La présence du Saint Esprit et la venue du Seigneur

Puissance vivante et vraie espérance de l’Église de Dieu

[Traités pour l’édification et l’affranchissement du chrétien n° 16]

À mesure que la vérité est mise en lumière, et que l’état de la chrétienté s’accentue, il devient toujours plus évident que le monde évangélique, je ne dirai pas, a perdu, mais n’a jamais possédé la pleine vérité de l’évangile, ni connu quelle est la puissance actuelle et l’espérance de l’Assemblée de Dieu. Les chrétiens, comme individus, ne savent pas ce qu’est leur vraie position présente et leur appel devant Dieu, et n’ont pas saisi, même en théorie, le plein développement de l’état d’une âme rachetée vis-à-vis de Dieu, tel que nous le présentent les écrits du Nouveau Testament, et particulièrement ceux de Jean et de Paul. Au contraire, en général, on s’oppose à ces vérités. Tout au plus jouit-on du pardon des péchés et de la faveur divine, et encore rarement de celle-ci ; mais on ignore tout ce qui concerne notre nouvelle position en Christ, ou bien, hélas ! on s’en garde comme d’une chose dangereuse. Les âmes sont placées sous la nouvelle alliance, qui ne va pas au-delà de la rémission des péchés et de la loi écrite dans le cœur, et cela même n’est pas souvent réalisé ; mais être en Christ et le savoir par le Saint Esprit, connaître aussi ce qu’implique cette position maintenant et en espérance, sont choses entièrement absentes des professions de foi. Je rappellerai ici ce que j’ai déjà souvent exposé. Le Seigneur Jésus, comme Sauveur, nous est présenté dans trois positions distinctes : sur la croix, accomplissant l’œuvre de la rédemption ; sur le trône du Père, où Il est assis comme homme, et d’où, en vertu de cette position, Il envoie le Saint Esprit ; et, enfin, revenant pour prendre les saints avec Lui dans la même gloire que celle où Il est, et pour s’asseoir ensuite sur Son propre trône.

Après les longs siècles ténébreux de la papauté, siècles remplis d’une méchanceté indicible et saturés d’une iniquité qui défie toute description, l’action de Dieu, dans la Réformation, remit en lumière le premier point que j’ai mentionné plus haut : Christ sur la croix, accomplissant la rédemption. Mais ceux qui proclamèrent cette vérité, le firent d’une manière évidemment défectueuse au moins sur un point, et de plus leur doctrine des sacrements, reste du papisme, viciait et contredisait la vérité qu’ils prêchaient. Les points principaux sur lesquels cette grande œuvre de délivrance fut en défaut, ou même apporta avec elle le mal et l’erreur, sont ceux qui depuis ont toujours agité et agitent encore maintenant le monde chrétien.

En premier lieu, la justification par la foi était annoncée, comme nous le savons, mais l’œuvre de Christ était présentée uniquement comme rencontrant et satisfaisant la justice de Dieu (point vital, assurément), et non comme le fruit de l’amour de Dieu. Je ne dis pas que cela ne fût jamais senti : sans nul doute, il y avait des âmes qui le saisissaient ; mais la théologie de la justification ne regardait Dieu que comme juge, et montrait Christ comme le Sauveur en qui se trouvait l’amour. Elle disait bien : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé », mais elle n’ajoutait pas avec la précieuse Parole de Dieu : « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique ». Ceci caractérise l’œuvre de la Réformation.

Le second point était que l’on naît de Dieu par le baptême. C’est la doctrine de toutes les églises de la Réforme. Luthériens, réformés, presbytériens ou anglicans, tous la maintiennent. C’était la racine de la confusion papiste, et elle a porté avec elle plus ou moins de son levain, là même où cette erreur est rejetée. Le baptême, comme figure, ne représente pas le fait de naître ou de recevoir la vie. On est baptisé pour la mort de Christ, et, tout au plus, en figure, ressuscité en sortant de l’eau, quoique ceci soit lié, dans le seul passage où il en est question (Col. 2, 12), avec la foi en l’opération de Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts. Le mot régénération n’est pas employé dans l’Écriture pour désigner la nouvelle naissance. On ne l’y trouve que deux fois : en Matthieu 19, où il se rapporte au royaume futur de Christ, et en Tite 3, où il se rapporte, je n’en doute pas, au baptême, mais où il est distingué du renouvellement de l’Esprit Saint. Je ne me fais ici, en aucune manière, l’avocat des vues baptistes. J’ai voulu seulement montrer d’abord, qu’en établissant la doctrine de la justification, on a laissé de côté son origine et, par conséquent, la nature et le caractère de Dieu en amour dans cette œuvre ; et ensuite, que l’on a conservé la superstition qui assigne à un rite l’efficacité d’opérer la nouvelle naissance, et non à la Parole et à l’Esprit, comme le fait clairement l’Écriture. À part cela, ce premier et précieux aspect du salut opéré par Christ — Sa mort pour nos péchés, l’efficacité de l’œuvre de la croix pour justifier — a été mis en lumière à la Réformation par des travaux, une foi et des souffrances bien propres à remplir le cœur de chaque chrétien de reconnaissance envers Dieu et d’admiration pour la grâce accordée à ces témoins de la vérité si bénis et si honorés. Si les gouvernements se sont emparés de la Réformation pour se débarrasser de l’autorité du pape, cauchemar incessant pour eux, cela n’altère en rien la réalité de la grâce et de la foi, qui furent le partage de ceux par lesquels la vérité fut proclamée. Personne n’est plus loin que moi de mépriser ces instruments que Dieu a suscités pour nous délivrer du mal mortel du romanisme. Toutefois, en jugeant au point de vue historique ce qui était enseigné, nous trouvons, d’un côté, dans l’évangile qu’ils prêchaient, le grand défaut que j’ai signalé, et, d’un autre, quant aux sacrements, la présence d’une doctrine qui laissait subsister, sinon le tronc, au moins des rejetons du papisme.

C’est donc modifiée ainsi, que la valeur de l’œuvre de Christ sur la croix fut mise en lumière. Mais quant aux deux autres vérités : la venue du Saint Esprit, Son habitation dans les saints individuellement, ainsi que dans l’Assemblée comme maison de Dieu, et Son action pour former ici-bas le corps de Christ ; puis le retour de Christ pour prendre les saints auprès de Lui, afin qu’ils soient glorifiés avec Lui là où Il est, et pour établir Son trône et Son royaume sur la terre ; ces vérités, dis-je, étaient ou entièrement laissées de côté, ou niées. Ce sont les grandes vérités qui constituent le caractère du christianisme, quant au présent, et ce qui appartient au chrétien, dans l’avenir ; ce sont elles que Dieu proclame maintenant pour réveiller les saints au sentiment de leur véritable appel et de leur vrai caractère. Je n’en parle pas comme de simples connaissances qui soient à acquérir, ni comme formant le fondement du christianisme, ainsi que c’est le cas pour la personne de Christ révélant le Père, et pour l’œuvre qu’Il a accomplie, mais comme constituant le vrai caractère distinctif et la puissance du chrétien et du christianisme.

Le christianisme évangélique moderne a avancé d’un pas. Il a reconnu que l’homme doit réellement être né de nouveau pour entrer dans le royaume de Dieu, et que cela ne s’opère pas par un rite, mais par l’Esprit et par la Parole de Dieu. Mais ceux qui, dans les grands corps ecclésiastiques protestants datant de la Réforme, occupent une position officielle et sont allés assez loin pour reconnaître et professer cette vérité, se trouvent paralysés par les liens qui les attachent à un système qui déclare le contraire, et duquel ils tiennent leur position et leur ministère. Ce qui les entrave n’est pas seulement cette faiblesse qui fait que nous sommes tous sujets à manquer ; mais, lorsqu’ils s’occupent des âmes, ils sont obligés de dénoncer comme étant une erreur mortelle cela même qu’avec tout le système ils ont accepté comme vrai et par quoi ils tiennent leur place officielle, et, dans quelques cas, ils doivent même le présenter constamment comme une vérité. On peut parfois l’oublier aisément, comme, par exemple, dans le presbytérianisme, où un formulaire n’est pas toujours employé ; cependant une telle voie tend à démoraliser ceux qui y sont engagés, et à détruire, dans la mesure même où ils rendent témoignage à la vérité, le système auquel ils appartiennent. Les divers corps ecclésiastiques ressentent cet effet à mesure que la vérité est davantage mise en lumière : le papisme et l’incrédulité font brèche dans des systèmes qui n’ont aucune force divine. Que Dieu, en dépit de tout cela, ait béni la vérité prêchée, je suis heureux de le reconnaître, mais c’est une œuvre individuelle ; quant aux corps ecclésiastiques existants, les liens qui les maintiennent se relâchent de toutes parts. D’ailleurs, là même où parmi eux, ainsi que parmi les dissidents sortis d’entre eux, l’exacte vérité spirituelle, quant au point en question, est individuellement reconnue, là même on ne trouve, comme faisant partie de leur foi, ni un clair et complet évangile, ni le fait de la présence du Saint Esprit envoyé du ciel ici-bas, ni l’attente du retour du Fils de Dieu. Je ne veux pas dire qu’ils ne sont pas orthodoxes, et qu’ils ne reconnaissent pas le Saint Esprit comme une personne divine ou le fait de Sa descente au jour de la Pentecôte, ni non plus qu’ils n’admettent pas que Christ reviendra à une certaine époque, à la fin du monde, par exemple ; — les romanistes aussi sont orthodoxes à ce point de vue. Ce qu’il y a de fatal dans leur enseignement sur ces sujets, ce n’est pas qu’ils manquent pour ce qui regarde les faits, mais que la valeur de ce qui est vrai, est niée dans sa réalité présente, ou bien, pour autant qu’on le reconnaît, appliquée par le moyen de sacrements et d’œuvres, et non par la puissance de la Parole de Dieu et de l’Esprit ; tandis que, d’un autre côté, dans la messe, les partisans du système romain renversent cette vérité que par un seul sacrifice, offert une fois pour toutes, Christ a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés. Or la chrétienté évangélique n’a pas non plus conservé cette dernière vérité, et la rejette en grande partie. En même temps l’effet divin de l’habitation du Saint Esprit et l’attente actuelle de Christ ne sont pas reconnus du tout, et sont même fortement combattus.

Sur le premier de ces points, celui qui est relatif à la position parfaite du croyant devant Dieu, on a rétrogradé relativement à la doctrine enseignée par les réformateurs. Ils estimaient que l’assurance personnelle du salut est seule la foi justifiante, et c’est ce que condamna le concile de Trente comme la vaine confiance des hérétiques. C’est la doctrine distinctive de la Réformation — ce qu’elle estimait être la justification par la foi. Je dois ajouter que, dans ma pensée, cette question était mal posée. On faisait de l’assurance touchant soi-même la foi justifiante ; c’était la foi en quelque chose qui me concerne, tandis que la foi se rapporte à quelque chose touchant Christ et l’amour du Père, qui L’a envoyé. Je crois que Jésus est le Fils de Dieu, que Dieu L’a ressuscité d’entre les morts, que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde. Or par là je n’entends pas une connaissance acquise par l’intelligence ; cela n’est que du bois non allumé dans le foyer, ce n’est nullement le feu ; mais, quand le Fils, tel qu’Il est révélé dans la Parole, a été révélé en moi (Gal. 1), Dieu me déclare judiciairement justifié et sauvé. Mais ma foi est en Christ et par Lui en Dieu, et non en quoi que ce soit touchant moi-même. Toutefois, bien que d’une manière imparfaite, les réformateurs tenaient tous l’assurance personnelle du salut comme la seule vraie position chrétienne, le seul état chrétien, et c’était une source de bénédiction. Voilà ce que la chrétienté évangélique a entièrement perdu, et, je puis le dire, ce qu’en général elle condamne. Grâces à Dieu, cette vérité reparaît ; mais c’est par une action du Saint Esprit agissant dans des individus, en dehors des systèmes ou corps religieux, et tendant par conséquent à détruire ceux-ci.

Et maintenant venons-en aux deux points capitaux que la Réformation a ignorés ou rejetés. Dieu habite avec les hommes seulement en conséquence de la rédemption. Il n’habitait point avec Adam, dans l’état d’innocence, ni avec Abraham, qu’Il avait appelé et qui marchait par la foi ; mais dès qu’Israël a été racheté et délivré d’Égypte, Dieu déclare qu’Il les a fait sortir de ce pays de servitude pour habiter au milieu d’eux (Ex. 29, 45-46). Et c’est ce qui arriva. Jéhovah, assis entre les chérubins, habitait au milieu de Son peuple. Quand la rédemption éternelle fut accomplie, le même résultat béni eut lieu par la venue du Saint Esprit ; c’est ce qui caractérise la position présente. On retrouvera, dans les siècles éternels, l’habitation de Dieu avec les hommes, mais réalisée d’une manière plus glorieuse et pour jamais.

La rédemption implique deux choses : Dieu parfaitement glorifié en tout ce qu’Il est, et ôtant nos péchés d’une manière qui s’accorde avec Sa gloire, nous sortant de la condition où nous gisions loin de Lui, dans une nature contraire à la sienne et dans l’inimitié contre Lui, pour nous amener en Sa présence, afin d’en jouir dans une nature moralement semblable à la sienne, « participants de la nature divine », saints et irréprochables devant Lui en amour. Mais il y a plus dans la rédemption, car la Parole étant devenue chair, l’homme (dans la personne de Christ) se trouva à l’égard de Dieu dans la position de Fils, et nous sommes prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils, afin qu’Il soit premier-né entre plusieurs frères. C’est pourquoi, après que la rédemption eut été accomplie, le Seigneur ressuscité envoya, par Marie de Magdala, ce message aux apôtres : « Va vers mes frères, et leur dis : Je montre vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ». L’œuvre, sur laquelle était fondée la rédemption, était achevée ; naturellement tous ses résultats n’étaient pas produits, mais toute question, quant au bien et au mal, avait reçu sa solution, toute vérité relativement à ces deux choses avait été prouvée et établie. Là avait été mis au jour, d’un côté, la complète inimitié de l’homme envers Dieu, qui s’était manifesté en bonté, et l’entier pouvoir de Satan sur l’homme ; d’un autre, on avait vu en Christ la parfaite obéissance de l’homme et Son amour envers Son Père ; là encore s’étaient montrés au plus haut degré la sainte justice de Dieu contre le péché, et Son amour envers les pécheurs. Là, et là seulement, avaient pu se rencontrer cette justice et cet amour ; là se trouvait glorifiée la majesté de Dieu (Héb. 2, 10), et Sa vérité maintenue.

La double question qui se rapporte à la vie donnée et assurée à l’homme, et à la responsabilité, avait été soulevée dès la création de l’homme, mais ne fut jamais résolue jusqu’à la rédemption. Ces deux choses se trouvaient impliquées dans l’arbre de la connaissance du bien et du mal et dans l’arbre de vie au milieu du jardin, et tout dépendait de l’obéissance de l’homme. Il tomba, et l’accès de l’arbre de vie lui fut fermé. Il n’était pas possible qu’il remplît ce monde d’hommes pécheurs, qui ne pourraient mourir : c’eût été horrible. La sentence de mort prononcée contre lui ne pouvait pas être révoquée ; le jugement devait la suivre. La loi soulevait la même question avec les hommes dans la chair, seulement elle présentait en premier lieu ce qui est relatif à la responsabilité : « Fais cela et tu vivras ». Elle traitait la responsabilité de l’homme comme une question qui était encore à résoudre, l’éprouvant par ce qui était une règle parfaite pour un enfant d’Adam ; mais il était un pécheur et il transgressa la loi. La venue de Christ n’a pas seulement prouvé l’iniquité de l’homme et son état comme transgresseur de la loi ; elle a montré de plus son inimitié contre Dieu manifesté en bonté. En même temps que la loi était enfreinte, les promesses étaient rejetées. C’est alors que Dieu fit sortir l’œuvre bénie de Sa grâce, de l’acte même qui prouvait l’inimitié de l’homme. Christ sur la croix, au lieu même où devait être le péché, comme l’exigeait la gloire de Dieu, non seulement a glorifié Dieu en tout ce que Dieu était, mais, en portant nos péchés, Il a répondu pour ce qui concerne la responsabilité à laquelle nous avions manqué, et Il est devenu la vie de ceux qui croient en Lui. Sa mort a un double caractère. En la consommation des siècles, Il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par le sacrifice de Lui-même ; puis, « comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs ». Dieu étant parfaitement glorifié, l’œuvre sur laquelle est fondé l’état éternel était accomplie, et les péchés de ceux qui croient en Christ ôtés pour toujours. C’est une œuvre dans laquelle il a été répondu quant à ce qui regardait la responsabilité, œuvre dont l’immuable valeur, par la nature même des choses, ne peut être altérée, et qui est la base assurée de l’éternelle bénédiction selon la nature de Dieu.

Mais, de plus, il y a le dessein de Dieu. Christ, par Son sacrifice, a obtenu pour nous, selon le dessein de Dieu, que nous serions avec Lui et dans la même gloire, quoique Lui reste le premier-né ; c’est ce que Dieu avait préordonné avant les siècles, pour notre gloire (1 Cor. 2). Merveille inconcevable, quand nous regardons à nous-mêmes, mais compréhensible, quand nous lisons que, dans les siècles à venir, Il montrerait les immenses richesses de Sa grâce dans Sa bonté envers nous, dans le Christ Jésus ; mystère extraordinaire et précieux que nous révèlent ces paroles : « Et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d’un ; c’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères ».

Voyons donc où nous en sommes maintenant ; dans quelle mesure est accompli le résultat de cette grande œuvre qui subsiste seule dans l’histoire de l’éternité, et qui la remplit dans les conseils de Dieu et dans les fruits qu’elle porte. L’œuvre est faite, complètement achevée, et une fois pour toutes. De plus, elle a été acceptée de Dieu comme répondant à Sa gloire, comme Le glorifiant parfaitement (Jean 13, 31-32 ; 17, 4-5), et c’est pourquoi le Christ Jésus a été ressuscité d’entre les morts, et placé, comme homme, à la droite de Dieu, dans la gloire qu’Il avait auprès du Père, avant que le monde fût. L’homme qui, selon la justice, est assis à la droite de la Majesté dans les cieux, y sera jusqu’à ce que Ses ennemis soient mis pour marchepied de Ses pieds. Il a vaincu et s’est assis comme Fils sur le trône de Son Père. Or, en premier lieu, cela répond d’une manière parfaite à ce qui touche la culpabilité de celui qui croit. Christ a porté nos péchés en Son propre corps sur le bois. Les croyants sont lavés de leurs péchés dans Son sang. Toute leur responsabilité, comme enfants d’Adam, non pas leur responsabilité de glorifier le Seigneur, mais leur culpabilité, n’est plus. « Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux », ayant été livré pour nos offenses, et ressuscité pour notre justification. Et nous, justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu. L’œuvre qui nous libère de ce qui pesait sur nous, comme enfants d’Adam, est accomplie ; en croyant, nous sommes pardonnés, lavés de nos péchés, et notre conscience est purifiée. Pour ce qui concerne notre conscience et notre position devant Dieu, nous sommes rendus parfaits à perpétuité par une seule offrande, et Dieu ne se souvient plus de nos péchés ni de nos iniquités. Le croyant, à cause de l’œuvre de Christ sur la croix, voit réglée pour toujours, par la foi, la question de sa responsabilité (c’est-à-dire de sa culpabilité) comme homme en relation avec le premier Adam. Il est justifié et il le sait ; il a la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, « qui a fait la paix par le sang de sa croix ». C’est là que Dieu a eu affaire avec ses péchés, et Dieu ne manque jamais à reconnaître l’œuvre de Son Fils, qui paraît en Sa présence pour nous. Christ a dit : « Tes péchés sont pardonnés » ; « ta foi t’a sauvée, va-t’en en paix ». Le croyant est parfaitement net devant Dieu.

Tout cela se rapporte à sa position comme homme responsable et pécheur devant Dieu. Mais, dans l’œuvre de Christ, se trouve renfermé beaucoup plus. En premier lieu, l’amour infini de Dieu : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique » ; et : « Par ceci, nous avons connu l’amour ; c’est que lui a laissé sa vie pour nous ». Mais, plus encore, Il nous a obtenu la gloire, et Il y est entré comme notre précurseur. La gloire que le Père Lui a donnée comme homme, Il nous l’a donnée. Nous serons conformes à Son image ; comme nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste. En même temps que nous serons devant Dieu, notre Père, comme fils, nous régnerons, comme cohéritiers avec Christ de tout ce qu’Il a créé et de ce dont Il hérite comme homme, Lui que Dieu a établi héritier sur toutes choses.

L’évangile de Luc nous présente un témoignage de ce double caractère de bénédiction. Dans la scène de la transfiguration, Moïse et Élie apparaissent sur la terre avec Christ, dans la même gloire que Lui ; ensuite il y eut la nuée, d’où sortait la voix du Père, la gloire excellente dans laquelle ils entrèrent aussi. De même, en Luc 12, le Seigneur montre la table dressée dans le ciel pour ceux qui auront veillé en attendant la venue du Maître, et plus loin, nous voyons aussi que ceux qui auront servi selon Sa volonté, durant Son absence, sont établis sur tous Ses biens. Mais cela n’est pas accompli.

En 1 Pierre 1, 11 à 13, nous avons l’ordre dans lequel ces choses se succèdent, aussi loin du moins que va leur développement dans ce monde. L’Esprit de Christ dans les prophètes rendait d’avance témoignage des souffrances de Christ et des gloires qui suivraient, mais il leur fut révélé que ce n’était pas pour leur temps. Ensuite ces choses sont annoncées, mais non pas introduites, par ceux qui prêchaient l’évangile par l’Esprit Saint envoyé du ciel, et les chrétiens avaient à être sobres et à espérer dans la grâce qui devait être apportée à la révélation de Jésus Christ. Nous voyons donc là les voies prophétiques de Dieu avant les souffrances et les gloires de Christ ; l’évangile, après que les souffrances eurent eu leur accomplissement et que Christ eut été glorifié en haut, quoique les résultats n’aient pas encore été produits, mais seulement annoncés, et conduisant à espérer sobrement jusqu’à la fin ce qui doit être apporté à la révélation de Jésus Christ. Il est vrai que cela ne nous présente pas notre part au-dedans de la nuée — la maison du Père — mais nous y trouvons d’une manière très nette la succession et l’ordre des voies de Dieu ; le temps de l’évangile étant celui où le Saint Esprit est envoyé du ciel, et la révélation de Jésus Christ le temps à venir vers lequel l’espérance regarde. Rien ne saurait être plus précis : le temps de la prophétie, où les saints hommes d’autrefois parlaient, suivant qu’ils étaient poussés par l’Esprit Saint, est une époque tout à fait distincte de celle où le Saint Esprit est envoyé du ciel. Ils avaient appris, en étudiant leurs propres prophéties, données par inspiration, qu’ils n’administraient pas pour leur propre temps ce dont ils prophétisaient. Les souffrances donc sont accomplies et passées, les gloires qui devaient suivre n’ont pas encore été manifestées, mais le Saint Esprit a été envoyé dans l’intervalle, nous enseignant à attendre ces gloires lors de la révélation de Jésus Christ. Rien de plus clair et de mieux défini.

La venue du Saint Esprit, chose déjà accomplie, et Son habitation en nous, puis l’attente de la révélation de Jésus Christ, constituent et caractérisent la position chrétienne. Ces deux choses, l’une, le fait qui a déjà eu lieu, et l’autre, ce que nous sommes exhortés à attendre et à espérer, jettent la plus vive lumière sur l’efficacité des souffrances. Comme nous l’avons vu, Dieu avait pleinement et de toutes manières éprouvé le premier homme dans sa responsabilité ; d’abord dans l’état d’innocence, puis par tous les moyens que Dieu pouvait employer pour qu’il se relevât. Mais l’état de chute de l’homme s’étant finalement manifesté par une inimitié ouverte, Dieu accomplit Son œuvre par l’homme de Son dessein et de Ses conseils, Le mettant aussi pleinement à l’épreuve, il est vrai, mais par là faisant ressortir et prouvant Sa perfection. Cette œuvre est la rédemption dans laquelle Dieu fut parfaitement glorifié, et ce qui nous était nécessaire, accompli d’une manière parfaite selon la gloire de Dieu. L’homme qui l’avait opérée, ressuscité par Dieu, selon la valeur de cette œuvre, s’assit alors dans la gloire, à la droite de la Majesté dans les cieux : preuve éternelle et bénie de la valeur de l’œuvre qu’Il avait accomplie. Un état nouveau fondé sur la justice de Dieu, état auquel le Seigneur fait souvent allusion, est maintenant pleinement révélé : c’est celui de l’homme ressuscité d’entre les morts, après que la question du péché a été réglée ; que la mort, introduite par le péché, a été vaincue, et que la puissance de Satan a été annulée. Ce n’est pas un état de bonheur dépendant de ce que l’homme n’a pas failli, mais un état de gloire en harmonie avec toute la nature et le caractère de Dieu, qui avait été glorifié dans cette nature et ce caractère, et cela dans la place même où se trouvait le péché, Christ fait péché pour nous. Rien ne restait à faire de ce côté-là ; Dieu a mis Son sceau d’acceptation sur l’œuvre de la rédemption, quand Il a ressuscité Christ d’entre les morts, et Il en a montré l’effet à la foi, en plaçant Celui qui l’avait accomplie, dans Sa propre gloire où Il est entré comme notre précurseur. Ainsi a été posée la base de la gloire éternelle selon le dessein que Dieu avait formé à l’égard de l’homme, base sur laquelle aussi reposent les nouveaux cieux et la nouvelle terre ; et Dieu Lui-même est maintenant glorifié et connu, étant révélé dans la rédemption et dans l’amour.

Alors le Saint Esprit descend et est donné à ceux qui croient en Christ, et qui ont une part dans cette œuvre glorieuse. Examinons les enseignements précis de l’Écriture sur ce sujet : la venue et la présence du Saint Esprit, envoyé, non pas au monde qui a rejeté Christ, mais aux croyants. Ce que nous voulons établir, c’est que le Saint Esprit est venu, c’est Sa présence actuelle, en conséquence de l’élévation de Christ comme homme à la droite de Dieu. Il est venu, non pas comme un Esprit qui pousse les prophètes ou d’autres, mais venu maintenant, de même que le Fils était venu dans l’incarnation, et prenant, comme un autre Consolateur, la place de Jésus auprès de Ses disciples, quand leur Maître les aurait quittés.

Dans l’Ancien Testament, la venue du Saint Esprit était promise par les prophètes. Dieu avait dit qu’Il répandrait Son Esprit sur toute chair aux derniers jours : promesse qui, dans la sagesse de Dieu, qui connaît toutes choses, attendait, pour être accomplie, que la rédemption fût achevée. Au chapitre 7 de Jean, lors de la fête des tabernacles, dont l’antitype, qui est le repos du peuple de Dieu, n’est pas encore arrivé, au dernier et grand jour de cette fête, qu’Il ne pouvait célébrer et où Il ne pouvait se montrer au monde, Christ déclare que quiconque ayant soif, viendrait à Lui et boirait, hors de son ventre couleraient des fleuves d’eau vive. « Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui, car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié ». Le Saint Esprit, tel qu’Il est connu maintenant dans l’Église, n’était pas encore. Tout Juif orthodoxe savait qu’il y avait un Saint Esprit qui inspirait les prophètes, qui avait été sur plusieurs des juges d’Israël et sur Saül, et qui, au commencement, se mouvait sur la face des eaux. Mais le Saint Esprit, comme envoyé du ciel ici-bas sur les croyants, n’était pas encore, et ne pouvait pas être, parce que Jésus n’était pas encore glorifié. Jésus était venu pour être « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché (non les péchés) du monde » ; c’était Sa première grande œuvre ; la seconde était de baptiser du Saint Esprit (Jean 1, 33) ; et ce caractère de l’œuvre de Christ est d’autant plus remarquable, qu’il se trouve indiqué en relation avec le fait que le Saint Esprit était descendu pour demeurer sur Lui comme homme. Il était pour Lui le sceau et l’onction de la part de Dieu et du Père, et cela à cause de Sa perfection personnelle. Pour nous, nous ne pouvions être ainsi oints et scellés avant que la rédemption fût accomplie, mais maintenant nous le sommes quand nous avons cru. « À moins que le grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ». Ainsi, dans l’Ancien Testament, le lépreux était d’abord lavé d’eau, puis aspergé de sang et ensuite oint d’huile. Et, dans les parties essentielles, c’est aussi ce qui avait lieu dans la consécration des sacrificateurs. Quand Aaron est seul, dans sa souveraine sacrificature, il est oint sans aspersion de sang (Ex. 29, 5-7) ; mais quand lui et ses fils s’approchent, car ils ne pouvaient être séparés de lui, l’aspersion du sang se fait.

De plus, le Seigneur dit à Ses disciples, au premier chapitre des Actes, qu’ils seraient baptisés du Saint Esprit dans peu de jours. Ces paroles furent réalisées le jour de la Pentecôte, la seconde des grandes fêtes qui avaient pour objet le rassemblement du peuple de Dieu, fête en rapport avec la résurrection de Christ (c’était celle des prémices), mais fête distincte, quoique étant aussi une fête des premiers fruits ; en ce jour, le Saint Esprit descendit du ciel. Mais en même temps nous est donnée une autre révélation par la bouche de Pierre. Christ avait reçu le Saint Esprit de nouveau dans ce but, en conséquence de Son élévation à la droite de Dieu. « Ayant donc été exalté », dit-il, « par la droite de Dieu, et ayant reçu du Père le Saint Esprit promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez » (Act. 2, 33). Ici, ce n’est pas simplement Dieu qui met Son Esprit dans les prophètes et d’autres, mais l’homme élevé dans la gloire qui le reçoit pour le donner à d’autres hommes. C’est pourquoi, dans le psaume 68, il est dit : « Tu as reçu des dons en l’homme » (be-adam), ou « par rapport à l’homme », ainsi qu’il est interprété dans les Actes « pour les hommes » ; mais Il a reçu le Saint Esprit comme homme pour eux[1]. Ainsi, bien que les prophètes et les hommes justes d’autrefois fussent dans une position inférieure à celle des apôtres, lorsque ceux-ci avaient Christ au milieu d’eux, cependant la venue du Saint Esprit était une chose si grande, si excellente, qu’il était avantageux pour les disciples que le Seigneur les quittât. « Car, dit-Il, si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous, mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai ». Sa venue était le témoignage que l’homme était à la droite de Dieu, la rédemption étant achevée ; que le monde, gisant dans le péché, était jugé comme ayant rejeté le Fils de Dieu ; que Satan, le prince de ce monde, était aussi jugé ; mais que la justice de Dieu était révélée comme la portion des croyants, étant manifestée dans le fait que le Père avait placé le Christ dans la gloire divine à Sa droite (Jean 16, 10). La présence du Saint Esprit en était le témoin. Ce n’était pas pour le monde. Christ était venu comme le Sauveur du monde, mais le monde n’avait pas voulu de Lui ; le Saint Esprit n’était que pour les croyants. Il n’était pas là agissant en eux afin qu’ils crussent, quoique cela eût été vrai en son temps, mais Il était en eux parce qu’ils avaient cru. « Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs ». Cet Esprit les guidait dans toute la vérité ; leur faisait connaître qu’ils étaient en Christ et Christ en eux ; répandait l’amour de Dieu dans leurs cœurs pour rendre témoignage avec leur esprit, qu’ils étaient enfants de Dieu. Ils étaient dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habitait en eux. Si quelqu’un n’avait pas l’Esprit de Christ, celui-là n’était pas de Lui (Rom. 8). Le christianisme était le ministère de l’Esprit aussi bien que de la justice (2 Cor. 3). Paul (Act. 19), voyant quelque chose de défectueux en certains disciples, leur demande : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint après avoir cru ? » car, après avoir cru, on était scellé du Saint Esprit qui avait été promis. C’était une vraie et réelle présence du Saint Esprit habitant dans les saints. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit ? », dit l’apôtre. « Comment avez-vous reçu l’Esprit ? » demande-t-il encore aux Galates. Il n’y avait aucun doute quant à ce fait, si mauvais que pût être leur état. Les fruits de la grâce étaient le fruit de l’Esprit ; la sanctification était la sanctification par l’Esprit. Si, convaincus de péché, on demandait ce qu’il fallait faire : « Repentez-vous », était la réponse, « et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit » ; ils étaient oints et scellés du Saint Esprit de la part de Dieu, comme Christ Lui-même l’avait été. L’Esprit était les gages de leur héritage, leur révélait Christ, et leur était en aide dans leur infirmité. Ce dont il avait été prophétisé dans l’Ancien Testament quant à l’effusion de l’Esprit, était accompli dans le Nouveau. Les chrétiens, comme tels, étaient selon l’Esprit et avaient leurs pensées aux choses de l’Esprit. Ils vivaient selon Lui et étaient conduits par Lui ; c’est Lui qui les envoyait et les guidait dans leur service. La chair convoitait contre l’Esprit ; Lui intercédait dans leurs cœurs par des soupirs inexprimables. Toute la vie et l’état chrétien sont ainsi caractérisés par Sa présence et Son activité dans les saints. Ils ne devaient pas L’attrister dans leur marche, ni L’éteindre dans Ses dons. L’Esprit sonde toutes choses, et l’homme spirituel discerne toutes choses. Il y a « une onction de la part du Saint », par laquelle nous connaissons toutes choses. Christ est gravé dans le cœur par l’Esprit du Dieu vivant ; par cet Esprit, ils étaient transformés en la même image que Lui. L’amour est « l’amour dans l’Esprit » ; la communion était celle du Saint Esprit. La marche des chrétiens devait être selon l’Esprit ; par un même Esprit, Juifs et Gentils avaient accès auprès du Père par Jésus Christ. Cette présence du Saint Esprit, clairement et dogmatiquement enseignée, comme étant la conséquence de l’élévation de Christ comme homme, cette présence qui n’avait pas été possible jusqu’alors, caractérise la vie chrétienne dans chacun de ses détails. Elle constitue le christianisme pour un homme individuellement : il est né de l’Esprit ; l’Esprit est en lui une source d’eau vive et coule de lui comme un fleuve, lui donne la conscience de sa relation divine et l’unit à Christ, car « celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit avec lui ». Collectivement aussi, les croyants sont édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ; ils sont par conséquent le temple de Dieu collectivement (1 Cor. 3) aussi bien qu’individuellement (1 Cor. 6).

Je n’ai pas parlé des dons parce que l’on ne nie pas qu’ils soient des manifestations de l’Esprit. Mais ce qui constitue et caractérise le christianisme, c’est la présence du Saint Esprit descendu du ciel en conséquence de l’exaltation du Seigneur Jésus à la droite de Dieu. Le résultat pour le chrétien était qu’il connaissait et sa relation avec le Père, et le Père Lui-même ; qu’il savait qu’il était en Christ et Christ en lui ; qu’il était uni à Christ, son chef dans le ciel ; et même, il savait qu’il était en Dieu et Dieu en lui. S’il péchait, ne fût-ce qu’en pensée, il attristait le Saint Esprit ; s’il commettait fornication, il souillait le temple du Saint Esprit et faisait des membres de Christ ceux d’une prostituée (comp. 1 Thess. 4, 8, quant au fait de pécher contre un frère sous ce rapport). D’un autre côté, c’était par l’Esprit qu’il faisait mourir les actions du corps et qu’il vivait. La vie, la connaissance, la spiritualité et la puissance, tout dépendait de la présence du Saint Esprit, qui habitait en lui. C’est de Lui que l’on devait être rempli. Je répète que je ne parle pas des dons, qui étaient, sans contredit, les fruits de l’opération du Saint Esprit.

Telles étaient donc la vie présente et la puissance du chrétien, tandis que Christ était assis sur le trône du Père. Le Juif doit attendre que le Christ paraisse pour Le voir, Le reconnaître comme tel, et jouir de Sa connaissance. Il n’en est pas ainsi du chrétien, parce que le Saint Esprit est venu, et l’unit à Christ pendant que Christ est dans le ciel. Quand Christ en sortira pour être manifesté, nous serons manifestés avec Lui. Si la vie présente et la puissance du chrétien sont telles que nous l’avons dit, quelle est son espérance ? Qu’est donc ce en quoi il abonde « en espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rom. 15, 13) ? C’est la venue de l’Époux, alors que le chrétien sera rendu conforme à l’image du Fils de Dieu, qu’il sera pour toujours avec Lui, semblable à Lui. Quand et comment ce qui est placé devant son cœur sera-t-il réalisé ? C’est lorsque Christ viendra ; c’est la venue du Seigneur qui l’accomplira. Tel est l’objet, tel est, en même temps, l’état vers lequel le Saint Esprit dirige l’espérance de son âme : voir Christ tel qu’Il est, être avec Lui, semblable à Lui. Tout cela a lieu à Sa venue. En attendant, le chrétien a toujours confiance (2 Cor. 5, 6) ; il sait que Christ étant sa vie, s’il meurt avant Sa venue, absent du corps, il sera avec le Seigneur ; mais son désir n’est pas d’être dépouillé — quoique en soi ce puisse être beaucoup meilleur — c’est d’être revêtu, comme Christ dans la gloire. Voir Christ qui l’a tant aimé, le voir comme Il est et Lui être parfaitement semblable, de sorte que Christ voie le fruit du travail de Son âme et soit satisfait : voilà ce qui remplit d’espérance l’âme du chrétien. Il sait que tous les saints ressuscités ou changés (car nous ne mourrons pas tous), seront glorifiés avec Christ ; oui, Lui-même sera glorifié en eux, et alors Son cœur, comme assurément le nôtre, sera pleinement satisfait.

Je vais maintenant montrer non seulement que cette espérance est ainsi placée devant nous, mais qu’elle se lie intimement et s’entrelace, pour ainsi dire, avec toutes les positions, les pensées et les motifs de la vie chrétienne. Le Seigneur, sur le point de quitter Ses disciples, les console avant tout par l’assurance qu’Il leur donne de Son retour pour les prendre auprès de Lui. Comme Il s’en allait de la terre, les anges, après avoir demandé aux disciples pourquoi ils regardaient ainsi vers le ciel, leur annoncent que Jésus reviendrait de la même manière qu’ils L’avaient vu partir. La dernière parole de l’Apocalypse est : « Voici, je viens bientôt. — Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! ». Avoir de nouveau Jésus, que, dans le sens personnel, ils avaient perdu, telle était la radieuse et bienheureuse espérance placée devant leurs cœurs.

Tout se rapporte à cela ; chaque sentiment s’y rattache ; chaque motif en dépend ; cette espérance se mêle avec tout ce que l’évangile tend à produire ; elle entre dans toute la texture de la vie chrétienne. Les Thessaloniciens avaient été convertis pour attendre du ciel le Fils de Dieu (1 Thess. 1). Quant à l’espérance et à l’avenir, c’était l’effet de leur conversion. La personne du Seigneur était devant leur âme, et L’attendre était la position à laquelle ils avaient été appelés. Ensuite, quant à la joie du service et du ministère, nous lisons : « Quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions ? N’est-ce pas vous qui l’êtes devant notre Seigneur Jésus, à sa venue ? » (1 Thess. 2). À quoi la sainteté est-elle rattachée ? « Sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père, en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints » (chap. 3)[2]. Quelle est la consolation donnée quant aux saints qui s’étaient endormis ? « Avec lui, Dieu amènera aussi ceux qui se sont endormis par Jésus » (chap. 4) ; et ensuite il nous est révélé de quelle manière nous serons tous avec Lui afin de pouvoir venir ainsi. Nous sommes « du jour » (chap. 5), de sorte qu’il ne peut nous surprendre comme un voleur. Je ne parlerai pas des avertissements adressés au monde, parce que j’ai en vue les saints ; je dirai seulement que ce jour viendra sur lui comme un voleur dans la nuit. Mais pour nous, nous sommes maintenant complètement associés à Christ dans la gloire. Maintenant notre vie est cachée avec Christ en Dieu, mais Il sera manifesté, et nous serons alors manifestés avec Lui en gloire (Col. 3). Nous Le voyons actuellement par le Saint Esprit, par la foi ; nous sommes maintenant enfants de Dieu, et le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne L’a pas connu. Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté, mais comme Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un (Héb. 2), nous savons que « lorsqu’il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est », et c’est pourquoi « quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme lui aussi est pur » (1 Jean 3). « Nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire » (2 Cor. 3). « Notre bourgeoisie (c’est-à-dire ce à quoi nous sommes associés d’une manière vivante) est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur ; qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3).

Le vrai caractère du chrétien, selon ce que dit le Seigneur Jésus Lui-même (Luc 12), c’est qu’il attend le Seigneur ; la bénédiction est pour ceux qui sont trouvés veillants. C’est une chose toute spéciale ; car veiller dans l’attente est distingué du service pour le Maître durant Son absence, et la récompense, dans les deux cas, est aussi distincte (voyez v. 37, 43-44). Pour celui qui veille, c’est la joie du ciel, administrée par Christ Lui-même ; pour les serviteurs, c’est d’être établi sur tous les biens. Dans un autre endroit, le chrétien est représenté comme ayant été appelé au commencement à sortir pour aller à la rencontre de l’Époux ; mais le sommeil est venu et l’appel a été oublié. Ce qui réveille les saints et les replace dans leur vraie position, c’est le cri de minuit : « Voici l’Époux ! ». Alors ils se lèvent et préparent leurs lampes. « Trafiquez jusqu’à ce que je vienne » (Luc 19, 13), telle avait été la direction du Maître aux serviteurs, en s’en allant. Ce qui a conduit à la mondanité et à la domination oppressive du clergé dans la chrétienté, a été de dire dans son cœur : « Mon Maître tarde à venir » ; la conséquence en est le jugement et le retranchement comme infidèles et hypocrites. Aucun temps n’est déterminé : ce pouvait être à minuit, au chant du coq, ou au matin, de sorte qu’il fallait constamment attendre et veiller. Les saints morts devaient ressusciter, et les vivants être changés, c’est pourquoi Paul, étant vivant, dit : « Nous les vivants, qui restons », car il était alors dans cette catégorie. On a été assez téméraire pour dire qu’il s’était trompé. Non, mais il recueillera pleinement le fruit d’avoir ainsi marché, attendant le Seigneur, comme le Seigneur Lui-même avait dit de le faire. Pierre savait qu’il devait mourir bientôt, avant que le Seigneur vînt. Mais combien fortement cela ne confirme-t-il pas la vérité sur laquelle j’insiste ? Que penserait-on maintenant d’une révélation spéciale faisant connaître à quelqu’un qu’il doit mourir ?

Il y a dans l’Écriture une circonstance frappante qui se rattache à ce que nous disons, c’est que jamais le Seigneur ou Ses apôtres ne présentent la venue de Jésus comme devant arriver après la vie de ceux qu’elle concernait alors, ou de ceux à qui ils s’adressent. Les vierges qui s’endorment sont celles-là mêmes qui se réveillent ; les serviteurs qui reçoivent les talents sont ceux qui en rendent compte et qui sont jugés. De même, quand le Seigneur veut donner une histoire morale de l’église professante jusqu’à la fin, Il prend, pour en retracer les différents états, sept églises existantes. « Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, mais il est patient envers vous ». Quant à ceux qui devaient être jugés à Sa venue, ils avaient déjà paru lorsque Jude et Jean écrivaient. « Énoch aussi a prophétisé de ceux-ci », dit Jude ; c’était la corruption dans la chrétienté. Jean, de son côté, dit à ceux auxquels il écrivait : « Maintenant aussi il y a plusieurs antichrists, par quoi nous savons que c’est la dernière heure ». On parle de la mort comme étant la venue de Christ pour nous, mais une telle assertion laisse de côté toutes les pensées et les desseins de Dieu. Nos esprits, absents du corps, vont auprès de Lui ; mais quand Il viendra, les saints morts ressusciteront tous (cela veut-il dire qu’ils mourront ?) et de plus ressusciteront en gloire ; et ceux qui seront vivants ne mourront pas, mais seront changés en Sa ressemblance. Nous Le verrons comme Il est et nous Lui serons semblables ; ce sont les deux grands traits de la bénédiction qui nous attend : être face à face avec Lui, et être tels que Lui, et ainsi toujours avec le Seigneur. La venue de Christ pour les saints n’est pas la mort, mais la résurrection ou la transmutation du corps. Les Corinthiens, si triste que fût leur condition morale, attendaient la venue de notre Seigneur Jésus Christ (1 Cor. 1). Ceux qui étaient opprimés devaient attendre avec patience la venue du Seigneur (Jacq. 5). Les prophètes avaient appris que ce dont ils prophétisaient n’était pas pour eux, mais pour nous à qui ces choses sont annoncées par le Saint Esprit envoyé du ciel ; c’est pourquoi nous devons être sobres, et ceindre les reins de notre entendement, et espérer jusqu’à la fin dans la grâce qui nous sera apportée dans la révélation de Jésus Christ (1 Pier. 1). C’est le Fils de l’homme, venant dans Son royaume, qui fut montré, afin de fortifier leur foi, aux trois apôtres destinés à être des piliers. Nous sommes prédestinés à être conformes à l’image du Fils de Dieu, afin qu’Il soit premier-né entre plusieurs frères, mais nous serons conformes à ce qu’Il est dans la gloire, et non à ce qu’Il était quand Il mourut et que Son corps fut mis dans le sépulcre. Nous avons porté l’image du terrestre, et nous devons porter l’image du céleste, Le voir comme Il est, Lui être semblables quand Il sera manifesté, et être alors aussi manifestés avec Lui. Nous serons ravis à Sa rencontre en l’air, puis nous apparaîtrons avec Lui en gloire. Et la sainteté présente est toujours identifiée avec cette ressemblance à Christ dans la gloire, ressemblance rendue parfaite quand nous serons ressuscités. « Contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit ». De même, dans la première épître de Jean, il est dit : « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; nous savons que, quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. Et celui qui a cette espérance en lui, se purifie comme lui est pur » (1 Jean 3, 2-3). Il en est de même dans le passage des Thessaloniciens, que nous avons déjà cité : la sainteté, maintenant cherchée, se trouve dans sa vraie perfection devant Dieu notre Père, en la venue de notre Seigneur Jésus Christ avec tous Ses saints. Nous lisons aussi dans l’épître aux Éphésiens : « Il a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ; afin que lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable » (Éph. 5, 25-27). La sainteté est toujours identifiée avec notre ressemblance à Christ en gloire, quand Il viendra, et qu’alors nous Lui serons semblables.

Tous les livres du Nouveau Testament, sauf deux — l’épître aux Galates et celle aux Éphésiens — nous montrent, d’une manière spéciale et distincte, la venue de Christ comme l’espérance connue et constante qui caractérise le chrétien. Dire : « mon Maître tarde à venir », est indiqué comme la cause de la mondanité et de la ruine de l’Église ; la négation de cette venue est le trait caractéristique des moqueurs des derniers jours. La venue de Christ se mêle avec chaque élément de la vie et du service chrétiens. Les chrétiens doivent être comme des gens qui veillent en attendant leur Maître. Les Galates, en suivant leurs propres pensées, avaient déchu de la foi, et l’apôtre était de nouveau comme en travail pour les enfanter quant à la justification par la foi. L’épître aux Éphésiens nous présente les conseils de Dieu, une nouvelle création dans laquelle tout est parfait, et non point les voies que Dieu emploiera pour l’introduire. De là, dans ces deux épîtres, l’absence d’enseignements relatifs à la venue du Seigneur. Mais tous les autres livres, ou bien enseignent Sa venue, tantôt pour les saints, tantôt avec eux pour juger le monde, ou bien la présentent afin d’agir par elle sur la conscience ou pour raviver l’espérance, ou, enfin, en parlent comme de l’espérance connue, seule et parfaite du chrétien. Ce qui caractérise le chrétien, c’est l’espérance de la venue de Christ, l’attente du Fils de Dieu venant du ciel ; et il espère et attend ainsi dans la puissance présente de l’Esprit, qui habite en lui, et qui a été envoyé du ciel en conséquence de la rédemption parfaitement accomplie.

Lecteur, attendez-vous le Seigneur ? Je ne vous demande pas si vous croyez à la venue du Seigneur, mais si vous L’attendez. L’Église, en général, a perdu de vue Celui pour qui l’on est converti, en tant qu’Il est présenté comme l’objet de notre espérance. Marchez-vous dans la puissance de l’Esprit qui habite en nous, puissance qui fait que notre bourgeoisie, ce à quoi nous sommes associés d’une manière vivante et à quoi nous appartenons, est dans le ciel ? L’attente du Fils de Dieu est l’état normal du chrétien, parce qu’il appartient au ciel, et que, quand Christ viendra, le chrétien sera là avec Lui. Alors aussi il sera semblable à son Sauveur ; Dieu notre Père se reposera dans Son propre amour, Christ sera parfaitement glorifié, tous les saints seront parfaits, avec Lui et semblables à Lui ; Christ possédera en gloire ce dont Il est digne. Jusqu’alors tout est imperfection ; ce vase de terre obscurcit, aussi longtemps que nous sommes ici-bas, la vue de ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment ; ou peut-être, si l’on est auprès du Seigneur, c’est séparé du corps ; Jésus attendant encore, et nous avec Lui, jusqu’à ce que Sa gloire et la nôtre aient un plein accomplissement. Attendez-vous du ciel le Fils de Dieu ? Pendant que Christ attend sur le trône du Père, le Saint Esprit est descendu pour Le révéler, Lui l’homme dans la gloire, auquel nous appartenons, à qui nous serons semblables, avec qui nous serons pour toujours. La présence vivante du Saint Esprit et l’attente de Christ caractérisent le christianisme et la position chrétienne. Ne pas posséder ces choses, c’est avoir perdu le caractère chrétien.