L’union avec Christ

G. O.
1924

[Traités à l’adresse des croyants n° 4]

Avez-vous jamais considéré ce que l’union avec Christ implique réellement ? La vieille nature n’est pas unie à Christ. Elle a trouvé à la croix sa fin absolue aux yeux de Dieu. Celui qui a cru en Christ reçoit la vie éternelle par la puissance de l’Esprit Saint. Christ est cette vie (1 Jean 5, 12 ; Col. 1, 27 ; 3, 3, 4). Ainsi le croyant est mort, quant à sa vieille nature, et a reçu une vie entièrement nouvelle ; or cette vie est Christ. Pour le chrétien, le plus grand obstacle à la paix est de ne pas voir que la vieille nature et la nouvelle sont complètement distinctes ; en effet, la question de la vieille nature est réglée, puisque la croix en est la fin (Gal. 2, 19, 20 ; 5, 24 ; 6, 14, 15 ; Rom. 6, 3-14 ; etc.) ; tandis que la nouvelle nature tire toute son origine de Dieu (2 Cor. 5, 17, 18 ; Col. 2, 10), et qu’elle est par conséquent parfaite. La seule question est de savoir, non pas si nous sommes pécheurs, mais si nous vivons dans la vieille nature ou dans la nouvelle.

Beaucoup de chrétiens confondent leur marche avec leur vie et se jugent eux-mêmes d’après leur vieille nature. Dieu ne juge pas de cette manière. Il sait qu’Il n’a pas donné la vie éternelle sur le principe des œuvres, ou du mérite, mais à ceux qui ont cru en Son Fils. Cela ne vient pas des œuvres, mais de la grâce. Comme il serait simple de prendre chaque acte et chaque pensée de la vieille nature, chaque doute, chaque manquement envers Dieu, et d’écrire la croix sur eux, les estimant tous selon cette mesure et jugeant aussi de leur fin à cette lumière. Posez-vous ensuite cette question : Dieu a-t-Il été réellement satisfait et même glorifié à l’égard de tout ce péché, et Christ en a-t-Il réellement porté le jugement ? Si oui, pourquoi en parler encore ? « Je ne me souviendrai plus jamais, dit Dieu, de leurs péchés, ni de leurs iniquités » (Héb. 10, 17).

Maintenant, ayant été justifiés par la foi, ayant la paix avec Dieu (Rom. 5, 1), ayant enfin reçu la vie éternelle, quelle est, dites-vous, la nature de cette vie ? C’est Christ. Celui qui a porté notre péché et l’a aboli par la mort (Héb. 1, 3), est maintenant ressuscité à la droite de Dieu, au-dessus des cieux, et le Saint Esprit donne désormais à chaque croyant la vie en Lui, le Saint Esprit Lui-même étant le lien de notre union avec Lui. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit avec Lui » (1 Cor. 6, 17 ; Rom. 8, 9). C’est pourquoi la vie que nous avons est une vie de résurrection, une vie en Lui, la vie de Celui qui est mort, qui a passé par le jugement, qui est ressuscité ; et c’est pourquoi il est dit que Dieu « nous a vivifiés ensemble avec le Christ, et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2, 6), et encore : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ », « car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3, 1-4).

Or il est de la plus grande importance de voir que cette union avec Christ est en résurrection. Il n’y a jamais eu, il n’y a et ne peut y avoir aucune union avec Lui, sauf en tant que mort et ressuscité. L’Écriture est claire sur ce point : « À moins que le grain de blé tombant en terre ne meure, il demeure seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). Il ne peut y avoir d’union entre la vieille nature et Christ ; il ne peut exister aucune union avec Lui tant que le péché n’a pas été aboli ; il ne peut non plus y avoir une nouvelle création avant que Christ ait été ressuscité comme en étant le Chef. Jusqu’à la mort de Christ, Dieu avait affaire avec la vieille nature, mais cette mort en a été le jugement et la fin. En Christ ressuscité, Dieu recommence pour ainsi dire, ne reconnaissant aucun bien dans la vieille nature. Dans la mesure où nous retournons à cette vieille nature (soit quant à notre position, soit quant à notre vie pratique), nous ignorons la nouvelle, c’est-à-dire nous ignorons Christ ressuscité qui est la position, le modèle et la puissance du nouvel ordre de choses dans lequel Dieu est à l’œuvre.

Or Dieu s’est proposé « de réunir en un (c’est-à-dire sous un chef) toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, en Lui » (Éph. 1, 10 ; Act. 3, 21). À Sa seconde venue Il sera publiquement révélé comme ce Chef et tout devra Lui être soumis. Mais dans l’intervalle où « le ciel le reçoit », c’est-à-dire entre Son ascension et Son retour en puissance pour régner à la fois sur le ciel et la terre, l’Esprit Saint rassemble un peuple pour régner avec Lui (1 Cor. 6, 2, 3 ; Apoc. 5, 10 ; 2 Tim. 2, 12 ; Rom. 5, 17 ; Éph. 1, 11-14). Ce peuple est non seulement justifié et sauvé, mais uni à Lui, fait un avec Lui. En vertu de cette unité, l’Église a une part dans tout ce que Christ a reçu comme Fils de l’homme, et comme le seul qui a parfaitement glorifié le Père. Merveilleuse part en vérité ! Cependant le fait que nous ressusciterons pour partager Sa gloire comme Fils de l’homme, n’est pas plus merveilleux que de voir le Fils de Dieu s’abaisser pour prendre notre place sous la mort et le jugement.

Il va sans dire que, dès le commencement, les âmes ont été vivifiées et justifiées par la foi, et que Christ leur a donné la vie ; mais le don de la vie en Christ (Christ étant cette vie) a été réservé pour l’intervalle qui sépare Son ascension de Sa venue en gloire. Aujourd’hui, pendant que le ciel « le reçoit », le Saint Esprit, rassemblant les croyants d’entre les Juifs et les Gentils, forme et maintient un corps ici-bas pour Celui qui doit régner. La tête est dans le ciel, le corps sur la terre, bien que par le Saint Esprit il soit uni au Chef qui est dans le ciel. Par conséquent, nous avons en un verset (Éph. 2, 15) les Juifs, les Gentils et l’Église de Dieu, trois objets désormais distincts dans Sa pensée. C’est en rapport avec cette nouvelle vérité de Son corps (bien qu’elle ait été dans les conseils de Dieu de toute éternité) (1 Cor. 10, 32 ; Act. 9, 4, 5 ; Éph. 1, 4) que Christ s’est révélé d’abord à Paul ; et ce fut comme apôtre et serviteur des choses qui appartiennent à Christ maintenant dans la gloire qu’il fut envoyé. Ces choses, il les appelle emphatiquement : « mon évangile » (Rom. 2, 16 ; 2 Tim. 2, 8 ; Rom. 16, 25 ; Éph. 3, 3-11). Désormais la vocation particulière des chrétiens est qu’ils sont un avec Christ dans Sa position actuelle, rejeté qu’Il est par les Juifs et les Gentils, et monté au ciel. Donc, partageant Sa mort, Sa résurrection et Son ascension, ils sont considérés comme morts au péché, à la loi et au monde, comme ayant part à Ses souffrances et vivant à Dieu. La position que Christ occupe donne maintenant son caractère au vrai christianisme. Où donc est Christ ? En dehors de tout ici-bas et reçu par Dieu dans les cieux. Y a-t-il dans ce monde une seule chose hors de laquelle Il ne soit pas, à part, cela va sans dire, les quelques-uns au milieu desquels Il a promis de se trouver (Matt. 18, 20 ; Apoc. 3, 20) ? C’est cette séparation dont Il parle quand Il dit : « Je me sanctifie (mets à part) moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés (mis à part) par la vérité » (Jean 17, 19) ; et encore : « Un tel souverain sacrificateur nous convenait, saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux » (Héb. 7, 26), tout cela en résurrection.

Ce sujet est très simple pour un croyant. Si le souverain devait être chassé de son royaume par les troupes d’un usurpateur, où seraient ceux qui lui sont fidèles ? Plus encore : Où serait sa parenté, son épouse ? Bien plus encore : où serait son propre corps ? « Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (1 Cor. 12, 27). Vous direz : « Mais c’est une union mystique ! ». C’est vrai, mais cela l’empêche-t-il d’être une union réelle ? « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec Lui » (1 Cor. 6, 17). Oh ! combien Satan est subtil ! Il n’est pas surprenant que l’Adversaire qui a choisi l’homme comme son instrument pour se débarrasser du Roi, cherche maintenant à agir dans les enfants du royaume pour leur persuader qu’ils sont fidèles au Roi, alors qu’ils sont satisfaits loin de l’endroit où Il se trouve. Cependant ils sont unis à Lui ! Tout est-il changé depuis qu’Il est mort ? Le monde, il est vrai, s’est christianisé, mais de quelle manière ? Est-ce donc un monde de chrétiens vivant pour Dieu ? Le monde est-il uni à Lui ? Il est clair que si nous sommes unis à Lui, nous sommes en dehors de tout ce qui ne l’est pas. En dehors du péché, « morts au péché », Dieu soit béni ! En dehors du jugement, grâce à Dieu ! « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8, 1). En dehors du monde qui est sous le jugement (Jean 15, 19 ; 17, 16-19 ; 1 Jean 5, 19) ! Nous pourrions même dire : « En dehors de l’homme », du vieil homme. « Ne marchez-vous pas, dit l’apôtre, à la manière des hommes ? » (1 Cor. 3, 3). Tel était le reproche adressé aux Corinthiens.

Et tout ce trésor dont nous venons de parler est contenu dans des vases de terre (2 Cor. 4, 7), qui attendent d’être changés en vases glorieux ! En vérité, « qui est suffisant pour ces choses ? » (2 Cor. 2, 16). Mais sont-elles vraies ?

N’oubliez pas que les habitants de Bérée « examinaient chaque jour les Écritures pour voir si elles étaient ainsi ».