Joseph type de Christ ressuscité

Genèse 45

[Série de traités chrétiens n° 19]

Il est aussi intéressant que profitable de suivre, dans les histoires de l’Ancien Testament, les images des bénédictions que Dieu avait par avance attachées, pour les croyants, au Christ ressuscité.

L’histoire de Joseph est un tableau peint de la main de Dieu. Quand la lumière de la résurrection l’éclaire, ce tableau tout entier resplendit d’une indescriptible beauté.

Lorsque Joseph se fit connaître à ses frères, il y avait près de vingt ans qu’il était, en quelque sorte, mort. Vingt longues années s’étaient écoulées depuis que Jacob avait dit : « Certainement, je descendrai en menant deuil au sépulcre vers mon fils ». C’est ainsi, qu’ayant déchiré ses vêtements et mis un sac sur ses reins, Jacob pleurait son fils. Mais maintenant, Israël s’écrie : « C’est assez, Joseph, mon fils, vit encore ». Les deux grands traits d’un type de Christ sont la mort et la résurrection. La prééminence de Christ était représentée dans les songes de Joseph (Gen. 37). Les gerbes du champ, le soleil, la lune et les onze étoiles se prosternaient devant lui.

« Créateur et Seigneur de toute la nature,
Ô Jésus Christ, tu reviendras en Roi,
Pour dominer sur toute créature,
Et tout genou fléchira devant toi. »

« Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou se ploie, des êtres célestes, et terrestres et infernaux » (Phil. 2, 9-10).

La prééminence de Joseph remplit ses frères d’envie ; la prééminence de Jésus remplit les Juifs de haine. Les frères de Joseph se dirent l’un à l’autre : « Voici, ce maître songeur vient ; venez et tuons-le et jetons-le dans une fosse ». Les frères de Jésus, les Juifs, dirent : « C’est ici l’héritier, venez, tuons-le ».

Joseph fut jeté dans une fosse. « Et l’ayant pris, ils le jetèrent dans une fosse, mais la fosse était vide et il n’y avait point d’eau ». Comme la méchanceté de leur cœur fut manifestée par ce fait ! Ils le jetèrent dans une fosse, puis ils s’assirent pour manger du pain. Les Juifs crucifièrent Jésus, puis ils s’assirent pour garder le grand sabbat. Joseph fut vendu pour vingt pièces d’argent ; Jésus fut vendu pour trente pièces. Non plus qu’Isaac, dans une autre image analogue, Joseph ne mourut pas alors : il n’y avait point d’eau dans la fosse. Mais Jésus, notre précieux Sauveur, enfonça dans le bourbier profond. « Toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi », dit-Il. Quand Isaac fut mis sur l’autel, il fut épargné ; quand Joseph fut jeté dans la fosse, il fut épargné ; mais lorsque Jésus fut cloué à la croix, « Dieu n’épargna pas son Fils bien-aimé ». Quelque cruel que fût le traitement des frères de Joseph à son égard, il ne fut pourtant point abandonné ; mais Jésus s’écria : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Pourquoi fut-Il ainsi abandonné sur la croix ? Pourquoi Jéhovah trouva-t-Il bon de Le froisser ? Ah ! c’est qu’« il avait mis son âme en oblation pour le péché ». Certainement « il a porté nos langueurs et il s’est chargé de nos douleurs ». Les souffrances de Joseph étaient contre sa volonté ; mais la mort de Jésus fut une offrande volontaire. « Je laisse ma vie pour mes brebis ». Oui, c’est ainsi que « Christ a souffert une fois, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu ». Et c’est en cela que Dieu a constaté Son amour envers nous.

Joseph est vendu en Égypte par ses frères, qui ainsi se débarrassent de lui. Jésus est mis à mort, et c’est ainsi que le monde se débarrasse de Lui. Les mensonges et les impostures des frères de Joseph réussissent si bien et si longtemps que Joseph finit par être à peu près oublié ; et si l’on se souvient encore de lui ce n’est que comme d’un mort ou de « l’un qui n’est plus ».

Et toi, monde cruel et ténébreux, tu as tué le Prince de la vie et tu te vantes de tes progrès ; tes mensonges et tes impostures réussissent bien et depuis longtemps ; mais sache que tu es condamné ; ton jour est à la porte ; tes sept années d’abondance vont bientôt expirer ; alors, sept fois autant de jugements tomberont sur toi ! Si tu te souviens de Jésus, ce n’est que comme d’un mort ou de « Celui qui n’est plus ». Mais bientôt tu éprouveras, ô monde ! que Celui que tu as méprisé et rejeté, le Seigneur du ciel et de la terre, est pour toi un Dieu terrible.

Mais revenons à notre histoire. Joseph était âgé de dix-sept ans lorsqu’il paissait les troupeaux avec ses frères et il en avait trente, lorsqu’il se présenta devant Pharaon, roi d’Égypte. Les sept années d’abondance avaient atteint leur terme, en sorte que, pendant vingt ans, l’abominable péché des cruels frères de Joseph était demeuré caché. Mais enfin « la famine devint fort grande en la terre ».

Combien souvent cela arrive ; on peut oublier le péché pendant de longues années d’abondance. Aussi longtemps que le fils prodigue nage dans la volupté, il ne pense plus à ses péchés, ni à la maison de son père ; mais quand tout est dépensé et que la famine arrive, il ne lui est plus possible d’oublier ses péchés et il faut qu’il retourne à la maison de son père. Oh ! que « les voies de Dieu sont merveilleuses » !

« Je ne saurais oublier les choses que j’ai faites, il y a soixante ans », me disait un jour un vieillard mourant. Dans le cas où quelque fils prodigue vînt à jeter les yeux sur ces lignes, je voudrais lui adresser quelques paroles : « Pour vous, maintenant, toute espérance mondaine est détruite ; votre plus chère idole a disparu ; fortune et amis de la fortune, tout s’est éloigné : dans la disette et la pauvreté, vous trouvez ce monde cruel et froid ; vous n’aviez guère attendu un pareil traitement de sa part ! La famine règne-t-elle pour vous dans toute la terre ? — Ah ! que de milliers de cœurs sont ainsi torturés d’angoisses amères dans ce monde froid et trompeur !

Mais, vous, à quoi en êtes-vous quant à la question de vos péchés ; est-elle résolue ? Ou bien avez-vous à ajouter au lourd fardeau de vos chagrins celui d’une conscience troublée ? Peut-être que parfois le souvenir de vos péchés vous est insupportable ; alors la pensée que ce sont eux qui vous ont procuré tout ce mal, vous transperce comme une flèche empoisonnée. Mais vous essayez de les oublier ».

Les sept années d’abondance finies, les sept années de famine commencent. Ainsi que le fils prodigue se souvint du pain, de même Jacob apprend qu’il y a du blé en Égypte, et il faut que les dix frères de Joseph y descendent pour en acheter, afin qu’ils vivent et ne meurent pas.

Quand l’Esprit de Dieu commence à travailler sur une âme, avec quelle puissance Il apporte dans la conscience la conviction du péché. Joseph était gouverneur de tout le pays ; c’est donc à lui qu’ils doivent aller, car nul autre sous le ciel ne peut leur donner du pain. Ils ne savaient pas que c’était Joseph. Il faut de même que l’âme soit amenée à Jésus. « Il n’y a point de salut en aucun autre, car aussi, il n’y a point sous le ciel d’autre nom qui soit donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés ».

Les frères de Joseph allèrent et se prosternèrent devant lui le visage contre terre. Que dut-il éprouver ! car il les connaissait, bien qu’ils ne le connussent pas. Sans doute qu’ils avaient beaucoup changé durant ces vingt ans ; le remords avait sillonné la face de quelques-uns ; un besoin bien senti les avait tous amenés devant Joseph. Il en est de même du pécheur quand il commence à chercher le salut ; il se peut que d’abord il vienne moins avec une conviction et une confession pleine et entière de son péché, qu’avec le désir d’être sauvé.

« Joseph leur parle rudement ». Il faut que la question du péché soit sondée jusqu’au fond. — La conscience doit être atteinte et mise à l’étroit. « Vous êtes des espions », leur dit-il. Et quelle est leur défense ? « Nous sommes tous fils d’un même père ; nous sommes gens de bien ». Ils étaient en la présence de celui qu’ils avaient rejeté et en quelque sorte tué, et ils osent dire qu’ils sont gens de bien. Quel tableau de ce qu’est le monde ! Les hommes rejettent Christ et osent prétendre garder la loi !

Ils disent qu’ils sont douze frères, que le plus jeune est avec leur père, puis, faisant allusion à Joseph, « et l’un n’est plus ». Alors la conscience est serrée de plus près : « Vous ne sortirez point d’ici que votre jeune frère ne soit venu », leur dit Joseph, et il les fait tous mettre en prison. — Il arrive quelquefois que Dieu traite ainsi l’âme réveillée ; au lieu de recevoir le salut, la pauvre âme inquiète se trouve enfermée dans la prison de Joseph. « Mais au troisième jour », car la résurrection est l’unique porte pour sortir de la prison de Joseph, « il leur dit : Faites ceci et vous vivrez : que l’un de vous reste pour otage, et allez-vous-en, puis amenez-moi votre plus jeune frère ». Quelle amertume produit le péché : « Et ils se disaient l’un à l’autre : Vraiment nous sommes coupables à l’égard de notre frère ; car nous avons vu l’angoisse de son âme quand il nous demandait grâce et nous ne l’avons point exaucé, c’est pour cela que cette angoisse nous est arrivée ». Combien la douleur du cœur est poignante ! C’est avec des remords inexprimables que l’on considère ses péchés passés, quand la culpabilité pèse sur la conscience. Mais ce n’est pas encore la vraie repentance.

Quelque rude que Joseph parût être à leur égard, il n’y avait que de l’amour dans son cœur : « Il se détourna d’auprès d’eux pour pleurer ». Ils ne se doutaient guère que ce fût Joseph, car il leur parlait par un truchement. — Quelques rudes que les voies de Dieu, à l’égard d’une âme tremblante et coupable, puissent paraître, Il est amour. Jésus, en voyant la ville, pleura sur elle.

L’otage donc est lié devant leurs yeux, puis leurs sacs sont remplis de blé. Il semble que tout soit fini : ils ont leur blé et s’en vont de devant ce mystérieux gouverneur. C’est un moment de répit. L’âme éprouve souvent quelque chose de pareil. On a reçu une bénédiction, c’est évident ; le cœur en est peut-être aussi rempli que leurs sacs l’étaient de blé. Mais on ne s’est pas encore pleinement repenti ; — la question du péché n’est pas encore résolue — on n’est pas encore vraiment et entièrement converti.

Ah ! ce fut un rude coup, quand l’un d’eux, ouvrant son sac à l’hôtellerie, y découvrit son argent. Leur détresse fut plus grande que jamais. « Et le cœur leur manqua, ils furent saisis de peur et se dirent l’un à l’autre : Qu’est-ce que Dieu nous a fait ? ».

De même, en un moment, alors même que vous pensiez en avoir fini avec le péché, voilà que quelque circonstance ouvre le sac et le souvenir du péché arrive comme le torrent d’une montagne : c’est alors que le cœur manque. Il faut que la chair et le cœur défaillent quand la conscience est amenée dans la lumière de la présence de Dieu. Satan rugit dans de tels moments : « Dieu est contre toi, vil pécheur », vous dit-il. Dans de tels assauts livrés à votre âme, il est bon de se souvenir que Satan est un menteur ; mais, hélas ! il semble que justement, dans ces moments-là, on soit plus disposé à avaler chacune de ses paroles.

Ils s’en retournent chez leur père. Le vieillard affligé est accablé de chagrin à l’ouïe de leur récit. « Toutes ces choses sont contre moi », dit-il. Combien peu il se doutait que toutes ces choses étaient pour lui ; la seule chose présente à son esprit était la mort de son fils Joseph.

Or la famine devint fort grande par toute la terre. Il faut qu’ils retournent auprès du gouverneur de l’Égypte. — Pauvre âme troublée et agitée, il faut que tu ailles à Jésus. — Quel trouble de conscience ! Il faut livrer Benjamin ; Juda s’en fait caution pour toujours. — Tout ceci doit être expérimenté par l’âme qui ne connaît que la mort de Jésus. — Si cela est ainsi, dit Israël, prenez dans vos vaisseaux des choses les plus renommées du pays, quelque peu de baume et quelque peu de miel, des drogues, de la myrrhe, des dattes et des amandes et de l’argent au double. Hélas ! combien cela ressemble à la religion de Caïn : il pense que Dieu a besoin de ses meilleurs fruits. Ils ne connaissaient pas Joseph ; l’homme ne connaît pas Dieu. On prend de nouvelles résolutions, on fait de nouveaux efforts de propre justice ; un peu de baume, un peu de miel ; c’est bien peu en effet, n’est-ce pas ?

Ils arrivent avec leurs présents et trouvent le festin que Joseph leur avait préparé. Chose étrange ! leur semble-t-il. Amenés dans la maison de Joseph, ils ont peur et pensent qu’il cherche l’occasion de se jeter sur eux et de les faire ses esclaves. Mais au lieu de la colère qu’ils avaient méritée : « Paix vous soit ! Ne craignez point », leur dit-il, puis : « Donnez-leur de l’eau pour se laver les pieds ». — Et Joseph revint à la maison à midi. Encore une fois, ils se prosternent devant lui ; son cœur est ému : « Votre père, ce bon vieillard dont vous m’avez parlé, se porte-t-il bien, vit-il encore ? » leur demande-t-il. Qu’éprouve alors Joseph ? Mais ses frères ne le connaissent pas. « Il vit encore », répondent-ils, se prosternant jusqu’en terre. Mais quand Joseph voit Benjamin, son frère bien-aimé, il ne peut plus se contenir : « Mon fils, Dieu te fasse grâce », lui dit-il, et il se retire promptement pour pleurer. Quel tableau de la grâce divine ! Ô mon cher lecteur, si vous connaissiez les tendres compassions de l’amour de Dieu !

Joseph se surmonte de nouveau. Tous prennent part au festin. Mais voyez ce qu’est l’homme : « Ils boivent et se réjouissent en sa présence » ; le péché est encore une fois oublié, et l’on se réjouit. Mais ce n’est pas la conversion. Le péché peut être oublié pour un temps et l’on peut faire la fête à la table du Seigneur ; mais l’oubli et le pardon du péché sont deux choses bien différentes.

Leurs sacs sont remplis de nouveau. On peut ainsi recevoir des bénédictions réitérées, tout en continuant d’être dans l’ignorance de ce qui ôte pour toujours le péché. — La coupe est trouvée dans le sac de Benjamin ; ils en sont bouleversés. « Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs ». Tel est maintenant le souvenir accablant de leur péché, qu’ils renoncent à toute tentative de se justifier et se reconnaissent comme coupables. Juda demande de rester comme esclave à la place de son frère. — Un grand changement s’était sans doute opéré en eux, depuis le jour où ils avaient jeté leur frère dans la fosse. Il peut y avoir une certaine mesure d’angoisse, de tristesse et de remords, comme dans le cas de Judas Iscariote, sans qu’il y ait de vraie conversion, de réel changement de cœur.

Qu’a-t-il fallu pour changer leurs pensées et leurs cœurs ? Voyez-le au chapitre 45.

Nous les avons vus amenés au point de désespérer complètement de se justifier ; ils sont coupables devant Dieu.

Alors « Joseph ne put plus se contenir devant tous ceux qui étaient là présents, et il cria : Faites sortir tout le monde, et personne ne demeura avec lui quand il se fit connaître à ses frères, et il pleura tout haut ! ».

Quelles durent être leurs pensées lorsqu’il leur dit : « Je suis Joseph » ! Vous représentez-vous leur étonnement ? Quel changement dut s’opérer dans tout leur être moral, quel changement dans toutes les pensées de leur cœur ! Ce même Joseph qu’ils avaient jeté dans une fosse, qu’ils croyaient mort depuis longtemps, est vivant, présent devant eux, seigneur de toute l’Égypte ! Ils étaient muets, confondus, et ils avaient de quoi l’être en sa présence. La justice aurait pu exercer ses droits sur leur vie ; mais, en grâce, Joseph dit à ses frères : « Je vous prie, approchez-vous de moi ». Et Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et moi, je vous donnerai du repos ».

Ce Joseph qui était mort est vivant et se fait connaître à eux ; c’est là ce qui opère en eux un changement total de pensées à l’égard de Joseph.

Comme cela ressemble à la révélation du Christ mort et ressuscité à Saul de Tarse ; l’une fut aussi instantanée que l’autre. Saul était en chemin pour accomplir sa mission meurtrière à Damas, le cœur rempli de haine et de rage contre le nom et les disciples de Jésus. Tout à coup une lumière surpassant l’éclat du soleil, resplendit autour de lui ; une voix se fait entendre et lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il t’est dur de regimber contre les aiguillons ». Confondu à l’ouïe de ces paroles, Saul répond : « Qui es-tu Seigneur ? ». Et Il lui dit : « Je suis Jésus ».

Joseph dit à ses frères : « Je suis Joseph ». Jésus dit à Saul : « Je suis Jésus », et dans les deux cas, l’effet produit est le même. Dès l’instant que Saul entend ces paroles : « Je suis Jésus », toutes les pensées de son cœur sont changées. C’est la révélation de Joseph vivant qui change le cœur de ses frères, tout comme c’est la révélation de Jésus ressuscité qui seule produit le vrai changement de dispositions dont on ne se repent jamais.

« Et ils s’approchèrent ». Quelle position bénie pour un pauvre pécheur coupable, que celle d’être amenée à Dieu. Quelle grâce, ô mon semblable, pensez-y bien, que le Dieu contre lequel vous avez péché soit Celui duquel vous ayez à vous approcher et si près. Il connaît tous vos péchés ; ne cherchez seulement pas à vous justifier ; confessez-Lui que vous êtes coupable. Il sait que vous êtes coupable et que vous ne pouvez pas vous justifier.

Poursuivons. Que leur dit encore Joseph ? « Je suis Joseph que vous avez vendu pour être mené en Égypte » ; puis, « Dieu m’a envoyé devant vous pour vous faire subsister sur la terre et vous faire vivre par une grande délivrance. Maintenant donc, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu ».

Quel beau type nous avons ici du Christ ressuscité ! Pierre, parlant de la résurrection de Jésus, dit : « Ayant été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu, vous l’avez pris et mis en croix et vous l’avez fait périr par des mains iniques, lequel Dieu a ressuscité » (Act. 2, 22-36). Ensuite il montre que c’était la promesse que Dieu avait faite à David ; Son dessein révélé dans toutes les Écritures. « Que donc toute la maison d’Israël sache certainement que Dieu a fait seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié ». Ainsi ce même Joseph qu’ils avaient jeté dans la fosse, Dieu l’a fait seigneur de toute l’Égypte. Ce même Jésus que le monde a crucifié, Dieu L’a fait Seigneur du ciel et de la terre.

La révélation de Joseph change le cœur de ses frères ; la révélation de Jésus ressuscité donne la repentance et la rémission des péchés à trois mille âmes à la fois. Mais si, dans cette image typique, Dieu s’était proposé de sauver beaucoup de gens par le moyen de Joseph, quel a été, je vous le demande, le merveilleux conseil de Dieu en grâce au moyen de la mort et de la résurrection de Jésus ! On pense si peu de nos jours au conseil de Dieu en résurrection, que je sais à peine comment en parler assez simplement pour être compris. Prenons un exemple : celui d’un vigneron ayant un vignoble en si mauvais état que la vigne ne produit absolument rien ; en conséquence, il détermine d’introduire, à la place de la vieille, une vigne toute nouvelle, d’espèce et de plant, afin d’avoir du fruit. Il ne se propose pas d’améliorer la vieille vigne, mais de la mettre de côté et d’en planter une entièrement nouvelle. La vieille vigne de la race d’Adam est entièrement gâtée par le péché ; Dieu voit les hommes morts dans leurs offenses, et Il sait qu’Il ne peut trouver de fruit en eux. L’homme est ruiné, corrompu, mort par le péché. C’est là une vérité trop longtemps oubliée. Dieu, en envoyant sur la terre Son Fils bien-aimé, ne s’est point proposé d’améliorer cette vigne, mais de la mettre de côté par la mort, la mort même de Jésus ; faisant voir par là que, comme Jésus mourut pour tous, tous donc étaient morts. Et en ressuscitant Jésus des morts, Dieu a commencé, pour ainsi dire, une nouvelle vigne ; une création entièrement nouvelle, ayant une vie toute nouvelle, une nature nouvelle, toutes choses nouvelles et toutes choses de Dieu. L’homme ne pourrait se tromper plus grossièrement qu’en essayant d’améliorer la vieille vigne. Dans le Christ ressuscité, qui est le commencement de cette nouvelle et glorieuse création, tout est parfait et éternel ; et si quelqu’un est en Lui, les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites nouvelles et toutes choses sont de Dieu (2 Cor. 5, 14-18).

Si Joseph n’avait pas été envoyé en Égypte pour conserver la vie de ses frères, ils auraient péri par la famine ; si le vigneron n’avait pas planté une nouvelle vigne, le vignoble aurait été détruit par la rouille. Si Christ n’était pas mort et ressuscité, le monde entier aurait péri par le péché. Si Christ avait continué à vivre pour toujours dans la chair, même en restant au milieu de la vieille vigne corrompue de ce monde, Il n’aurait pas pu en améliorer la condition. Il fallait qu’Il mourût et fût le premier-né d’entre les morts, sans quoi tous auraient péri. Le précieux sang de Christ seul pouvait expier le péché ; rien autre que la vie du ressuscité, qui détruisit la mort en mourant, ne pouvait donner la vie aux morts.

Remarquez que, dans le type, toute bénédiction découle de ce Joseph ressuscité et élevé au-dessus de tout, car il est seigneur de l’Égypte. Non seulement ses frères reçoivent son pardon, et quel pardon ! mais « il les embrasse tous et pleure sur eux. Quelle certitude de pardon ; mais ce n’est pas tout, ils sont bénis de toutes bénédictions terrestres dans le pays de Goshen. La grâce, non seulement pardonne, mais abonde par-dessus leurs péchés. Nous, mes frères en la foi, nous avons non seulement le pardon des péchés par le sang de Jésus, mais encore Dieu nous a bénis de toutes bénédictions dans les lieux célestes, dans le Christ ressuscité. Pour votre consolation et votre joie éternelles, considérez bien ceci, savoir : que quelque misérable qu’ait été l’homme en mettant à mort le Seigneur Jésus, toujours est-il vrai que Dieu L’avait préordonné à cette mort de la croix, dans le but exprès de vous sauver par un grand salut. Considérez la mort étrange de la croix, comme une transaction entre Dieu et Son Fils pour votre salut. Dieu L’a envoyé dans ce seul but ; Jésus est mort dans le but exprès de vous nettoyer de tout péché et de vous introduire dans une création toute nouvelle, où le péché ne peut jamais exister ; où, ni la nielle de la mort, ni le souffle de la corruption ne sauraient se faire sentir : oui, c’est un fait béni, il est impossible que le péché gâte en aucune manière la nouvelle création de Dieu en Jésus ressuscité ; quelle grâce merveilleuse ! Le propos éternel de Dieu, la plus grande œuvre de Dieu est ainsi représentée dans l’histoire de Joseph. Ce même Jésus qui mourut sur la croix, qui fut couché dans la froide tombe, est maintenant la tête ou le chef de la nouvelle création, exalté au-dessus de toutes principautés et puissances ; donné pour « Chef sur toutes choses à l’Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous ». C’est là le mystère, à l’égard duquel le silence a été gardé dès les temps éternels. De pauvres pécheurs d’entre les Gentils, morts dans leurs offenses, sont ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes en Jésus Christ ! Quel triomphe pour Dieu ! Considérez la vieille création, puis la nouvelle. Regardez depuis Adam, le commencement de la première, jusqu’à la croix qui en est la fin (mais il y a une autre fin pour ceux qui méprisent la croix : savoir le lac de feu ; triste scène de péché, de jugement et de mort). Puis regardez la nouvelle création, sainte et céleste : « Christ, le commencement, le premier-né d’entre les morts ».

Quand les frères de Joseph furent arrivés, cela plut fort à Pharaon et à ses serviteurs. Quelle doit être la joie de Dieu dans la nouvelle création ! Il y a de la joie en la présence de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. Mais au matin radieux de la résurrection, ce matin sans nuage, si près de paraître — quand l’Église entière des rachetés s’élèvera à la rencontre du Seigneur — alors ce sera une scène de délices sans mélange, ce sera la joie infinie, le repos éternel de Dieu. Brillante et glorieuse perspective ! Considère, ô mon âme, cette belle création ! Les délices du cœur de Dieu rayonneront dans tous les yeux, raviront tous les cœurs. Et toi, pauvre pèlerin, fatigué et souvent désolé, tu seras là : l’amour qui s’est donné pour toi, qui est allé te préparer une place dans ces demeures de la lumière, cet amour t’y introduira. Avance donc, avance ! Que sont pour toi les vains trésors de la terre ?

Joseph fut affligé quand les cœurs soupçonneux de ses frères dirent : « Peut-être que Joseph nous aura en haine ». Que de fois Satan nous souffle à l’oreille de ces noirs « peut-être ». — « Peut-être que Dieu, après tout, vous traitera comme vous le méritez ». — Ils ne se confiaient pas entièrement et uniquement en l’amour de Joseph ; ils se reposaient secrètement sur la vie du vieil homme, leur père. Il n’en est que trop souvent ainsi du croyant ; quelque secrète confiance dans le vieil homme, dans sa religiosité, sa moralité, prouve que le cœur n’a pas encore été amené à se confier pleinement en l’amour de Dieu, en Jésus seul. Alors on éprouve que la vieille nature n’est que péché ; alors viennent des mécomptes et des luttes terribles — on est forcé de se reconnaître comme vil et entièrement mort. — Quand Jacob fut mort, les frères de Joseph firent une expérience beaucoup plus profonde encore de l’amour et de la bonté de ce dernier. Et nous, quand nous sommes dépouillés de tout, quand il ne nous reste pas un atome de notre vieux moi, dans lequel nous puissions nous confier, alors il nous est doux de trouver Jésus toujours le même dans Son immuable amour. Agneau de Dieu, tu es digne de notre entière, de notre unique confiance, toi dont l’amour surpasse celui d’un frère !

Encore une fois, mon lecteur, avez-vous ainsi appris à connaître l’amour de Christ ? Le connaissez-vous ? Les pensées de votre cœur à l’égard de Jésus ont-elles été changées ? Vous êtes-vous jamais trouvé en Sa présence, comme les frères de Joseph ? Avez-vous entendu les paroles de Jésus et cru en Dieu qui L’a envoyé ? Dans ce cas, Il vous dit que « vous avez la vie éternelle ». Ne craignez donc point, vous ne viendrez point en jugement, car vous êtes passé de la mort à la vie. Mais nul ne peut dire qu’il a la vraie repentance ou un vrai changement de dispositions, à moins d’avoir été ainsi amené à Jésus seul. Vous n’avez besoin de vous adresser à aucun autre qu’à Lui et vous ne trouverez point de cœur comme le sien. Lui avez-vous confessé vos péchés, à Lui seul ? Avez-vous ainsi été amené à Lui ? Et vous, pauvre âme agitée par le doute, considérez encore cet admirable tableau, représentant la rencontre d’un pauvre pécheur avec Jésus, le Christ ressuscité. Que Dieu vous donne d’entendre Ses paroles d’amour, d’un amour que rien ne saurait exprimer.

Tout le monde dut sortir pendant que Joseph se faisait connaître à ses frères ; cette révélation changea tout d’un coup leurs pensées : leurs cœurs furent amollis par le pardon plein d’amour de Joseph : « Ils étaient tout troublés en sa présence ». Mais il leur dit : « Ne soyez pas en peine ». Admirable type de Jésus. Quand Jésus ressuscité se fit connaître à Ses disciples, se tenant au milieu d’eux, Il leur dit : « Paix vous soit ». Mais ils étaient effrayés et remplis de crainte et croyaient voir un esprit. — Alors, faites attention à Ses paroles pleines de tendresse : « Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi monte-t-il des pensées dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds » (Luc 24, 36-39). Ainsi il fallait que le Christ souffrît, et qu’Il ressuscitât d’entre les morts. « Paix vous soit », dit-Il. Croyez-vous Ses paroles ? Un pardon parfait, éternel, un pardon certain vous est annoncé. Quel amour envers un coupable perdu. Joseph n’eut pas une parole sévère, par un reproche pour ses frères ; Jésus voudrait que nous n’eussions pas une seule pensée de crainte.

Quelque vil qu’ait été l’homme en crucifiant le Seigneur ; quelque vils que nous ayons été en Le rejetant, Il se fait connaître à nous maintenant dans Son amour parfait. Regardez Ses mains et Ses pieds qui ont été percés ; — nos péchés ont été la seule cause de Son agonie et de Sa mort ; — Sa mort nous a procuré la paix, l’éternelle paix. La paix dont jouirent les frères de Joseph, était la paix qu’il leur donna en sa présence ; il n’y avait que paix dans son cœur à leur égard. C’est pour ceci que Jésus mourut, afin que nous eussions la paix par Son sang. Ce ne sont pas nos bons sentiments qui nous donnent la paix, c’est le sang de Jésus ; Il a fait la paix pour nous ; Il est notre paix ; Il mourut pour nos péchés ; Il ressuscita pour notre justification. Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. Joseph pleura sur ses frères, c’en était assez pour fondre le cœur le plus dur. Ils avaient mérité toute sa colère — il leur montre l’amour le plus gratuit.

Dites, pauvre âme craintive, n’est-ce pas là un tableau vivant de ce que Dieu est ? Le père de l’enfant prodigue ne se jeta-t-il pas au cou de son fils ? Eut-il pour lui un regard irrité, une seule parole dure ? Ah ! quand Dieu est ainsi révélé à l’âme tremblante sous le poids de ses péchés, quel changement n’éprouve-t-elle pas dans ses pensées ! La certitude d’un amour qui pardonne brise le cœur ! Dieu veut que nous soyons parfaitement heureux en Sa présence, qu’il ne reste pour nous par un doute, pas un nuage, pas une tache. — Si Dieu dispensa des souffrances à Joseph, afin de sauver la vie à beaucoup de gens, n’a-t-Il pas, par la mort de Jésus, amené à la vie et à la gloire du Christ ressuscité une multitude innombrable de pécheurs perdus ? C’était là le conseil éternel de Dieu, c’est là Son œuvre la plus grande. Les paroles manquent pour exprimer la grandeur de cette œuvre puissante que Dieu a opérée en Christ pour nous en Le ressuscitant des morts. La place que Dieu a donnée à Christ ressuscité, est la même qu’Il a donnée à tous ceux qui croient en Lui, rien ne saurait être plus certain. Joseph n’eut point honte de ses frères devant Pharaon ; Jésus ne prend point à honte de nous appeler Ses frères.

Cher lecteur, avez-vous cru en cet amour immense, en cette merveilleuse puissance ? Dans ce cas vous êtes ressuscité avec Lui. Quels ne devons-nous pas être — morts avec Christ, ressuscités avec Lui pour toujours ! Aussi l’apôtre Paul nous dit-il : « Je vous exhorte donc, par les compassions de Dieu, que vous livriez vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent » (Rom. 12).

Quel changement pour les frères de Joseph ; ils étaient venus, affamés à cause de la disette, oppressés sous le poids de leur péché, chercher un peu de nourriture et, relisez le chapitre 45, ils trouvent un pardon complet, des provisions pour le chemin et des vêtements de rechange pour chacun d’eux ! Quelle bonté sans mesure de la part de Joseph ; aussi quelle joie n’éprouvent-ils pas en sa présence ! Eh oui ! ces mendiants, ces étrangers sont les frères et cohéritiers de Joseph, os de ses os, et chair de sa chair.

Quelque lumineuse que soit cette image, ce n’est encore qu’une ombre de la relation dans laquelle le croyant est placé. Une fois étranger, sans Dieu, ennemi par ses mauvaises œuvres, essayant de cacher et d’oublier ses péchés ; puis convaincu de péché, tremblant, coupable, misérable, affamé en la présence du Dieu de sainteté et de justice, mais aussi du Dieu de grâce.

Quelqu’un me disait un jour : « Ah ! si je savais pour sûr que Dieu m’aime comme Joseph aimait ses frères ! ». « Quand même vous le sauriez, lui répondis-je, cela seul ne suffirait pas pour vous donner la paix ; il faut que vous sachiez, non seulement que Dieu vous aime par pure grâce, que vous n’avez pas un atome de mérite de plus que les frères de Joseph, mais encore, que Dieu est infiniment juste en vous montrant cet amour, à cause de la mort de Jésus ». Cet immense changement, opéré dans la condition et la relation du croyant, ne pouvait être effectué que par le terrible jugement que Jésus, Lui le juste, a subi pour nos péchés mis sur Lui. « Car Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pier. 3, 18). Quel changement, amenés à Dieu ! Une fois, comme tout le monde, morts dans nos fautes et dans nos péchés ; maintenant, ramenés d’entre les morts avec Jésus. Quelle nouvelle existence, quelle nouvelle création ! Un avec Christ, « qui est le commencement, le premier-né d’entre les morts » (Col. 1, 18).

Oui, mes bienheureux frères en la foi, « nous sommes les enfants de Dieu ; héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » (Rom. 8, 16, 17). Notre position devant Dieu en Christ, le commencement de la nouvelle création, est une position « glorieuse », sans tache, ni ride, ni rien de semblable ; sainte et sans reproche. Oui, l’unité du Seigneur ressuscité et de l’Église est tellement réelle que « nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os ». Quelle grâce merveilleuse ; « nous sommes bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ ». « Dieu nous a ressuscités et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 2, 6). Si c’est là notre position en Christ ressuscité, quels ne devons-nous pas être dans toute notre conduite ! Aussi certainement que Joseph, qui avait été rejeté, fut manifesté au temps convenable comme seigneur de l’Égypte, aussi certainement ce Jésus qui a été rejeté sera manifesté, et cela bientôt, dans toute Sa gloire comme Seigneur du ciel et de la terre. Je ne doute pas qu’alors ce type n’ait son accomplissement quant aux Juifs, frères de Jésus ; ils verront Celui qu’ils ont percé et diront : « Que veulent dire ces blessures en tes mains ? ». Et quand ils entendront ces paroles : « Ce sont celles qui m’ont été faites dans la maison de mes amis », la conversion d’Israël sera aussi soudaine que le changement opéré dans le cœur des frères de Joseph ; mais quelque grandes que soient leurs bénédictions et leur gloire terrestres, elles ne seront point comparables à la gloire céleste de l’Église. « Alors le monde connaîtra que le Père nous a aimés comme il a aimé Jésus » (Jean 17, 23).