous reposer un temps s’affaisse, et nous nous sentons à la merci de l’orage cruel.

Mais au milieu de tous ces changements, n’y a-t-il donc rien d’immuable ? rien d’assuré, rien de permanent au milieu de ces ombres fugitives ? Oui, Jésus ne connaît point de changements ; dix-neuf cents années se sont succédé depuis qu’Il a quitté notre terre. Le monde a changé : mais Lui demeure le même jusqu’à cette heure. Suivez-Le dans Son touchant pèlerinage d’amour sur la terre ; voyez la repentance humiliée à Ses pieds et relevée avec Son pardon ; la douleur arrosant Ses pieds de larmes, et renvoyée avec ses larmes séchées et son esprit froissé guéri ; la souffrance aux traits défaits, et la pâle maladie L’invoquent, le mal à Sa parole toute-puissante prend des ailes et s’enfuit. Celui qui est maintenant assis sur le trône est toujours le même Jésus. Les gloires de Son ascension n’ont pas changé Son cœur fidèle, ni altéré Ses affections ; en Lui, nous trouvons un rocher que les flots de l’adversité ne peuvent ébranler. La vaine fureur des vagues déchaînées ne peut plus nous atteindre et ne fait que nous rendre plus précieuses la sécurité et la valeur d’un refuge permanent. Combien souvent Dieu soulève l’orage autour de nous, afin que nous détachions notre confiance des créatures pour la reporter sur Celui qui est seul stable ! Combien souvent Il trouble et empoisonne le ruisseau afin de nous faire remonter jusqu’à la vraie source ! Nous pouvons avoir perdu beaucoup ; mais si nous t’avons trouvé, ô Jésus, nous possédons infiniment plus. Nous pouvons nous glorifier dans l’assurance que rien ne nous séparera jamais de ton amour. Nos meilleurs amis sur la terre, un regard peut les éloigner, un mot dit sans intention peut nous les ravir ; il faut que la tombe nous en sépare. Mais « l’Éternel est vivant, et mon Rocher est béni. C’est pourquoi, Dieu, le Rocher de mon salut, soit exalté » (2 Sam. 22, 47). Ce que tu as été hier et dans tous les temps, tu l’es aujourd’hui et tu le seras aux siècles des siècles ! Nous pouvons regarder à l’arc de tes promesses, qui sont en toi oui et amen. Tu nous parles du haut du trône de ta gloire, ce trône que les révélations nous présentent comme « entouré d’un arc-en-ciel semblable à une émeraude » (emblème de la perpétuité) (Apoc. 4, 3), et tu nous dis : « Ne crains point ; je vis, mais j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles ! » (Apoc. 1, 17, 18). — « Et parce que je vis, vous aussi vous vivrez » (Jean 14, 19).

Vingt-quatrième jour — Tel jour, telle force

Ta force durera autant que tes jours.

(Deut. 33, 25)

Chrétien, n’as-tu pas éprouvé la vérité de cette promesse ? N’as-tu pas, le long même des sentiers de la douleur, trouvé des plantes qui distillaient le baume ? N’as-tu pas reçu des secousses et des appuis inattendus jusqu’au moment où le nuage redouté eut éclaté sur toi, et où le jour de l’épreuve se fut levé ? Ne te laisse pas troubler par la pensée d’un avenir inconnu et voilé ; mais remets à Dieu tous tes soucis. Nos sandales, disait un saint maintenant dans la gloire, sont à l’épreuve des chemins les plus durs. Celui qui s’appelle le Dieu de toute grâce est meilleur encore que Sa Parole. Il suffit à toutes les difficultés de Ses enfants, heure par heure, à mesure que les épreuves arrivent. Jamais Il ne nous conduit auprès des eaux amères de Mara, qu’Il ne nous révèle aussi la branche cachée. Paul, renvoyé du troisième ciel pour endurer les déchirements de son écharde, se relève de sa chute comme un géant, triomphant dans la grâce efficace d’un Dieu tout-puissant.

Le trait distinctif de cette belle promesse, c’est que Dieu proportionne la grâce à la nature et au temps de l’épreuve. Il ne nous avance pas, si l’on peut ainsi dire, une provision de grâce, mais vienne le moment du besoin et de la détresse, la force et le secours nécessaires ne se font pas attendre. Il n’envoie pas l’arc-en-ciel avant le nuage ; mais quand le nuage paraît, l’arc brille. Au jour de l’épreuve, Il donne la force de la traverser ; au jour de la mort, la grâce pour mourir.

Ne vous appesantissez pas avec tristesse sur l’avenir. Vivez des promesses. Quand le lendemain viendra avec ses épreuves, Jésus aussi viendra avec le lendemain et avec ses épreuves. La grâce présente suffit à la présente nécessité. Fiez-vous à Dieu pour l’avenir. Ce n’est pas en anticipant sur les épreuves que nous L’honorons, maie en nous confiant en Sa fidélité et en croyant à Sa promesse qu’aucune tentation ne nous sera envoyée qui dépasse la mesure de nos forces. Dussiez-vous voir de nouveaux nuages se former après la pluie, soyez prêt à dire : « Je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi ».

Vous êtes de vous-même insuffisant pour une épreuve quelconque, mais votre capacité vient de Dieu. Il ne dit pas ta grâce, mais ma grâce te suffit. Oh ! confiez-vous à ce Dieu suffisant en toutes choses ! Jéhovah-Jiré, le Seigneur y pourvoira. Dans chaque heure d’épreuve que l’avenir vous réserve, lisez ces paroles : « Ta force durera autant que tes jours ».

Vingt-cinquième jour — Le sépulcre vaincu

Je les eusse rachetés de la puissance du sépulcre et les eusse garantis de la mort. J’eusse été tes pestes, ô mort, et ta destruction, ô sépulcre !

(Os. 13, 14)

Le sépulcre même resplendit de l’amour d’Emmanuel. Le plus impénétrable de tous les nuages, celui qui s’étend sur les royaumes de la mort, est éclairé par l’arc le plus brillant. Ces sombres portes ne retiendront pas à jamais cette enveloppe brisée. La terre de l’oubli où ton trésor s’est enseveli n’est pas un hiver de ténèbres et de désolation éternelle. Un glorieux printemps de résurrection est promis, où le mortel revêtira l’immortalité, et le corruptible l’incorruptibilité.

La résurrection du corps, voilà le dernier terme de l’œuvre de Jésus et Sa gloire suprême. Saint Paul représente l’Église soupirant après « l’adoption, c’est-à-dire la rédemption du corps » (Rom. 8, 23). C’était le thème de sa prédication. « Il leur annonçait Jésus et la résurrection » (Act. 17, 18). C’était comme son article de foi de prédilection et l’objet de ses plus saintes aspirations : « Essayant si, en quelque manière, je puis parvenir à la résurrection des morts » (Phil. 3, 11). C’était la grande consolation qu’il donnait à ceux qui menaient deuil. Il ne parle pas du bonheur immédiat de l’esprit à l’heure de la mort, mais de la dernière trompette de la résurrection, de ceux qui dorment, de ceux qui seront enlevés au-devant du Seigneur, en l’air, quand il dit : « Consolez-vous l’un l’autre par ces paroles » (1 Thess. 4, 18).

Jour béni ! Grande Pâque de la création ! Aurore du sabbat éternel ! Jubilé de l’Église triomphante ! — Chrétien qui mène deuil ! ne va pas au sépulcre pour y pleurer. Chaque parcelle de cette corruption et de cette poussière est rachetée par l’oblation du Calvaire ; et le grand destructeur de la mort n’attend que le jour du rassemblement de Ses élus, pour prononcer, sur tous Ses saints, la parole qu’Il prononça jadis sur l’un d’eux : « Déliez-le et laissez-le aller » (Jean 11, 44).

Qui pourrait se représenter la gloire de ces corps ressuscités, réunis de nouveau à leurs esprits glorifiés, portés au plus haut degré, remplis de sainteté, pleins d’ardeur pour Son service et de zèle pour faire Sa volonté, retenant peut-être les identités personnelles de la terre, la ressemblance de ce qu’ils étaient ici-bas, maintenant réunis par des liens à jamais indissolubles à ceux dont la mort les avait séparés ; sans trace de souffrance sur leurs fronts, sans accents de douleur tremblant sur leurs lèvres ! L’Agneau au milieu du trône les conduisant et les paissant, gravissant avec eux les sentiers de la vie, et leur disant à chaque pas qui les élève dans ce progrès sans fin : « Tu verras de plus grandes choses que ceci ».

Sa propre résurrection est le gage de la résurrection de tous les siens. La grande gerbe a été tournoyée devant l’Éternel, comme les prémices de la moisson éternelle (1 Cor. 15, 23). Les prémices, c’est Christ ; puis ceux qui sont du Christ seront vivifiés à Son avènement.

« Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection » (Apoc. 20, 6).

Vingt-sixième jour — L’amour éternel

Je t’ai aimée d’un amour éternel, c’est pourquoi j’ai prolongé envers toi ma gratuité.

(Jér. 31, 3)

Enfant de Dieu, serais-tu tenté de douter de Son amour ? Ne distingues-tu plus Ses pas au milieu des ombres épaisses à travers lesquelles Il te conduit ? Rappelle-toi qu’Il avait l’œil sur toi avant la naissance du temps ; oui, de toute éternité. Ce qui t’apparaît aujourd’hui comme une impulsion soudaine et capricieuse de Sa volonté et de Sa puissance est le décret et la dispensation de l’amour éternel. Je t’ai conduit par mon amour, semble-t-Il dire, ô toi qui souffres, jusque dans cette affliction ; le même amour te la fera traverser, et quand mes desseins à ton égard seront accomplis, je te montrerai que cet amour est d’éternité en éternité.

Si quelque onde trouble maintenant la surface de tes eaux, suis-en la trace jusqu’à leur source, qui est l’amour. Dieu est fidèle. Il ne peut se renier Lui-même. Certainement Sa sagesse a quelque but en vue, si des nuages épais interceptent, pour un peu de temps, les rayons de Sa grâce. « Je t’ai délaissée pour un petit moment mais je te rassemblerai par de grandes passions. J’ai caché ma face arrière de toi pour un moment, dans le temps de l’indignation, mais j’ai eu compassion de toi par une gratuité éternelle, a dit l’Éternel, ton Rédempteur. Car ceci me sera comme les eaux de Noé : c’est que, comme j’ai juré que les eaux de Noé ne passeront plus sur la terre, ainsi j’ai juré que je ne serai plus indigné contre toi et que je ne te tancerai plus. Car, quand les montagnes se remueraient et que les coteaux crouleraient, ma gratuité ne se retirera point de toi, et l’alliance de ma paix ne bougera pas, a dit l’Éternel, qui a compassion de toi » (És. 55, 7-10).

Dieu fait reluire Son arc dans le ciel chargé ; et comme si ce n’était pas assez que Ses enfants pussent prendre courage dans la contemplation de Ses promesses nombreuses et variées, Lui-même se joint à eux dans Sa grâce, pour contempler aussi le gage de l’alliance : « L’arc donc sera dans la nuée, et je le regarderai, afin qu’il me souvienne de l’alliance perpétuelle » (Gen. 9, 16). Il se rappelle, pour ainsi dire, à Lui-même Son amour éternel. Quand les ténèbres de l’obscurité enveloppent les saints, quand ils pensent que leurs yeux sont seuls à s’arrêter sur les signes de l’alliance de Dieu, l’œil du Dieu fidèle de l’alliance y est aussi arrêté. — Je regarde à mes propres promesses, semble-t-Il dire. Elles me rappellent à moi-même mes desseins d’immuable miséricorde.

Et cet amour, d’ailleurs, n’est pas une affection générale et indéfinie. À chaque individu de la famille de l’alliance, Dieu adresse ces paroles : Je t’ai aimée ! — Ô mon Père, dit une femme chrétienne, il me semble parfois que tu oublies tous les autres, pour ne penser qu’à mon cœur incrédule et ingrat !

Appliquons-nous à considérer nos épreuves comme autant de cordeaux d’amour, par lesquels Dieu cherche à nous attirer, et nous attirera effectivement à Lui ! Qui sait quelle grâce peut être cachée dans Ses dispensations où nous ne voyons encore qu’obscurité et mystère ! Nous sommes prompts à méconnaître et mal interpréter Ses voies. Nous appelons Ses dispensations des épreuves pénibles ; Lui les appelle Ses compassions.

Saint, qui es prêt de défaillir, regarde l’arc-en-ciel qui se déploie au-dessus du trône de Dieu, d’éternité en éternité ; et relis pour ta consolation, cette promesse de grâce : « La miséricorde du Seigneur est d’âge en âge, sur ceux qui le craignent ».

Vingt-septième jour — L’attachement inaltérable

Il y a tel ami qui est plus attaché qu’un frère.

(Prov. 18, 24)

C’est un lien étroit que celui qui unit entre eux deux frères, deux compagnons d’enfance, participant des mêmes joies et des mêmes douleurs, deux êtres jetés dans le même moule humain et portant gravés, jusqu’au plus profond de leur cœur, les mêmes souvenirs bénis du matin de leur vie.

Mais l’heure de la séparation sonne enfin. Il faut que les oiseaux quittent le nid paternel et apprennent à voler de leurs propres ailes, au-delà de la vallée qui les a vus naître. Le monde les appelle à l’œuvre, et la lutte s’impose impérieusement. Le vieux foyer domestique, démembré comme un vaisseau mis en pièces, voit ses habitants dispersés au loin, sur la surface de l’océan de la vie. Les uns sont éloignés par les devoirs de la vie, d’autres sont divisés par les circonstances fâcheuses ; tous, à un moment donné, sont séparés par la mort.

Mais il y a un ami dont les circonstances ne sauraient aliéner, ni la distance affecter, ni la mort détruire la tendresse et l’amour. Les plus tendres parents terrestres peuvent nous dire, de ce frère aîné véritable, ce que Boaz disait à Ruth : « Il y en a un qui est plus proche que moi ». Oui, frère, et plus que frère : ami, conseiller, médecin, berger, Il est tout cela pour nous. Heureux sommes-nous, quand nos consolations d’autrefois nous sont fermées, d’entendre Celui dont la fidélité est immuable nous dire : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point ». Heureux sommes-nous, quand tous les autres abordages nous manquent, d’avoir une ancre ferme, qui ne peut être ébranlée ! « Maintenant, disait un saint éminent qui, après avoir été longtemps ballotté par les orages et les tempêtes, avait enfin trouvé le seul refuge assuré, maintenant je m’endormirai en paix sur le Rocher des siècles ».

Chrétien éprouvé ! Il ne t’ai jamais manqué, Il ne te manquera jamais. Avec Lui, point d’affections changeantes ou capricieuses. Le roseau peut être agité, mais le roc demeure inébranlable. Il est Lui-même le véritable arc dans la nuée. Comme les teintes de l’arc-en-ciel, les promesses de l’Écriture sont multiples et diverses, mais elles sont toutes en Lui (2 Cor. 1, 20). Et c’est quand le ciel est le plus couvert de nuages, que l’arc brille avec le plus d’éclat. Jamais nous n’aurions connu Christ comme le frère qui naît dans la détresse, si ce n’eût été par la détresse. C’est l’épreuve qui nous révèle le prix et la valeur infinie de Son amour. Quand l’affection des amis de la terre est ensevelie avec eux dans la tombe, alors l’amour de l’ami céleste brille sur nous plus tendre que jamais. Comme autrefois Jonathan, lassé et épuisé, reprit des forces en mangeant le miel qu’il trouva découlant d’un tronc d’arbre au désert, ainsi, toi, qui es languissant et défaillant au milieu d’épreuves multipliées et comme inextricables, repose-toi avec délices à l’ombre de ton Bien-aimé, et que Son fruit soit agréable à ton goût. Cet arbre de la vie distille du baume pour chaque cœur brisé, blessé, déchiré ; pour tout esprit froissé et abattu. Jésus, dans cette heure d’isolement et de douleur, te fera trouver Ses paroles et Ses promesses de vie plus douces que le miel et que ce qui distille des rayons de miel (Ps. 19, 10).

Du haut du trône où Il règne maintenant, et du sein des gloires de l’éternité, Il ne cesse d’avoir pour nous un cœur et un amour de frère, et Il ne prend point à honte de nous appeler Ses frères.

Vingt-huitième jour — Je serai avec toi

QUand tu passeras par les eaux, je serai avec toi ; et quand tu passeras par les fleuves, ils ne te noieront point ; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras point brûlé, et la flamme ne t’embrasera point.

(És. 43, 2)

Quelle diversité d’afflictions dans ce monde d’épreuves ! Les eaux — les fleuves — le feu — la flamme ! Voilà ce qui est annoncé au chrétien sous une forme ou sous une autre : santé ébranlée, fortune renversée, amis perdus, plans bouleversés ou espérances détruites.

Mais, douce pensée, ces épreuves ont une limite. Les fleuves ne noieront point — le feu ne brûlera point — la flamme n’embrasera point. Dieu dira à l’épreuve : « Tu iras jusqu’ici, mais tu n’iras pas plus loin ».

Il y a plus encore : Jésus sera dans toutes ces épreuves, et sera trouvé suffisant pour toutes. Au milieu du grand combat de souffrances (Héb. 10, 32), nous entendrons le son des pas de notre Maître. Lui-même a passé au travers de ces flammes, bravé ces flots, présenté Sa tête innocente au coup de ces orages. Il vient à nous comme à Ses disciples, au milieu même de la tempête, pour nous dire : C’est moi, n’ayez point de peur.

Chrétien, quelle est votre expérience ? N’est-ce pas celle des Israélites triomphants : « On a passé le fleuve à pied sec, et nous nous sommes réjouis en Lui » (Ps. 66, 6). Les flots, le lieu même de votre épreuve, vous avez pu marcher hardiment au travers, sans être épouvanté par les vagues menaçantes ; et, sur vos lèvres mêmes, la louange éclatait. D’où vient ce saint héroïsme, cette joie étrange ? C’est que le Dieu de la colonne de nuée se tenait près de vous. Votre joie était en Lui, Il vous a rendu plus que vainqueur. Peut-être aviez-vous bien des adversaires rangés à la fois contre vous : l’affliction, l’angoisse, la persécution, la famine, la nudité, le péril, l’épée. Mais, au milieu des flammes et des flots, il y a en a un qui est plus puissant que tous. Avec Lui à votre côté, vous pouvez jeter sans crainte ce saint défi aux hauteurs des cieux et aux profondeurs des abîmes : « Qui me séparera de l’amour de Christ ? ». Oh ! s’écriait Thomas Brooks, il y a dans un Jésus crucifié, quelque chose de proportionné à toutes les détresses, à tous les besoins, à toutes les épreuves de Ses pauvres enfants.

Vingt-neuvième jour — Il a été tenté comme nous

Nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos infirmités.

(Héb. 4, 15)

« Et la splendeur qui se voyait autour de lui, dit Ézéchiel, était comme l’arc qui se fait dans la nuée en un jour de pluie. C’est là la vision de la représentation de la gloire de l’Éternel » (Éz. 1, 28).

Quelle vérité consolante ! Jésus, le Dieu-homme médiateur, Lui qui est le véritable arc dans la nuée, sympathise à nos douleurs. Quelle source de joie ineffable pour un cœur désolé et dépouillé ! Quel doux lieu de repos au milieu de la tempête déchaînée, ou dans un jour sombre et chargé de nuages !

La sympathie humaine est consolante et fortifiante ; mais elle est finie, limitée, parfois égoïste. Tu iras jusqu’ici, et tu n’iras pas plus loin. La terre a des douleurs sans nom et sans nombre, qu’aucun soulagement humain ne saurait atteindre. Seule la sympathie de Jésus est élevée, pure, dégagée de tout alliage d’égoïsme. Il a connu Lui-même toutes les expériences de la souffrance. La douleur et l’angoisse n’ont pas d’abîmes où je puisse être plongé, que les bras éternels n’y descendent plus bas encore pour me soutenir. Enfant de la douleur, un cœur humain bat sur le trône du ciel, et ton nom est écrit sur ce cœur. Il veille sur toi comme si aucune autre créature ne réclamait Son attention. Comme le souverain sacrificateur, Il marche au milieu des lampes de Son temple, les remplissant d’huile parfois, d’autres fois les purifiant si cela est nécessaire, mais tout cela afin qu’elles puissent brûler d’une lumière plus pure et plus ferme.

Il a été tenté en toutes choses. Bienheureuse assurance ! Jamais je ne connaîtrai une douleur dans laquelle l’homme de douleurs ne puisse pénétrer. Au milieu des épreuves les plus déchirantes de la terre, prêtons l’oreille à ces paroles ineffables d’un Sauveur souffrant : « Voyez s’il y a une douleur comme ma douleur ! » (Lam. 1, 12). Cependant, Il ne refusa point de boire la coupe de la colère de Dieu. Il ne se détourna pas de la croix. Il se dirigea fermement vers Jérusalem, et même lorsqu’Il fut attaché au bois maudit, Il refusa le breuvage qui aurait pu atténuer pour Lui les horreurs de la soif et soulager ses souffrances physiques. Sommes-nous tentés parfois de murmurer contre la main de Dieu qui nous afflige ? Considérez Celui qui a souffert… affin que vous ne vous abattiez pas en perdant courage. Hésiterions-nous à supporter les épreuves que notre Seigneur et notre Maître juge bon de nous dispenser, quand nous songeons à la croix, infiniment plus pesante, qu’Il a soufferte pour nous avec tant de douceur et de soumission ? Ô affligé, fixe tes regards sur cet arc-en-ciel resplendissant dans ton nuage de douleur. Tu pourras, comme les disciples sur la montagne de la transfiguration, être saisi de crainte en entrant dans la nuée ; mais écoute la voix qui sort de cette nuée : « C’est ici mon Fils bien-aimé, écoutez-le ».

Jésus Lui-même nous parle au travers de ces nuages. Il nous dit que nos inquiétudes sont Ses inquiétudes ; nos douleurs, Ses douleurs. Dans tout châtiment mystérieux, Il a un but de sagesse et de miséricorde. Il nous dit : « Écoutez la verge et Celui qui l’a assignée » (Mich. 6, 9). Son cœur est trop bon, trop compatissant, pour nous infliger un seul coup inutile ou superflu. Oh ! s’il nous était donné d’entendre cette voix sortir de la nuée et de faire tous nos efforts pour que les épreuves que Dieu nous envoie, dans Son amour, soient abondamment sanctifiées ! Ne nous flattons pas de l’idée que l’affliction en elle-même est un chemin qui conduise au ciel. Ce ne sont pas les nuages qui forment l’arc-en-ciel. Ces teintes magnifiques n’émanent que du soleil seul. Sans celui-ci, nous ne pourrions discerner que des cieux obscurcis, et des torrents de pluie destructeurs.

Ce n’est pas pour être sortis de la grande tribulation que ceux qui étaient vêtus de robes blanches jouissent de la présence divine, mais pour avoir lavé leurs robes et les avoir blanchies dans le sang de l’Agneau (Apoc. 7, 14). Nous n’avons sujet de nous glorifier de l’épreuve que dans la mesure où elle a servi à nous rapprocher du Sauveur, et à nous conduire vers la source toujours ouverte.

Trentième jour — Il vient bientôt

Encore un peu de temps, et Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera point.

(Héb. 10, 37)

Encore un peu de temps, et le rêve agité de la vie sera passé, et le jour sans nuage se lèvera… Encore quelques ballottements sur une mer tumultueuse, et le port de la paix nous recevra pour toujours. Encore quelques veilles de la nuit, et notre Seigneur plein d’amour apparaîtra sur le rivage céleste comme autrefois sur le rivage du lac de Tibériade, pour nous introduire au banquet éternel de l’amour, préparé pour Ses enfants.

Oui, Il vient. Et c’est là la bienheureuse espérance de l’Église, c’est la voix et la présence de son Bien-aimé qui change en matin l’ombre de la mort. Les morts, les morts rachetés entendront Sa voix et se lèveront ; ceux qui dormiront en Jésus, Dieu les ramènera aussi avec Lui. Son invitation finale n’est pas : « Allez, vous qui êtes bénis, à quelque paradis brillant préparé ailleurs pour vous » ; mais : Venez partager ma gloire et ma couronne. — « Entre dans la joie de ton Seigneur ». Le ciel, pour saint Paul, se résumait en deux mots, être avec Christ. Le ciel, pour saint Jean, se compose de deux éléments, la ressemblance à Jésus, et la communion avec Jésus. Nous Lui serons semblables, et nous Le verrons tel qu’Il est. Dans ses sublimes visions apocalyptiques, lorsque la porte du ciel fut ouverte, la première chose qui frappe et arrête ses regards, c’est Celui qui était assis sur le trône, et le trône était environné d’un arc-en-ciel, qui paraissait comme une émeraude (Apoc. 4, 3).

Notre bonheur ne sera complet que quand nous jouirons pleinement de la vie de Jésus et de Sa gloire. Nous sommes, déjà dans cette terre éloignée, nourris de la table du Roi ; mais nous ne serons satisfaits que quand nous contemplerons le Roi Lui-même.

Jacob recevait des chariots chargés de présents de Joseph ; mais il n’eut pas de repos avant de l’avoir vu de ses propres yeux, et quand cela lui fut accordé, la vie du vieillard se ranima. Nous recevons, dès maintenant, dans la maison de notre pèlerinage, bien des gages de l’alliance de grâce du véritable Joseph. Mais nous aspirons à contempler Sa face en justice. Et nous ne serons rassasiés qu’en nous réveillant dans Sa ressemblance.

Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt ! Il ne tardera point. Chaque soleil qui se couche nous rapproche d’une heureuse consommation. Le temps s’avance à pas de géant vers le retour de Jésus Christ. Le sac et la cendre, que revêt maintenant une création en travail, seront bientôt échangés contre la robe de beauté et de lumière qui enveloppera le monde du repos.

Jour bienheureux ! où dans le sens le plus élevé l’arc paraîtra dans la nuée, non plus l’arc de la promesse, mais Celui même en qui toutes les promesses se concentrent et se confondent. Voici, Il vient sur les nuées.

Tenez-vous toujours dans l’attitude de la vigilance. Comme la mère de Sisera, que la foi ait l’oreille tendue pour entendre le murmure des roues de son char ; afin que quand ce cri retentira : Le voici, c’est Lui, nous puissions répondre avec joie : « Voici, c’est ici notre Dieu, nous l’avons attendu » (És. 25, 9).

« Bienheureux sont ces serviteurs que le Maître trouvera veillants, quand Il arrivera. Je vous dis en vérité qu’Il se ceindra et les fera mettre à table, et s’avançant, Il les servira » (Luc 12, 37).

Trente et unième jour — Joie éternelle

Ceux dont l’Éternel aura payé la rançon retourneront et viendront en Sion avec un chant de triomphe, et une joie éternelle sera sur leurs têtes ; ils obtiendront la joie et l’allégresse, la douleur et le gémissement s’enfuiront.

(És. 35, 10)

Chrétien, laisse derrière toi ton arc dans la nuée, et le regard fixé sur l’arc-en-ciel qui environne le trône (Apoc. 4, 3), pense au joyeux retour en Sion des rachetés de Dieu, quand toute larme sera séchée et toute douleur oubliée. « Ils ont été errants, par le désert, en un chemin solitaire » — « détenus dans les afflictions et les fers » (Ps. 107, 4, 10), exposés à la tempête et aux grandes eaux. Voyez maintenant la fin de ces existences si traversées. Dieu ne nous est pas représenté seulement comme secourant leurs âmes défaillantes, mettant en pièces leurs chaînes et les rendant capables de combattre la fureur des flots. Mais « Il conduit le pèlerin dans une ville habitée, Il délivre les captifs des ténèbres et de l’ombre de la mort ; Il conduit ceux qui descendent sur la mer, dans les navires, au port qu’ils désiraient, et met sur les lèvres de tous ce cantique éternel : Qu’ils célèbrent la gratuité de l’Éternel, et ses merveilles parmi les fils des hommes » (Ps. 107, 7, 14, 30, 31).

Ô affligé, battu des vagues, bientôt ce port paisible s’ouvrira pour toi. Vues des rivages lumineux de la gloire, toutes les épreuves et chacun d’elles t’apparaîtront comme des marques spéciales de la fidélité de ton Père céleste, environnées d’une auréole d’amour. « Maintenant, tu vas en pleurant, portant la semence précieuse ; mais tu reviendras certainement avec chants de triomphe, en portant tes gerbes » (Ps. 126, 6).

De même que certaines semences doivent être trempées dans l’eau avant de pouvoir germer, ainsi la semence immortelle est parfois fécondée par les larmes. Mais ceux qui sèment avec larmes, moissonneront avec chants de triomphe. Dussent les pleurs durer toute la nuit, le chant de triomphe survient au matin. Vous êtes, dit Rutherford, à l’entrée de la moisson du ciel. Les pertes dont je parle ne sont que des pluies d’été, et le soleil de la Jérusalem nouvelle les sèchera promptement. Alors les chants de la nuit se mêleront aux chants des cieux, et des significations glorieuses seront manifestées, qui sont maintenant cachées aux yeux de la foi. « La douleur et le gémissement s’enfuiront ». — « Ni maladie, ni douleurs, ni souffrances, disait un saint vieillard, aujourd’hui en possession de ces glorieuses réalités, tout cela n’est que négatif ; ô Dieu, que sera l’affirmatif ? Cantiques, joie éternelle, joie et allégresse sur allégresse ! Les chants du ciel seront des chants de Mahaloth[2] ! Le racheté s’élèvera toujours de gloire en gloire, chacun de ses cantiques ne faisant que lui en inspirer un plus grand et plus magnifique ».

Pleures-tu sur la perte de ceux qui ne sont plus, dont la voix chérie est éteinte pour toujours, et qui t’ont laissé achever, solitaire et dépouillé, ta route à travers le désert ? Encore quelques craintes, encore quelques larmes, et tu les retrouveras à l’aube de l’éternité. Ils n’ont fait que te précéder dans une gloire plus hâtive. S’ils t’ont laissé en arrière pour un peu de temps continuer ton chant de nuit, que ton cœur tressaille de joie et bondisse à la pensée de ce jour éternel, auquel, jetant un regard en arrière sur les nuages flottant au loin dans la profonde vallée, tu pourras te joindre aux vingt-quatre anciens qui, autour du trône environné d’un arc-en-ciel semblable à une émeraude, ne cessent point de dire jour et nuit : « Saint, saint, saint, le Seigneur Dieu tout-puissant ! » (Apoc. 4, 3, 8).