Chers amis, il nous est bon et précieux de pouvoir regarder au Seigneur ; s’il nous fallait toujours avoir les yeux tournés sur nous-mêmes, non seulement nous ne ferions pas de progrès, mais nous serions entièrement découragés par la pensée du mal qui se trouve en nous. S’enfermer dans l’idée du mal, c’est s’ôter la force de le surmonter.
Il est frappant de constater quelle est la nature de la chair, et quel est l’aveuglement du cœur de l’homme ; quelles misères se placent entre Dieu et nous, pour nous cacher ce que nous devrions voir clairement ; et jusqu’à quel point les pensées du cœur naturel suivent leur cours malgré la présence du Seigneur et nous ôtent la conscience des choses les plus frappantes qui nous entourent. C’est ce que nous voyons dans la scène qui nous est présentée ici.
Le Seigneur Jésus allait accomplir une œuvre qui n’a pas de pareille ; Il allait subir la colère de Dieu pour nous, pauvres pécheurs ; Il traversait des circonstances qui auraient dû émouvoir le cœur de Ses disciples. — Il venait de leur parler, dans les termes les plus touchants, de la pâque qu’Il voulait manger avec eux avant de souffrir ; Il leur avait dit que l’un d’entre eux Le trahirait. Tout cela aurait dû les frapper et remplir leurs cœurs ; mais ils n’y comprenaient rien : ils étaient à se disputer pour savoir celui qui serait estimé le plus grand.
Pour nous, qui lisons ce fait, le rideau est tiré, et nous avons de la peine à comprendre que les disciples aient pu s’occuper de choses pareilles, car nous savons de quoi il s’agissait dans ce moment-là. Et cependant, que de choses peuvent nous distraire nous-mêmes de ce qui occupait alors le cœur de Jésus, quoique nous ayons plus de lumière que Ses disciples. Mais tel est le cœur de l’homme en présence des vérités les plus sérieuses et les plus solennelles ! La mort de Jésus devrait exercer la même puissance, avoir le même prix pour nos cœurs, qu’elle eût dû avoir pour les cœurs des disciples.
Le Seigneur est avec nous quand nous sommes réunis autour de Lui ; mais nous savons quel ordre de pensées traverse souvent, dans ce cas, nos cœurs et nos esprits, et on le voit ici dans les circonstances les plus propres à nous toucher. Jésus dit à Ses disciples que Son sang va être versé pour eux ; « la main de celui qui me livre, ajoute-t-Il, est avec moi à table ;… mais malheur à cet homme » par qui je suis livré ; — alors ils se demandent qui sera celui d’entre eux qui commettra cette action, quand on aurait pu penser qu’ils ne s’occuperaient que de la mort de leur Maître !
« Il arriva aussi une contestation entre eux, pour savoir lequel d’entre eux serait estimé le plus grand ». Hélas ! chers amis, si nous interrogeons nos propres cœurs, nous y trouverons le plus souvent ces deux choses : des sentiments vrais, qui, en réalité, témoignent de notre amour pour Jésus ; mais, peut-être aussi, dans la même demi-heure, des choses qui ne valent pas plus que cette contestation des disciples. Nous apprenons ainsi quelle est la folie et la vanité du cœur de l’homme.
Le Seigneur, toujours plein de douceur et de débonnaireté, s’oublie Lui-même pour s’occuper de Ses disciples ; et Il leur dit : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert ». Il saisit l’occasion pour leur faire comprendre, par Son exemple, quel est l’amour de Dieu, quelle grâce se trouve toujours en Lui, et à quelle fidélité ils sont redevables. C’est comme s’Il leur eût dit : Vous n’avez pas besoin de vous élever, mon Père vous élèvera. « Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans les tentations ». Eh bien ! « je vous confère un royaume, comme mon Père m’en a conféré un, afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table, dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ».
Au lieu de s’irriter au sujet de la misérable conduite de Ses disciples, Jésus leur montre que, s’il n’y a pas de grâce dans les hommes, il y en a dans un homme, c’est-à-dire en Lui.
Cette grâce est parfaite en Jésus, et il y place Ses disciples, quels qu’aient été leurs rapports avec Lui. Il les établit dans la grâce, au lieu de les abandonner à la folie de la chair qui s’était manifestée au milieu d’eux : Je suis tout grâce envers vous, et je vous confie le royaume !
Chers amis, nous sommes placés sous la grâce ; elle fait toujours appel à nous. Elle reconnaît que, malgré toute notre faiblesse, nous avons persévéré avec Jésus ; elle nous en tient compte ; et en vertu de cela le Seigneur nous donne un royaume, comme Son Père Lui en a donné un. Il faut néanmoins que celui qui doit jouir de cette part soit exercé, et que la chair soit mise en évidence devant les yeux de l’homme. Ainsi s’explique la nécessité de toutes les épreuves par lesquelles nous passons ; mais Jésus nous fait persévérer, parce que nous sommes à Lui. S’Il dit à Ses disciples : « Je vous confère un royaume… » ; et vous serez « assis sur des trônes, jugeant les douze tribus d’Israël », Il leur fait connaître aussi ce qu’est la chair.
« Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé ; mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ». Jésus ne dit pas à Pierre : Tu ne seras pas tenté, j’empêcherai Satan de te cribler. Tel n’est pas Son dessein. — Dieu laisse souvent Ses enfants en présence de l’ennemi, sans détruire ce dernier ; mais Il veille en même temps sur les siens, comme nous lisons dans Apocalypse (2, 10) : « Le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés : et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie ».
Pierre aurait pu dire à Jésus : Tu sauras faire que cela ne m’arrive pas, comme Marthe et Marie pensaient que Jésus aurait bien pu empêcher la mort de Lazare ; et en effet, Celui qui peut donner la couronne de vie peut bien aussi nous préserver ; — mais Il ne le fait pas, car il faut que nous soyons éprouvés. Satan avait désiré cribler Job, comme on crible le blé, et Dieu le lui avait permis, et c’est ce qui nous arrive aussi à nous-mêmes. On se demande souvent : Pourquoi Dieu m’a-t-Il placé dans telle ou telle position ? Pourquoi suis-je dans ce creuset ? Ah ! c’est que Satan l’a désiré, et que Dieu le lui a permis.
Il nous arrive souvent des choses dont nous ne savons pas nous rendre compte ; mais elles sont destinées à nous faire découvrir ce qu’est la chair.
Si Dieu veut se servir d’un chrétien pour l’employer à Son œuvre, eh bien ! Il prend celui qui est le plus engagé dans l’épreuve. C’est ce qui est dit ici. Le Seigneur montre que le danger les atteindra tous ; mais Il dit, en s’adressant à Pierre : « J’ai prié pour toi », pour toi en particulier ; car Jésus distingue ici Pierre de tous les autres, parce qu’il s’était plus avancé et était ainsi plus exposé qu’eux tous, quoique tous aient été criblés à la mort de Jésus.
Le Seigneur dit à Pierre : « Quand une fois tu seras revenu, fortifie tes frères ». Voilà ce que Jésus lui présente. Il n’a voulu épargner le crible à aucun de Ses disciples ; mais Pierre devait être le plus éprouvé, et ainsi le plus à même de fortifier ses frères. Toutefois, nous voyons Pierre plein de confiance en lui-même ; il dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort » ; mais Jésus lui dit : « Le coq ne chantera point aujourd’hui, que premièrement tu n’aies nié trois fois de me connaître ».
Au moment où la chair agit en Pierre, elle n’a que la force de le pousser en avant jusqu’à l’heure de l’épreuve ; mais là, elle fait entièrement faillite, et Pierre renie le Seigneur Jésus sous Ses yeux même, car il pouvait voir son Sauveur, quand son cœur était détourné de Lui. Jésus le regardait : néanmoins Pierre Le renie devant une servante, et dit : « Je ne le connais pas ». Il avait été averti ; — mais le Seigneur ne permet pas à la puissance divine de le garder avant ce moment-là, parce qu’il devait faire l’expérience de ce qu’il était lui-même.
Si l’on pense à tout ce que Christ a fait pour Pierre, on verra que pendant tout ce temps Il veillait sur lui ; Sa grâce le devançait, et Il prenait continuellement soin de Son disciple à travers toute la tentation.
La première chose que Jésus lui dit, c’est : « J’ai prié pour toi ». Ce n’est pas la repentance de Pierre qui donne lieu à l’intercession de Jésus ; c’est l’intercession de Jésus qui amène cette repentance. « J’ai prié pour toi » ; — et « Jésus regarda Pierre ».
Judas renie et livre le Seigneur ; et lorsque sa conscience est atteinte, il se suicide. Une fois son crime commis, toute sa confiance s’écroule ; il s’en va et se tue. — En revanche, l’effet de la prière de Jésus pour Pierre est de garder la foi au fond du cœur de Son disciple : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ». Dès que Christ le regarde, Pierre est confondu.
La première chose à remarquer, c’est que le Seigneur avait prié pour Pierre ; la seconde, qu’Il ne le perdait pas un instant de vue. Dès que le coq eut changé, Jésus regarda Pierre, « et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur… et, étant sorti dehors, il pleura amèrement ».
C’est ainsi que le Seigneur agit à notre égard ; Il prie pour nous, et Il nous laisse entrer en tentation. S’Il nous y conduit, Il nous a bien dit de prier pour que nous n’y[1] entrions pas ; mais Dieu permet que nous y passions, parce qu’Il sait bien ce dont nous avons besoin.
Si Pierre avait eu le sentiment de sa faiblesse, il n’aurait pas osé entrer dans la cour du souverain sacrificateur. La tribulation par laquelle il a passé était la conséquence de ce qu’il était dans la chair ; mais Dieu voulait l’employer et le mettre bien en vue dans l’œuvre. — Ce qui a donné lieu à sa chute, c’est sa confiance en lui-même, c’est que sa chair y était en activité.
Dieu agissait en bonté à son égard afin qu’il vît quelle est la puissance du crible de Satan. Les autres disciples n’ayant pas la même force, ni la même confiance en la chair, s’enfuient tout de suite ; mais Dieu laisse celui-ci aux prises avec Satan, et Jésus prie pour lui, afin que, même au milieu de sa chute, sa foi ne défaille pas.
Quand Pierre tombe, Jésus tourne les yeux vers lui ; et l’effet n’en est pas de lui donner la paix, mais de le remplir de confusion et d’amertume : il sort, il pleure, tout est fini. — Il a maintenant appris ce qu’il est. C’était sa faute s’il en était venu là. Son péché était commis, et il n’y avait plus aucun moyen de le réparer ; — le pardonner, oui ; mais l’effacer, impossible. Pierre ne pouvait plus oublier qu’il avait renié le Seigneur ; mais Jésus se sert de cette chute pour le guérir de sa présomption.
Il en est de même de nous. Il nous arrive souvent de commettre des fautes irréparables, parce que nous avons eu trop de confiance en la chair. Quand toute possibilité de les réparer nous est ôtée, qu’y a-t-il à faire ? Une seule chose : nous abandonner à la grâce de Dieu.
Lorsque la chair est trop active, il arrive que Dieu permet des chutes, parce que nous ne sommes pas assez dans la précieuse dépendance qui nous garde.
Jacob avait trop péché contre Ésaü, pour ne pas craindre la colère de celui-ci ; toutefois, Dieu ne le laisse pas dans les mains de son frère dont Il s’occupe Lui-même ; mais Dieu lutte avec Jacob, soutenant en même temps sa foi afin qu’il remporte la victoire ; cependant il a dû sentir dans son cœur ce que c’était d’avoir cédé au mal. — Dieu ne permet pas qu’il soit livré à la méchanceté d’Ésaü ; et Jacob peut dire, à la fin de sa carrière : « Le Dieu qui a été mon berger depuis que je suis jusqu’à ce jour, l’Ange qui m’a délivré de tout mal, etc. » (Gen. 48, 15, 16).
Quand Dieu exerce les cœurs de cette manière, quoiqu’Il les mette quelquefois dans les mains de Satan, Il ne laisse jamais la conscience de Ses enfants dans les mains de cet adversaire. La conscience de Judas y était ; c’est pourquoi il tomba dans le désespoir. Pierre y eut un moment son cœur, mais sa conscience jamais ; aussi, au lieu de tomber dans le désespoir de Judas, l’amour de Jésus, s’exprimant par un regard, toucha son cœur.
Dès que la grâce agit dans le cœur, elle donne le sentiment du péché ; mais la conscience est aussi atteinte du sentiment de l’amour de Christ, ce qui rend le sentiment du péché d’autant plus profond ; mais s’il est profond, c’est parce que le sentiment de l’amour de Christ est profond.
Pierre n’a jamais pu oublier son péché, quoique son pardon fût parfait. Non seulement cela, mais sa conscience était entre les mains de Jésus quand le Saint Esprit lui révélait la plénitude du cœur du Seigneur. Sa conscience étant entièrement purifiée, il put accuser les Juifs du péché qu’il avait commis lui-même dans les circonstances les plus graves. « Vous avez renié le Saint et le Juste », leur dit-il. — Le sang de Christ avait pleinement purifié sa conscience ; mais s’il s’agissait de la puissance de sa chair, il avait toujours à dire de lui-même : Quant à moi, j’ai renié le Seigneur et, si ce n’était par pure grâce, je ne pourrais ouvrir la bouche.
Dans les conversations que Jésus eut avec Pierre après son reniement, Il ne lui rappelle pas un seul instant son péché ; Il ne lui dit pas : Pourquoi m’as-tu renié ? Au contraire, Il agit selon cette parole d’amour du Saint Esprit : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ». — Jésus a tout oublié. — Mais Il avait à montrer à ce pauvre Pierre où était la racine de son péché et où il avait manqué. La tentation de Satan et le manque d’amour de Pierre avaient produit sa chute, détruit sa confiance ; mais maintenant sa conscience est atteinte, et son intelligence spirituelle se forme. Il s’était vanté d’aimer Jésus plus que tous les autres, et il avait manqué plus qu’eux tous.
Alors Jésus lui dit : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? ». Où est maintenant cette confiance que Pierre avait en lui-même ? Trois fois Jésus lui dit : « M’aimes-tu ? » mais Il ne lui rappelle pas son histoire. Pierre répond : « Tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime ».
Voilà ce que Jésus a fait pour l’âme de Pierre, et après sa chute.
Le Seigneur avait prédit la chute ; et maintenant Il dit : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ». Pierre ne peut rien répondre, sinon qu’il a fait la connaissance de toute sa faiblesse, qu’il a moins aimé Jésus que tous les autres. — La relation entre Jésus et Pierre est entièrement basée sur la grâce ; il n’a d’autre ressource que de se confier en Lui. Maintenant il peut être un témoin de Jésus : il a éprouvé la puissance de Son regard.
Je m’en rapporte à toi, dit Pierre ; tu sais que je t’ai renié, mais « tu sais que je t’aime » ; fais ce que tu voudras de moi. Alors Jésus soutient le cœur de Son disciple, afin que Satan ne lui ravisse pas sa confiance, et Il peut lui dire : « Pais mes agneaux ». — Qu’est-ce qui l’a rendu capable de fortifier ses frères (Luc 22, 32) ? C’est que, par son reniement, il a tellement appris ce qu’est la chair, qu’il ne s’engage plus à rien ; il sait qu’il n’a pas autre chose à faire qu’à s’en rapporter à Dieu. Quelle qu’ait été son incapacité pour résister à Satan, il peut en appeler à la grâce de Celui qui sait tout. Ce qui peut le rendre fort, c’est de savoir qu’il n’a qu’à compter sur Jésus. — En rappelant à Pierre l’incapacité de la chair, le Seigneur lui confie Ses brebis : « Pais mes agneaux », lui dit-Il ; « Sois berger de mes brebis » ; et c’est alors seulement qu’il est capable de fortifier ses frères.
La chair a toujours confiance dans la chair, nous tombons souvent dans cette folie. Il faut alors que nous fassions la connaissance de nous-mêmes en étant aux prises avec Satan, et il n’y a pas un seul chrétien qui n’ait dû acquérir cette connaissance, par le moyen des circonstances où il s’est trouvé placé. Dieu nous laisse criblés par Satan, afin que nous connaissions nos propres cœurs. S’il y avait chez nous assez de fidélité et assez d’humilité pour dire : Je ne puis rien sans toi, Dieu ne nous ferait pas faire ces tristes expériences. Si nous sommes entièrement faibles, Dieu ne nous laisse jamais ; mais si nous n’avons pas conscience de notre infirmité, il faut que nous en fassions l’expérience.
Quand le chrétien ne marche pas dans le sentiment continuel de cette infirmité, Dieu le laisse en présence de Satan, afin que, par ce moyen, il apprenne à se connaître. C’est alors qu’il fait des chutes, très souvent irréparables ; et cela est profondément triste.
Jacob boita toute sa vie. Pourquoi ? Parce qu’il avait boité moralement pendant vingt et un ans. Il traversa une lutte pénible, dans laquelle il put sentir qu’il n’était qu’un être faible dans la chair, quoique Dieu ne l’ait pas laissé entre les mains d’Ésaü.
Ainsi, nous ne devons pas être surpris si le Seigneur nous place dans les difficultés ; s’Il le fait, c’est qu’il y a quelque chose en nous qui doit être maté, et dont nous avons besoin d’avoir conscience ; mais la grâce est toujours derrière tout cela. — En Christ tout est grâce ; et s’Il paraît nous laisser quelquefois pour nous faire connaître notre faiblesse, c’est encore la grâce, la grâce parfaite.
Avant sa chute, Jésus avait dit à Pierre : « J’ai prié pour toi » ; car la grâce nous prévient toujours.
Jésus voit ce que Satan désire, et Il nous abandonne à ce désir ; mais Il nous dit : Je ferai encore une chose pour toi, c’est que tu sois gardé. Ce n’est pas lorsque Pierre a regardé le Seigneur, mais c’est quand Jésus le regarde, qu’il pleure amèrement. L’amour de Christ prévient toujours les siens. Il nous accompagne, il va au-devant de nos difficultés, il traverse tous les obstacles. Tandis qu’Il nous laisse entre les mains de Satan, pour que nous fassions l’expérience de ce que nous sommes, Il est toujours là, pour nous, et Il sait nous mettre à l’abri des ruses de l’ennemi. Cela nous fait voir la bonté et la grâce parfaites de Celui qui ne nous aime pas seulement quand nos cœurs sont tournés vers Lui, mais qui s’occupe de toutes les fautes de notre caractère, pour nous bénir pleinement à la fin selon les pensées de Dieu.
Tout cela devrait nous enseigner à nous humilier sous la main puissante de Dieu, afin qu’Il nous élève quand le temps sera venu.
Quand je me trouve abattu et affligé, en pensant à moi-même, après une chute, je n’ai pas, chose naturelle en pareil cas, à chercher immédiatement des consolations, mais à me placer tout d’abord en présence de Christ qui est là, afin d’apprendre la leçon que Dieu m’a préparée et veut me donner.
Si, quand vous passez par des circonstances pénibles, vous dites que vous ne pouvez comprendre le but de Dieu, Dieu le connaît : Il vous y laisse pour être criblés, et pour vous amener ensuite, par ce moyen, à une connaissance plus profonde et de Lui et de vous-même. Il veut vous faire voir tout ce qu’Il a vu en vous ; de sorte qu’Il ne vous faut pas chercher à éloigner le crible, mais vous appliquer à recevoir l’instruction que le Seigneur vous donne ; alors vous acquerrez une connaissance beaucoup plus profonde de ce qu’Il est pour nous. Il nous faut savoir demeurer sous Sa puissante main, jusqu’à ce qu’Il nous relève.
Que Dieu nous donne de Le connaître Lui ! S’il ne s’agissait que de nous connaître nous-mêmes, nous serions abattus et découragés ; mais, dans la connaissance que Dieu nous fait faire, et de nous-mêmes, et de Sa grâce, Il veut nous bénir. Nous pourrons dire alors : « Oui, la bonté et la gratuité me suivront tous les jours de ma vie, et mon habitation sera dans la maison de l’Éternel pour de longs jours ! ».
Sur 2 Corinthiens 12
Il y a un grand contraste entre le commencement et la fin de ce chapitre ; entre Paul ravi au troisième ciel, et les chrétiens de Corinthe ; entre ce qu’un chrétien doit être, et ce qu’il peut être.
Un grand privilège nous est présenté ici, et il est utile de le considérer. Paul s’appelle « un homme en Christ » (v. 2) ; c’est là le caractère de tout chrétien et de toute l’Église. Paul ne fut pas ravi en qualité d’apôtre, mais en qualité d’homme en Christ. Celui qui est « en Christ » est « une nouvelle création », et si nous sommes chrétiens, nous participons chacun de ce caractère. Paul se met sur la même ligne que le reste de l’Église. Par l’Esprit, nous participons tous au même privilège, quoique le degré de cette participation soit différent. Nous sommes vivifiés ensemble avec Christ, ressuscités ensemble avec Christ, assis ensemble en Christ dans les lieux célestes : il n’y a point de lieu où la foi ne puisse pénétrer.
Paul n’a pas reçu au troisième ciel une révélation qu’il pût communiquer ; au contraire, il a entendu des mystères qu’il ne lui était pas possible de révéler (v. 4). C’est l’homme en Christ qui y est allé, et non l’apôtre. Il y va saisir la présence de Dieu, et y puiser sa force. Quand l’œil de la foi pénètre jusque-là, nous trouvons de la force pour marcher devant Dieu en toute circonstance. C’est là une communion de l’âme avec Dieu, une source de force, et non une révélation que l’on puisse communiquer. Ce n’est pas encore la gloire de Christ lors de Son retour, mais c’est une communion avec Dieu à laquelle le corps ne peut participer, ou tout au moins à laquelle il devient insensible : « Si ce fut dans le corps, je ne sais ; si ce fut hors du corps, je ne sais ». Le principe de cette communion appartient à l’Église, quoique le degré n’en soit pas le même que pour Paul ; mais le privilège de la communion avec Dieu nous est commun avec lui.
Il y a, dans l’épître aux Éphésiens, chapitre 1, 17-18, et 3, 16-19, deux prières fort différentes. — La première a pour objet la connaissance de la gloire de Christ, cette grande espérance de l’Église ; la seconde demande que nous ayons communion avec Dieu, pour être fortifiés dans l’homme intérieur par le Saint Esprit ; elle demande que Christ habite dans nos cœurs par la foi, pour que nous soyons enracinés et fondés dans l’amour, et que nous soyons remplis de Sa connaissance, jusqu’à la plénitude même de Dieu. Si nous contristons le Saint Esprit en recherchant les choses d’ici-bas, l’homme intérieur en est aussitôt affaibli.
Paul pouvait se glorifier dans ses infirmités (v. 9), parce qu’il avait senti que sa force était en Dieu. Si, dans sa faiblesse, il a été l’instrument de la conversion de tant d’âmes, c’est que la puissance de Dieu agissait avec lui. Il se plaisait dans les persécutions, dans les infirmités, dans tout ce qui ne favorise pas la chair. Du moment qu’il retrouve la conscience de sa présence en la chair, celle-ci veut s’élever et l’écharde lui est donnée (v. 7).
La chair cherche des soulagements ; elle craint les combats, les difficultés ; mais Dieu ne veut pas la soulager aux dépens de l’âme. On peut demander avec ardeur le soulagement d’infirmités, ou la délivrance de circonstances pénibles, mais Dieu ne l’accorde pas toujours. Notre dépendance de Lui en est alors augmentée. Nous devons non seulement nous attendre à des infirmités, mais encore désirer y prendre plaisir, pour voir la puissance de Christ se manifester en nous.
L’écharde dans la chair a été donnée à Paul, afin qu’il ne s’élevât pas. C’était quelque chose qui le rendait méprisable dans sa prédication (Gal. 4, 13, 14), un contrepoids à la gloire dont il avait joui. Nous n’aurons pas, sans doute, la même écharde, mais Dieu nous enverra toujours celle qui nous convient.
C’est Satan que Dieu emploie contre la chair ; Paul parle de son écharde en disant : « Un ange de Satan pour me souffleter ». — La chair se montre dans quatre circonstances :
1º Avant la conversion, sous la domination de Satan, la conscience étant endurcie. C’est le cas de Judas, qui aimait l’argent, et qui était voleur. Quand il eut pris le morceau, Satan entra en lui pour l’amener à commettre l’iniquité sans aucune entrave, et pour le livrer ensuite au désespoir quand il aurait vu l’effet de son crime.
2º Au moment où l’Esprit de Dieu agit pour la conversion, Satan offrant à l’âme des occasions pour la séduire.
3º Après la conversion : la chair est encore présente ; le Saint Esprit, sceau de la rédemption, n’a pas encore accompli pleinement Son œuvre en nous ; on est faible alors, comme l’était Pierre. — Pierre s’oppose à Christ, presque dans toutes les circonstances, même avec les traits les plus aimables. Avant la transfiguration, quand Jésus parle de Ses prochaines souffrances, Pierre Le reprend avec affection, mais selon la chair ; Jésus lui dit : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (Matt. 16, 21-23). La chair de l’apôtre était encore sous l’action de Satan.
4º Après la conversion : Satan désire nous cribler comme le blé, par le moyen de la chair. Jésus l’annonce à Ses disciples et prie particulièrement pour Pierre en qui la chair était puissante, car il se mettait en avant dans toutes les occasions. Du reste, en toute circonstance, la chair est opposée à Christ. Jésus dit aux disciples : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ». Ce n’est pas encore entrer dans le péché. L’effet de l’Esprit chez Christ est la prière ; aussi quand la tentation arrive, Il est parfaitement calme. Mais les trois disciples sont endormis de tristesse, et quand la tentation survient, ils sont surpris par elle.
Tout ce qui pouvait briser le cœur du Seigneur était réuni contre Lui, mais Il demeure calme ; quand Judas Le trahit par un baiser, Il se soumet, se laisse prendre et subit le comble de l’humiliation. Pendant ce temps, loin de se soumettre, Pierre tire l’épée. — La chair nous pousse dans la tentation, mais n’y soutient personne. Elle pousse Pierre dans la cour du souverain sacrificateur. Jésus y fait une magnifique confession de Sa qualité de Fils de Dieu, tandis que Pierre, poussé par Satan, Le renie. En toutes choses, la chair est opposée à Christ, et pourtant Pierre aimait beaucoup Jésus.
Après avoir reçu le Saint Esprit, Pierre agit encore selon la chair, comme nous le voyons en Galates 2, 11. Toutes les fois qu’un chrétien agit selon la chair, ce qu’il y a en lui de piété sanctionne et autorise aux yeux des autres ce qu’il fait. Quand la chair agit dans le chrétien, les effets en sont, pour cette raison, bien plus funestes que dans un inconverti. Pierre, par son exemple, entraînait tous les Juifs, même l’apôtre Barnabas, dans la dissimulation.
Être dans le troisième ciel ne change rien à la chair. Mais une fois que celui qui avait été ravi en est descendu et qu’il rentre dans la conscience de son existence d’homme sur la terre, sa chair veut profiter de la grâce dont il venait de jouir pour élever à ses propres yeux l’homme ainsi favorisé. Elle dit à Paul : Personne d’autre que toi n’a été dans le troisième ciel. C’est alors que l’ange de Satan a la permission de le souffleter ; cet ange devient même l’instrument de la bonté de Dieu pour châtier Son enfant. Dieu ne fait pas cela Lui-même, mais Satan, qui aime à faire du mal aux enfants de Dieu, est employé comme instrument pour mater la chair, quand elle veut s’élever.
Ce sont les circonstances pénibles à la chair qui ont le plus de profit pour nos âmes. Il serait inutile à un père d’infliger à son enfant un châtiment qui n’en serait pas un aux yeux de cet enfant ; Dieu fait de même à notre égard. La puissance de Dieu en nous, aussi bien que notre faiblesse, se manifestent dans les difficultés. Quand une chose pénible se trouve devant nous, Dieu dit : « Ma grâce te suffit » ; et Sa force s’accomplit dans l’infirmité du vase. Dieu veut nous introduire en Sa présence avec une joie que la chair n’aura pas gâtée ; et tout ce qui nous fait sentir la chair d’une manière douloureuse, nous est particulièrement profitable.
Deutéronome 8
Ce chapitre nous présente toutes les ressources par lesquelles Dieu pourvoit aux besoins de Son peuple, pendant la traversée du désert : ressources inconnues à la chair, et qu’elle ne saurait imaginer. Dieu place Ses enfants dans des positions où toute ressource humaine fait défaut, et en agissant ainsi Il a deux buts : l’un est qu’ils se connaissent eux-mêmes ; l’autre, qu’ils connaissent les voies de Dieu à leur égard.
Dieu ne change jamais, suivant les cas, les principes de Son gouvernement ; par exemple, Il ne peut souffrir le péché et Il agit toujours en conséquence. Un chrétien spirituel peut donc connaître d’avance en quel sens Dieu agira dans tel ou tel cas. Il est très important pour nous de retenir cette vérité que Dieu ne change pas. Dieu peut changer dans Ses voies : c’est ainsi qu’Il avait placé Son peuple sous la loi, qu’Il a placé maintenant l’Église sous la grâce, et que plus tard Il la placera dans la gloire ; mais Il a des principes qui ne changent pas.
Les circonstances aussi peuvent varier ; les Israélites ont pu être chassés de leur terre, etc. ; mais, quant au fond, Dieu ne change pas ; et si les moyens qu’Il emploie sont différents, le but auquel ils conduisent, et qui est Sa gloire, est toujours le même.
Quant au salut, c’est toujours par le même principe que Dieu sauve : Abraham, et tous les hommes de Dieu des économies les plus reculées, n’ont pas été sauvés par un autre moyen que nous, c’est-à-dire par le sang.
Dieu prend connaissance de tout, et c’est selon la lumière que nous avons reçue qu’Il nous juge. Il dit à Son peuple : « Vous périrez entièrement : comme les nations que l’Éternel fait périr devant vous » (Deut. 8, 19, 20). C’est là le principe du gouvernement de Dieu : quand le péché est à son comble, Dieu le punit. Il avait fait ainsi à l’égard des Amoréens et d’autres nations, et déclarait à Son peuple qu’Il agirait ainsi à son égard.
Dieu donc, dans Son gouvernement ici-bas, agit toujours de même. Il tient à Sa gloire, et Il agit toujours pour la manifester. Il n’est pas une de nos actions qui n’ait une grande conséquence, car les plus petites peuvent nous priver de bénédictions par suite du gouvernement de Dieu qui est constamment en activité. Il est vrai que, souvent, un homme malgré son infidélité reçoit encore des bénédictions, parce que Dieu veut magnifier ainsi Sa miséricorde ; cependant, quoi qu’il en soit, tout porte ses conséquences, soit intérieurement pour l’âme, soit extérieurement par des châtiments.
Ce que je trouve de précieux à remarquer dans ce chapitre, c’est que nous y voyons le désir de Dieu qu’Israël se souvînt de sa position dans le désert ; position de dépendance totale, car il n’avait rien par lui-même, et recevait par miracle tout ce qui lui était nécessaire. Nous chrétiens, qui sommes sauvés et introduits dans le désert, nous y sommes aussi placés dans des circonstances analogues, et entourés de bénédictions, telle, par exemple, la communion fraternelle dont nous jouissons, alors que nous pourrions être isolés. Mais, si les bénédictions accordées à Israël produisaient, comme nous le voyons dans ce chapitre, deux maux : celui de les éloigner de Dieu, et celui de leur faire oublier leur dépendance (v. 17), nous avons à craindre aussi que les bénédictions dont nous jouissons ne produisent de pareils effets sur nous. Il faut, pour le chrétien, que ce monde soit comme une terre aride, un désert altéré et sans eau, et que toutes ses jouissances soient dans les lieux célestes : s’il les trouve ici-bas, c’est que sa chair n’est pas mortifiée ; il est dans un mauvais état et n’y doit pas rester. Dieu nous a donné assez de bénédictions spirituelles pour qu’en elles nous soyons satisfaits. Nous pouvons nous réjouir dans la Parole de Dieu, qui présente à l’homme spirituel la connaissance des pensées et des conseils de Dieu à notre égard. Si nous y puisons, notre âme aura un immense trésor de jouissances, et pourra se passer de toutes celles qu’offre le monde. — Que Christ donc devienne notre tout ; dépouillons-nous de tout ce qui n’est pas de Lui, afin qu’Il soit le seul objet de nos cœurs ; c’est là le vrai progrès ; c’est là que se trouvent nos vraies jouissances.
Israël ne devait pas s’arrêter à la jouissance des dons de Dieu, ni en prendre occasion pour oublier Dieu Lui-même (v. 11-15). Le chrétien doit aussi prendre garde qu’en jouissant des bénédictions, il n’oublie Celui de la main duquel il les tient, et sa dépendance immédiate de Dieu. Le cœur peut se retirer de Lui longtemps avant qu’Il retire Ses bénédictions, et l’on peut encore en jouir après s’être éloigné de Lui. Mais si l’on se demandait : Jouissant de telle et telle bénédiction extérieure, mon cœur est-il réellement en communion avec Jésus ? Est-ce Lui-même qui est ma joie ? Ai-je le sentiment de ma faiblesse ? on serait souvent obligé de répondre par la négative. Fussions-nous dans les circonstances extérieures les plus favorables, si notre cœur n’est pas en communion avec Dieu, nous sommes faibles contre la tentation ; et c’est une chose importante à considérer, car les conséquences en sont immenses.
Nous trouvons dans l’histoire d’Israël la preuve que le cœur peut se retirer de Dieu, longtemps avant que Dieu retire Ses bénédictions. Que d’années s’écoulèrent après qu’Israël eut oublié l’Éternel, sans que Dieu manifestât cet état par le jugement ! Que de fois nous jouissons de la communion fraternelle et de la Parole de Dieu, quand depuis longtemps nous avons oublié notre faiblesse et notre dépendance ! C’est en marchant dans la communion avec Dieu qu’on est gardé ; et voilà ce que signifiait cette parole de Moïse au peuple : « Prends garde à toi » (v. 11).
Que de fois nous avons pu sentir que nos circonstances journalières ont pour but de nous humilier ! Que de connaissance pénible nous avons faite ainsi de nous-mêmes ! Que de fois nous avons dû constater notre incrédulité, quand nous avons été mis à l’épreuve ! Dieu nous fait donc marcher dans le désert, afin de nous humilier et de nous éprouver, pour nous faire connaître ce qu’il y a dans notre cœur, si nous garderons Ses commandements ou non.
La manne était une chose inconnue aux Israélites, quand ils entrèrent dans le désert (v. 3) ; leurs pères ne l’avaient pas non plus connue, et des hommes n’auraient rien pu faire pour la produire. C’était leur dépendance. Si Dieu eût oublié seulement un ou deux matins de la leur envoyer, ils eussent péri. L’eau du rocher était aussi une chose miraculeuse : il n’y avait point d’eau dans le désert, mais Dieu leur en procura. Il n’y avait point non plus de chemin tracé dans le désert, et ils eussent pu s’y égarer, sans la colonne miraculeuse de nuée qui les conduisait. Mais ce n’est pas seulement en vue de grandes choses que Dieu s’occupait de Son peuple, et qu’Il s’occupe de nous, dans le désert ; nous pouvons admirer Ses soins précieux dans les plus petites choses. Il a pour nous des soins généraux et des soins particuliers. Voyez le verset 4 : « Ton vêtement ne s’est point usé sur toi, et ton pied ne s’est point enflé, pendant ces quarante ans ». Israël remarquait peut-être à peine que la trame de son vêtement restait la même. Que de soins de détail Dieu prend aussi de nous, sans même que nous y fassions attention !
Nous trouvons en Ésaïe 40, 29 à 31, après la description de la grandeur de Dieu et des merveilleux effets de Sa puissance, l’expression de ces soins minutieux de la tendresse de notre Père. Dieu donc ne nous oublie pas, et le Seigneur Jésus, voulant que nous sachions de quel prix nous sommes pour le cœur de Dieu, a dit : « Vous valez mieux que beaucoup de passereaux » (Luc 12, 7).
Il veut que, dans le désert, nous nous souvenions de ces deux choses : l’une, que c’est Lui qui nous a rachetés du monde, comme Il avait racheté Son peuple d’Égypte ; l’autre, que c’est Lui qui, dans le désert, nous soutient de moment en moment. C’est quand nous réalisons notre dépendance immédiate de Dieu, que nous sommes forts et que nous pouvons résister au diable. Mais quand nous oublions cette dépendance, nous sentons moins la nécessité de la communion avec Dieu ; nous la négligeons, et nous attribuons la bénédiction à nous-mêmes : « De peur… que tu ne dises dans ton cœur : Ma puissance et la force de ma main m’ont acquis ces richesses » (v. 17).
Verset 11. « Prends garde à toi, de peur que tu n’oublies l’Éternel, ton Dieu, pour ne pas garder ses commandements ». Quand on est dans la présence de Dieu, la conscience observe Ses commandements ; alors ils ne sont pas pénibles, et quand on est avec quelqu’un qu’on aime, comment oublier ce qu’il nous a commandé ? — Rappelons-nous que, sans la communion avec Dieu, les bénédictions même nous mettent en danger de nous élever. Nous sommes dans le désert, mais nous y sommes avec un Père tendre qui prend soin de nous.
Psaume 23
La chose la plus difficile à l’homme, est de se contenter de Dieu. Un chrétien, même spirituel, aurait bien de la peine à passer trois journées rien qu’avec Lui. Quel vide il éprouverait, quel besoin de communication avec d’autres !… Les rapports fraternels sont certainement des choses bonnes à leur place ; mais le Seigneur veut nous amener à jouir de Lui seul, et à nous reposer sur Lui seul. À cet effet, Il permet que nous rencontrions dans le chemin bien des circonstances qui brisent notre cœur et qui nous révèlent le néant de tout ce qui n’est pas Lui. Il veut que nous soyons satisfaits de pouvoir dire : « Tu es avec moi » (v. 4), sans nous appuyer sur aucun autre. Ce qui nous rend difficile de nous contenter de Dieu, c’est la faiblesse de notre foi et les diverses convoitises de nos cœurs qui nous font rechercher mille autres choses que Lui.
Jésus, dans Sa grâce ineffable, a pris relativement au Père, la place qu’Il voulait nous faire prendre relativement à Lui-même. C’est pourquoi, quoiqu’Il soit réellement le berger, comme nous lisons en Jean 10, Il a voulu premièrement prendre la place de brebis, comme nous le voyons dans ce psaume. Il a voulu passer le premier dans le chemin raboteux que nous devions suivre pour en connaître par expérience les difficultés. Et c’est dans ce chemin qu’Il a pu dire : Je ne manquerai de rien… ; tu me mènes à des eaux paisibles… ; tu me conduis dans des sentiers de justice. Il a pu le dire, dans un chemin terrible pour la chair, dans le chemin de l’abnégation jusqu’à la mort, parce qu’Il savait se contenter de Dieu tout seul : « Tu es avec moi ». Voilà ce qui rendait pour Lui ce chemin uni. Pour Lui, la table était dressée : Dieu et Sa volonté ; c’était là, pour ainsi dire, ce qui y était servi, Sa nourriture cachée au monde, dans laquelle Il prenait tout Son plaisir et qui restaurait Son âme.
Il savait se contenter du Père : « Je ne suis pas seul, car le Père est avec moi ». Ce n’est pas qu’Il méprisât Ses disciples ; au contraire, Il les aimait avec la plus grande tendresse, et, comme homme, Il eût voulu être entouré d’eux dans Ses souffrances : « Demeurez ici avec moi ». Mais Il fut seul dans Son angoisse, et Il dit : « Pourquoi es-tu abattue, mon âme, et es-tu agitée au-dedans de moi ? Attends-toi à Dieu ; car je le célébrerai encore : sa face est le salut » (Ps. 42). « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi ».
Il est impossible que l’âme qui marche ainsi appuyée sur Dieu seul, et qui se complaît en Lui seul, ne trouve pas le chemin uni et ne puisse dire, même après une journée d’épreuves et de fatigues : Tu me fais reposer dans de verts pâturages ; car, si au milieu de toutes ces circonstances difficiles, elle s’est nourrie de Dieu et a su se contenter de Lui, tout sera pour elle « de verts pâturages » et « des eaux paisibles ».
Chers amis, ce qu’était le Père, pour Jésus, dans ce chemin où Il prenait notre place, Jésus l’est pour nous qui sommes « Ses brebis ».