La nouvelle naissance

(Jean 3)
J.N. Darby

[Traités pour l’édification et l’affranchissement du chrétien n° 17]

Je désire m’arrêter un moment sur le chapitre 3 de l’évangile de Jean, et sur sa liaison avec d’autres portions de l’Écriture, pour méditer le sujet si important, et souvent si peu compris, de la nouvelle naissance. Je voudrais amener ceux qui me liront à une intelligence plus claire de ce qu’est l’homme nouveau et la position dans laquelle nous sommes placés, en tant que faits participants de ce nouvel homme, en Christ. En m’occupant de ce sujet, j’aurai nécessairement à toucher d’abord un terrain familier aux chrétiens, afin d’entrer ensuite dans les développements et les distinctions qui m’ont engagé à écrire ces lignes.

« Et comme Jésus était à Jérusalem, à la Pâque, pendant la fête, plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous les hommes, et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme » (Jean 2, 23-25). La conclusion, à laquelle ils arrivaient relativement à Sa personne, était juste, mais elle était tirée de ce qui était dans l’homme : elle n’avait absolument aucune valeur ; — elle laissait l’homme dans sa propre nature et sous l’empire des motifs, des influences et des passions, auxquels il était assujetti précédemment ; elle ne le soustrayait pas davantage à l’empire de Satan qui avait puissance sur la chair et sur le monde. La conclusion de ces hommes était juste, mais elle n’était qu’une conclusion : l’homme restait ce qu’il était, il était toujours le même. Jésus, qui savait ce qu’était la chair, n’avait et ne pouvait avoir aucune confiance en elle.

Mais Nicodème, sous la direction de Dieu, pour notre instruction, fait un pas de plus. Les autres croyaient en Jésus et s’en tenaient là. Mais là où l’Esprit de Dieu est à l’œuvre, Il produit toujours dans l’âme des besoins et des désirs de ce qui est de Dieu et de la piété, et Il amène l’âme ainsi au sentiment de sa misère. En même temps le sentiment que le monde sera contre nous, s’élève instinctivement ; nous avons conscience à la fois et de l’opposition et du mépris que nous rencontrerons de la part du monde. Nicodème vient « de nuit ». Il y avait, dans son âme, un besoin de quelque chose de meilleur que ce qu’il avait ; mais sa position de docteur, et surtout de docteur ecclésiastique, augmentait pour lui la difficulté d’aller à Christ. La dignité de quelqu’un, qui est établi pour enseigner, n’est pas une facilité pour lui pour aller apprendre. Toutefois, sa conscience pousse Nicodème, et il va vers Jésus ; mais la crainte de l’homme l’effraye, et il va de nuit. Quelle pauvre dignité que celle qui tend à empêcher quelqu’un d’apprendre de Christ. Quoiqu’il eût été conduit à Christ par des besoins et des désirs spirituels, Nicodème, dans ses recherches, marche sur le même terrain que ceux qui n’avaient pas les mêmes besoins que lui : « Rabbi », dit-il, « nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui » (v. 2). Nicodème tirait sa conclusion de preuves parfaitement justes ; mais c’était tout. Cependant, il désirait quelque chose de la part de Celui qui donnait ces preuves ; mais il se tenait, en tant que Juif, pour un fils du royaume, et il voulait être enseigné. Le Seigneur lui répond immédiatement (car Nicodème était sincère et connu de Lui), en lui déclarant que le terrain même, sur lequel il se trouvait et sur lequel il s’approchait de Lui, était entièrement faux. Christ n’enseigne pas la chair, et Il n’est pas venu pour cela. Dieu établissait pour Lui-même un royaume ; et pour voir ce royaume, il faut être né de nouveau, être né entièrement à nouveau. Aussi longtemps que Christ était sur la terre, le royaume n’était pas encore venu d’une manière visible et qui appelât l’attention ; il était là au milieu de ceux qui entouraient le Seigneur (comp. Luc 17, 20, 21) ; mais pour le voir, il fallait posséder une nature entièrement nouvelle : « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » (v. 3). Nicodème, arrêté par ce langage, ne comprend pas comment un homme peut « naître de nouveau, quand il est vieux », et en raisonneur humain, quoique sincère, il s’arrête devant la difficulté et, de fait, ne voit pas le royaume.

Mais ici déjà, deux grandes vérités apparaissent : en premier lieu, Dieu n’enseigne, ni n’améliore l’homme, tel qu’il est ; Il établit un royaume, une sphère de puissance et de bénédiction à Lui, et là Il agit. En second lieu, il faut à l’homme une nouvelle nature ou nouvelle vie ; il faut qu’il soit né de nouveau pour se trouver en rapport avec Dieu qui agit ainsi ; la chair ne peut pas même apercevoir le royaume. Ces deux faits que nous signalons sont de la plus haute importance. Dieu établit un système nouveau où se trouve la bénédiction ; — et il faut une nature nouvelle pour être en rapport avec cet ordre de choses.

Mais le Seigneur ne laisse pas là Nicodème dans sa recherche ; Il lui montre comment on entre dans le royaume : il faut qu’un homme soit « né d’eau et de l’Esprit » (v. 5), de la Parole et de l’Esprit de Dieu ! Il faut que la Parole de Dieu — la révélation des pensées de Dieu — opère dans la puissance de l’Esprit, jugeant tout dans l’homme — introduisant les pensées de Dieu à la place de celles de l’homme, supplantant celles-ci par celles de Dieu ; et il faut une vie absolument nouvelle, une vie de Dieu, dans laquelle Ses pensées aient leur siège et leur vivante réalité — une nature et une vie nouvelles. Ce n’est pas qu’il soit question ici de deux naissances, mais l’Écriture nous présente deux aspects importants, deux réalités de la nouvelle naissance. « De sa propre volonté, Il nous a engendrés par la parole de la vérité… » (Jacq. 1, 18) ; — « Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole » (Éph. 5, 25, 26) ; — « Vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite » (Jean 15, 3). C’est là, non pas enseigner la chair, qui a ses propres pensées — mais supplanter toutes les pensées de la chair par celles de Dieu. Nous sommes nés d’eau. Ensuite la nouvelle nature est une nature procédant de l’Esprit : « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (v. 6). Tout ce qui naît découle et participe de la nature de ce qui l’engendre ; il en est de même ici. L’eau agit sur l’homme comme homme, sa personne n’en est pas changée ; mais l’Esprit communique une nouvelle vie, qui est de Lui, l’Esprit, tout comme la nature de la chair est chair, dans ce qui est né de la chair.

Ce que nous trouvons ici, ce n’est donc pas Dieu enseignant la chair — mais les pensées de Dieu opérant en puissance, et la participation à la nature divine qui est communiquée par l’Esprit ; les pensées et la nature de Dieu nous sont vitalement communiquées. C’est là notre vie en tant que chrétiens, comme la chair, rien que la chair, l’était auparavant. La bénédiction est ouverte ainsi aux nations. « Ne t’étonne pas », dit le Seigneur à Nicodème, « de ce que je t’ai dit : Il vous faut (vous Juifs) être nés de nouveau. Le vent souffle où il veut… il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (v. 7, 8). La communication souveraine d’une nouvelle nature (nécessaire au Juif, aussi bien qu’à l’homme d’entre les nations, quand il est question de nature), comme chose entièrement nouvelle, comme nature nouvelle communiquée, dans laquelle l’homme vit désormais avec Dieu, est applicable tout aussi bien à un Gentil qu’à un Juif, car ainsi, quant à sa vie, un homme n’est ni Juif, ni Gentil : « Il est né de Dieu » (comp. Jean 1, 12, 13). Cette vérité n’est pas développée ici ; le fondement seulement est posé ; mais nous apprenons du Seigneur la vérité bien plus profonde du fait de la vie divine, souverainement communiquée ; mais l’autre vérité est directement comprise dans celle-ci.

Nicodème s’arrête de nouveau ; il ne dit plus : « nous savons… ». Il faut qu’il se taise pour apprendre. Alors viennent d’autres vérités, qui nous associent avec le ciel. Mais d’abord le Seigneur montre — ce que Nicodème aurait dû savoir — c’est que, même quant aux promesses terrestres, le témoignage de Dieu était clair : il fallait qu’Israël fût né de nouveau, né d’eau et de l’Esprit. Le chapitre 36 du prophète Ézéchiel s’exprime en effet sur ce sujet comme suit : « Mais j’ai épargné mon saint nom, que la maison d’Israël profana parmi les nations où ils sont venus. C’est pourquoi, dis à la maison d’Israël : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Ce n’est point à cause de vous, maison d’Israël, que je le fais, mais c’est à cause de mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes venus. Et je sanctifierai mon grand nom qui a été profané parmi les nations, et que vous avez profané au milieu d’elles ; et les nations sauront que je suis l’Éternel, dit le Seigneur, l’Éternel, quand je serai sanctifié en vous, à leurs yeux. Et je vous prendrai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre terre ; et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : et je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez. Et vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu. Et je vous délivrerai de toutes vos impuretés. Et j’appellerai le blé, et je le multiplierai, et je ne vous enverrai pas la famine ; et je multiplierai le fruit des arbres et le produit des champs, afin que vous ne portiez plus l’opprobre de la famine parmi les nations. Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos abominations. Ce n’est point à cause de vous que je le fais, dit le Seigneur, l’Éternel : sachez-le. Soyez honteux et soyez confus à cause de vos voies, maison d’Israël ! ». Pour jouir des bénédictions des promesses de Dieu dans la terre, il faut qu’Israël soit né d’eau et de l’Esprit, qu’il soit nettoyé selon les pensées de Dieu, et renouvelé par l’Esprit de Dieu. La déclaration du Seigneur est plus simple que celle du prophète, plus complète et plus absolue, parce qu’Il expose la vérité en elle-même : Il montre comment un homme peut entrer dans le royaume, et fait ressortir, en conséquence, la nécessité de la communication d’une vie entièrement nouvelle dans son caractère, nous donnant en même temps la précieuse assurance que nous sommes ainsi réellement nés de l’Esprit, de manière à ce que nous participions à la nature de Celui duquel nous sommes nés. « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (v. 6). Mais Nicodème, comme docteur d’Israël, aurait dû savoir qu’un tel changement était nécessaire pour qu’Israël pût jouir de ses bénédictions terrestres avec Dieu.

Mais ceci fait ressortir la différence qu’il y a entre les instructions du Seigneur et le caractère qu’elles revêtent dans la bouche du prophète. Ézéchiel avait annoncé la nouvelle naissance d’Israël d’une manière prophétique, comme l’opération pratique de la grâce de Jéhovah ; et ce qu’il avait annoncé était parfaitement juste et à sa place. Mais le Seigneur avait un autre genre de connaissance. La prophétie avait l’autorité parfaite et divine, parce que le prophète disait ce que Dieu lui avait inspiré de dire. Mais le Seigneur connaissait les choses elles-mêmes dans leur vraie nature. Il pouvait dire, d’une manière absolue, ce qui était nécessaire pour Dieu, parce qu’Il était Dieu et qu’Il venait de Dieu. Son enseignement était un enseignement vraiment divin, et d’un prix infini. Nous apprenons de Lui, qui le savait d’une manière essentielle, ce qui est nécessaire pour Dieu. Il nous dit ce que le chrétien est : le chrétien a la connaissance de Dieu, de la part de Dieu Lui-même, selon Sa propre nature, et il participe à cette nature, afin qu’il la connaisse et qu’il soit capable d’en jouir — sans quoi il ne la connaît pas ; et cette connaissance, elle est apportée ici-bas, dans l’homme, jusqu’à nous. Mais comme le Seigneur disait ce qu’Il connaissait, Il rendait aussi témoignage de ce qu’Il avait vu (v. 11) ; Il pouvait parler de la gloire céleste et de ce qui convenait à cette gloire, de ce qui était nécessaire pour y avoir part. L’homme ne recevait pas ce témoignage : l’esprit humain comprenait les choses humaines ; mais ce qui était céleste et spirituel, il ne le comprenait pas du tout ; ce qui était céleste et spirituel était pour lui ténèbres et folie : mais ceux qui recevaient ce témoignage étaient nés de nouveau (Jean 1, 12, 13).

Arrêtons nos cœurs un moment sur cette précieuse vérité. En Christ, nous avons quelqu’un qui révèle pleinement Dieu Lui-même : Ses paroles disaient Sa nature, la nature de Dieu Lui-même ; elles disaient cette nature dans l’homme, de manière à révéler ce qui était nécessaire à l’homme pour qu’il pût avoir affaire avec Dieu en bénédiction, mais elles le disaient directement, pleinement. Les paroles de Christ étaient une révélation de la nature divine qu’Il connaissait : devant Lui, nous sommes dans la pleine lumière, avec Dieu Lui-même ; nous avons, non pas seulement des messages, quelque vrais qu’ils soient et quelque précieux qu’il soit pour nous de les avoir de la part de Dieu, mais nous avons ce qui ne laisse rien en arrière, la révélation de Dieu Lui-même, et dans Sa nature ; en sorte que ce qui est parfait en bénédiction est révélé, et révélé parfaitement. Ici, il s’agit avant tout, d’abord, de la nature ; ensuite vient le fait de ce que Christ avait vu ; mais ce qui est spécialement exprimé dans ce verset 11, c’est la complète compétence de témoignage et on est amené ainsi nécessairement à la nature même des choses. Aucun prophète n’a pu dire : « Nous disons ce que nous connaissons et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu » ; Dieu leur révélait des choses à venir, ou envoyait par eux des messages au peuple ; et ils annonçaient les unes et les autres. Mais si Christ annonçait ce qu’Il connaissait et rendait témoignage de ce qu’Il avait vu — c’était nécessairement de choses célestes qu’il était question. Il connaissait, cela va sans dire, ce qui avait été prédit de Dieu ; mais, en parlant de la nature qu’il était nécessaire de posséder pour avoir affaire avec Dieu, et de ce qu’Il connaissait et avait vu — Il va plus loin que ce qui avait été prédit ; Il parle de ce qui est en haut. Il nous conduit en haut, par conséquent. « Personne n’est monté au ciel, selon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel » (v. 13). Nul n’était monté au ciel, pour apporter ici-bas la connaissance de ce qui était dans le ciel ; mais Lui venait de là, et Il pouvait dire parfaitement ce qui s’y trouvait et Il y était toujours, car Il était Dieu. Mais cette connaissance divine était une connaissance pour l’homme, car c’était le Fils de l’homme qui la possédait. Le ciel et l’homme étaient unis dans la personne du Christ. Si l’homme en dehors de Christ — comme tous l’étaient encore — n’était en aucun sens entré dans le ciel, toutefois il y avait là quelqu’un qui, dans Sa personne, était le révélateur de ce qui était céleste. Mais comment l’homme qui, encore qu’il fût docteur en Israël, ne pouvait pas comprendre la réalité de la nouvelle naissance (même telle qu’elle était nécessaire pour les choses terrestres, annoncées par les prophètes), car il pensait dans la vieille nature — comment cet homme aurait-il pu comprendre les choses célestes ?

Mais cette incapacité de l’homme amène une autre vérité et met en évidence la porte d’entrée, qui seule donne accès à ce qui est céleste ; et si cette porte a ce caractère, elle est donc ouverte à quiconque croira. Non seulement il faut qu’un homme soit né de nouveau, même pour jouir des bénédictions terrestres ; mais il y a encore d’autres conseils de Dieu. Il faut, selon les conseils de Dieu, à cause de l’état de l’homme, que le Fils de l’homme — car Jésus était plus que Messie — soit élevé et rejeté de la terre. Mais cette élévation du Fils de l’homme a été Son rejet de la part du monde. Christ n’a pas pu — car l’homme était pécheur — prendre Sa place de Messie pour la bénédiction d’Israël ; il a fallu qu’Il souffrît sous un autre caractère, comme Celui qui a dû dire à tous les hommes : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert… » (v. 14). Au lieu d’un Messie vivant, il leur fallait un Fils de l’homme rejeté et mourant. La croix est la puissance qui guérit, qui sauve l’homme. Quiconque croira en Lui ne périra pas, mais aura la vie éternelle — car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils. Cette vérité avait une immense portée ; elle ouvrait le chemin à la manifestation la plus complète de Dieu et de la grâce, ou plutôt même, elle était cette manifestation. Dieu faisait une œuvre efficace, non pas pour accomplir les promesses prophétiques seulement, mais pour amener les hommes à Dieu, « afin que quiconque croit en Lui (le Fils de l’homme), ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Cette œuvre était nécessaire ; il fallait que l’expiation fût faite, que la rédemption fût accomplie, si l’homme devait entrer en relation avec un Dieu saint. S’il y avait une révélation de la nature divine, et si, pour y participer, il fallait avoir affaire avec Dieu, l’expiation était nécessaire aussi bien que la nouvelle naissance : il fallait que le Fils de l’homme, Celui qui, comme homme, devait, dans la nature de l’homme, hériter de toutes choses, et qui avait entrepris la cause de l’homme, fût élevé comme le serpent dans le désert ; il fallait qu’Il fût fait péché pour nous, afin que les hommes pussent regarder vers Lui et vivre. L’expiation répondait au besoin de l’homme ; mais ce n’est là qu’un côté de la vérité. Celui qui s’en tient à elle seulement, voit ce qui satisfait à la sainte nature et au jugement de Dieu, mais Dieu est devant lui comme un juge saint ; et l’expiation, par conséquent, ne donne pas à l’âme une pleine liberté : elle est le côté propitiatoire, le côté nécessaire de la mort de Christ. Mais d’où est-elle procédée ? De ce que Dieu a tant aimé le monde, que le Fils de l’homme qui devait être élevé était le Fils de Dieu, que Dieu, dans Son amour, avait donné. Dieu a tant aimé, qu’Il a donné. Ainsi, si la propitiation était nécessaire, c’est l’amour qui est la source de tout. La sainteté de la nature de Dieu et Son juste jugement sont maintenus pour ce qui regarde le péché, mais Son amour est manifesté. Le Fils de l’homme était Fils de Dieu : Il était l’un et l’autre à cette fin merveilleuse, que l’homme pécheur, quel qu’il fût, qui croirait en Jésus, eût la vie éternelle. Ce fut là aussi l’épreuve finale de l’homme.

La nature de Dieu est donc révélée, et une double œuvre est accomplie, qui, en même temps qu’elle met l’homme en état de jouir de cette nature par le fait qu’il est né d’elle, glorifie aussi cette nature dans tout son caractère, en sorte que le don de la vie éternelle maintient et manifeste l’amour, la sainteté et la justice de Dieu.

Telle est la nature de la vie nouvelle que nous recevons de Dieu, mais le vrai et complet caractère de cette vie, et les voies et la manière selon lesquelles toute cette œuvre de grâce s’accomplirait pour nous en bénédiction et pour la gloire de Dieu, ne sont pas développés ici : c’est ce dernier point que je voudrais maintenant, avec l’aide du Seigneur, essayer de mettre en lumière.

Si le Fils de l’homme fut élevé et mourut pour nous amener à Dieu, où est la vie ? Et comment trouver la vie ? Dans la résurrection. Mais nous sommes amenés ainsi à un autre élément important de vérité : si je suis ressuscité, je suis ressuscité d’entre les morts ; je mourus en Christ. Cette vérité, nous le verrons, a un double caractère. Je puis me considérer comme n’ayant aucune vie spirituelle, et par conséquent comme étant mort dans mes fautes et dans mes péchés ; ou bien, je puis me considérer comme vivant dans le péché et la chair, et alors je parle d’être mort à ces choses. Christ pouvait parler d’une nouvelle nature nécessaire pour entrer dans le royaume ; mais Il ne pouvait pas, alors, dire à personne de se tenir pour mort (comp. Rom. 6, 11). Il pouvait rattacher cette nature à Dieu, directement, en déclarant ce qu’elle était et ce que Dieu était ; et l’on comprend que ce rôle convenait d’une manière particulière à Sa personne, faisant de Lui aussi un révélateur divin de ce qu’Il connaissait et de la participation de l’homme à la nature divine. C’était là la part vraiment excellente (comp. Luc 10, 38-42). Mais pour notre délivrance, il fallait qu’une autre vérité, savoir la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ, se rattachât à celle-ci. Nous recevons Christ pour notre vie quand Il est mort et ressuscité. Il est un esprit vivifiant ; parce qu’Il vit, nous vivons ; Il est notre vie, cette vie éternelle qui était avec le Père et qui nous a été manifestée (1 Cor. 15, 45 ; Jean 14, 19 ; Col. 3, 3, 4 ; 1 Jean 1, 1-3). Mais, pour que les pécheurs puissent avec justice, et selon Dieu, avoir part à cette vie, il faut que Christ fasse la propitiation ; il faut qu’Il meure. Il mourut au péché une fois pour toutes ; et maintenant vivant dans la résurrection, Il vit à Dieu (Rom. 6, 10). Nous Le recevons par l’Esprit dans nos cœurs, et nous avons la vie. « C’est ici le témoignage : que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5, 11, 12). Mais Celui que nous recevons est Celui qui est mort et ressuscité, notre vie — le vrai « moi » dans lequel je dis du péché : « ce n’est plus moi » (Rom. 7, 17). « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2, 20). C’est là la vie de Christ comme ressuscité des morts, en nous : la puissance de la vie en résurrection. Nous ne sommes vivants, pour la foi, qu’en Lui et par Lui, bien que la chair soit avec nous de fait. Mais cette chair qui est en moi, je ne la reconnais pas comme vivante et comme faisant partie de moi-même, mais seulement comme un ennemi que je dois vaincre. C’est pourquoi l’épître aux Romains (chap. 7, 5), en parlant de notre position comme chrétiens, dit : « Quand nous étions dans la chair » ; et au chapitre 8 verset 9, elle déclare : « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous ». D’autres passages de l’Écriture, que nous rencontrerons en poursuivant notre étude, jetteront plus de clarté encore sur ce point.

J’ai dit que cette face de la vie divine en résurrection, dont je parle maintenant, se présente à nous de deux manières, dans l’Écriture. On peut envisager l’homme, ou bien comme vivant dans le péché, ou bien comme mort dans le péché. Sa chair est vivante et active quant au mal ; — elle est complètement morte, quant à Dieu ; il n’y a pas, dans l’homme naturel, un seul mouvement de l’âme vers Dieu. L’épître aux Romains nous présente la première manière de considérer l’homme ; celle aux Éphésiens, la seconde. Elles s’unissent pour présenter l’homme comme ayant Christ pour sa vie, bien que l’épître aux Romains ne nous présente pas comme ressuscités avec Christ. Elle enseigne pleinement la résurrection de Christ Lui-même par Dieu le Père, et elle fait ressortir le fait que nous sommes vivants à Dieu par Christ ; mais elle ne parle pas de notre résurrection avec Christ, parce qu’elle envisage l’homme comme encore vivant sur la terre, ainsi que nous le sommes de fait.

L’épître aux Éphésiens, pour ce qui regarde la doctrine sur ce point, nous présente Christ comme sortant de la mort, et le pécheur mort dans le péché (chap. 2, 1) — et Christ et le pécheur ressuscités ensemble, à la suite de l’élévation de Christ dans les hauts lieux, et l’union de l’Église avec Lui. L’homme, dans l’enseignement de cette épître, n’est pas vu comme vivant impiement dans le péché (bien que le fait soit reconnu) ; mais selon la pleine intelligence de son état en rapport avec Dieu : — il est mort dans le péché ; et la condition tout entière de l’Église est le résultat de la même puissance intervenant pour ressusciter Christ Lui-même et Le placer en haut, et chaque croyant là, en Lui, spirituellement (chap. 1 et 2).

Dans l’épître aux Romains, Christ est envisagé comme ressuscité des morts, mais non monté au ciel (sauf dans une allusion au verset 34 du chapitre 8), parce que le but du Saint Esprit dans cette épître est de montrer l’abolition de l’ancien état et l’introduction, pour la vie et la justification, dans le nouvel état — non les glorieux résultats de la résurrection, excepté en espérance. La culpabilité de l’homme est abondamment démontrée. Christ est mort pour nous ; mais Il est aussi ressuscité pour notre justification ; nous sommes justifiés — morts au péché et vivants à Dieu — délivrés de la loi.

L’épître aux Colossiens occupe une place intermédiaire entre les deux précédentes, quant à la doctrine. Elle considère l’homme comme vivant dans le péché, mais le chrétien comme étant mort et comme étant maintenant vivifié avec Christ. La nouvelle nature, que nous possédons en tant que nés de Dieu, quand notre vraie condition a été pleinement démontrée, revêt, dans cette épître, le caractère d’une vie qui est le résultat de l’enseignement de la mort et de la résurrection avec Christ, et dans laquelle nous sommes même assis dans les lieux célestes en Lui. L’épître touche aussi la question de notre mort dans le péché, mais ne nous introduit pas dans les lieux célestes.

Mais c’est de notre condition dans la vie que je voudrais m’occuper ici. Rappelons-nous que Christ, ainsi ressuscité, est notre vie. Il a fallu que l’œuvre de l’expiation fût accomplie, autrement aucun pécheur n’eût pu être uni à Lui ; Il n’eût pu donner aucune vie, selon Dieu, à personne ; le grain de blé serait demeuré seul : non parce que la vie et la puissance de la vie n’étaient pas en Lui ; mais la justice de Dieu aurait manqué. Mais l’expiation a été accomplie ; et maintenant Christ — non pas le premier Adam — est ma vie comme croyant. Mais alors, je dis : « Quand j’étais dans la chair ». Je ne suis pas dans la chair, mais dans l’Esprit ; je ne suis pas du tout devant Dieu dans le premier Adam, dans son péché et sa responsabilité, mais dans le second Adam, qui est devenu ma vie. Je suis en Lui comme ma justice ; Il est en moi comme ma vie. Je dis maintenant : « Je suis mort au péché ; je suis crucifié avec Christ, je suis vivant à Dieu par Jésus Christ ». « Car en ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu. De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché » (Rom. 6, 10, 11). C’est sur quoi Paul insiste dans le chapitre 6 de l’épître aux Romains : « Nous avons été baptisés pour sa mort » (v. 3) ; « nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort » (v. 5). Nous sommes morts au péché. « Si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » (v. 8). C’est pourquoi (car, comme je l’ai dit, l’apôtre, dans l’épître aux Romains, ne fait qu’aborder ce terrain), nous devons nous tenir pour vivants à Dieu par Lui (v. 11). Ainsi, dans l’épître aux Galates encore, Paul dit : « Christ vit en moi » (chap. 2, 20) ; comme il avait dit ailleurs : « l’Esprit est vie à cause de la justice » (Rom. 8, 10). Mais dans ces deux épîtres aux Romains et aux Galates, il n’est dit nulle part que nous soyons ressuscités avec Lui.

Remarquez que dans les éléments mêmes de la doctrine dont nous parlons — à cause de sa nature même — nous ne sommes pas appelés à mourir au péché. Nulle part, dans l’Écriture, on ne trouve une pareille pensée. Nous sommes appelés, comme vivants en Christ, à mortifier tous les mouvements du péché, mais non à mourir au péché. Nous sommes vivants en Christ qui mourut ; et nous sommes considérés comme morts, et appelés à nous considérer comme morts, parce que Christ, qui est notre vie, mourut. « Je suis crucifié avec Christ ». « Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair » (Gal. 2, 20 ; 5, 24). « Tenez-vous vous-mêmes pour morts ». « Nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort », « ensevelis avec lui… pour la mort » (Rom. 6, 11, 5, 4). « Vous êtes morts » (Col. 3, 3). Tel est le langage uniforme de l’Écriture. Toutes les phrases sentimentales qu’on répète sur ce que la crucifixion de la chair est une mort lente, ne sont que le renversement du sens clair et impératif de tous ces passages. « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2, 20). Nous sommes morts en Christ ; telle est la doctrine de l’Écriture. Les épîtres aux Romains, aux Galates, aux Colossiens, etc., enseignent toutes également cette doctrine et insistent sur elle auprès des chrétiens. Je suis complètement délivré de tout le système dans lequel je vivais, quand je vivais dans la chair. L’apôtre en appelle à ce fait, en en faisant ressortir des conséquences pratiques : « Si vous êtes morts avec Christ… pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances ? » (Col. 2, 20). Telle est donc la vie que le chrétien possède, comme étant né de Dieu, maintenant que Christ est mort et que, en tant que ressuscité, Il est devenu sa vie.

L’épître aux Éphésiens fait un pas de plus, je l’ai déjà fait remarquer : comme nous avons vu, elle n’envisage pas Christ dans Sa vie d’amour et de piété, et l’homme vivant dans le péché ; mais l’homme mort dans le péché, et Christ d’abord comme mort, Christ mort pour les péchés et au péché. L’apôtre voit l’homme dans la fosse et la tombe de la mort, par le péché, et Christ descendu en grâce dans cette tombe, où l’homme gisait par le péché. Mais Christ, ainsi, ayant accompli l’œuvre qui ôte le péché du monde, comme coulpe, et efface pour toujours les péchés des croyants, visite l’homme pour le sauver et le délivrer de cette condition. Dieu ressuscite Christ et « nous » par la même puissance ; et Dieu veut que nous sachions « quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; (et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes) » ; et que Lui qui est riche en miséricorde, « à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ ». Ainsi, « nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus » (Éph. 1, 19, 20 ; 2, 4, 5, 10).

L’épître aux Éphésiens s’empare exclusivement de ce dernier point, et lui donne tous ses développements ; elle nous voit vivifiés avec Christ, et ressuscités de la mort du péché, par la même puissance qui ressuscita Christ Lui-même ; elle ne nous montre pas seulement la nature divine devenue notre vie, mais nous apprend que nous sommes morts au péché, vivants à Dieu, ressuscités, pardonnés, et acceptés, comme étant dans la condition dans laquelle Christ se trouve comme ressuscité — bien plus, assis dans les lieux célestes en Lui. La nature nouvelle qui nous est donnée est divine : cela est déjà infiniment excellent ! Mais à cause de la mort et de la résurrection qui sont intervenues, et à cause de notre union avec Christ, notre condition relative tout entière est changée ; nous ne sommes pas, pour Dieu et pour la foi, tenus pour vivants dans le vieil homme ; nous n’y sommes pas du tout : nous l’avons dépouillé. Le vieil homme (dans l’estimation de la foi, et selon la possession d’une nouvelle vie, et le fait que nous sommes vivants dans cette nouvelle vie) est mort et a pris fin. Nous sommes en Christ, et Christ est notre vie ; nous sommes en Lui et vivants dans ce à quoi Il vit, savoir à Dieu. En conséquence, notre position n’est pas du tout dans le premier Adam : nous sommes morts, en tant que nous étions en lui, à tout ce qu’il est ; mais nous sommes vivants dans le dernier Adam, le Seigneur Jésus, selon toute l’acceptation dans laquelle Il vit maintenant devant Dieu.

Ainsi, le chapitre 3 de l’évangile de Jean nous apprend quelle est l’excellence intrinsèque de la vie que nous recevons de Dieu, et nous la montre en rapport direct avec ce qui est divin, Christ parlant de ce qu’Il connaissait et montrant qu’il faut que nous ayons une nature venant de Dieu et propre pour Dieu Lui-même. Christ parlant ainsi, ce qu’Il connaissait est du plus profond intérêt ; — c’est la communication directe de ce qui est divin. Cette vie, dans ce chapitre de Jean, est présentée dans sa nature et son origine, en contraste avec la chair. Jean en fait ressortir le vrai caractère et l’excellence. L’épître aux Éphésiens confirme ce que dit Jean quant au résultat ; car Dieu nous a élus, « pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour » (Éph. 1, 4). Mais pour ce qui regarde la condition et l’état de cette vie, les épîtres développent le sujet avec plus d’étendue : Christ étant mort — nous, étant vivants dans la vie du Christ — nous sommes [considérés comme] morts au péché (la vie étant une chose nouvelle, entièrement distincte du vieil homme), et comme vivants en Christ. Nous ne sommes pas dans la chair : nous sommes morts et ressuscités. Être régénéré, c’est être mort et ressuscité, car nous recevons Christ comme vie ; c’est avoir laissé Adam, sa nature et ses fruits, la condamnation et la mort et le jugement derrière soi, et se trouver délivré de toutes ces choses, nécessairement et justement agréable à Dieu, selon l’acceptation de Christ devant Dieu. Les deux natures sont distinctes. Je ne suis pas dans la chair ; je suis mort ; je suis ressuscité ; je suis accepté en Christ ressuscité ; je suis participant de la nature divine pour jouir de la plénitude de cette nature en Dieu.

Le lecteur trouvera la manière dont Dieu présente cette dernière vérité, dans l’épître aux Colossiens, à la fin du chapitre 2 et au commencement du chapitre 3 ; puis, comment la foi l’envisage, au chapitre 6 de l’épître aux Romains ; et l’application à la pratique, dans le chapitre 4 de la seconde épître aux Corinthiens.