La devise d’un ouvrier

(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 12]

« Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15, 58).

Ici, nous avons une devise particulièrement belle pour l’ouvrier chrétien, et tout chrétien devrait être un ouvrier. Elle présente un équilibre très précieux pour le cœur. Nous avons une stabilité immuable liée à une activité incessante.

C’est de la plus grande importance. Certains d’entre nous sont tellement attachés à ce que nous appelons principe, qu’ils semblent presque effrayés de s’engager dans un projet d’activité chrétienne avec un cœur large. D’un autre côté, certains d’entre nous sont si déterminés dans ce que nous appelons service, qu’afin d’atteindre les buts désirés et d’obtenir des résultats visibles, ils n’hésitent pas à passer outre la frontière du sain principe.

Or notre devise fournit un antidote divin à ces deux maux. Elle fournit une base solide sur laquelle nous devons nous tenir avec un objectif ferme et une décision inébranlable. Nous ne devons pas nous écarter de la largeur d’un cheveu du chemin étroit de la vérité divine, même si nous sommes tentés de le faire par les arguments les plus convaincants d’une opportunité plausible. « Écouter est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille, meilleur que la graisse des béliers ».

Nobles paroles ! Qu’elles soient gravées en caractères profonds et larges sur le cœur de tout ouvrier. Elles sont absolument inestimables, et en particulier de nos jours où il y a une telle indiscipline dans notre manière de travailler, des procédés si erratiques pour servir, une telle satisfaction de soi, une telle tendance forte à faire ce qui est droit à nos propres yeux, une telle ignorance pratique de l’autorité suprême des saintes Écritures.

Cela remplit l’observateur attentif de la condition de choses présente, des plus graves appréhensions, quand il voit la mise de côté positive et délibérée de la Parole de Dieu, même par ceux qui professent admettre qu’elle est la Parole de Dieu. Nous ne parlons pas de l’insolence de l’infidélité ouverte et déclarée, mais de l’indifférence sans cœur d’une orthodoxie respectable. Ils sont des millions qui professent croire que la Bible est la Parole de Dieu, qui, néanmoins, n’ont pas la moindre pensée de se soumettre absolument à son autorité. La volonté de l’homme domine. La raison humaine prévaut. L’opportunité commande le cœur. Les saints principes de la révélation divine sont balayés comme des feuilles d’automne ou comme la poussière de l’aire, devant le souffle véhément de l’opinion populaire.

Combien la première partie de notre devise d’un ouvrier est d’une immense valeur et importante, en regard de tout cela ! « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables ». Le « ainsi » renvoie l’âme sur le solide fondement posé dans la partie précédente du chapitre, où l’apôtre dévoile la vérité la plus sublime et précieuse qui puisse attirer le cœur du chrétien — la vérité qui élève l’âme complètement au-dessus des sombres et froides brumes de la vieille création et la plante sur le solide rocher de la résurrection. C’est sur ce rocher que nous sommes exhortés à nous tenir fermes et inébranlables. Ce n’est pas une adhésion obstinée à nos propres notions — à quelque dogme ou théorie favori que nous avons adopté — ou à quelque école de doctrine particulière. Ce n’est rien de cette sorte, mais la saisie ferme et la confession fidèle de la pleine vérité de Dieu, dont un Christ ressuscité est le centre éternel.

Mais nous devons nous souvenir de l’autre côté de notre devise. L’ouvrier chrétien a quelque chose de plus à faire que de demeurer fermement sur le fondement de la vérité. Il doit cultiver les aimables activités de la grâce. Il est appelé à être « abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur ». La base d’un sain principe ne doit jamais être abandonnée, mais l’œuvre du Seigneur doit être poursuivie avec diligence. Il y en a certains qui ont tellement peur de mal faire, qu’ils ne font rien ; et d’autres, qui plutôt que de ne rien faire, feront mal. Notre devise corrige les deux. Elle nous enseigne à dresser nos faces comme un caillou, là où la vérité est impliquée ; tandis que d’un autre côté, elle nous conduit à aller de l’avant avec largesse de cœur, et à jeter toute notre énergie dans l’œuvre du Seigneur.

Que le lecteur chrétien remarque particulièrement cette expression : « l’œuvre du Seigneur ». Nous ne devons pas nous imaginer un seul moment que tout ce qui implique l’énergie des chrétiens professants a le droit d’être appelé « l’œuvre du Seigneur ». Loin de là ! Nous voyons une masse de choses entreprises comme un service pour le Seigneur, avec lesquelles une personne spirituelle ne pourrait pas associer le saint nom de Christ. Nous désirons que la conscience soit exercée quant au travail dans lequel nous nous engageons. Nous sentons profondément combien il est nécessaire, dans ces jours d’indiscipline, de laxisme et de libéralisme sauvage, de reconnaître l’autorité de Christ dans tout ce à quoi nous mettons nos mains, en termes de travail ou de service. Béni soit Son nom, Il nous permet de Le mettre en relation avec les activités les plus triviales et les plus banales de la vie quotidienne. Nous pouvons même manger et boire en Son saint nom et pour Sa gloire. La sphère du service est suffisamment large ; elle n’est limitée que par cette clause importante : « l’œuvre du Seigneur ». L’ouvrier chrétien ne doit s’engager dans aucune œuvre qui ne se place pas sous ce titre très saint et de toute importance. Il doit, avant d’entrer dans quelque service que ce soit, se poser cette grande question pratique : « Ceci peut-il être honnêtement appelé l’œuvre du Seigneur ? ».