L’aveugle mendiant

Marc 10
1862

[Série de traités chrétiens n° 16]

« Comme Jésus partait de Jéricho avec ses disciples et une grande troupe, un aveugle, nommé Bartimée, c’est-à-dire fils de Timée, était assis auprès du chemin, demandant l’aumône. Ayant entendu que c’était Jésus de Nazareth qui passait, il se mit à crier et à dire : Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! Plusieurs le reprenaient, pour le faire taire, mais il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi ! Et Jésus s’étant arrêté, dit qu’on l’appelât. Ils appelèrent donc l’aveugle, lui disant : Prends courage, lève-toi, il t’appelle. Et jetant son manteau, il se leva et vint vers Jésus. Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? Et l’aveugle dit : Maître, que je recouvre la vue. Et Jésus lui dit : Va-t’en, ta foi t’a sauvé. Et incontinent il recouvra la vue, et il suivait Jésus dans le chemin » (Marc 10, 46-52).

Aux yeux de Dieu, tous les hommes, par nature, sont dans un même état, une même condition. Les hommes font des distinctions, mais Dieu n’en fait point. Il n’a point égard à l’apparence des personnes. Le Seigneur ne voit pas comme l’homme voit, car l’homme regarde à l’apparence, mais Dieu regarde au cœur. C’est avec le cœur qu’Il a affaire. « Le cœur, dit l’Écriture, est trompeur par-dessus toutes choses, et désespérément malin » (Jér. 17, 9). Non pas seulement le cœur d’une certaine classe d’hommes, mais celui de tout le genre humain : comme il est écrit : « Tous ont péché, et sont privés de la gloire de Dieu ». « Il n’y a point de juste, non, pas même un seul » (Rom. 3, 23, 10). Comme donc, dans la pensée de Dieu, tous les hommes sont dans un seul et même état ; ainsi, de même, selon les richesses de Sa grâce, Il a préparé un seul chemin pour les faire sortir de cette position. Ses gracieuses paroles sont à un, comme à tous : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. 10, 13), et ce message est adressé au monde entier sans aucune exception ; car le mot « quiconque » embrasse tout. Parmi les autres passages de la Parole de Dieu, venant à l’appui de cette vérité, nous avons le récit suivant, qui nous montre que l’appel du plus chétif reçoit une réponse du Seigneur. Jésus était sur le chemin de Jérusalem, accompagné de Ses disciples et environné d’une multitude de gens qui, tous, semblaient désireux de témoigner leur considération pour Sa personne, en Lui conférant tous les honneurs extérieurs qu’il était en leur pouvoir de conférer. De plus, ils Le conduisaient comme roi d’Israël, en triomphe à Jérusalem, qu’ils imaginaient devoir être dorénavant la capitale de Son royaume. Là aussi était assis de l’autre côté du chemin, l’aveugle Bartimée qui mendiait. Remarquez — cet homme n’était pas seulement aveugle, mais il était aussi mendiant, ce qui le rendait l’objet de la pitié et du mépris des hommes.

Mais que fit le mendiant ? « Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth qui passait, il commença à crier et à dire : Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! ». Mais qu’y a-t-il de remarquable en ceci ? — C’est la foi, cette foi précieuse qui croit simplement à la divinité de la personne de Jésus. Ses incrédules concitoyens, quoique accordant au Seigneur des honneurs temporaires, ne L’appelaient que du nom méprisable de Jésus de Nazareth ; mais lui pouvait L’honorer de son titre légitime de Jésus, Fils de David, le Sauveur longtemps promis et attendu. Ayant cette foi, il savait que Jésus voudrait et pourrait l’aider. Tout ce qu’il pouvait faire cependant, était de crier à Lui. Et cela, cher lecteur, est tout ce qu’un pauvre pécheur peut et doit faire.

Tous sont pécheurs devant Dieu, et il n’y a qu’un Sauveur. « Celui qui aura cru, et qui aura été baptisé, sera sauvé ; mais celui qui n’aura point cru, sera condamné ». « Celui qui croit ne sera point condamné, mais celui qui ne croit point, est déjà condamné, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (Marc 16, 16 ; Jean 3, 18).

Pécheurs, croyez-vous en ce Sauveur ? S’il en est ainsi, appelez-Le, comme ce mendiant, et, certainement, tout aussi bien que lui, vous aurez sujet de vous réjouir en Jésus. Sinon, quel autre sauveur pouvez-vous espérer de trouver ? Vous n’avez pas de meilleure espérance pour le salut de votre âme immortelle que l’aveugle mendiant n’en avait pour le recouvrement de sa vue : et bientôt ce Sauveur ne vous sera plus offert. Bientôt Sa prophétie sera accomplie : — « Vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel » (Marc 14, 62).

Mais quel fut le résultat du cri du mendiant ? — « Plusieurs le censuraient afin qu’il se tût ».

Puisque les gens qui accompagnaient Jésus regardaient avec mépris et comme indigne de leur attention ce pauvre nécessiteux, combien plus devait-il leur paraître indigne de l’attention de Celui qu’ils accompagnaient ! Un roi, écouter le cri d’un mendiant aveugle ! « Tais-toi ! » disaient-ils, « tais-toi ! ».

Le mendiant, toutefois, ne prit pas garde à leurs cruelles paroles. Il savait trop bien ce qu’était l’aveuglement et qu’aucun de ceux qui lui commandaient de se taire ne pouvait l’en délivrer : il avait entendu et cru que Jésus possédait ce pouvoir, et les vaines paroles de la multitude ne pouvaient l’empêcher d’en chercher la preuve : c’est pourquoi « il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi ! ». D’ailleurs c’était la seule occasion, peut-être, qu’il aurait jamais, Jésus passait. Une profonde connaissance de son pitoyable état traversa à l’instant son âme et le pressa de crier : « Aie pitié de moi ! ». Il n’y avait pas de temps à perdre, Jésus était tout près ; mais s’il négligeait d’appeler, Il serait bientôt trop loin pour entendre. Ce moment perdu, l’aveuglement et la misère étaient son partage tout le temps de sa vie.

Si vous voulez obtenir, cher lecteur, le salut qui est en Jésus Christ, vous devez imiter la conduite de ce pauvre aveugle, et ne pas vous inquiéter de ce que les hommes peuvent dire. Ils voudraient vous forcer à vous taire ; mais si vous vous sentez « malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu » (Apoc. 3, 17), que leurs efforts insensés ne vous empêchent pas de crier, et de crier toujours plus fort : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! ». « Ô Dieu, aie pitié de moi qui suis un pécheur ! ». Le pardon est ce dont vous avez besoin. Les hommes ne peuvent vous le donner. Ils sont tous comme vous — coupables. La condamnation est près de tomber sur eux. Peu importe quant à vous. Vous êtes coupable, que les autres le soient ou non. Leur punition ne diminuera pas la vôtre. Vous devez crier, que les autres le fassent ou non. Plus les hommes cherchent à vous imposer silence, plus vous devez crier. Car, rappelez-vous que le temps actuel est le seul pendant lequel vous puissiez être entendu. Jésus est près maintenant, mais Il passe : « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut » (2 Cor. 6, 2). Il n’y a point de temps à perdre : cette nuit ton âme peut t’être redemandée. Or le jour de la grâce, le jour de l’exercice de la miséricorde de Dieu envers le monde peut finir au coucher du soleil, et le jugement peut être près. Maintenant est le temps de la patience de Dieu ; mais bientôt, oui, bientôt, il sera passé. La porte du pardon est à présent ouverte ; mais « quand une fois le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous vous mettrez à frapper et à dire : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !… il vous répondra :… Je vous dis que je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous qui faites le métier de l’iniquité » (Luc 13, 25, 27).

C’est pourquoi crie maintenant, tandis que le jugement est retardé. Dieu a encore l’oreille inclinée pour t’entendre ; mais dans peu, très peu de temps, Il ne le voudra plus ; Lui et Sa gloire seront loin, tandis que des ténèbres éternelles et le désespoir t’environneront. Si tu ne cries pas maintenant, le jour vient promptement, dans lequel tu crieras, mais ce sera aux montagnes et aux rochers : « Tombez sur nous, et cachez-nous de devant la face de Celui qui est assis sur le trône, et de devant la colère de l’Agneau ; car le grand jour de sa colère est venu, et qui pourra subsister ? » (Apoc. 6, 16, 17). Crie maintenant, afin qu’alors tu puisses louer le Seigneur avec joie.

Écoutez le résultat du cri du pauvre aveugle : — « Et Jésus s’arrêta et commanda qu’on l’appelât ».

N’oublions pas ce qui attendait Jésus : toute la colère d’un Dieu saint et juste contre le péché ; la sueur de sang de Gethsémané ; l’abandon de Ses disciples ; la conduite brutale des soldats romains ; les soufflets, les yeux bandés, les crachats, les coups, les moqueries, la couronne d’épines, la torture et la honte de la croix, et toutes les angoisses de ce moment amer ; ce qui attendait Jésus, c’était d’être comme « un ver et non un homme », c’était que le seul soutien de Son âme, la face de Son Père, devait Lui être cachée, et ce cri douloureux : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » s’échapper de Son âme ! Oui, pauvre pécheur, avec tout ceci l’oreille du Sauveur est ouverte au cri de ce pauvre nécessiteux ; Jésus et ceux qui Le suivent s’arrêtent : « Il commande qu’on l’appelle » ! Pourquoi cela ? Ne pouvait-Il pas rendre la vue sans se mettre en contact avec un tel misérable ? Oui, mais Son amour veut aussi l’amener près de Lui. Cet aveugle mendiant doit aussi jouir de Sa présence en recevant la lumière. Les hommes disent : « Tais-toi ! » mais Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous donnerai du repos ».

Quoiqu’Il soit maintenant exalté à la droite de Dieu le Père, attendant que Ses ennemis soient réduits à Lui servir de marchepied (Héb. 10, 13), le cri du plus vil, du plus indigne, n’est jamais vain, ni méprisé de Lui. C’est pour de tels êtres qu’Il a répandu Son sang. « Je ne suis pas venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs ». Si Ses mains et Ses pieds furent cloués à la croix, et Son côté percé par la lance d’un soldat, c’était afin que les pécheurs pussent être amenés près de Lui. Jésus s’arrête encore au cri des plus grands pécheurs, quels qu’ils puissent être, publicains, voleurs, lépreux, etc., aucun n’est trop vil ni trop indigne pour Sa grâce. Il demeure le même, « hier, aujourd’hui et éternellement » (Héb. 13, 8). Son cœur est aussi plein de compassion pour le coupable, que quand Il était sur la terre. Rien n’est plus précieux pour Lui que les âmes des hommes, et c’est pourquoi Il ne peut que s’arrêter quand ils L’appellent. Aucun son n’est plus agréable à Son oreille que le cri du pécheur, et jamais elle n’est fermée à ce cri. Oui, cher lecteur, Jésus se réjouit quand les pécheurs crient à Lui, parce qu’Il peut leur répondre ; Il ne retint aucune goutte de sang, mais Il le versa entièrement, comme « un sacrifice agréable à Dieu, une odeur de bonne senteur », en faveur des pécheurs. Dieu le Père se réjouit aussi quand les pécheurs crient. Le sang de Son Fils bien-aimé proclame hautement Sa justice, et ce sang est le moyen par lequel Dieu peut être juste, en justifiant ceux qui croient en Jésus. Dieu donc ne peut que recevoir ceux qui viennent à Lui, se confiant pleinement en ce sang. Il invite même, et supplie les pécheurs de venir ; bien plus : — « Il y a de la joie devant les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui se repent » (Luc 15, 10). Oui ! tout le ciel est prêt à se réjouir au cri du pécheur : Dieu, sur Son trône, qui n’a pas épargné Son propre Fils, mais qui L’a livré à la mort pour nous tous ; Jésus à Sa droite, qui s’abaissa jusqu’à la mort de la croix ; et les anges eux-mêmes, qui sont des esprits administrateurs envoyés pour servir en faveur de ceux qui doivent hériter du salut (Héb. 1, 14).

Cher lecteur, avez-vous été le sujet de cette joie ? Avez-vous saisi la grâce de Dieu en Jésus, vous confiant entièrement au sang de Son Fils pour être reçu de Lui ? S’il en est ainsi, le ciel s’en réjouit ; mais s’il en est autrement, prenez garde, car la joie et le triomphe seront là, tandis que vous serez jeté « là où il y a des pleurs et des grincements de dents » (Matt. 13, 42). Jésus se réjouit maintenant de recevoir les pécheurs ; Il ne veut ni ne peut les renvoyer ; mais un jour vient — « le jour du Seigneur », quand une « subite destruction fondra sur eux comme le travail sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thess. 5, 3). L’excuse ne sera sur aucune lèvre. Ce jour est près ; il vient comme un larron dans la nuit ; voyez donc si vous êtes prêt aussi.

Mais continuons : — « Ils appelèrent l’aveugle et lui dirent : Aie bon courage, lève-toi, il t’appelle ». Le pauvre aveugle ne fut pas laissé longtemps en suspens ; Jésus ne tortura pas son âme par le délai. Il avait crié dans la plus profonde conviction de ses besoins et de sa confiance dans le pouvoir de Jésus, qui venait au-devant de ses besoins. Rien ne peut arrêter le cours de l’amour du cœur de Jésus ; c’est pourquoi Il envoya une consolation subite à l’âme troublée du mendiant. Il est encore le même. La voix du Sauveur qui cherche ce qui est perdu, se hâte de répondre au pécheur qui se tourne vers Lui. La voix de Dieu donne à l’instant la consolation et la joie ; car le sang de Jésus l’a pleinement satisfait. Le pauvre aveugle pouvait s’approcher de Jésus ! « Il t’appelle ». C’était là la source de sa joie, car le mendiant savait que Jésus ne l’appelait pas par une simple curiosité, mais parce qu’Il pouvait lui rendre la vue.

Il en est de même avec Dieu ; Il amène le croyant près de Lui, et entretient avec lui une douce communion, le traitant désormais comme Son propre enfant, manifestant Son amour pour lui et pourvoyant à tous ses besoins. « Et lui, jetant son manteau, se leva et vint à Jésus ». Remarquez comment ce pauvre aveugle chassa tout doute. Il n’hésita pas un instant à accepter la gracieuse invitation de Jésus ; mais jetant les vils haillons dont il était couvert, de crainte des reproches et de la honte des hommes, il se leva et vint nu et sans appui à Jésus. Ainsi devez-vous venir, cher lecteur, qui que vous soyez. « Toutes nos justices sont comme le linge le plus souillé » (És. 64, 6), dit l’Écriture, et vous devez vous en dépouiller entièrement, pour venir à Jésus. Quelque misérable et nu que vous soyez, venez misérable et nu, Jésus vous couvrira d’un vêtement auquel Dieu prend plaisir — celui de Sa parfaite justice.

Ne pensez pas venir d’une autre manière. Jésus ne veut couvrir que celui qui est nu. Si vous vous revêtez des haillons souillés de vos bonnes œuvres, de votre bonne conduite, de votre honnêteté envers les hommes, de votre assiduité au culte, de vos prières, de vos actes de charité, et autres choses semblables ; si, dis-je, vous vous en revêtez, Jésus ne peut vous recevoir. La Parole de Dieu déclare que ce ne sont que des « haillons souillés ». « Tout est nu et entièrement découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte » (Héb. 4, 13). Ne pensez pas cacher votre hypocrisie en la présence de Celui « dont les yeux sont comme des flammes de feu » (Apoc. 1, 14). Dieu envoya Son propre Fils dans le monde pour y acheter un vêtement qui pût couvrir la nudité de tout pécheur, et c’est ce vêtement seul qui peut Lui plaire. Si quelque autre eût pu être agréable à Ses yeux, Jésus n’eût pas eu besoin de payer celui-là si cher. Oseriez-vous vous approcher de Dieu sous un autre vêtement, puisque Jésus veut donner gratuitement le sien à tous ceux qui viennent à Lui, nus ; parce qu’Il sait que personne ne pourra jamais paraître devant Dieu autrement. Le vêtement que Jésus donne est éprouvé par le feu ; mais le vôtre est comme une étoupe préparée pour la flamme. L’heure approche où les vêtements seront éprouvés. Il n’y en a qu’un qui puisse subsister devant les yeux de Dieu. Pensez-y, cher lecteur, tandis que celui-ci peut s’obtenir encore. Vous n’avez pas à l’acheter, Jésus l’a acquis pour vous ; vous n’avez pas à le mériter en aucune manière ; Jésus l’a mérité. Tout ce que vous avez à faire, c’est de le recevoir de Ses mains. Il l’offre sans cesse, « sans argent et sans aucun prix ». Sous tout autre vêtement vous seriez repoussé, mais sous celui-là Dieu vous recevra et prendra plaisir en vous. Vous serez couvert ou de celui de Christ, ou du vôtre ; celui de Christ durera éternellement, mais le vôtre brûlera aux siècles des siècles.

Le récit se termine ainsi : — « Jésus lui répondit en disant : Que veux-tu que je te fasse ? — L’aveugle répondit : Seigneur, que je recouvre la vue. Et Jésus lui dit : Va-t’en en paix, ta foi t’a sauvé. Et incontinent il recouvra la vue et suivit Jésus dans le chemin ».

Ici, nous voyons ensemble le Fils de Dieu, l’égal de Jéhovah, qui est de toute éternité, et un pauvre mendiant aveugle et nu ! Que doit-il résulter d’une telle rencontre ? Sûrement de sévères reproches et une entière destruction ? — Non ! — Jésus lui demanda-t-Il pourquoi il osait s’approcher de Lui ? — Non ! — Ne le chassa-t-Il pas à l’instant de Sa présence ? — Non, mais Il dit au pauvre nécessiteux : — « Que veux-tu que je te fasse ? ». Demande ce que tu veux, je suis prêt à te donner tout ce que tu désires. Tel fut Son langage. Le pauvre mendiant sentait son aveuglement ; c’était ce dont il désirait d’être délivré, et c’est pourquoi il dit à Jésus : « Seigneur, que je recouvre la vue ». Et le Seigneur lui répond : « Va, ta foi t’a sauvé ».

Remarquez comment la foi de ce pauvre homme saisit immédiatement cette réponse. Il n’y a point de délai avec Jésus. Et il en est encore de même. Si la foi amène un pécheur à Ses pieds, c’est tout ce qu’il faut. « Aie bon courage », ne crains rien. Il serait impossible à Jésus de nous refuser. « Qu’il vous soit fait selon votre foi », telles sont Ses paroles. Et encore : « Si tu peux croire, toutes choses sont possibles pour celui qui croit » (Marc 9, 23) ; votre incrédulité est la seule chose qui pourrait vous arrêter dans le chemin de la grâce. « Celui qui croit au Fils de Dieu a la vie éternelle — celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3, 36). C’est votre incrédulité au Fils de Dieu qui seule sera cause que vous partagerez le malheur éternel des âmes perdues. Dieu a dit trop clairement aux hommes pour n’être pas compris, que tous ont péché ; que les gages du péché, c’est la mort ; que ces gages seront infailliblement payés à chacun ; mais que Lui, dans la profondeur de Son amour pour le monde, a donné Son Fils bien-aimé afin de mettre en liberté ceux qui croient en Son nom. Mais la multitude continue à traiter légèrement le message de Dieu ; il est pour elle « un vain conte » : elle ne serait pas persuadée quand même quelqu’un des morts ressusciterait (Luc 16, 31). C’est le jugement à venir qui se chargera d’amener seul la conviction ! — Conviction qui enveloppera les pécheurs dans les flammes de la colère de Dieu, lesquelles illumineront alors devant eux la vérité qu’ils auront ici-bas méconnue et rejetée. « Ne vous abusez point, on ne se moque pas de Dieu ; car ce que l’homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Gal. 6, 7).

« Le mendiant n’eut pas plus tôt recouvré la vue, qu’il suivit Jésus sur le chemin ». Nous pouvons bien penser que dans l’entrée publique de Jésus à Jérusalem, nul ne se tenait aussi près de Lui et ne poussait des cris plus joyeux que l’heureux mendiant. Il avait été aveugle, et l’eût toujours été si Jésus n’eût eu pitié de lui en le guérissant de son aveuglement. Des cris de louanges devaient sans cesse sortir de ses lèvres pour célébrer le triomphe de son bienfaiteur.

Combien sa condition eût été différente, si, quand il était assis sur le bord du chemin, il eût négligé d’appeler Jésus ! Quelle angoisse se serait emparée de son âme en apprenant qu’il avait laissé écouler le seul moment dans lequel il pouvait recouvrer la vue ! Mais l’angoisse dont il aurait été saisi ne serait en rien comparable à la vôtre, cher lecteur, si vous négligez le salut qui vous est gratuitement offert dans l’évangile. — « Car voici, le jour vient, ardent comme un four ; et tous les orgueilleux et tous les méchants seront comme du chaume ; et ce jour qui vient, a dit l’Éternel des armées, les embrasera et ne leur laissera ni racine ni rameau » (Mal. 4, 1).

Vous n’osez pas, il est vrai, mépriser ouvertement la miséricorde de Dieu et ridiculiser Sa grâce ; mais votre négligence ou votre indifférence à la rechercher, attirera sur vous Ses jugements. Si vous vous assurez en autre chose qu’au sang de Christ, si vous cherchez un abri ailleurs qu’en Lui, le flot de la colère éternelle de Dieu fondra sur votre tête. Il n’y aura aucun autre avertissement que celui que vous recevez maintenant, et aucun moyen d’échapper au jugement à venir. Le jour du Seigneur viendra comme un larron dans la nuit ; en ce jour-là les cieux passeront avec un bruit sifflant de tempête, et les éléments seront dissous par l’ardeur du feu, et la terre et toutes les œuvres qui sont en elles, brûleront entièrement.

Prenez donc garde : « Le temps est proche ! Que celui qui est injuste, soit injuste encore ; que celui qui est souillé se souille encore ; que celui qui est juste, soit plus juste encore ; et que celui qui est saint, se sanctifie encore » (Apoc. 22, 11). Prenez donc garde, cher lecteur, invoquez à l’instant le nom du Seigneur, car « quiconque l’invoquera… sera sauvé ». — Sauvé de toute calamité présente, et sauvé quand le monde ne sera qu’un vaste embrasement.