Langues divisées

(Actes 2, 1 à 11)
(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 49]

Garder à l’esprit ce qu’était ce qui a rendu les langues divisées nécessaires, augmentera grandement la grâce de ce beau passage de l’Écriture. En Genèse 11, nous avons le récit inspiré du premier grand effort des enfants des hommes pour s’établir sur la terre, pour former une grande association et pour se faire un nom. Et tout cela, souvenons-nous-en, sans Dieu. Son nom n’est jamais mentionné. Il ne devait faire partie en rien de ce projet fier et populaire. Il était entièrement exclu. Ce n’était pas un lieu d’habitation pour Dieu qui devait être érigé dans la plaine de Shinhar. C’était une ville pour l’homme, un centre autour duquel les hommes devaient se rassembler.

Tel était le but des enfants des hommes alors qu’il se tenaient ensemble dans la plaine de Shinhar. Ce n’était pas, comme l’ont imaginé certains, pour échapper à un autre déluge. Il n’y a pas l’ombre d’un fondement pour une telle idée, dans le passage. Voici leurs paroles : « Et ils dirent : Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne jusqu’aux cieux ; et faisons-nous un nom, de peur que nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre ». Il n’y a ici nulle pensée d’échapper à un autre déluge. C’est pure imagination, sans aucune base scripturaire. Le but est aussi clair que possible. Il est exactement similaire à celui de toutes ces grandes confédérations, associations ou masses de la chair, qui ont été formées sur la terre depuis ce jour jusqu’à maintenant. L’association de Shinhar pourrait rivaliser avec n’importe quelle association des temps modernes, à la fois dans son principe et dans son but.

Mais elle se révéla être une Babel (confusion). L’Éternel écrivit sur elle confusion. Il divisa leurs langues et les dispersa de tous côtés. En un mot, des langues divisées furent envoyées comme expression du jugement divin sur cette première grande association humaine. C’est un fait solennel et important. Une association sans Dieu, peu importe quel est son objet, n’est en réalité rien qu’une masse de chair, basée sur l’orgueil et se terminant dans une confusion désespérée. « Associez-vous, peuples, et vous serez brisés » (És. 8, 9). Voilà pour toutes les associations humaines. Que nous apprenions à en rester à l’écart ! Que nous adhérions à cette seule association divine — l’Assemblée du Dieu vivant, de laquelle un Christ ressuscité en gloire est la Tête vivante, le Saint Esprit le guide divin, et la Parole de Dieu la charte vivante.

C’était pour rassembler cette Assemblée bénie que les langues divisées furent envoyées en grâce le jour de la Pentecôte. Le Seigneur Jésus Christ n’avait pas plus tôt pris Son siège à la droite de la puissance, au sein de la clarté de la majesté céleste, qu’Il envoya ici-bas le Saint Esprit, pour publier la bonne nouvelle du salut aux oreilles mêmes de Ses meurtriers. Dans la mesure où ce message de pardon et de paix était à destination des hommes de diverses langues, le divin messager descendit ainsi prêt à s’adresser à chacun « dans son propre langage, celui du pays dans lequel il était né ». Le Dieu de toute grâce rendait clair — si clair qu’on ne pouvait s’y tromper — qu’Il désirait se frayer un chemin vers chaque cœur avec la douce histoire de la grâce. L’homme, dans la plaine de Shinhar, ne voulait pas de Dieu, mais Dieu, au jour de la Pentecôte, démontra qu’Il voulait l’homme. Béni soit à jamais Son saint nom ! Dieu avait envoyé Son Fils, et l’homme venait de Le mettre à mort. Désormais, Il envoie le Saint Esprit pour dire à l’homme qu’il y a pardon par ce sang même qu’Il a versé, pour sa culpabilité en le versant. Grâce incomparable, merveilleuse, irrésistible ! Oh ! qu’elle soumette notre cœur et nous lie à Celui qui en est la source, le canal et la puissance pour en jouir ! La grâce de Dieu a surpassé de loin toute l’inimitié de l’homme. Elle s’est montrée victorieuse de toute l’opposition du cœur humain et de toute la rage de l’enfer.

En Genèse 11, les langues divisées avaient été envoyées en jugement. En Actes 2, les langues divisées furent envoyées en grâce. Le Dieu de toute grâce ferait en sorte que chacun entende un plein salut, et l’entende dans les termes mêmes dans lesquels ses oreilles enfantines avait écouté les premiers murmures de l’amour d’une mère — dans « sa propre langue, celle du pays dans lequel il était né ». Peu importait que la langue soit douce ou rude, raffinée ou barbare, le Saint Esprit en ferait usage comme véhicule pour apporter le précieux message du salut jusqu’au pauvre cœur. Si des langues divisées avaient été données autrefois pour disperser en jugement, elles étaient de nouveau données pour rassembler en grâce — non plus maintenant autour d’une tour terrestre, mais autour d’un Christ céleste — non plus pour l’exaltation de l’homme, mais pour la gloire de Dieu.

Il est bon de remarquer que quand Dieu donna la loi depuis le mont Sinaï, Il parla uniquement dans une seule langue et à un seul peuple. La loi était soigneusement enveloppée dans une langue et déposée au milieu d’une nation. Il n’en est pas ainsi de l’évangile. Quand ce fut le moment, Dieu le Saint Esprit Lui-même descendit du ciel en langues divisées, pour envoyer partout dans le monde entier ces nouvelles touchantes et les apporter « à toute créature qui est sous le ciel » dans le dialecte même du pays dans lequel elle était née. C’est un grand fait moral. Il descend dans le cœur avec un poids et une puissance rares. Quand Dieu parlait en termes d’exigences et d’interdictions, Il se limitait à une seule langue, mais quand Il publiait le message de la vie et du salut, du pardon et de la paix par le sang de l’Agneau, Il parla dans toutes les langues sous le ciel. Quand il fallait déclarer le devoir de l’homme, Dieu parlait dans un seul dialecte, mais quand le salut de Dieu devait être publié, Il parla dans tous les dialectes sous le ciel.

Voilà qui en dit assurément long. Cela déclare clairement ce qui est le plus en harmonie avec la pensée divine, entre la loi et la grâce. Béni soit Son nom, Il prend Son plaisir en la grâce. La loi et le jugement sont Son œuvre étrange. Il avait déclaré que les pieds de ceux qui publiaient l’évangile étaient beaux. De ceux qui désiraient être docteurs de la loi, Il disait : « Je voudrais que ceux qui vous bouleversent se retranchassent même ». Ainsi, Ses actes et Ses paroles montrent l’inclination de Son cœur d’amour envers les pauvres pécheurs indignes. Il n’a rien laissé inachevé, rien inexprimé, pour prouver Sa parfaite volonté de sauver et de bénir. C’est pourquoi tous ceux qui meurent dans leurs péchés périront sans excuse, et ces paroles affreuses résonneront dans les régions de l’obscurité éternelle à toujours : « Je voulais, mais vous ne l’avez pas voulu ! ». Lecteur, pensez-y ! Êtes-vous encore dans vos péchés ? Si c’est le cas, nous vous supplions instamment de fuir maintenant la colère qui vient. Acceptez le message du pardon qui vous est maintenant envoyé dans votre propre langue, celle du pays où vous êtes né, et poursuivez votre chemin en vous réjouissant.

Pour conclure, nous pouvons ajouter que Genèse 11, Actes 2 et Apocalypse 7, 9 à 17 forment un très beau groupe de passages. Dans le premier, nous voyons des langues divisées envoyées en jugement ; dans le deuxième, des langues divisées sont données en grâce ; et dans le troisième, les langues divisées sont vues rassemblées dans la gloire. Nous pouvons bien dire : « Tes témoignages sont merveilleux ; c’est pourquoi mon âme les aime ».