L’obéissance

Pour vous qui, par l’enseignement du Saint Esprit, avez été amenés à connaître le Seigneur Jésus Christ et à vous confier en la promesse que « vos péchés vous sont pardonnés à cause de son nom » (1 Jean 2, 12), la chose la plus importante est d’apprendre « de quelle manière vous devez vous conduire et plaire à Dieu » (1 Thess. 4, 1). Par l’amour gratuit de Dieu, vous avez été « lavés » de vos péchés « dans le sang de Jésus » (Apoc. 1, 5). « Vous n’êtes pas du monde », mais vous avez été « élus du monde » (Jean 15, 19). « Il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12, 32). C’est pourquoi vous êtes maintenant « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » (Rom. 8, 17). Rien ne peut vous « séparer de l’amour de Dieu qu’il nous a montré en Jésus Christ notre Seigneur » (Rom. 8, 39). Vous attendez en ce monde l’apparition de notre Seigneur Jésus qui reviendra des cieux, et « qui transformera votre corps vil, afin qu’il soit rendu conforme à son corps glorieux » (Phil. 3, 20, 21). Votre principal objet, pendant le temps que votre Père vous laisse ici, devrait donc être de « glorifier Dieu en votre corps et en votre esprit, qui appartiennent à Dieu » (1 Cor. 6, 20), et « d’offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent » (Rom. 12, 1, 2).

Mais il y a des fidèles qui, tout en faisant profession de connaître ces choses, et en paraissant désirer la gloire de Dieu, n’agissent pourtant pas en accord avec Sa Parole. « Ils ont du zèle pour Dieu, mais sans connaissance » (Rom. 10, 2). Ils désirent être employés à Son service, mais ils se laissent entraîner par leurs propres suggestions ; trop souvent ils sont trompés par l’idée que, s’ils sont sincères, ils sont irréprochables : la droiture d’intention est d’un grand prix, il est vrai, à la place qui lui appartient ; mais on peut faire et l’on fait souvent du mal avec beaucoup de sincérité. Vous vous souviendrez donc, bien-aimés frères, que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, et que Ses voies ne sont pas nos voies (És. 55, 8) ; que la seule position qui nous appartienne, c’est de « détruire les conseils et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et d’amener toute pensée prisonnière à l’obéissance de Christ » (2 Cor. 10, 5). Jésus a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez point, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent » (Luc 18, 16), parce qu’il y a chez eux humilité, simplicité et obéissance — un esprit qui, au lieu d’établir et de suivre ses propres raisonnements, est prompt à se soumettre à la Parole d’un Père, à cause de l’autorité qui appartient à cette Parole. Le sentier de l’obéissance est donc celui du devoir et de la bénédiction. C’est là la seule place qui convienne à la créature, parce qu’il faut qu’en toutes choses Dieu soit suprême. De là dépendent le péché et la justice. Il n’y a rien de si humble, de si ferme, que l’obéissance ; rien qui montre autant la présence du Saint Esprit, rien qui soit si opposé à l’insubordination, ou qui réduise si complètement au silence toute suggestion impie.

Pécher, c’est être sans loi, faire sa propre volonté, « mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2, 17). Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites (Jean 13, 17). Voyons maintenant avec quelle force les Saintes Écritures enseignent ces vérités. Le premier Adam et le second Adam, le Seigneur qui est du ciel (les chefs et les deux grands types de ruine et de bénédiction) sont distingués, l’un comme le désobéissant, l’autre comme l’obéissant ; « par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs, ainsi par l’obéissance d’un seul plusieurs seront rendus justes » (Rom. 5, 19). Le premier Adam fit sa propre volonté, et par là il périt ; il fut placé dans une position où son obéissance fut éprouvée ; Dieu dit : « Tu ne mangeras point » ; il mangea et fut perdu (Gen. 3) ; la mort, que la Parole de Dieu nomme « les gages du péché », s’ensuivit, comme la conséquence de l’action qu’il avait lui-même commise ; le péché, c’était la désobéissance, le manque de soumission à Dieu, la large porte ouverte à toute sorte de mal. Dans le bienheureux et parfait Sauveur, se trouva précisément le contraire. Voulez-vous connaître Son caractère, d’après la déclaration humble, sainte et parfaite qu’Il en fait Lui-même : « Voici, je viens, il est écrit de moi au rôle du livre. Mon Dieu, j’ai pris plaisir à faire ta volonté, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40, 7, 8 ; Héb. 10, 7) ! De même, pendant le cours de Sa vie sur la terre, nous lisons : « Ma viande est que je fasse la volonté de celui qui m’a envoyé, et que j’accomplisse son œuvre » (Jean 4, 34). Ce caractère est empreint sur chaque circonstance de Sa vie ; Il « prit la forme de serviteur, fait à la ressemblance des hommes » (Phil. 2, 7). Le service du Seigneur fut continuel, aussi bien que parfait, car ayant aimé les siens, « il les aima jusqu’à la fin » (Jean 13, 1) et devint « obéissant jusqu’à la mort, à la mort même de la croix » (Phil. 2, 8) ; il est vrai que Son service était volontaire, mais Il dit : « J’ai reçu ce commandement de mon Père » (Jean 10, 18) ; Ses oreilles avaient été « percées » (Ps. 40, 6) ; il est écrit : « l’Éternel m’a ouvert l’oreille[1], et je n’ai point été rebelle et ne me suis point retiré en arrière. J’ai exposé mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient la barbe ; je n’ai point caché mon visage en arrière des opprobres et des crachats » (És. 50, 5, 6) : Il ne recula pas devant toutes les circonstances dans lesquelles l’obéissance L’amena. L’obéissance fut le principe selon lequel Il agit en Sa tentation ; Sa réponse aux suggestions du tentateur fut toujours : « il est écrit » (Matt. 4) ; et ces seules paroles : « Me voici, je viens afin de faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10, 9) montrent pleinement le principe et le caractère de la vie de Jésus, du Saint et du Juste. Il fut le modèle de l’obéissance : « quoiqu’il fût Fils de Dieu, il a pourtant appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Héb. 5, 8). — Nous trouvons précisément le contraire dans l’Antichrist, le roi qui « fera selon sa volonté » ; c’est là son principe ; il « fera selon sa volonté et s’enorgueillira, et s’élèvera, etc. » (Dan. 11, 36).

De même que nous trouvons dans notre Sauveur l’obéissance parfaite et constante, nous voyons que l’obéissance est aussi le caractère de la sanctification du croyant — « sanctifié pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ » (1 Pier. 1, 2) ; c’est pour cela même que le croyant est sanctifié ou mis à part ; c’est ainsi qu’il est écrit dans une partie de la Bible qui parle de l’état opposé à celui du chrétien : « dans lesquels (péchés) vous avez marché autrefois, suivant le siècle de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, qui est l’esprit qui agit maintenant avec efficace dans les enfants rebelles » (Éph. 2, 2). Et il n’y a rien qui puisse jamais changer ce principe d’obéissance : il n’y a que le péché qui puisse en éloigner l’homme ; faire notre propre volonté, c’est toujours pécher ; les actions du vieil homme n’ont point leur source dans la soumission à Dieu, autrement il ferait la volonté de Dieu et non la sienne propre. — Ce principe doit être maintenu dans toutes les circonstances d’épreuve où il s’agit de refuser l’obéissance à l’autorité de l’homme, lorsqu’elle est contraire à la volonté de Dieu ; « il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes » (Act. 5, 29) : ceci ne peut en aucun cas être négligé, sans violer le principe d’être « les imitateurs de Dieu, comme ses chers enfants » (Éph. 5, 1). C’est la pierre de touche de notre vie envers Dieu.

Pour les enfants de Dieu, le pas qui précède la bénédiction, c’est l’obéissance : « si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine, savoir, si elle est de Dieu » (Jean 7, 17). La même vérité nous est bien clairement enseignée dans Jean 14, 21 et 23 : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; je l’aimerai et je me manifesterai à lui… Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui ». Il y a deux choses bien distinctes : d’un côté le salut gratuit du pécheur par le moyen de l’obéissance de Christ, de l’autre la certitude de bénédiction pour ceux qui croient, par suite de leur obéissance à la Parole. Les chrétiens ne doivent pas attendre la bénédiction avant d’obéir, mais agir selon le commandement, et la bénédiction s’ensuivra. Ils « sont » déjà « justifiés » (1 Cor. 6, 11), et parce qu’ils sont justifiés, la bénédiction résulte de leur obéissance ; « à celui qui a, il sera donné et il aura encore plus » (Matt. 13, 12). Le rachat de l’Église est maintenant accompli, car « par l’obéissance d’un seul plusieurs seront rendus justes » (Rom. 5, 19) ; mais, pour les rachetés, l’obéissance précède la jouissance de la bénédiction. Ainsi Saul renversé à terre dit : « Seigneur, que ferai-je ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi et t’en va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire » (Act. 22, 10). Il y alla et reçut consolation et bénédiction, par le moyen d’Ananias qui lui fut alors envoyé ; il commença par obéir tout d’abord. De même, le pauvre homme aveugle, modèle et type pour nous, reçut cet ordre : « Va, et te lave au réservoir de Siloé… Il y alla donc, et se lava, et il revint voyant » (Jean 9, 7). Ayant obéi, il fut à même d’instruire ceux qui l’avaient instruit ; et après qu’il eut été rejeté à cause de cela, le Seigneur le trouva en cette position, et se révéla à lui.

Mais, bien-aimés frères, le sentier de l’obéissance est toujours, nécessairement, un sentier d’épreuve pour la chair. Notre Seigneur dit à Ses disciples : « Vous aurez de l’angoisse au monde » (Jean 16, 33), et il est écrit : « tous ceux qui veulent vivre selon la piété en Jésus Christ, souffriront persécution » (2 Tim. 3, 12). Ces paroles ont-elles cessé d’être vraies ? Ou bien, sont-elles inapplicables aux enfants de Dieu, de nos jours ? Nullement. Pourquoi donc, demanderons-nous, la profession du christianisme est-elle devenue une position comparativement facile et tranquille ? Simplement parce que c’est une position d’infidélité — parce qu’il y a une grande « apparence de piété », tandis qu’on « en renie la force » (2 Tim. 3, 5), et parce qu’il y en a bien peu qui soient trouvés « vivant selon la piété en Jésus Christ » (2 Tim. 3, 12).

Le sentier de l’obéissance est celui dans lequel marcha Jésus, et « il nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces » (1 Pier. 2, 21) ; mais, hélas ! la conformité au monde et l’amitié du monde, quoique positivement interdites aux enfants de Dieu, sont, d’une manière claire et criante, généralement maintenues. Le caractère de l’Église dans le monde devrait être celui d’une lumière en un lieu obscur : Jésus, « pendant qu’il était au monde, était la lumière du monde » (Jean 9, 5), et Il a dit à Ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde ; une ville située sur une montagne ne peut point être cachée » (Matt. 5, 14).

Le monde crucifia le Seigneur de gloire, parce que « les hommes aiment mieux les ténèbres que la lumière » (Jean 3, 19). Le monde « le haït parce qu’il rendait témoignage contre lui que ses œuvres étaient mauvaises » (Jean 7, 7) : que Ses disciples donc, lorsqu’ils sont amenés en une position de témoignage, ne s’étonnent point si le monde les hait ; car notre Seigneur a dit : « Si le monde vous hait, sachez que j’en ai été haï avant vous. Si vous eussiez été du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde et que je vous ai élus du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, que le serviteur n’est pas plus grand que son maître : s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre » (Jean 15, 18-20). Les choses de Jésus sont montrées aux chers enfants de Dieu par le Saint Esprit, qui les présente avec efficace à leur conscience, afin que « leur lumière luise » tellement « devant les hommes », que ceux-ci puissent « voir leurs bonnes œuvres » (Matt. 5, 16). Leurs bonnes œuvres sont l’« obéissance de la foi » ; — comme de petits enfants, ils sont prêts à se laisser enseigner ; la connaissance du mal qui est en eux les fortifiera de plus en plus dans ces dispositions : ils sont tout préparés à se mettre en garde contre les suggestions de leur propre esprit et la sagesse de ce monde, et à les repousser — à rapprocher tout ce qu’ils vont dire ou faire de la lumière de la très sainte Parole de Dieu, « éprouvant toutes choses, retenant ce qui est bon » et évitant toute apparence de mal (1 Thess. 5, 21, 22). Puissiez-vous, cher lecteur, être ainsi enseigné et dirigé, « et être toujours prêt à répondre avec douceur et avec respect à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 Pier. 3, 15) !