La sanctification sans laquelle il n’y a point de christianisme

(1 Pierre 1)
J.N. Darby

[Traités pour l’édification et l’affranchissement du chrétien n° 15]

Il y a quelque chose de très doux dans la certitude avec laquelle l’apôtre Pierre nous présente les vérités contenues dans cette épître. Il n’y a ni hésitation, ni incertitude dans la Parole ; elle parle de choses reçues, d’une certitude pour ceux à qui elle est adressée. La foi des saints était éprouvée, mais la chose était certaine. L’apôtre parle ici d’un fond de vérités inépuisable qui lui appartenait : il n’en parle pas en tâtonnant. Ces choses sont trop importantes pour rester dans le doute, et elles méritent toute notre attention ; nos cœurs ont besoin de cette certitude. Ce n’est pas une âme irrégénérée qui aime le Seigneur Jésus : un homme peut être honnête et tout le reste, et penser que si sa conduite est bonne, le résultat dans le ciel sera en conséquence ; mais il n’y a là point d’amour pour le Seigneur Jésus ; et c’est cet amour qui distingue le chrétien.

Pierre dit au verset 8 : « Lequel (Christ), quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse ». Eh bien, il n’y a rien de cela sans la régénération, cette vie nouvelle, qui a un objet qui la préoccupe, une vie entièrement nouvelle, qui a des intérêts, des affections, tout un monde nouveau. On n’est pas chrétien autrement, parce qu’il n’y a point de Christ.

Nous allons voir les deux principes posés dans ce chapitre, et dans l’œuvre attribuée ici au Saint Esprit.

Dieu trouve l’âme dans une certaine position, dans de certaines relations, et Il l’en tire pour la placer dans un état tout nouveau, et cette séparation est selon la puissance de la résurrection de Christ.

L’apôtre s’adresse aux Juifs de la dispersion (à ceux dont il est parlé dans Jean 7, 35, ceux qui étaient dispersés parmi les Grecs) en ces termes : « Pierre, apôtre de Jésus Christ, à ceux de la dispersion, du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie, qui séjournent parmi les nations, élus selon la préconnaissance de Dieu le Père ». Il s’adresse à ceux qui sont dispersés, aux Juifs convertis au christianisme, à ceux qui sont « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté (ou sanctification) de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang[1] de Jésus Christ », et il leur souhaite que la grâce et la paix leur soient multipliées. Pierre parle ainsi, parce qu’il s’agit d’une autre élection que celle du peuple juif. La nation juive était élue d’une autre manière. Pierre, ici, comme nous l’avons dit, écrit à des Juifs qui avaient cru au Seigneur Jésus ; aussi la sanctification, en eux, n’était pas celle d’une nation par des moyens extérieurs, mais elle était par le Saint Esprit qui séparait ces âmes d’entre les Juifs pour appartenir à Dieu, et faire partie de l’économie actuelle de grâce. Il n’en était pas d’eux, comme des anciens Juifs, que Dieu avait séparés des Égyptiens par la mer Rouge : ceux auxquels l’apôtre écrit étaient séparés par la sanctification qu’effectuait l’Esprit, « en sainteté de l’Esprit ». Remarquez bien cette expression : la première idée qu’elle nous présente c’est d’être séparés pour être à Dieu, séparés non seulement du mal, mais mis à part pour Dieu.

Dieu trouve les âmes gisant dans le mal : la première chose qu’Il fait en ceux qu’Il appelle, c’est de les séparer pour être à Lui. Jean dit à ce sujet, dans sa première épître, chapitre 5, 19 : « Nous sommes de Dieu, et le monde entier gît dans le méchant », et c’est très précieux d’avoir les choses ainsi nettement exprimées. « Nous sommes de Dieu » ; il ne s’agit pas seulement de se bien conduire ; sans doute, cela est bon ; mais la grande différence, c’est que nous sommes de Dieu, et que le monde entier gît dans le mal. Cela veut-il dire que nous soyons toujours comme nous devrions être ? Non, mais nous sommes de Dieu. On n’est pas tout ce que l’on désirerait être ; nous ne le serons que dans le ciel, car Dieu nous rendra seulement là conformes à l’image de Son Fils bien-aimé.

Mais ce que Dieu a fait, c’est de nous séparer pour être à Lui, comme un homme qui tire des pierres d’une carrière. La pierre est extraite de la carrière et mise à part, destinée à être taillée et façonnée, pour être placée dans un édifice quelconque : ainsi, Dieu détache une âme de la carrière de ce monde, pour la séparer et la mettre à part pour Lui. Je ne dis pas qu’il n’y ait beaucoup à faire ensuite ; car une pierre brute, sortie de la carrière, exige un travail souvent considérable avant d’être placée dans l’édifice auquel elle est destinée. De même, Dieu sépare une âme, la prépare et la façonne, pour l’introduire dans Son édifice spirituel : il y a beaucoup de matières inutiles à détacher, mais Dieu agit tous les jours dans Sa grâce ; toutefois, cette âme est sanctifiée, mise à part pour Dieu, du moment qu’elle est sortie de la carrière de ce monde.

L’apôtre parle ici de la sanctification avant de parler de l’obéissance et du sang de Jésus Christ. Nous sommes sanctifiés pour ces deux choses, comme nous lisons au verset 2 : Nous sommes « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ ». Dieu nous prend de la carrière de ce monde pour nous placer sous l’efficace du sang de Christ. La pierre est complètement à Lui, et appropriée à son but, quoiqu’il faille encore travailler la pierre : il ne s’agit pas de ce que Dieu fait chaque jour, mais en général de l’appropriation de la pierre au but que Dieu s’est proposé. C’est le Saint Esprit qui agit dans l’âme et se l’approprie. Elle peut avoir été auparavant très honorable ou très méchante dans sa conduite, peu importe ; seulement elle aura plus de reconnaissance, si elle se sent plus mauvaise ; — mais quoiqu’il en soit, quel qu’ait été son état précédent, elle est maintenant à Dieu.

À quoi Dieu destine-t-Il cette âme ? — À l’obéissance. Jusqu’à présent elle n’a guère fait que sa propre volonté ; elle a suivi son propre chemin, quel qu’il ait pu avoir été en apparence, plus ou moins bon, plus ou moins mauvais, n’importe. Il peut y avoir eu dans son caractère plus ou moins de mollesse ou bien d’ardeur, jusqu’à ce que, comme il est arrivé à Paul, le Seigneur l’ait arrêtée dans son chemin : maintenant voilà cette âme, jusqu’à présent toute remplie de sa propre volonté, mise à part pour l’obéissance.

Paul avait été très instruit dans ce qui concerne la religion de ses pères ; il avait été instruit aux pieds de Gamaliel et il pensait de bonne foi faire la volonté de Dieu. Mais il n’en était rien : il avait suivi sa volonté propre selon la direction que lui imprimait la tradition de ses pères. Jamais, jusqu’au moment où Jésus l’arrêta sur le chemin de Damas, il n’avait dit : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? ».

Ainsi, quoi qu’il en soit de la conduite d’une âme avant cette mise à part, rien, avant ce moment, ne lui a fait faire la volonté de Dieu. Mais le but de la vie dans une âme sanctifiée, mise à part, est de faire la volonté de Dieu. Elle peut y manquer, mais c’est son but. Jésus a dit : « Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Jésus n’avait pas besoin de la sanctification, dans un sens, parce qu’Il était saint ; mais le but de toute Sa vie était l’obéissance. « Voici, je viens pour faire ta volonté » (Héb. 10, 8, 9). Il a pris « la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et… il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2, 8). Il n’existait que pour Dieu ; le principe de Sa vie était l’obéissance ; Il n’était pas venu pour faire autre chose que la volonté de Son Père.

Dès qu’une âme est sanctifiée, elle l’est pour l’obéissance, et cela se manifeste par l’esprit de dépendance qui en finit avec la propre volonté. L’âme dit : « Que faut-il que je fasse ? ». Elle peut manquer, par faiblesse, à beaucoup d’égards ; mais voilà le but qu’elle se propose.

Ensuite, nous sommes sanctifiés pour jouir de l’aspersion du sang : d’abord pour obéir, puis pour jouir de l’aspersion du sang. L’âme, ainsi placée sous l’influence du sang de Christ, est par là complètement nettoyée. Le sang du Fils de Dieu nous purifie de tout péché ; par l’efficace de ce sang nous sommes séparés de ce monde.

Il ne s’agit pas ici du sang de taureaux et de boucs, qui ne pouvait rendre parfaite la conscience de celui qui faisait le service, mais du « sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache ». C’est ce sang qui purifie la conscience (Héb. 9, 13, 14).

Les Juifs, sous la loi, ont bien dit, se confiant à leurs propres forces : « Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit ». Ils ont entrepris de tout faire, quand cela leur a été prescrit comme condition. Mais ici c’est bien plus : c’est l’Esprit qui leur fait dire : « Que veux-tu que je fasse ? ». C’est la soumission, c’est le principe d’obéissance produit réellement dans le cœur : « Je ne sais pas ce que tu veux, mais me voici pour faire ta volonté ». C’est l’obéissance sans réserve. Il ne s’agit pas ici de règles que l’homme ne peut pas accomplir, mais de la volonté toute changée — de ne plus avoir sa propre volonté, mais de faire celle de Dieu.

Le livre de la loi était aspergé, aussi bien que le peuple, en introduisant la mort judiciairement comme sceau ; mais cette aspersion donnait leur force aux exigences de la loi, tandis que l’aspersion du sang de Jésus donne, au cœur changé, la purification et la paix qui appartiennent à ceux qui sont placés sous l’efficace de ce sang. Nous sommes placés sous l’aspersion du sang de Jésus Christ, comme les Juifs l’étaient sous le sang du bouc d’expiation (Lév. 16), et non pas comme eux pour une année seulement, mais pour toujours.

Une personne donc que le Saint Esprit a tirée de la carrière de ce monde, étant du reste honnête, aimable, gardée par la bonne providence de Dieu, mais faisant toutefois sa propre volonté — eh bien, Dieu l’a trouvée là dans le monde et du monde, malgré toutes ses bonnes qualités, et Il doit mettre Son amour dans son cœur, afin qu’elle puisse, sans hésitation, ne s’inquiéter que de la volonté de Dieu, pour la faire. Mais, ainsi séparée, elle est sous le sang de l’aspersion, elle est nettoyée de tout son péché.

Voilà le premier principe : la séparation opérée par Dieu Lui-même, qui nous place hors de ce monde, ou plutôt des choses de ce monde, et nous fait chrétiens. Sans cette sanctification il n’y a point de christianisme.

Dieu agit avec efficace ; et Il ne fait rien à demi : tout est Son œuvre. Dieu ne se trompe pas. Il lui faut des réalités. Il ne se trompe pas, comme nous nous trompons, et comme nous essayons de tromper les autres, quoique l’on trompe moins les autres qu’on ne se trompe soi-même.

Je vous ferai remarquer le sens du mot « sanctification ». Il est rarement employé dans la Parole dans le sens où on l’emploie ordinairement, c’est-à-dire dans le sens progressif. Il n’en est parlé que trois fois ainsi : (Héb. 12, 14) « Poursuivez la paix avec tous, et la sainteté (ou la sanctification), sans laquelle nul ne verra le Seigneur », et : (1 Thess. 5, 23) « Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ». Je cite ces deux passages pour faire voir que je ne mets pas de côté ce sens du mot ; mais, en général, la sanctification désigne plus particulièrement un acte de séparation, une mise à part pour Dieu. Si l’on n’a pas saisi ce sens du mot on se trompera entièrement quant à ce que c’est que la sanctification. Dans les deux passages ci-dessus, le mot a une application de chaque jour ; au commencement de son épître, l’apôtre l’emploie dans le sens de sortir une âme de la carrière du monde, pour qu’elle soit pour Dieu.

La sanctification est attribuée au Père, dans plus d’un endroit de la Bible, Hébreux 10, 10, par exemple. « C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » ; et l’apôtre nous dit en même temps, dans ce passage, le moyen par lequel elle est opérée : savoir l’offrande faite une seule fois pour toutes du corps de Jésus Christ. C’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés.

La première pensée, la volonté de Dieu, c’est de nous mettre à part, de nous sanctifier.

Le moyen, c’est l’offrande de Christ.

Et c’est toujours, à une seule exception près, déjà citée, de cette manière qu’il en est parlé dans les Hébreux.

Le Père ayant voulu avoir des enfants à Lui, le sang de Jésus a fait l’œuvre qu’il fallait pour que cela ait lieu, et le Saint Esprit vient accomplir les conseils du Père, et leur donner efficace, en produisant dans le cœur l’effet pratique. L’âme, séparée du monde, est sanctifiée par ce fait même. Il y a le vieux tronc, qui, si l’on ne veille pas, pousse des bourgeons ; mais Dieu agit en émondant, et Son action, qui a lieu par le Saint Esprit, ou s’il le faut par des châtiments, opère la sanctification pratique de tous les jours. Le cœur est plus mis à part chaque jour. Ce n’est pas comme un vase ; parce que, dans l’homme, c’est le cœur qui est mis à part. Ainsi, quand la vie est communiquée, et par là l’homme sanctifié, il y a une œuvre de sanctification de chaque jour qui s’applique aux affections, aux habitudes, à la marche, etc.

Voyons comment Dieu opère cette œuvre.

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (v. 3).

Voilà comment Dieu accomplit Son dessein : Il nous met à part pour Lui-même. Il ne le fait pas en modifiant ce qu’il y avait de mauvais en nous, mais en nous créant de nouveau, en faisant une créature nouvelle, car le vieil homme ne peut être assujetti à la loi. Dieu donne une vie nouvelle.

Si l’on n’est pas ainsi né de nouveau, on appartient encore au monde, qui est sous la condamnation ; mais quand Dieu agit, c’est tout autre chose. Étant nés en Adam, nous avons besoin de naître par Christ. Quand le cœur est visité par le Saint Esprit, il est régénéré par une vie qui n’est pas de ce monde, par une vie qui le pousse vers un autre but — Christ. Ce n’est pas par des préceptes adressés au vieil homme que Dieu fait cela, c’est par une autre vie. Les préceptes viennent ensuite, c’est-à-dire que cette vie nouvelle dont nous parlons, n’appartient à ce monde, ni dans sa source, ni dans son but ; elle ne peut pas avoir un seul objet en commun avec l’ancienne vie. Cette vie se trouve ici-bas dans le corps ; on mange, on travaille, etc., comme auparavant ; mais ce n’est pas pour cela que Christ est venu. Christ est venu pour nous faire comprendre une chose entièrement différente de la vie d’ici-bas, dans laquelle Il est entré ; et voilà la règle de conduite du chrétien : il a pour objet, pour but, et pour joie, ce que Christ a pour objet, pour but, et pour joie ; ses affections sont célestes, comme sont celles de Christ.

Si la vie de Christ est en moi, la vie, et il faut ajouter, comme puissance divine dans cette vie, l’Esprit de Christ, en moi, ne peut trouver la joie là où Christ ne trouve par la sienne ; car l’Esprit en nous d’un côté est l’énergie divine, dans la vie, et d’un autre fixe le cœur sur les objets spirituels en haut.

L’Esprit de Christ, en moi, ne peut être un autre esprit qu’Il n’était en Lui, et il est évident que celui qui est séparé de ce monde, pour Dieu, ne peut trouver du plaisir dans la vie de péché de ce monde, et la préférer à celle du ciel.

Le chrétien, nous le savons bien, manque à cette règle ; mais cela n’empêche pas qu’il n’y a rien de commun entre la vie du ciel et celle du monde. Il ne s’agit pas de défenses faites d’user de ceci ou de cela, mais d’avoir des goûts, des désirs, des joies tout autres ; et c’est parce qu’il en est ainsi qu’on s’imagine que les chrétiens sont tristes, comme absorbés par une seule pensée. Nos joies sont tout autres que celles du monde ; et ces joies, le monde ne les connaît pas.

Aucune personne irrégénérée ne comprend ce qui rend heureux le chrétien, savoir, qu’il n’a pas ses goûts dans les choses de ce monde : sa pensée s’élève plus haut. Ce qui réjouit le chrétien, c’est que Christ est entré dans le ciel, et a détruit Lui-même tout ce qui aurait pu nous empêcher d’y entrer. La mort, Satan et la puissance spirituelle de méchanceté ont été vaincus par Christ ; et la résurrection a anéanti tout ce qui était entre Christ et la gloire. Christ s’est placé dans notre position, et en a subi les conséquences. Il a vaincu le monde et Satan. C’est pourquoi il est dit : « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous » ; car si Satan est déjà vaincu, nous n’avons pas à le vaincre, mais à lui résister. Quand on lui résiste, il sait qu’il a rencontré Christ, son vainqueur. La chair ne lui résiste pas.

Jésus nous donne une espérance vivante, par Sa résurrection d’entre les morts ; de cette manière, et étant en Lui, nous sommes sur une base qui ne peut faillir. Christ, dans Sa résurrection, a déjà montré qu’Il a remporté la victoire ; et quelle grâce que celle qui nous est présentée ici, d’obtenir « l’héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi ».

Ce trésor est dans les cieux. Je n’ai rien à craindre quant à lui, mon trésor est bien en sûreté. Mais voici ce que je crains quant à moi, ce sont les tentations, toutes sortes de difficultés, car je ne suis pas encore dans les cieux. Sur mon chemin, je trouve des difficultés, des épreuves, cela est vrai ; mais ce qui donne toute sûreté, ce n’est pas que nous ne sommes pas éprouvés ou tentés, mais que nous sommes « gardés » dans l’épreuve ici-bas, comme l’héritage est gardé dans les cieux pour nous.

Voici donc la position du chrétien que Dieu a séparé par la résurrection de Christ, et régénéré : il attend la gloire, gardé par la puissance de Dieu, par la foi, séparé du monde par la puissance et la communication de la vie de Celui qui a remporté la victoire sur tout ce qui aurait pu l’empêcher d’y avoir part.

Et les épreuves du chemin, pourquoi nous sont-elles envoyées ? — Dieu laboure le terrain, afin que toutes les affections du cœur, ainsi criblées, soient purifiées et exercées, et parfaitement en harmonie avec la gloire du ciel, avec les objets qui sont mis devant nous.

Est-ce pour rien que l’on met l’or au feu dans le creuset, ou est-ce parce qu’il n’est pas de l’or ? Non, c’est pour le purifier. Dieu ôte de nos cœurs, par l’épreuve, ce qu’il y a d’impur, afin que, quand la gloire arrivera, nous puissions en jouir.

Voyons un peu ce que nous dit l’apôtre à ce sujet. « En quoi vous vous réjouissez, tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire, afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ ». Où en sommes-nous donc pendant que l’œuvre de sanctification continue ? Pierre nous le dit : Quoique nous n’ayons point vu Jésus, nous L’aimons, et croyant en Lui quoique maintenant nous ne Le voyions pas, nous nous réjouissons d’une joie ineffable et glorieuse, remportant la fin de notre foi, le salut de nos âmes.

Voilà où le cœur se trouve ; et, quoiqu’il en soit quant aux circonstances de la vie présente, Christ est là au milieu de nos tentations, et le cœur se trouve toujours près de la source de son bonheur en Jésus ; et, tout en disant que Son amour est sans borne, qu’il dépasse toute connaissance, nous pouvons dire que nous en avons l’intelligence.

L’aimant tourne toujours du côté du pôle ; l’aiguille tremble toujours un peu quant l’orage et la tempête grondent, mais sa direction ne change pas ; l’aimant du cœur chrétien pointe toujours vers Christ. Un cœur qui comprend, qui aime Jésus, qui sait où Jésus a passé avant lui, regarde à Lui pour être soutenu pendant ses difficultés ; et, quelque raboteux et quelque difficile que soit le chemin, il nous est précieux, parce que nous y trouvons la trace des pas de Jésus (Il y a passé), et surtout parce que ce chemin nous conduit, à travers les difficultés, à la gloire où Il est. « En quoi, dit l’apôtre, vous vous réjouissez, tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps… si cela est nécessaire, afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ ».

Ce n’est pas seulement que nous ayons été régénérés, mais que nous remportons la fin de notre foi, le salut de nos âmes. La fin de ma foi est de voir Christ, et la gloire qu’Il m’a acquise. Pierre dit ici le « salut des âmes », parce qu’il ne s’agit pas d’une délivrance temporelle, comme dans le cas des anciens Juifs. Maintenant, je vois cette gloire à travers un voile, mais il me tarde de me voir là ; je suis dans l’épreuve, mais je regarde à Celui qui est dans la gloire, et qui m’assure cette gloire. L’or sera entièrement purifié ; mais l’or est là : quant à moi, à ma vie éternelle, c’est la même chose que si j’étais dans la gloire. Le salut et la gloire ne sont pas moins sûrs, quand même je suis dans l’épreuve, que si j’étais déjà dans le repos. Et voilà la sanctification pratique ; ce sont des habitudes, des affections, et une marche formées d’après la vie et la vocation qu’on a reçues de Dieu.

Si j’engage un serviteur, je veux qu’il soit propre, si je le suis moi-même. Dieu dit : « Soyez saints, car je suis saint ». Et comme il en est quant au serviteur que je désire introduire dans ma maison, ainsi en est-il de nous. Dieu veut que nous soyons assortis à l’état de Sa maison ; Il veut une sanctification pratique dans Ses serviteurs.

De plus, le but de l’apôtre est que notre foi soit ferme et constante. Il nous donne, dans le verset 21, toute sûreté, en nous disant : « En sorte que votre foi et votre espérance fussent en Dieu », non pas seulement en ce qui nous justifie auprès d’un Dieu juste juge. Le Dieu en qui nous croyons est un Dieu qui est pour nous, qui a voulu nous aider, et qui nous introduit dans Sa famille, nous mettant à part pour l’obéissance, et pour avoir part à l’aspersion du sang de Jésus ; Il nous a aimés d’un amour éternel ; Il a accompli tout ce qui nous concerne ; Il nous garde par Sa puissance par la foi, pour nous introduire dans la gloire. Il nous place dans l’épreuve, Il nous fait passer par la fournaise, parce qu’Il veut nous purifier entièrement. C’est Lui-même qui nous a justifiés, qui nous condamnera ? Christ est Celui qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, « qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ; qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? » (Rom. 8, 33-35). Notre foi et notre espérance étant en Dieu, qu’avons-nous à craindre ? Nous avons au chapitre 3 du prophète Zacharie un exemple bien rassurant à cet égard. L’Éternel fit voir à Zacharie Joshua, le grand sacrificateur, se tenant debout devant l’Ange de l’Éternel, et Satan qui se tenait à sa droite pour s’opposer à lui. Et l’Éternel dit à Satan : « Que l’Éternel te tance, Satan ; que l’Éternel, qui a choisi Jérusalem, te tance ! Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ? ». Joshua était vêtu de vêtements sales (les péchés, la corruption de l’homme), et se tenait devant l’Ange. Et l’Ange dit : « Ôtez de dessus lui les vêtements sales ». Et il dit à Joshua : « Regarde ; j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête » (la justice de Dieu, Christ Lui-même). Satan accuse les enfants de Dieu ; mais, quand Dieu justifie, qui peut condamner ? Voudriez-vous que Dieu ne fût pas content de Son œuvre, laquelle Il a faite pour Lui ? Et Il a voulu que nous soyons saints et irrépréhensibles en amour devant Lui.

Pouvez-vous dire : « Il m’a sanctifié » dans ce sens qu’Il vous a mis à part, et qu’Il vous a donné Jésus comme l’objet de votre foi ? S’il en est ainsi, Il vous a placé sous l’aspersion du sang précieux de Jésus, afin que vous soyez un chrétien heureux dans l’obéissance. Vous pouvez dire maintenant : Il est l’objet de mes désirs, de mon espérance. Vous pouvez n’avoir pas encore compris tout ce que Christ est pour vous, et avoir beaucoup à gagner dans la pratique ; mais vous avez compris au moins que vous êtes réconcilié avec Dieu, qui a tout fait, et vous a placé dans cette vie de résurrection, dans Sa présence, pour rendre grâces au Père de ce qu’Il vous a rendu propre pour l’héritage des saints dans la lumière, afin que vous soyez heureux et joyeux dans Son amour[2]. Votre part maintenant est d’être toujours plus semblable à Celui en qui vous Lui êtes rendu agréable. Dieu fait toutes choses nouvelles en nous ; il faut qu’Il détruise nos propres pensées, que tout soit jugé en nous, afin que notre paix soit solide.

Il n’y a rien de commun moralement entre le premier et le dernier Adam ; le premier a péché et a entraîné tout le genre humain dans sa chute. Le dernier Adam est une source de vie et de puissance. Cela est à la racine de toutes les vérités du christianisme, et donne son vrai caractère à tout ce qu’il y a dans ce monde. Il n’y a que ces deux hommes, Adam et Christ. Nicodème est frappé de la sagesse de Jésus et de la puissance manifestée dans Ses miracles ; mais le Seigneur l’arrête, et coupe court avec lui, en lui disant : « Il vous faut être nés de nouveau ». Nicodème n’était pas en état d’être instruit. Il ne comprenait pas les choses de Dieu, car il faut pour cela être né de nouveau ; Nicodème, enfin, n’avait pas la vie. J’ai été amené à cette pensée, parce que la fin du chapitre qui nous occupe m’a rappelé le chapitre 40 d’Ésaïe. Je ne parle pas de l’accomplissement de la prophétie, qui aura lieu plus tard pour les Juifs, mais d’un grand principe. Le chapitre 40 d’Ésaïe commence par ces mots : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée ; qu’elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés… Une voix dit : Crie ; et il dit : Que crierai-je ? Toute chair est de l’herbe, et toute sa beauté comme la fleur des champs. L’herbe est desséchée, la fleur est fanée, car le souffle de l’Éternel a soufflé dessus. Certes, le peuple est de l’herbe. L’herbe est desséchée, la fleur est fanée, mais la parole de notre Dieu demeure à toujours ». Avant de posséder la vraie consolation, il faut que Dieu nous fasse comprendre que toute chair est comme l’herbe, etc.

Si Dieu veut consoler Son peuple, que dit le Seigneur ? « Toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe », il faut commencer par là. « L’herbe a séché et sa fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Or, c’est cette parole qui vous a été annoncée ». Voilà où était le fondement de l’espérance. S’il était possible que quelqu’un obtînt quelque chose, c’étaient les Juifs, qui avaient tout ; mais les Juifs n’étaient pas plus que l’herbe des champs, l’herbe sèche. Quand Dieu veut consoler l’homme qui a manqué à la responsabilité qui s’attache à lui, c’est par là qu’Il commence : « Toute chair est comme l’herbe ». C’est pourquoi il y a un tel bouleversement dans le cœur du nouveau converti, et même du chrétien, s’il n’y fait pas attention, quand la Parole vient lui dire : L’herbe est séchée, la chair est incapable de produire du bien, et quand l’âme ne s’appuie pas encore sur le fait que la Parole du Seigneur demeure éternellement et que la bénédiction, par conséquent, ne peut pas manquer aux siens. Jusqu’à ce que l’on s’arrête dans ses efforts à tirer du bien de la chair, et qu’on s’assure sur ce que la Parole de Dieu demeure éternellement, on sera toujours troublé et faible devant les attaques de l’ennemi.

Le peuple avait foulé aux pieds les ordonnances, violé la loi, crucifié le Messie, fait tout le mal possible : la Parole de Dieu a-t-elle changé ? Nullement. Dieu ne change rien à Son élection, ni à Ses promesses. Paul demande : Dieu a-t-Il rejeté Son peuple ? À Dieu ne plaise ! Pierre s’adresse au peuple ; il n’y en a plus, en apparence : l’herbe est séchée !… Mais voici la Parole de Dieu ; — et Pierre peut leur dire : « Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde ». Maintenant nous allons voir que cette Parole devient le moyen et l’instrument de bénédiction et de sanctification pratique. Jamais Dieu ne sanctifie ce qui passe comme l’herbe, Il introduit au contraire l’homme dans le ciel, en lui donnant une vie toute nouvelle et céleste par le moyen de la Parole, par Christ qui devient sa vie.

La Parole de Dieu dessèche l’homme naturel, le souffle de l’Éternel a passé par-dessus. Introduisez la gloire de l’homme dans le ciel, c’est affreux ! Cette œuvre est pénible à cause de la lutte souvent prolongée de la fierté et de la propre volonté de la chair ; et Dieu ne commence pas Son œuvre en modifiant ce qui existe ; Son œuvre le réveille, au contraire. Il ne peut non plus modifier le vieil homme, puisqu’Il veut le détruire. Quant au nouvel homme, Il ne peut en exiger des fruits, ni les produire, avant que l’arbre soit planté. Mais Il commence par communiquer une nouvelle vie, et détache la créature des choses auxquelles sa chair s’attache ; et le Saint Esprit lui communique les choses célestes : et le moyen qu’Il emploie, c’est la Parole, dont il est dit, qu’elle « demeure éternellement ». La Parole, qui était une parole « de promesse » pour la nation, devient un instrument de vie pour nos âmes. Nous sommes engendrés par la parole de la vérité, qui juge aussi, comme une épée à deux tranchants, tout ce qui n’est pas de cette vie nouvelle.

Examinons la différence qu’il y a entre notre justification et notre sanctification. La justification, c’est quelque chose qui n’est pas en nous, mais une position dans laquelle Dieu nous a placés devant Lui ; et ceux qui possèdent cette justice, ceux qui y ont part devant Dieu, étant les enfants du second homme, posséderont tout ce qu’Il a, et jouissent de tout ce qu’Il aime. Celui qui a part à cette justice de Dieu, est né de Dieu, et il possédera tout ce qui, créé de Lui, appartient à son Père, qui assimile les droits de Ses enfants à ceux de Son Fils, qui est héritier de toutes choses. Dès que je suis du dernier Adam, je suis dans la bénédiction et la justice où Christ se trouve Lui-même ; et de même que j’ai hérité du premier Adam toutes les conséquences et les résultats de sa chute, de même, étant né du dernier Adam, j’hérite de tout ce qu’Il a acquis, aussi bien que j’avais hérité du premier.

S’il en est ainsi, il est évident que j’ai part à la gloire de Christ ; et, si la vie n’est pas là, je n’ai aucune part à cette gloire. Dieu nous fait connaître Son amour. Il nous le révèle ; et Sa Parole demeure éternellement. Et voici de quelle manière Dieu commence avec l’âme : Il lui présente cette vérité dans toute sa fraîcheur, comme elle est réalisée en Christ, devant Lui ; ce n’est pas un résultat produit en nous, qu’Il nous fait voir ; au contraire, Il nous montre que l’homme tel qu’il est, n’a aucune part à cette justice, parce que la chair, qui est comme l’herbe, ne peut être en rapport avec Lui. Il nous révèle une justification qu’Il a accomplie, et nous en fait part.

Dieu ne peut donner des préceptes qui conduisent dans le chemin de la sanctification, si l’on n’a pas la justification ; mais les effets de la vie de Christ se produisent dans l’âme convaincue de péché, en marchant comme Lui et en portant du fruit. Quand l’évangile était présenté au commencement, il l’était à des Gentils qui, jusque-là, n’avaient eu aucune part aux promesses de Dieu : il n’y a pas besoin de leur parler de sanctification. Mais maintenant que tout le monde se dit chrétien, on dit : Il faut voir si je suis vraiment chrétien ; mais cette idée n’est pas du tout dans la Bible, bien qu’elle s’élève dans notre cœur, et qu’on puisse être utilement travaillé par cette question, pour trouver qu’on n’est pas chrétien. Au commencement on parlait de l’état de péché, et l’on évangélisait ; à présent on dit : « Suis-je vraiment chrétien ? » ce qui n’avait pas lieu alors. On regarde aux fruits, à sa vie pratique, pour voir si l’on a la vie, croyant qu’il s’agit de sanctification, quand il ne s’agit que de justification. On désire la sainteté, c’est bon ; mais on la désire pour être accepté. Mais alors, de fait, c’est la justification qu’on cherche, et que l’on cherche à faux, quelque utile que soit ce travail pour nous humilier, pourvu qu’on n’y reste pas. On y reste jusqu’à ce qu’on soit convaincu, d’une manière expérimentale, qu’il n’existe pas de bien en nous. Au commencement, cette question n’était pas nécessaire ; maintenant on regarde aux fruits, pour savoir si on a la vie, et l’on confond avec la sanctification ce qui n’est qu’une conviction de péché avant d’avoir la justification par la foi et la paix avec Dieu. Jusqu’à ce qu’une âme ait consenti à dire : « Jésus est tout, et moi je n’ai rien » — jusque-là, dis-je, il n’y a encore rien dans cette âme qui se rapporte à la sanctification pratique et chrétienne. Seulement il est bon de remarquer que dans cet état de combat on prête le flanc à l’ennemi, si on se laisse aller au mal. Il faut débrouiller ces choses pour que l’âme ait la paix.

À la prédication de Pierre, trois mille personnes furent rendues heureuses ; elles n’étaient pas dans le doute ; du moment où un homme embrassait l’évangile, il était chrétien, il était sauvé.

Il ne faut pas confondre les progrès de la vie pratique avec la justification, parce que la sanctification pratique s’opère dans une âme sauvée qui a la vie éternelle. C’est une chose toute nouvelle, dont il n’y a pas trace avant que j’aie trouvé Christ. Si l’on comprend ce passage : Sans la sainteté (sanctification), « nul ne verra le Seigneur », il n’y a rien là qui puisse troubler une âme, comme cela arrive souvent. Il est clair que si je ne possède pas Christ, je ne puis voir le Seigneur ; c’est tout simple. Si je n’ai pas en moi la vie du dernier Adam, comme j’avais auparavant la vie du premier, jamais je ne verrai Sa face, et la sanctification, de toute manière, en est l’effet. Les goûts naturels à l’une de ces vies s’y développeront comme ils se sont développés dans l’autre. La première question à faire à une âme, en pareil cas, c’est : « Avez-vous la paix avec Dieu, le pardon de vos péchés ? ». Sinon, c’est de la justification d’un pécheur qu’il s’agit. « Ayant donc purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité » par le Saint Esprit : voilà la puissance, « par l’Esprit ». La chose essentielle, c’est l’obéissance à la vérité. On cherche la purification, on désire porter du fruit ; mais ce n’est pas là ce que Dieu demande de nous premièrement ; c’est l’obéissance, et l’obéissance à la vérité. De quoi parle le Saint Esprit, l’Esprit de vérité ? Il a beaucoup à nous dire, mais tout d’abord : « Toute chair est comme l’herbe ». Il dit que, dans l’homme, il n’existe aucun bien. L’Esprit convainc le monde de péché. Tout le monde est plongé dans le mal, ce monde n’a pas voulu de Christ, et le Saint Esprit ne peut se présenter sans dire : « Vous avez rejeté le Christ ». Le Saint Esprit vient dans ce monde, et lui démontre son orgueil et sa rébellion. Voici, le Fils n’y est plus ! et pourquoi ? Le monde L’a rejeté. L’Esprit vient dire : « L’herbe est séchée, etc. » ; alors, quand cela est reconnu, Il communique la paix qu’Il a annoncée par l’évangile. Il dit bien : « Vous êtes pécheurs » ; mais Il ne parle pas aux pécheurs de la sanctification. Il veut la produire par la vérité, et Il leur dit la vérité. Est-ce que l’homme peut la produire ? Non. C’est Christ, Lui, qui est le chemin, la vérité, et la vie. Le Saint Esprit parle au pécheur de la grâce, de la justice de Dieu, de la paix, non à faire, mais faite ; voilà la vérité. Il convainc le monde de ce qu’il est, et Il lui parle de cette volonté de Dieu par laquelle le croyant est sanctifié, afin qu’ainsi nous obéissions à la vérité, en nous soumettant à l’amour de Dieu ; et, quand l’âme est soumise à cette vérité, la vie est là.

Il communique la vie, ayant été « régénérés », est-il dit, « non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu ». « La parole du Seigneur demeure éternellement ». C’est ainsi que Dieu produit premièrement le principe de la sanctification, qui est la vie de Christ en nous ; et si l’on demande quel est le moyen pratique qui la produit, c’est la parole de la vérité. « Sanctifie-les par la vérité », dit le Seigneur, « ta parole est la vérité ».

Le Saint Esprit parle-t-Il aux païens de faire des progrès dans la sanctification ? Le dit-Il à des hommes inconvertis ? Non. Quand un pécheur a compris la vérité telle que Dieu la présente, le Saint Esprit le met en relation avec Dieu le Père, et ce pécheur se réjouit de tout ce que Christ lui a acquis. Ainsi, dit l’apôtre, « ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité », vous avez été régénérés par une semence incorruptible, par la vivante et permanente Parole de Dieu. Vous trouverez, chers amis, qu’il en est toujours ainsi.

Dans 2 Thessaloniciens 2, 10, il est dit quant aux incrédules, en contraste avec les chrétiens, qu’ils n’ont pas « reçu (ou plutôt, accepté) l’amour de la vérité pour être sauvés ». Et à cause de cela, Dieu leur enverra une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont point cru la vérité. « Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit, et la foi de la vérité ».

C’est donc la foi de la vérité ; ce n’est pas la foi aux fruits. Le Saint Esprit ne peut pas me présenter les œuvres qu’Il a produites pour objet de ma foi. Il me parle de mes fautes, de mes manquements, mais jamais des bonnes œuvres qu’il y a en moi ; Il produit celles-ci en moi, mais Il me les cache ; car si l’on y pense, c’est une propre justice plus subtile, c’est comme la manne qui produisait des vers lorsqu’on la gardait : tout est gâté ; ce n’est plus la foi qui est en activité. Il faut toujours que le Saint Esprit me présente Christ pour que j’aie la paix, soit pour ma conscience en commençant, soit pour mon cœur le long du chemin.

C’est le même principe qu’en Jean 17, 16 et 17 : « Ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité ».

Le monde n’était pas le but de Christ. Durant toute Sa vie, quoique n’en étant pas sorti, Christ n’était pas plus du monde que s’Il eût été dans le ciel. Quand il s’agit de la pratique, Il dit : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité ». Ce n’est pas dans ce monde qu’est la vérité ; ce monde est un vaste mensonge ; c’est ce qui est démontré dans l’histoire que nous possédons dans la Bible. Là, nous trouvons la manifestation du péché dans l’homme naturel, et la manifestation de la vie de Dieu dans l’homme régénéré par Sa Parole. « Sanctifie-les par la vérité, etc. ». « Je me sanctifie moi-même pour eux ». Qu’est-ce que le Seigneur Jésus fait ici pour nous ? Il se met à part, Il se sanctifie. Ce n’est pas qu’Il soit plus saint ; mais Il se fait homme modèle dans la gloire[3].

Ce n’est pas une loi qui exige ; mais c’est Christ Lui-même qui est la vie et la puissance de ce dont Il présente le résultat parfait. C’est Christ qui présente l’accomplissement de la perfection ; Il est la source vitale de tout ; et, en considérant ces choses, il y en a le reflet en moi, par la foi, qui les reproduit dans l’homme intérieur et dans la vie.

Il y a quelque chose d’intéressant à ce sujet au premier chapitre de l’évangile de Jean : « Au commencement était la Parole ;… En elle était la vie, et la vie était la lumière ». Ce n’était pas la loi qui l’était. Ce n’était pas une lumière qui condamnait, mais c’était la vie qui était cette lumière ; et nous l’avons vue pleine de grâce et de vérité — non seulement de vérité, mais de grâce ; « car de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce ». Quand nous avons reçu Christ, il n’y a pas une seule grâce en Lui qui ne soit à moi et en moi. Il n’y a pas un chrétien qui n’ait toutes les grâces qui sont en Jésus : supposons même un état de chute, c’est le cas le plus fort, cela n’empêche pas que nous possédions tout en Lui. C’est fâcheux qu’il y ait chute, mais cela ne change pas la position ; car le chrétien n’a pas reçu une partie de Christ seulement, mais Christ tout entier. Toutefois, il n’est pas dit que nous devrions être ce qu’Il a été ici-bas, parce qu’Il était sans péché, mais bien que nous devrions marcher comme Il a marché, parce que la chair ne devrait pas agir. Dans la gloire, nous Lui serons semblables ; ici, par conséquent, nous nous purifions comme Lui est pur.

D’un côté, cela encourage, quand je me dis : « Il faut que je cherche telle grâce » — la réponse est : « En Christ, ta vie, tu la possèdes » ; et, de l’autre côté, cela m’humilie ; car, si je la possède, pourquoi n’est-elle pas manifestée ? Cela suppose toujours que nous avons reçu cette vérité que Dieu a fait la paix. Il faut toujours en revenir à ceci : « Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité ». Est-ce en regardant à moi que je trouverai cette sanctification ? Non ; mais en regardant à Jésus, qui en est la source, et la force qui nous rend capables de nous vaincre nous-mêmes. Quand je regarde à Lui, par la foi, mon âme est en paix, Son Esprit est toujours en moi, et je suis sanctifié par la foi en Lui, selon cette grâce qui me rend un avec Lui. C’est Christ qui me donne tout cela, et la vérité me révèle que la rédemption est faite ; j’en jouis, ayant obéi à la vérité ; et Christ, qui est devenu ma vie, est le modèle, la source et la force de la sainteté en moi. Si quelqu’un cherche la sanctification sans être assuré de sa justification, et qu’il en soit troublé, doutant s’il est chrétien, alors je lui demanderai : Qu’avez-vous à faire avec la sanctification ? Vous n’avez pas à vous en occuper pour le moment ; assurez-vous avant tout que vous êtes sauvé : les païens, les incrédules, ne se sanctifient pas. Si vous avez la foi, vous êtes sauvé, sanctifiez-vous en paix. Si vous ne l’êtes pas, il ne s’agit que de considérer votre état de péché. Premièrement, avez-vous obéi à la vérité ? Vous êtes-vous soumis à elle ? De quoi Dieu vous parle-t-Il ? Il parle de la paix faite. Il vous dit qu’Il a donné Son Fils ; Il vous dit qu’Il a tant aimé le monde, qu’Il a donné Son Fils, afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Voilà la vérité à laquelle vous devez vous soumettre, et que vous devez recevoir avant tout, surtout avant de vous occuper de sanctification, celle-ci dépendant de Celui qui vous a donné la vie éternelle. Commencez donc par obéir à la vérité ; cette vérité vous parle de la justice de Dieu, qui est satisfaite en Jésus, et qui est vôtre ; ou plutôt elle vous dit que vous êtes en Christ ; alors vous jouirez de la paix, et vous serez sanctifié dans la pratique. Cette sanctification pratique découle de la contemplation de Jésus. Voici ce que l’apôtre Paul nous dit, à ce sujet, dans 2 Corinthiens 3, 18 : « Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit ».

Vous voyez que c’est en contemplant Jésus que nous sommes transformés de gloire en gloire. La vie, le principe de la vie, est là, et non dans vos inquiétudes ; on réalise le développement de cette vie de Jésus progressivement, en regardant à Lui. C’est la foi qui sanctifie, comme aussi elle justifie ; elle regarde à Jésus.

Quand Moïse descendit de la montagne, de devant Dieu, il ne savait pas qu’il fût aussi resplendissant de gloire ; mais ceux qui le voyaient le savaient. Moïse avait regardé vers Dieu, les autres en voyaient l’effet. Béni soit Dieu, qu’il en soit ainsi dans le sens pratique.

Quant à la pratique donc, il s’agit de la sanctification des chrétiens, parce qu’ils sont sauvés, parce qu’ils sont sanctifiés à Dieu quant à leurs personnes, et non de ceux qui ne le sont pas encore. Il ne s’agit pas d’exiger (de la part de Dieu), mais de communiquer la vie. Eh bien ! cette communication procède de Jésus, qui en est la source. Il communique la vie, qui est la sainteté. Oh ! que Dieu nous fasse la grâce de nous faire toujours plus sentir que « toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe… » ; mais « la parole du Seigneur demeure éternellement ! Or c’est cette parole qui vous a été annoncée ». C’est de cette semence incorruptible que nous sommes nés. Quelle ne doit pas être notre confiance en cette parole !